II-1- La proximité Grand-Bassam-Abidjan
Les perpétuelles mutations que connaissent les villes
africaines ne s'opèrent pas sans conséquences dommageables pour
les populations et leur bien et l'environnement. L'urbanisation ayant atteint
une vitesse de croisière sans pareille que certaines grandes villes se
sont rapprochées des villes secondaires qui en sont ou deviennent leurs
banlieues ou même quartiers. On assiste alors à un transfert de
toutes sortes de comportements, d'attitudes et de pensées, bref de
valeurs sociales des grandes agglomérations vers les villes secondaires.
Telle est le type de relations qui lie la ville de Grand-Bassam à
Abidjan (l'une des plus grandes villes africaines) qui, nul ne l'ignore demeure
très criminogène.
De notre étude sur la ville de Grand-Bassam, il ressort
des réponses de nos enquêtés, 35,50 %, que
l'insécurité dont souffre cette ville est due de façon
spécifique à la proximité d'avec Abidjan.
Selon Y.B. qui disait: <<En provenance
d'Abidjan, j'ai été dépassé par une voiture
Mercedes de couleur blanche aux environs de 16 heures au niveau du village
artisanal et qui s'est arrêtée au maquis l'Escale. A 18 H 30 mn,
le même véhicule se gare à la hauteur de mon domicile,
trois individus en descendent puis se dirigent vers mon voisin qu'ils
sûrement attendaient car il venait juste de rentrer. Quelques temps
après la voiture démarre en trombe et reprend sa direction de
provenance. Et à mon voisin de crier en vain au secours. C'était
incompréhensible et insupportable d'être agressé à
cette heure de la journée ». Ce témoignage de Y.B. nous dit
combien de fois ce rapprochement spatial peut influencer la
sécurité de Grand-Bassam.
Ces bouts de phrases extraites du quotidien FRATERNITE
MATIN1 ne font que renchérir les propos du sieur
Y.B.: <<Appréhendés avec leurs armes
1- Extrait de FRATERNITE MATIN, N°12048 du 6
Janvier 2005, p.6.
constituées de pistolets, et des objets provenant des
différents vols aussi bien à Abidjan qu'en zones sous
contrôle des rebelles [...] et dans les banlieues ainsi que les villes
comme Divo, Dabou et Abengourou [...] ces hors-la-loi après l'attaque du
WARF (un restaurant français de Bassam dont le propriétaire fut
abattu en Octobre 2004) ont mis le cap sur Abidjan.».
Les informations recueillies auprès des
autorités policières de la ville révèlent que
Grand-Bassam non seulement sert de base arrière aux criminels quand ils
sont recherchés à Abidjan (qui viennent s'y réfugier),
mais une destination prisée. Les personnes interpellées disent
profiter de la proximité avec Abidjan, du facile accès
étant donné la disponibilité de véhicules de
transport à toute heure, mais aussi à cause de la
flexibilité des contrôles routiers des FDS les week-ends et lors
des grands événements organisés dans cette ville.
Les résultats ne se sont pas fait attendre car en 2005,
Grand-Bassam fut la troisième ville la plus criminogène du pays
après Abidjan et Daloa avec 14,64 %1 des
infractions commises. Ce qui fît de Grand-Bassam la plus dangereuse des
banlieues Abidjanaise.
En définitive, les témoignages pour
établir la relation entre la proximité de Grand-Bassam avec
Abidjan et l'insécurité ne tarissent pas. Car les FDS sont
souvent informés des destinations de certains bandits.
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