II-2- L'existence des bidonvilles avec de nombreuses
maisons inachevées
Conséquence d'une urbanisation rapide, les bidonvilles
sont des quartiers qui relatent ou mettent en exergue le niveau de
pauvreté de la population d'une ville donnée.
L'habitat à Grand-Bassam est caractérisé
par la cohabitation à deux niveaux: premièrement les quartiers
précaires bastion des lotissements officieux et des maisons de fortunes
construites de façon anarchique (Phare, Congo et
1- Service des Statistiques Criminelles,
Préfecture de Police d'Abidjan, Année 2005.
Odoss), deuxièment les quartiers mixtes oü se
frottent luxe et précarité (Belleville, Château, France,
CAFOP et Mokeyville). Or selon DOMENACH et
GATTI-MONTAIN1 que; <<Le rythme de vie urbain, le
mode de vie citadin, aussi bien que la structuration fonctionnelle de l'espace,
ne permettent plus que se noue une relation sociale féconde. La ville
n'est plus ce lieu social oü peut s'apprendre ce rapport à l'autre
et à sa différence. Et paradoxalement, la ville éclate,
peuplée d'habitants nouveaux et différents, devient le lieu de
l'uniformisation qui ne permet plus l'expression de cultures différentes
sauf sous forme violente. Exaspération et frustration naissent à
l'asservissement au rythme urbaine.».
Ce rythme de vie à deux vitesses que connaît la
ville de Grand-Bassam ne reste pas sans avoir de conséquences sur la
sécurité. D'abord les quartiers précaires oü nous
avons découvert un nombre important de maisons inachevées et des
cours communes nous permettent de soutenir que non seulement ces lieux qui sont
mal éclairés servent de cachette aux bandits et de fumoirs des
drogues, mais aussi des milieux oü les querelles entre familles sont
multiples. La majeure partie des infractions relevées par la police dans
ces bidonvilles est des cas de coups et blessures volontaires, détention
et consommation de drogues, violences et voies de faits et quelques cas de
vols.
Quant aux quartiers mixtes, ils sont l'objet des vols contre
les biens, les attaques à mains armées, les meurtres et viols.
Ces endroits ont en grande partie leur population jeune et sans emploi. Ainsi
sont-ils tentés par ce luxe apparent du voisinage qui ne laisse
indifférent tout individu.
Un détenu nous confiait: <<Si je suis ici, c'est
parce que mes amis et moi avons agressé notre voisin et ses enfants un
soir au Château, car ils font le malin. Nous, on se cherche et puis eux,
ils viennent tous les jours ici avec de nouvelles chaussures, des portables et
CD baladeur. Leurs parents sont boss et nous on crèche et on dort dans
des << cicobois ». Donc on les attaque pour prendre
1- DOMENACH C., GATTI-MONTAIN J. (1986), Commune et
sécurité, France, les Editions Ouvrière, pp.6-9.
l'argent, les portables et autres objets que nous revendons
». Le discours de ce jeune homme nous instruit sur
l'insécurité qu'engendrent la vie de misère et les
comportements qui se développent dans les bidonvilles.
En définitive, la ville de Bassam est une ville qui, si
elle réussit à faire disparaître ses bidonvilles qui
constituent de véritables refuges des bandits qui lorsqu'ils sont
traqués à Abidjan ou ailleurs, renouera avec la
sûreté que tout individu recherche. Il faut donc une
volonté réelle selon laquelle : « pour changer de politique,
il ne suffit pas de décréter. Il faut aussi préparer les
populations cibles et agir ensuite.»1.
II-3- La timide réaction des FDS face aux
appels de détresse des populations
L'étude que nous avons menée sur
l'insécurité dans la ville de Grand-Bassam, nous a permis de
constater selon nos enquêtés, la passivité avec laquelle
les FDS traitent les faits s'attachant à la sécurité des
biens et des personnes.
K.A.I., couturière, disait : « Je
suis à quelques mètres du commissariat et puis mon atelier et mon
magasin ont été attaqués sans même que les policiers
ne réagissent. Il arrive des fois ou votre ami ou voisin de quartier est
agressé, vous aurez téléphoné en vain car personne
ne décrochera. Si vous avez eu la chance d'avoir quelqu'un au bout du
fil, c'est pour vous rabrouer et vous aurez attendu pour rien. Avec de tels
comportements où ira notre police et partant quelle
sécurité aurons-nous ? ».S'interroge-t-elle à la fin
de la misère qu'elle a vécue.
Par notre tentative de vérification de tels propos, ce
fut un débat bien plus un procès contre les populations qui selon
certains agents occupent les lignes téléphoniques pour raconter
des bêtises.
L'analyse des causes générales et
spécifiques de l'insécurité nous a amenés à
la découverte des conséquences qui en découlent.
1- BENKINOU P., Impact médecin,
Hebdomadaire N° 386 du 21 Novembre 1997, Bruxelles, Edition LUPUS, p.3.
CHAPITRE II: LES CONSEQUENCES DE
L'INSECURITE DANS LA VILLE DE GRAND-BASSAM
Dans ce chapitre, il ne sera pas question de présenter
de façon exhaustive les conséquences de
l'insécurité c'est-à-dire les résultats de tout
comportement déviant ou criminel des individus. Il s'agit de montrer
l'impact de l'insécurité sur l'organisation de la vie dans son
ensemble à Grand-Bassam (vie sociale, économique,
psychologique).
Dans le cadre de notre étude, nous avons pu identifier
quatre grands points essentiels:
> La naissance et la montée de la méfiance
> La naissance et la montée de la peur
> Les conséquences familiales
> Les conséquences économiques
Conséquences
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Méfiance
|
213
|
35.50
|
Les conséquences économiques
|
153
|
25.50
|
Peur
|
147
|
24.50
|
Conséquences familiales
|
78
|
13
|
Autres
|
9
|
1.50
|
TOTAL
|
600
|
100
|
Tableau 12: Récapitulatif des
conséquences de l'insécurité à Grand-Bassam selon
les enquêtés
A partir des résultats contenus dans notre tableau
12, nous constatons que 35,50 % de nos enquêtés
soutiennent que l'insécurité contribue à la naissance
et
à la montée de la méfiance, tandis que
25,50 % d'entre eux affirment qu'elle entraîne des conséquences
économiques. Aussi pour certains, 24,50 % de nos enquêtés,
l'insécurité favorise la naissance et la montée de la
peur. Enfin 13 % considèrent que l'insécurité a des
conséquences sur la famille.
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