II-1- Les parents
La négligence parentale, qu'elle soit attribuable
à des conditions de vie difficile, au temps consacré à
gagner un revenu, à des carences personnelles ou à
l'extrême jeunesse des mères, semble constituer un facteur de
risque très élevé pouvant pousser les enfants à la
délinquance.
L'absence du père ou de la mère,
l'incapacité de ceux-ci à garantir la sécurité de
leur progéniture ou imposer leur autorité au sein de cette
institution peut conduire au dysfonctionnement de celle-ci et du coup, l'on
assistera à son déclin.
Dans la famille, les parents sont les gardiens de la
discipline. Mais il nous est arrivé de constater au cours de notre
recherche que celle-ci s'exerçait de façon incohérente ou
par des châtiments physiques excessifs, et que les relations affectives
entre conjoints ainsi qu'entre parents et enfants connaissent une
dégradation importante. Ce qui a d'ailleurs augmenté
significativement le risque
de désadaptation et de comportements violents chez
certains enfants. L'alcoolisme ou la toxicomanie chez un parent peut
créer au sein de la famille des tensions, une certaine
déstabilisation ou un déséquilibre.
La mère qui est le symbole de l'amour peut après
dislocation de la cellule familiale se remarier (à un autre homme) tout
comme le père garant de l'autorité. Ce qui peut créer une
désintégration des enfants du fait des multiples flux
d'ingrédients éducatifs si ceux-ci sont mal
appréciés.
En somme, ces différents éléments
énumérés sont autant de facteurs susceptibles de
contribuer à la destruction de la cohésion sociale car fabriquant
des délinquants s'attaquant aux normes et règles régissant
la société.
II-2- Les enfants
Il est indéniable que les comportements criminels des
membres d'une famille ont des influences sur chacun. Mais les plus
exposés sont les enfants (dès la conception à
l'adolescence). VERWILGHEN1 disait: <<Notre
objectif triennal est le renforcement de la sécurité des biens et
des personnes. Cependant, nous avons à tenir compte d'une frange de
notre population qui déverse de plus en plus dans la délinquance
: la jeunesse issue des familles disloquées et toxicomanes des quartiers
défavorisés et consommatrices de drogues.>>. Pour cet
expert belge, les enfants délinquants souffrent pour une bonne part d'un
manque d'affection et de la mauvaise qualité de leur milieu de vie dont
il faut désormais tenir compte. Dans cet ordre d'idées
Jacques et Valérie D. POUJOL2 soutiennent
à ce propos : << La haine, les traumatismes et l'angoisse
extériorisés par le Prophète Moïse à son
adolescence et à sa jeunesse dérivent de l'amour maternel dont il
n'a pu bénéficier et de la crise identitaire à laquelle il
était confronté. >>.
1- VERWILGHEN M. (2000-2003), Plan de
sécurité, Belgique (Bruxelles), Ministère de la
justice du gouvernement fédéral, pp.8-9.
2- Jacques et Valérie D. POUJOL. (2003), Les 10
clés de la vie spirituelle, France, Ed. Empreinte Temps
Présent, p.28.
Il faut donc qu'un enfant ayant son père et mère
délinquant et vivant avec des frères délinquants ne soit
pas de prime abord mis en marge dans toute politique sociale. Etant entendu
qu'il a bénéficié d'une éducation compromise, ses
résultats scolaires seront mauvais et s'ensuivront dès lors
l'échec, le renvoi et la fin brutale de la vie scolaire.
III- LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES DE L'INSECURITE
La croissance économique à laquelle tout Etat
aspire ne peut éclore et s'épanouir que dans un climat, un
environnement où est assurée à chacun la
sécurité d'existence. BERNADIN1
affirmait : << La sécurité est une condition de la
croissance économique mais aussi de l'activité des territoires.
C'est une question qui doit être traitée sans a priori, au plus
près des réalités du terrain ».
La nécessité d'une prise en compte globale de la
sécurité doit avoir pour objectif principal l'encouragement des
investisseurs et opérateurs économiques.
L'insécurité, nous l'avons remarqué sur notre terrain
d'enquête, a fortement contribué non seulement au ralentissement
de l'activité économique, mais aussi a freiné l'ardeur de
nouveaux investisseurs. Un responsable du complexe hôtelier Le WARF au
quartier France disait : <<Notre chiffre d'affaires a connu une
régression ces trois dernières années depuis que le
fondateur de ce complexe a été abattu ici par des bandits
fortement armés ». Or, nous ne saurions occulter le fait que ce
sont les taxes, les impôts payés par ces investisseurs qui
permettent à la municipalité d'améliorer le niveau et le
cadre de vie des populations de Grand-Bassam.
Par ailleurs, l'insécurité pose aussi le
problème de l'éducation de façon générale
d'autant plus que les délinquants foulent au pied, les normes et
valeurs
1- BERNADIN J-F. (1997), Sécurité des
entreprises, une affaire de société, (Rapport Peyrefitte),
Paris, Documentation Française-Presse Pocket, p.14.
sociales en s'attaquant aux biens des autres. Quel exemple
constituera un parent alcoolique, drogué, prisonnier et malhonnête
pour ses enfants ?
L'impulsion dont bénéficie une économie
passe bien évidemment par la qualité des hommes qui la
conçoivent et la projettent. Il est inévitable que la mauvaise
éducation pèse lourd sur la société et par ricochet
provoque un déséquilibre social qui se traduit par des remous
sociaux en l'absence de règles de base.
En définitive, le manque de confiance réduit
l'investissement, la croissance et la rentabilité des projets de
développement car les investisseurs réagiront par des
comportements divers qui sont tous préjudiciables à
l'économie de la ville et au-delà celle du pays.
Au terme de notre étude sur le phénomène
de l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, il s'impose
à nous le devoir de faire des propositions de mesures qui pour notre
part sont susceptibles d'aider à la réduction de
l'insécurité croissante et les conséquences qui en
découlent sur les populations.
Pour ce faire, nous avons regroupé nos propositions en
deux grands chapitres qui, pour l'essentiel, sont des mesures
préventives :
> Mesures préventives spécifiques à la
ville de Grand-Bassam,
> Mesures préventives de l'insécurité au
plan national.
CHAPITRE I : PROPOSITIONS DE MESURES
SPECIFIQUES A LA VILLE DE GRAND-BASSAM
On sait, en effet, que les auteurs des actes délictueux
ou d'infractions obéissent à une certaine rationalité et
que de nombreuses situations constituent de véritables aubaines pour
eux. Dans une optique préventive, nous verrons les mesures
socio-économiques et culturelles et les actions municipales liées
au ralentissement et à la réduction de la criminalité.
I-LES MESURES SOCIO-ECONOMIQUES ET CULTURELLES ET
RAPPORT POPULATIONS-FDS DANSLA LUTTE CONTRE L'INSECURITE
I-1- Amélioration des conditions
socio-économiques et culturelles des populations
Si la prévention doit être
considérée comme prioritaire lorsqu'elle concerne la
délinquance émanant des groupes de populations vivant dans une
extrême pauvreté, des difficultés familiales, des
échecs scolaires, du rapprochement des grandes villes d'avec leurs
satellites et à configuration géographique de celles-ci,
productrices de populations marginalisées, il faut souvent trouver la
cause dans les bouleversements liés à la crise économique
et sociale. Laquelle crise a pendant longtemps ébranlé le
modèle de l'Etat-providence qui a régulé ou
géré notre société.
En effet, la réponse au chômage brutale qui
touche les jeunes peu qualifiés que qualifiés et qui les
installent dans une spirale d'exclusion les privant de tout espoir d'un monde
meilleur ou d'un avenir certain, doit être pratique et concrète.
Il faudra d'abord que soient améliorées les conditions
socio-économiques de leurs familles. Ensuite sensibiliser les
populations sur la nécessité de la sauvegarde des normes et
valeurs régissant leur société. Car le sentiment
d'insécurité exprimé par les citoyens naît bien
évidemment de la perte du lien
social, de la solitude (la marginalisation) de
l'individualisation et de l'absence d'identité culturelle.
L'Etat devrait mettre en action un programme d'urbanisation et
mener une politique de développement équilibré entre les
villes satellites et les grandes agglomérations. Ce qui permettra aux
populations de ces localités de bénéficier des atouts
socio-économiques de leur milieu de vie habituel et auront ainsi des
ressources financières nécessaires qui donnent accès
à l'éducation et aux services de santé.
Au-delà d'un tel programme, les populations devraient
par elles prendre conscience de leur situation en étant plus
imaginatives. C'est-à-dire qu'avec le soutien des autorités
locales de la ville de Grand-Bassam, elles doivent s'unir et initier des
projets de développement capables d'accroîtrent leurs revenus et
leurs moyens financiers. L'amélioration des conditions
socio-économiques passe obligatoirement par la conception de projets
fiables jusqu'à leur réalisation. Il faut donc :
· Favoriser l'assainissement de la ville de
Grand-Bassam,
· Encourager les populations aux activités
économiques
· Permettre aux couches défavorisées d'avoir
accès à des financements pour s'insérer dans leur secteur
de choix.
L'amélioration des conditions culturelles des
populations doit essentiellement consister en l'instruction et la
sensibilisation de celles-ci afin qu'elles puissent accéder à un
niveau minimum de compréhension des valeurs que dégagent leur
ville au travers de la cohabitation du moderne et du traditionnel.
Au niveau de l'instruction, il faut que la population sache
lire et écrire afin qu'elle soit à l'abri de toutes sortes de
contingences négatives. Les comportements anti-sociaux de certains
individus résultent pour la plupart de l'ignorance totale des normes et
valeurs en vigueur dans leur société. C'est
pourquoi le Prophète OSEE1
dira en ces termes: « Mon peuple est détruit parce qu'il lui manque
la connaissance. ». Les parents et toutes les populations de Bassam
doivent s'approprier le programme gouvernemental relatif à la formation
de base obligatoire et coopérer en envoyant leurs enfants sur le chemin
des écoles, qui jusqu'à preuve de contraire reste la voie
idéale capable de leur garantir une chance d'insertion sociale et
professionnelle.
S'agissant du volet de la sensibilisation, il doit être
l'oeuvre des médias dont l'évolution à imprimer aux
mentalités des populations des modèles plus ou moins parfaits.
L'apport des médias devrait consister en la diffusion d'images et
d'informations dont le contenu serait capable d'équilibrer tout
individu, mais aussi de lui permettre de vivre en harmonie avec ses semblables
ou concitoyens. Ainsi, tout individu se verra dans l'obligation d'abandonner sa
sous-culture et intégrer la culture générale à
laquelle il est appelé. Animées donc d'une volonté commune
contre la criminalité que dégageait leur ignorance, les
populations pourront désormais associer leurs compétences
à celles des FDS.
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