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La contribution de la fao à  la politique de la sécurité alimentaire du Togo

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par Tchein NINKABOU
ENA du Togo - Cycle 3 de l'ENA option: Diplomatie 2009
  

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Section 2 : La FAO, face à l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde.

Pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés dans le domaine de l'alimentation et de la nutrition, la FAO agit dans un cadre bien défini.

Elle étudie et présente l'état de l'insécurité alimentaire dans le monde (paragraphe1) et mène des actions adéquates pour l'éradication du fléau de la faim (paragraphe2).

1- En hommage aux deux mémoires de Franck Mc Dougall en 1935 le 1er un mémorandum sur "les problèmes agricoles et sanitaires" et le deuxième "Draft mémorandum on a united nations program for want and food" et leur impact sur l'avènement et l'évolution de la FAO, cette dernière a institué les conférences Mac Dougall où d'éminents spécialistes et des acteurs du développement viennent apporter leurs contributions intellectuelles et proposer des orientations à l'Organisation.

2- Introduction du directeur général au programme de travail et budget, in Programme et budget pour 1974-1975, FAO, Juillet 1973.

Paragraphe 1 :L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde.

Pour montrer l'imminence des problèmes alimentaires dans le monde, la FAO s'évertue à présenter la situation de la sous-alimentation dans le monde (A) à travers des données statistiques et les facteurs générateurs (B) de cette situation.

A- La sous-alimentation dans le monde.

Le décompte des personnes souffrant de la faim est une tendance à long terme dans les pays en développement.

Selon les estimations des années 2000 de la FAO, on dénombre qu'entre 1997et 1999 à travers le monde, 815 Millions de personnes sont sous-alimentées,dont 777 Millions dans les pays en développement, 27 Millions dans les pays en transition et 11 Millions dans les pays industrialisés1.

Ainsi les dernières estimations de 2008 du PAM évaluent le nombre de personnes souffrant de la faim à 830 millions qui atteindra 1milliard en 2009.

Le Sommet mondial de l'alimentation en 1996 et le Sommet du Millénaire en 2000 ont tous deux fixé comme objectif une réduction de moitié de la faim entre 1990, période de référence, et 2015. Si la date prévue approche, l'objectif, lui demeure élusif.

En dépit des avancées concernant la réalisation de la cible des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), c'est-à-dire la réduction de moitié des victimes de la faim, il faudra intensifier les progrès pour atteindre l'objectif fixé pour 20152.

La réalisation de l'objectif du Sommet Mondial pour l'Alimentation (SMA) a ramené de 800 millions à 400 millions le nombre absolu de personnes souffrant de la faim. La population mondiale devrait augmenter d'environ deux milliards entre la période de référence (1990-1992) et 2015. En conséquence, même, si cette population accrue de personnes sous-alimentées est réduite de moitié, près de 600 millions de personnes continuent de souffrir chroniquement de la faim dans les pays en développement.

Pour atteindre la cible de 400 millions fixée par le SMA, il faudrait réduire la proportion des victimes de la faim non de moitié, mais des deux tiers. Il faut remarquer que la population sous-alimentée se repartit inégalement au niveau régional, de même que des progrès pour la réalisation des OMD.

1- Les estimations de la FAO font l'objet d'une révision annuelle à la mesure que parviennent de nouvelles informations

2- La sous-alimentation dans le monde, FAO, Rome, pp. 6-7

Diagramme n°1 : Population sous-alimentée, par Région 2001-2003 (en millions)dans le Monde.

Asie du Sud-Est 65

Afrique du Sud
300

Asie de l'Est 160

Amérique Latine
et Caraibe 52

Proche-Orient et

Afrique du Nord 38 Afrique

subsaharienne 206

Pays développés à
économie de
marché 9

Economie en
transition 25

Source : FAO

Parmi toutes les régions en développement, seule la région Amérique Latine et Caraïbes est parvenue à réduire la prévalence de la faim assez rapidement depuis 1990 pour atteindre la cible des OMD à condition que la cadence actuelle soit maintenue.

La région Asie Pacifique a elle aussi de bonnes chances d'y parvenir si le rythme des progrès peut être légèrement intensifié dans les années à venir.

Au Proche-Orient et en Afrique du Nord en revanche, la prévalence de la faim est faible, mais elle augmente plutôt que de diminuer. Pour atteindre cet objectif, la région devra inverser la tendance à la hausse enregistrée durant la dernière décennie.

En Afrique Subsaharienne, la prévalence de la sous-alimentation a légèrement fléchie bien que le rythme des progrès se soit accéléré dans les années 90. Pour atteindre la cible des OMD, la région devra considérablement intensifier son action.

Si l'on regroupe les pays sur la base de la prévalence actuelle de la sous-alimentation, on constate que c'est là où la faim est plus répandue que les progrès ont été les plus lents. La prévalence de la sous-alimentation augmente ou reste globalement inchangée dans les pays en développement. Près d'un milliard d'êtres humains souffrent de la faim1 .

L'estimation de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) de la fin de l'année 2008 est de 963 millions d'êtres humains souffrant de la faim. En deux ans, le chiffre a augmenté de 110 millions, dû principalement à l'envolée des prix des matières agricoles.

1- MARIE-BEATRICE Baudet : La pédagogie de la catastrophe ; Bilan du monde, 2008, p. 21.

Après des années de baisse ou de stabilité de la sous-alimentation, les chiffres sont à la hausse, sapant ainsi les efforts accomplis et retardant les chances d'atteindre les OMD qui visent à réduire de moitié la faim dans le monde d'ici à 2015.

Il faut souligner que, si dans ces derniers jours la colère est venue des grandes villes d'Asie et d'Afrique, où les habitants ont manifesté contre la hausse des prix des denrées, c'est surtout dans les zones rurales, voire chez les paysans que la situation est catastrophique. Cette situation peut encore atteindre jusqu'à 90% dans les pays en développement. L'Inde, la Chine, la République Démocratique du Congo, le Bangladesh, le Pakistan, l'Indonésie et l'Ethiopie comptent à eux seuls 65% des personnes souffrant de la sous-alimentation1.

Le problème alimentaire est loin d'être réglé. Si au Sommet de la FAO, à Rome en juin 2008, la Communauté internationale est arrivée à se mettre d'accord sur la nécessité d'investir dans l'agriculture, secteur délaissé depuis vingt ans, les promesses de dons n'ont pas été tenues. La hausse des prix n'a pas été transformée en opportunité pour les agriculteurs des pays pauvres, comme l'aurait souhaitée la FAO.

Désormais, la crise financière et économique risque d'aggraver la situation alimentaire mondiale. Elle pourrait réduire les montants d'aides humanitaires d'urgence, et les possibilités pour les paysans d'emprunter pour acheter les semences et les engrais. Cette situation réduit donc leurs capacités de production aggravant ainsi les risques de déficits alimentaires dans le monde.

B- Quelques zones critiques de la faim : les effets complexes des catastrophes naturelles

Si les causes sont complexes, la tendance est claire les catastrophes naturelles sont plus fréquentes, plus meurtrières et plus coûteuses, comme l'atteste cette simple mesure. Les pertes annuelles moyennes imputables aux ouragans, aux sécheresses, aux séismes et autres catastrophes naturelles pendant les années 90 sont neuf fois plus importantes qu'il y a 30 ans de cela.

L'impact des catastrophes naturelles est bien plus considérable sur les pays pauvres que sur les pays riches, tant en termes absolus que relatifs. Les populations des pays en développement peuvent rarement se réinstaller loin des zones fréquemment touchées par les catastrophes, ou renforcer leurs habitations et leurs exploitations. Leurs infrastructures et leurs économies sont généralement moins diversifiées et plus fragiles, de sorte qu'une catastrophe naturelle peut retarder l'ensemble du processus de développement.

Les catastrophes naturelles peuvent également détériorer la sécurité alimentaire de manière inégale et complexe. Leur impact sur les groupes et les communautés varie en fonction des lieux d'implantation, de la profession, du statut social, des divisions économiques, politiques et culturelles.

1- MARIE-BEATRICE Baudet : 2008, op. cit, p. 23.

On peut en voir des manifestations dans les effets de deux catastrophes, la sécheresse et l'infestation de criquets pèlerins qui ont ravagé l'Afrique du Nord et de l'Ouest en 2003-2004, ainsi que le tremblement de terre et le tsunami qu'à subi l'océan Indien en 2004, notamment en Aceh ( province indonésienne).

A la fin de 2003, les conditions météorologiques ont favorisé le développement des populations de criquets pèlerins dans le Maghreb et une partie du Sahel. La FAO a diffusé des alertes sur la probabilité d'une infestation. Au début de 2004, des essaims de criquets ont déferlé sur l'Afrique du Nord et de l'Ouest et au-delà, puisqu'ils ont été signalé jusqu'à Chypre, en Egypte, en Guinée Conakry et au Yémen. La plupart des essaims sont toutefois restés dans le Nord-Ouest de l'Afrique et le Sahel où ils ont ravagé les cultures et la végétation.

Il faut également souligner que le séisme qui est intervenu au large des côtes de Sumatra en Indonésie le 26 décembre 2004 était le plus violent enregistré en 40 ans. Il a provoqué un tsunami qui a tué 240 000 personnes selon les chiffres officiels et déplacé plus de 1,6 million de personnes1.

De nos jours, le changement climatique est devenu préoccupant et frappe plus durement les centaines de millions de petits agriculteurs et de petits pêcheurs ainsi que les populations dépendant des forêts, déjà vulnérables et victimes d'insécurité alimentaire. En influant sur les disponibilités en terre et en eau, sur la biodiversité ainsi que sur le prix des denrées alimentaires, la demande croissante de biocarburants produits à partir de cultures vivrières a, elle aussi, un impact sur les pays pauvres2 .

La pêche et l'agriculture côtière ont été détruites dans de nombreuses régions, privant les communautés de leur principale source d'alimentation et de revenus. Les effets du tsunami sur l'économie nationale varie considérablement d'un pays à un autre. L'impact sur la sécurité alimentaire a également été très inégal. Le secteur agricole très limité de petits Etats insulaires tels que les Maldives et les Seychelles a été totalement ravagé. La production rizicole nationale de l'Indonésie, du Sri Lanka et de la Thaïlande n'a pas été gravement touchée.

Comme le montrent ces deux situations d'urgence différentes, même lorsque les catastrophes naturelles n'ont pas d'effet majeur sur le volume global des approvisionnements alimentaires, elles peuvent avoir des conséquences désastreuses sur certains groupes de population. Ce sont souvent les plus pauvres et les plus vulnérables qui sont les plus durement frappés, ce qui exacerbe encore la pauvreté et la malnutrition.

Les catastrophes détruisent également les moyens de subsistance précaires à un point tel que les populations sont déplacées et qu'une action de relèvement à long terme s'impose.

C'est l'ampleur de ces dégâts qui a incité la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes, tenue à Kobé (Japon) en janvier 2005, ayant préconisé l'intégration expresse des mesures de prévention et d'atténuation des catastrophes dans les stratégies

1- Le Monde diplomatique : INONDATIONS-FAIM, 2005 (52è année) N°148, 36 p.

2- Sécurité Alimentaire Mondiale : les défis du changement climatique et des bioénergies, octobre 2008.

nationales de développement. Face à cette situation très critique, la FAO entreprend des actions en vue de venir à bout du problème alimentaire.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus