CHAPITRE II : LA SITUATION ALIMENTAIRE DU TOGO
Au Togo, l'agriculture constitue le plus important secteur qui
occupe la majorité de la population. Environ 70% de la population active
dépend de ce secteur et 90% des agriculteurs cultivent des produits
vivriers.
Malgré ces atouts, le secteur ne progresse pas au
rythme de l'évolution démographique. La contribution du secteur
au Produit Intérieur Brut (PIB) qui était
généralement de 33% est passé à 41% depuis les
troubles sociopolitiques des années 1990 en raison de la stagnation
voire de la régression des autres secteurs de l'économie
nationale.
A travers ce chapitre nous allons présenter
l'évolution de la production alimentaire et l'insécurité
alimentaire (section1) et la politique agricole menée par le Togo en vue
de parvenir à sa sécurité alimentaire (section 2).
Section 1 : L'évolution de la production
alimentaire et l'insécurité alimentaire au Togo
La production alimentaire est toujours conditionnée par
plusieurs facteurs. Ainsi la qualité de la production dépend elle
justement de la faveur de ces facteurs. Le Togo dispose d'énormes atouts
pour la production alimentaire (paragraphe1) cependant, sa
sécurité alimentaire est loin d'être garantie (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : Les atouts de la production alimentaire
et sa situation au Togo
La production alimentaire au Togo est très
variée et porte sur les produits issus de l'agriculture, de
l'élevage et de la pêche. Cette production bénéficie
néanmoins de certains facteurs notamment naturels et humains (A) ce qui
confère au Togo sa situation alimentaire (B) actuelle.
A- Les atouts de la production alimentaire au Togo.
Les atouts de la production alimentaire sont liés à
la nature, à la disponibilité de la main d'oeuvre et à la
volonté politique des gouvernements successifs togolais.
Il y a lieu de relever que le secteur agricole
bénéficie des conditions favorables en ce qui concerne les sols,
la pluviométrie et les techniques agricoles.
Les superficies généralement exploitées
annuellement au Togo s'élèvent à environ 1,4 million
d'hectares, soit 41% des superficies cultivables qui se chiffrent à 3,4
millions d'hectares dont 240.000 hectares de bas-fonds. La taille moyenne des
exploitations varie de 1,1 à 3,3 hectares et peut atteindre dans des cas
isolés 10 hectares.
Les sols du Togo peuvent ainsi être classés en trois
catégories :
- Les sols riches naturellement fertiles occupent 20% de la
superficie totale ;
- Les sols relativement riches, 40% plus fragiles, qui
nécessitent l'amélioration par l'homme ;
- Les sols pauvres, 40%1.
Cette disponibilité de terres cultivables offre aux
agriculteurs togolais une opportunité de pouvoir produire en
quantité.
Concernant la pluviométrie, il faut noter qu'au Togo
toutes les régions sont arrosées au cours d'une année
même si les quantités d'eau ne sont pas les mêmes. L'exemple
des relevés météorologiques de l'année 2006 nous
montre à suffisance que le Togo bénéficie d'un atout
favorable à travers sa pluviométrie.
La pluviométrie moyenne relevée sur dix stations
au cours du quatrième trimestre de l'année 2006 par la Direction
de la Météorologie Nationale était de 145,4 mm en 12 jours
par rapport au quatrième trimestre 2005, enregistrant ainsi une hausse
de 25,2% pour la quantité2.
La quantité de pluie était plus abondante et
mieux répartie sur tous les mois de l'année 2006. Cette hausse de
la pluviométrie avait affecté favorablement la production de la
campagne agricole 2006-2007.
Outre ces atouts, la production alimentaire
bénéficie également des ressources humaines et d'une
volonté politique de la part des gouvernants.
La population agricole est de 3011598 habitants
composée de 50,6% de femmes contre 49,4% d'hommes
généralement sous employés, dont la faible
productivité laisse entrevoir des marges d'amélioration possible.
On dénombre près de 4000 Organisations Professionnelles Agricoles
(OPA) dont environ 650 groupements féminins.
Il faut aussi signaler que le secteur agricole constitue un
axe important de relance économique du Togo. Ainsi, depuis 1975,
l'agriculture a été considérée par les
autorités comme la priorité des priorités. Cette
volonté s'est traduite par l'allocation d'importantes ressources
financières à ce secteur. On peut ajouter aussi que les marges de
progrès du secteur sont importantes si les orientations futures devaient
permettre de passer réellement à une agriculture intensive.
Dans ce secteur, les productions vivrières
représentent environ les deux tiers, cette part restant à peu
près constante sur les dix dernières
années3.
C'est l'ensemble de ces facteurs qui détermine la
variété des produits alimentaires au Togo.
1- Annuaire économique officiel, 1982/1983, p. 68.
2- Rapport Economique, Financier et Social du Ministère
de l'Economie et des Finances 2008, p. 33.
3- Stratégie intérimaire de réduction de la
pauvreté, Mars 2008, p.35.
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