Paragraphe 2 : Les actions de la FAO pour
l'éradication du fléau de la faim
L'alimentation et l'agriculture représentent les deux
domaines privilégiés de la FAO. Du fait de sa dimension
symbolique et de ses manifestations spectaculaires lors des pénuries, la
question alimentaire est celle qui touche le plus les opinions publiques. A
part les conférences qu'elle organise, conférences au cours
desquelles des expériences et recommandations sont
échangées entre les pays membres, la FAO a adopté un autre
moyen de sensibilisation à l'intention des gouvernements en servant de
source d'informations (A). Pour les aider à éradiquer le
fléau de la faim, elle a mis en place deux instruments que sont le
Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Sécurité Alimentaire
Mondiale (SAM) (B).
A- La FAO : source d'informations.
La FAO, depuis ses origines, accorde une place spéciale
aux programmes de terrain visant à aider le développement de
l'agriculture, de la pêche et de la forêt dans les pays en
développement. Elle organise des consultations internationales sur les
multiples problèmes qui se posent à l'agriculture dans le
monde.
Ainsi la FAO produit un nombre considérable de
publications en langues internationales de travail1,
présentant un grand intérêt général. Elle a
mis en place entre autres, une bibliothèque et des systèmes de
documentations dont « AGRIS » et « CARIS ».
En effet, l'AGRIS est un système international
d'informations pour les sciences et la technologie agricoles. Il assure la
couverture exhaustive des ouvrages nouvellement parus qui intéressent la
FAO.
Le CARIS, par contre, est un système d'informations sur
les recherches en cours sur l'agriculture. Il rassemble, ordonne et diffuse des
données de base sur les recherches dans les domaines de l'agriculture,
de la production animale, des forêts, et des pêches.
La FAO à travers les mass médias diffuse des
informations relatives à l'état de l'alimentation mondiale.
Les publications faites par la FAO vendues chez ses
dépositaires et agents se répartissent en quelques grandes
rubriques à savoir :
-« Agriculture questions générales
» traitant des sujets relatifs aux recherches agricoles,
régimes fonciers et réformes agraires, coopératives,
techniques modernes agricoles.
-« Plante et phytologie ; la
zootechnique les forêts », dans ces types d'ouvrages, les
questions traitées concernent la sélection des semences, les
maladies, la protection des plantes, des forêts et la production
animale.
1- Depuis les années 1960 les langues de travail retenues
au sein de la FAO sont : l'Anglais, le Français, l'Arabe et le Russe.
-« Pêches » : cette rubrique
englobe des ouvrages sur des équipements de la pêche, la science
et la biologie halieutique, la pollution de la mer et les cours d'eau, le
transfert et la commercialisation des produits de pêche.
-« Terres et eaux » : on y
rencontre des publications sur la pédologie, la conservation et la mise
en valeur des terres, l'utilisation des engrais, les techniques d'irrigation et
de drainage.
-« Le développement
socio-économique » : dans cette partie sont rangés
les documents traitant de la gestion des exploitations et de l'économie
de la production, la commercialisation, le développement rural,
l'économie familiale, la formation et la vulgarisation.
-« Les statistiques agricoles, l'alimentation et
la nutrition » :Ces documents concernent les facteurs de
production agricole, la science alimentaire, le contrôle des aliments,
les normes alimentaires, l'enquête et la sécurité
alimentaire.
C'est à partir de ces publications multiformes que la FAO,
tient en haleine le monde entier sur les questions d'urgence notamment la
pauvreté et l'insécurité alimentaire.
Il faut souligner que c'est à la fin des années
cinquante et le début des années soixante, avec
l'indépendance de la plupart des Etats et avec la persistance de la
famine que la FAO reconsidère d'une manière prioritaire le
problème de la faim et de la pauvreté des populations rurales. En
dehors des mesures d'informations, la FAO crée des instruments de lutte
contre la faim et d'appui aux couches sociales les plus
défavorisées. C'est d'ailleurs le motif principal de la mise en
place de ces deux instruments que sont le Programme
Alimentaire Mondial (PAM) et la Sécurité Alimentaire Mondiale
(SAM).
B - La mise en place du Programme Alimentaire Mondial
(PAM) et de la Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM)
Pour résoudre les problèmes alimentaires
auxquels le monde est confronté, l'Organisation a mis progressivement en
place ces deux instruments dont elle assume avec les Nations Unies, la
cogestion et par là insuffler un nouvel élan au concept de
sécurité alimentaire1 .
Le Programme Alimentaire Mondial (PAM)
Conçu initialement pour une période temporaire
de trois ans, le PAM a su apporter la preuve de son utilité à
travers le monde et justifier sa pérennité. Désormais
reconnue comme un outil indispensable de la Communauté internationale
dans sa lutte contre la faim, le Programme s'interroge aujourd'hui sur la
situation alimentaire mondiale. Le PAM demeure actuellement un des organismes
les plus en vue lors des opérations d'urgence.
1- BENSALAH-ALAOUI, la sécurité alimentaire
mondiale, 1GDJ, Paris, 1989
Concernant les sources du Programme, il faut noter qu'en 1959,
la FAO lança sous l'impulsion de son Directeur Général
d'alors, la campagne mondiale contre la faim dont les objectifs principaux
étaient d'allier agriculture et industrie afin d'augmenter la production
et les revenus agricoles. En réponse à ce mouvement,
l'Assemblée Générale des Nations Unies adopta, en octobre
1960, une résolution qui pour la première fois donnait aux
Nations Unies la responsabilité de faire parvenir les excédents
de produits alimentaires aux peuples qui en manquent1
La mise en place de ce Programme a été le fruit
d'un long processus. C'est à la suite des initiatives conjuguées
qu'on a abouti à l'adoption des résolutions 1/61 de la
Conférence de la FAO et 1714 (XVI) de l'Assemblée
Générale de l'ONU qui ont établi officiellement le PAM.
Eu égard aux difficultés alimentaires qui ne
cessent de surgir de par le monde, le PAM est devenu un instrument d'une
nécessité vitale pour les Etats. Face à cette situation,
il y a lieu de s'interroger sur la mission du Programme.
La mission du programme peut être répartie dans
trois grandes catégories :
- La première regroupe celles qui concernent le long
terme c'est-à-dire l'utilisation des produits alimentaires dans un
processus global de développement socio-économique avec une prise
en compte particulière des populations indigentes. Les projets auxquels
prend part le PAM sont relatifs à l'amélioration du rendement de
la production agricole, à l'emploi plus efficace des ressources humaines
et à la recherche d'un bien-être matériel pour les
ruraux.
- La deuxième catégorie réunit l'ensemble
des activités essentiellement axées sur le court terme. Il s'agit
principalement des projets de secours d'urgence.
- Enfin la troisième catégorie combine les deux
premières puisqu'elle allie à la fois le long et le court terme
à travers le soutien qu'elle apporte à la sécurité
alimentaire mondiale.
Dans ses préoccupations actuelles, le PAM a, à
travers sa réserve alimentaire internationale d'urgence,
multiplié les interventions pour soulager les populations victimes des
catastrophes naturelles ou engendrées par l'espèce
humaine2.
Afin de permettre au Programme de répondre encore plus
efficacement aux attentes des populations victimes de situations urgentes, le
Directeur Exécutif a soumis au Comité des Politiques Alimentaires
(CPA) une proposition visant à instituer un fonds spécial. Il
s'agirait d'un fonds de roulement destiné à être
reconstitué chaque année et qui financerait les premières
opérations d'urgence en attendant l'arrivée des secours
humanitaires3.
1- Résolution 1496 (XV) d'octobre 1960 de
l'Assemblée Générale des Nations Unies.
2- Les situations de guerre nécessitant des interventions
urgentes
3- Les Secours humanitaires sont des aides provenant des Etats
ou des ONG lors des situations d'urgences.
Après le PAM, la question alimentaire étant
restée toujours sans solution, la FAO se voit obliger de mettre en place
un nouvel instrument :
La Sécurité Alimentaire Mondiale
(SAM).
La Sécurité Alimentaire Mondiale (SAM) est un long
mûrissement de travaux théoriques et d'opérations sur le
terrain.
La Conférence Mondiale sur l'Alimentation de
décembre 1973 a abouti à l'adoption consensuelle de la
Déclaration Universelle pour l'Elimination définitive de la Faim
et de la Malnutrition (DUEFM) d'une part et de 22 résolutions dont la
XVIIème relative à l'engagement international sur la
Sécurité Alimentaire Mondiale1, d'autre part.
Dans son préambule, la DUEFM fait explicitement
référence à la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme en indiquant que le droit à l'alimentation fait partie des
principes et des valeurs de caractère fondamental qui sont
incarnés dans le droit à la vie et à la dignité
humaine. Le Nouvel Ordre Economique International (NOEI) occupe une place de
choix dans le préambule de la Déclaration de la Conférence
Mondiale de l'Alimentation (CMA).
Ce texte entend donc revendiquer les apports du NOEI pour le
compte du droit à l'alimentation de chaque individu. Il faut noter que
la Déclaration a insisté sur la gravité de la situation
alimentaire mondiale et sur l'urgence à agir ensemble.
L'élimination définitive de la faim est un objectif commun de
tous les pays de la collectivité internationale.
Dans cette optique, un effort de solidarité est
demandé aux pays développés. La Déclaration et les
résolutions qui l'accompagnent essaient d'aller au-delà de ces
intentions généreuses en précisant les moyens que devrait
s'accorder la communauté internationale pour garantir une nutrition
adéquate pour tous.
Les objectifs passent par l'amélioration de la
production agricole et le développement rural, un accroissement de
l'aide alimentaire et la mise en place d'un système mondial
d'information et d'alerte rapide2.
Ce plan d'action pour la sécurité alimentaire
rappelle la nécessité de mettre en place des politiques de
stockages céréalières, de définir des
critères de gestion, de déblocage de ces stocks et indiquer les
mesures à prendre pour garantir la sécurité alimentaire
aux pays en développement. D'où cette nouvelle approche
imprimée par le Secrétaire Général de la FAO
Monsieur Edouard Saouma, selon laquelle « la finalité de la
Sécurité Alimentaire Mondiale est d'assurer à tous et en
tout temps l'accès matériel et économique aux aliments de
base indispensables, en tenant compte de tous les facteurs
1- Rapport de la Conférence Mondiale de l'Alimentation,
document officiel UN/E/Conf. /65/20, Nations Unies, New York, 1975
2- Résolution XVII, paragraphe 4, voir également
l'article 11 de la Déclaration Universelle pour l'Elimination
définitive de la faim et de la malnutrition (DUEFM).
qui influent sur la capacité des pays ou des individus
à produire ou acheter de quoi se nourrir1 ».
Pour ce faire, trois objectifs ont été
dégagés :
- la garantie d'une production suffisante ;
- la stabilisation maximale du flux des approvisionnements ;
- l'accès à ces approvisionnements par tous ceux
qui en ont besoin.
Le pacte mondial de la sécurité alimentaire
adopté lors de la vingt troisième session de la Conférence
a permis à la FAO d'affirmer plus encore ces propositions. Dans ses
principes généraux, le pacte lie l'éradication
définitive de la faim à la disparition de la pauvreté. Cet
idéal vise à agir tout de suite en faveur des plus démunis
et dresse les actions que devraient mener trois différents groupes
d'acteurs notamment les gouvernements, les organisations non gouvernementales
et les individus.
Outre, son contrôle indirect sur la Réserve
Alimentaire Internationale d'Urgence (RAIU), la FAO possède des
instruments indispensables ou utiles comme le Système Mondial
d'Information et d'Alerte Régionale sur l'Alimentation et l'Agriculture
(SMIAR) pour informer et alerter le Programme d'Assistance à la
Sécurité Alimentaire (PASA) pour agir.
Après cette analyse globale des préoccupations
des initiateurs de l'Institution FAO et les mesures prises pour
désamorcer les problèmes de développement
socioéconomique en général et d'insécurité
alimentaire en particulier, il importe de présenter le cas
spécifique du Togo. En effet, le Togo malgré sa
géographie, son climat et l'extrême jeunesse de sa population
n'est pas épargné des problèmes socio-économiques
et de la faim. Ce qui nous oblige à faire un bref aperçu sur sa
situation alimentaire, les atouts et les contraintes afférant au secteur
agricole et la politique menée par l'Etat togolais afin de venir
à bout de ces déséquilibres alimentaires.
1- Rapport de la Conférence, vingt deuxième
sessions, Rome, 22 novembre 1983.
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