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L'orientation sectorielle de l'APD francaise en Afrique subsaharienne (1990 = 2005): les cas du Cameroun et du Gabon

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par Patrick Roger Mbida
Université de Yaoundé II - DEA 2007
  

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b) Rappel des liens historiques avec la France

Les liens qui existent entre le Cameroun et le Gabon avec la France sont très étroits, et s'inscrivent sur une longue période, car ils remontent à l'époque coloniale voire précoloniale (avec la Traite négrière). Toutefois, nous avons choisi comme marqueur historique la période coloniale pour illustrer l'étroitesse des liens (qu'ils soient politique ou socio-économique) qui existent entre la France autant le Cameroun que le Gabon. Toutefois, un regard plus approfondi fait ressortir, à notre avis, la variabilité de statut et de la place qu'ont occupé les deux pays aux yeux de la France, quoiqu'étant tous les deux au centre des relations de coopération avec la France. C'est pour cette raison qu'une étude individuelle s'avère, à notre avis, nécessaire pour faire ressortir le degré des rapports qui existent entre ces deux pays et la France.

b.1) Le Gabon : l'enfant gâté de la France ?

Les relations du Gabon avec la France remontent à la fin du XVe siècle. En effet précédés par les Portugais, les Hollandais, les Français sont cependant les premiers à s'établir de manière permanente sur l'estuaire du Gabon. Ils signent un traité avec le souverain Mpongwé en 1838 et, cinq ans plus tard, ils y créent un poste militaire. Durant la 2e moitié du XIXe siècle, les français étendent leur influence jusqu'à l'intérieur du pays, signant des accords avec les peuples du Sud-Est.

Après que la frontière entre le Kamerun et le Gabon français ait été fixée au congrès de Berlin, le Gabon devient, en 1886, un territoire de l'empire colonial français. Les sociétés commerciales de la métropole reçoivent, ainsi, de vastes concessions et s'engagent dans une vaste exploitation des richesses du sol et du sous sol dont regorge le pays en faveur de la métropole. A partir de 1899, le Gabon est rattaché au Congo français. En 1910, le Gabon devient une colonie de l'Afrique Equatoriale Française (A.E.F) à laquelle elle occupe une place de choix dans cette zone géographique de l'empire colonial français. Il est en quelque sorte son phare, symbole de la grandeur et du prestige de la métropole dans cette région d'Afrique.

Acquis à la France - libre après 1941 (à laquelle il fournira ses braves fils, afin de libérer la France occupée pendant la 2e guerre mondiale), à l'issue d'affrontements meurtriers entre colons vichystes et gaullistes, le Gabon devient, en 1946, territoire français d'outre mer. En 1958, il vote sous initiative française son intégration au sein de la communauté française. C'est progressivement, sous l'égide de la France qu'il évoluera sous ce regroupement jusqu'à son indépendance proclamée le 17 Août 1960 avec pour président M. Léon Mba. Il signera toutefois, avec la France d'importants accords de coopération et de défense qui permettent à la France d'avoir toujours une certaine main mise sur le pays, quoique souverain ; et aux autorités locales d'asseoir leur autorité au sein de la société. Depuis lors, les rapports du Gabon avec la France ont maintenu une certaine continuité dans le temps, d'autant plus que sa classe dirigeante a toujours été acquise à la cause de la France, qui se positionne aujourd'hui comme son partenaire privilégié et de premier ordre

En résumé, les relations historiques qui lient le Gabon à la France sont au regard de ce qui précède, très profondes et teintées d'un certain paternalisme eu égard aux relations personnalisées qui ce sont tissées entre la classe dirigeante gabonaise et celle d'outre-mer. C'est dire que le facteur colonial reste une variable pertinente dans l'analyse de la politique française d'aide au développement allouée au Gabon.

Qu'en est-il du Cameroun ?

b.2) Le Cameroun : « frais de réparation des dommages de guerre1(*) »

En effet, jusqu'ainsi 1916 le Kamerun est un protectorat allemand, statut qu'il a acquis à la suite du congrès de Berlin en 1884-1885. Les puissances de l'axe ayant déjà perdu la guerre, celles qui possèdent des territoires outre mer, vont les abandonner afin de replier à la métropole. C'est ainsi qu'en Février 1916, les Allemands vont quitter définitivement le Kamerun, qui sera envahi par la suite par les forces franco- britanniques, qui occuperont de fait ce territoire. Ce n'est qu'en juillet 1922 que le Kamerun et d'autres territoires similaires seront placés sous le mandat de la SDN, qui confiera en son administration conjointement à la France et à la Grande Bretagne. Après d' âpres négociations, la France et la Grande Bretagne sur le plan de partage du Kamerun, la France occupera finalement les 3/4 du territoire y compris Douala et la Grande Bretagne 1/4. En 1945, l'ensemble du territoire passe sous la tutelle de l'ONU, qui confie l'administration du Cameroun conjointement à la France et la Grande Bretagne. Malgré la particularité du statut du Cameroun sur le plan légal (mandat et tutelle). Le Cameroun oriental (c'est-à-dire français) sera administré peu ou proue comme une colonie française. La France va s'appuyer sur l'article 9 des accords de mandat ( reprise par l'article 4 des accords de tutelle ) qui dispose « la puissance mandataire aura les pleins pouvoirs d'administration et de législation sur les contrées qui seront administrées selon la législation de la puissance mandataire comme partie intégrante de son territoire » (Ngongo, 1987 :93) ; c'est ainsi qu'au regard de cette disposition, le Cameroun oriental sera intégré de fait dans le vaste bloc A.E.F et la France entreprendra une exploitation des ressources du sol et du sous sol et de la force du travail camerounaises, concédant ainsi à ses nationaux des concessions commerciales. Elle va aussi s'investir sur le plan des infrastructures et la formation des cadres indigènes appelés plus tard à prendre la relève. En 1958, le Cameroun oriental obtient son autonomie interne dans le cadre de la Communauté Française ; malgré les revendications des mouvements nationalistes à une indépendance immédiate, ce n'est que le 1er Janvier 1960, sous l'égide de la France, que le Cameroun oriental accédera à la souveraineté nationale et internationale avec pour Président M. Amadou Ahidjo. Comme elle le fera avec toutes ses anciennes colonies à leur indépendance, la France va signer avec le Cameroun, nouvellement indépendant un ensemble d'accords de coopération et d'assistance technique et militaire qui vont, à travers ce biais, permettre à la France d'être toujours présente au coeur de l'activité politique et socio-économique du Cameroun grâce à ses multiples potentialités (démographique, géographique, pédologique). Le Cameroun occupera ainsi une place de choix dans la politique africaine de la France quelque soit les chapelles politiques qui alterneront au pouvoir en France.

Au-delà de ce qui précède, il en ressort que, malgré la variabilité de statut du Gabon et du Cameroun sur un plan historique, les liens qui se sont noués entre ces deux pays et la France sont restés néanmoins très étroits et profonds, au regard des relations coloniales et post/néo coloniales qui se sont tissées entre ces derniers et la France. Ceci justifie l'omniprésence jugée souvent excessive de la France au coeur des politiques nationales (économique, sociale, politique, culturelle) du Cameroun et du Gabon, qui sont d'ailleurs membres actifs de la francophonie et ont déjà accueilli au moins une fois le sommet. France - Afrique sous l'égide de l'ancienne puissance métropolitaine et tutélaire (1992 pour le Gabon et 2001 pour le Cameroun).

Après ce bref rappel des liens historiques qui existent entre la France, le Cameroun et Gabon, il est question de s'appesantir sur une analyse de l'orientation de l'aide française faite aux pays en développement.

* 1 Propos de Um Nyobe Ruben devant la 4e commission de décolonisation de l'ONU, le 17/12/1952.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon