CHAPITRE II : PROPOSITIONS DE MESURES
AU PLAN NATIONAL
Au carrefour des mutations sociétales et de la
volonté politique, la reforme du secteur sécuritaire et du
système éducatif a de nombreuses dimensions.
I- AU NIVEAU DES AGENTS DE SECURITE I-1-
La construction de cités pour les FDS
Nous avons relevé lors de notre recherche que la
majorité des agents des FDS logeait à Abidjan non pas par simple
envie, mais pour des raisons liées au manque de logements
baillés. Ce qui d'ailleurs n'est pas fait pour faciliter leur
regroupement en cas d'urgence et leur permettre d'être en permanence aux
côtés des populations victimes à maintes reprises
d'agressions.
Pour venir à bout de ce genre de difficultés,
nous pensons qu'il est judicieux pour l'Etat de construire dans toutes les
villes du pays des cités destinées aux FDS, afin de les maintenir
sur leurs lieux d'affectation. Ce projet, il faut le dire est très
important car il facilitera le regroupement familial et particulièrement
celui des troupes des FDS en cas d'urgence. A long terme, il permettra à
l'Etat d'avoir des gains quant aux baux alloués aux logements des agents
des FDS et réduire en partie sa dette.
I-2- L'équipement des FDS
« Le droit du citoyen à la sécurité
impose aux pouvoirs publics de ne plus différer son engagement dans le
lutte contre l'insécurité »1. De
cette maxime découle l'urgence pour l'Etat de répondre aux
attentes des citoyens en ce qui concerne leur sécurité et celle
de leurs biens.
Mais des agents de sécurité en nombre
insuffisant et dépourvus de moyens conséquents pour assurer cette
tâche ne pourront réagir promptement face aux
1- SECRETARIAT DU PARLEMENT DE L'EST ET DE LA
COORDINATION GENERALE (SEPLANPARA) (1995), Plan pluriannuel de
sécurité 1996-1999, BELEM (Brésil), pp. 46-53.
appels de détresse des populations. En cela, l'Etat
doit former en quantité qualitative des agents destinés au
maintien de l'ordre public (la police) et à la gestion quotidienne de la
sécurité. NEPOTE1 renchérit en
ces termes : « La prévention et la répression de la
criminalité ne pourront jamais être convenablement assurées
sans l'homme policier, riche d'intelligence, de technicité, de foi en
son métier, pénétré du sens de
l'intérêt public tenace dans sa mission et présent au
milieu des populations ». Il s'agira de donner à ces agents tous
les rudiments intellectuels (connaissances générales et
spécifiques en la matière) et techniques (usage des armes et du
matériel de communication). Cette politique devra se poursuivre en
dotant de moyens modernes de pointe à toutes les unités
(spécialisées et ordinaires) chargées de lutter contre la
criminalité sous toutes ses formes. La police devra donc disposer
d'engins roulants, de communication ultra sophistiquée et des armes
conventionnelles. L'action de l'Etat doit également se manifester par
l'octroi de salaires et des primes d'encouragement aux agents des FDS.
L'objectif que l'Etat doit viser, nous pensons se définit
en trois points :
· La recherche et l'amélioration de
l'efficacité du dispositif de sécurité publique afin de
répondre plus directement aux attentes des citoyens ;
· Encourager la participation des citoyens et de la
société civile organisée à la gestion de la
sécurité publique afin de résoudre l'inadéquation
entre priorités policières et priorités des citoyens en
matière de sécurité et d'imposer un peu plus de
transparence dans la gestion d'un secteur d'action publique longtemps maintenu
dans l'opacité ;
· Renforcer le contrôle des activités
policières, à la fois pour assurer leur efficacité et pour
éviter les pratiques déviantes et récurrentes des
policiers dans l'exercice de leur service public (privation, corruption,
racket, abus d'autorité, usage abusif de la violence...).
1- NEPOTE J., op. Cit. p.12.
L'équipement des FDS devrait par ailleurs s'inscrire
dans un plan à long terme de lutte contre la criminalité donnant
l'orientation générale de l'Etat dans ce secteur. Etant
donné que nous assistons à une floraison de
sociétés privées de gardiennage et de
sécurité, l'Etat envisagera des dispositions organisant ce
secteur et veillera à leur application effective.
II- DE LA REVISION DU SYSTEME EDUCATIF ET DE
L'ADOPTION D'UNE POLITIQUE D'IDENTIFICATION II-1- De la révision
du système éducatif
De la recherche que nous avons conduit dans la ville de
Grand-Bassam, il découle que la majeure partie des auteurs des
déviances sociales sont des déscolarisés. Ces jeunes ont
été éjectés du système sans avoir atteint la
fin du cycle primaire. Ces résultats sont aussi constatés au plan
national. Il faut donc que l'Etat repense le système éducatif.
C'est pourquoi nous croyons que l'Etat devrait poursuivre tous les programmes
et projets entamés depuis 1990 (Programme de Valorisation des Ressources
Humaines-PVRH période 1998- 2010 : phase 2), le Plan National de
Développement de l'Education et la Formation). Le succès de ce
chantier capital implique que l'Etat fasse des investissements pour
résoudre le problème de l'insuffisance des infrastructures et du
personnel.
L'éducation étant l'action exercée par
des générations adultes sur celles qui ne sont pas encore
mûres pour la vie sociale, l'Etat doit en conséquence aussi
confier ce secteur à des personnes et à des institutions
sûres de susciter chez l'être (à lui confier) les
états physiques, intellectuels et moraux utiles à la
société.
Les politiques d'éducation, d'alphabétisation
et de formation ont certes permis d'avoir quelques acquis. Mais il serait
encore plus opportun pour les différents acteurs de travailler en
synergie afin de mieux cibler les programmes entamés.
Ainsi donc, certaines actions d'envergure restent à
renforcer, notamment recycler les enseignants afin d'améliorer la
rentabilité interne du système éducatif, lutter contre les
retards de scolarisation et de redoublement, suivre le programme école
obligatoire, mettre l'accent sur le recrutement de nouveaux enseignants, et
renforcer enfin la formation professionnelle.
C'est au prix d'un sacrifice qui tienne compte de ces
données que le système pourra fournir à la
société ivoirienne des hommes et femmes pures et exemptes de tout
reproche criminel.
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