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Comprendre le vin et ce que l'on mange, permet de meilleurs achats et de meilleurs accords mets et vins.

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par Bruno Roussel
Université du vin Suze la Rousses - Sommelier-conseil 2009
  

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Les trois composantes d'une sensation

Qualité Intensité Hédonisme

Faible ou Fort

· La qualité fait référence à la qualification, la description de la sensation.

· L'intensité de la sensation est fonction de la concentration du stimulus:

· L'hédonisme est liée au caractère agréable / désagréable de la sensation.

Je vais essayer de revenir à notre fil conducteur de ce mémoire, les relations qui peuvent exister entre mets et vins.

Il est évident que certains choix et exemples peuvent se multiplier avec des produits de même caractère, de même style, provenant de régions viticoles semblables ou différentes. L'essentiel est le caractère du vin et son ressenti. Il faut toutefois se méfier de vins apparemment similaire mais se démarquant par une structure trop puissante, comme il préférable d'éviter des vins trop fins, trop subtils pour accompagner des plats puissants ou très épicés.

Par contre il est intéressant de marier des vins d'une grande finesse, délicats avec des mets de même nature de saveurs légères ces vins là seront mis en valeur sans détruire la structure sapide des aliments.

Et l'inverse pour les mets puissants en saveur (épicés ou avec des aliments de gout plus marqué), ne pas hésiter à les faire affronter des vins eux-mêmes puissants pour qu'ils ne soient pas éteints ou laminés.

L'art de marier vins et mets c'est aussi l'art de donner des plaisirs de bouche variés et de jouer au mieux avec les saveurs et les textures.

Donc en résumer tous le monde avec des sensibilités différentes peut arriver à apprécier et à faire une analyse brève d'un produit avec un minimum d'initiation.

Par l'éveil des sens nous pouvons faire des accords entre tous ces produits peu envisageables auparavant.

Tous ce travail peut commencer très tôt dans la vie. Je suis intervenu dans des écoles primaires en tant que cuisinier pour «la semaine du goût », mes préparations étaient faites avec de bons et vrais produits, nous avons travaillé les 4 saveurs de façon ludique. Tous les enfants ont été réceptifs aux messages, et tous m'en reparlent en me croisant à la sortie de l'école.

" Le goût est l'ensemble émotionnel correspondant à un état affectif et en conséquence à des sources de plaisirs qui procèdent de l'action de consommer un aliment ou une boisson pour un individu à un instant donné ».

Jacques PUISAIS

Tous les accords sont-ils possibles?

Il nous arrive de temps à autre de rencontrer un vin qui nous fige sur place tant il est bon. Nous en perdons tout intérêt pour le reste du monde. Nous le dégustons avec une concentration extrême en essayant de mémoriser toutes les sensations. Dans ce cas, il n'est pas question de perdre cette intensité en mangeant quoi que ce soit. Mais lors d'un repas, le vin est fait pour s'allier aux mets servis, il donne du relief au repas, sans en prendre l'avantage.

Il existe des milliers de vins dans le monde, et chacun d'eux est différent. Il y a des centaines de plats et chacun est particulier aussi, sans parler des combinaisons d'aliments, d'épices, de spécialité local et de mode de cuisson. Alors, comment s'y retrouver?

Chaque plat à sa personnalité, dans le sens où il est constitué de plusieurs ingrédients et arômes qui entrent en interaction pour créer un ensemble plus ou moins délicieux. Même chose avec les vins qui possèdent eux aussi leur propre personnalité. Lorsqu' un vin est combiné à un aliment dans la bouche, les interactions se multiplient et le résultat est spécifique à la combinaison des deux. Ainsi, lorsqu'un vin rencontre un aliment, plusieurs choses peuvent se produire:

· L'aliment peut exagérer une caractéristique du vin. Par exemple, si vous mangez des noisettes (qui sont très tannique) avec un rouge tannique, le goût du vin devient si sec, si astringent que beaucoup vont le considérer comme imbuvable;

· L'aliment peut affaiblir une caractéristique du vin. Les protéines affaiblissent les tanins par exemple, et un vin rouge très tannique (désagréable seul) peut devenir délicieux s'il accompagne une excellente viande;

· L'Intensité des arômes de l'aliment peut cacher ceux du vin et vice versa. Vous en avez fait l'expérience si vous avez bu un vin riche avec un délicat filet de sole;

· Le vin peut apporter de nouveaux arômes à l'aliment. Par exemple, un bourgogne rouge débordant de fruit peut transmettre ses arômes fruités à l'aliment, comme s'il s'agissait d'un ingrédient du plat lui-même;

· L'union du vin et de l'aliment peut créer un arôme supplémentaire désagréable qui n'était ni dans le vin, ni dans l'aliment; il est ainsi possible de percevoir un arôme métallique lorsque nous mangeons de la dinde avec un bordeaux rouge;

· Le vin et l'aliment peuvent interagir à la perfection en créant une sensation aromatique plus forte que celle du vin ou de l'aliment isolés. (c'est ce que nous espérons éprouver à chaque repas même si cette perfection est très rare).

Examinez ensuite les deux partenaires; vin et repas. Lorsqu'on songe à associer un ou des vins à un repas, l'excellence des deux éléments ne suffit pas à garantir un mariage harmonieux. Il est préférable de rechercher la complémentarité entre l'élément solide, le mets, et l'élément liquide, le vin. Il est souhaitable que les saveurs de l'un et de

l'autre correspondent quant à leur intensité, leur nature et leur texture. Si les saveurs ne sont pas du même niveau pour ces trois points, l'un des éléments l'emporte sur l'autre qui s'efface alors; le résultat ne sera pas nécessairement catastrophique, mais le mets et le vin s'apprécieront plutôt séparément au lieu d'unir leurs saveurs pour que l'ensemble soit plus satisfaisant que chacun des deux composants.

Certains composants des aliments réagissent de manière imprévisible avec certains composants du vin; savoir cela et comprendre certaines règles permet d'augmenter les chances de réussir des accords vins et mets. Certains éléments amplifient les autres et d'autres les compensent.

Un autre élément intervient dans la perception de l'aliment, c'est son mode de cuisson. Nous allons prendre un produit noble comme le chevreuil.

Trois modes d'accord :

Voilà un produit passionnant qui a traversé les âges et a fait l'honneur de la table des rois de France et des gourmets de nos jours. Ces animaux assez nombreux sur le plateau du Vercors, ma région d'adoption font l'objet de toutes les attentions du mois de novembre au mois de mars. Courtisé lors des nobles chasses à courre, il mêle art de la chasse et plaisir de la table, et fait toujours autant travailler les passionnés de vins! De nos jours, le chevreuil c'est un peu banalisé. Quelques bons bouchers proposent des pièces préparées dans différentes parties et l'opportunité de pouvoir déguster ce gibier est désormais offerte à tous.

Textures et sensations

Le choix du morceau reste déterminant dans l'accord des mets avec les vins. En effet, on optera pour ces trois exemples : le filet, l'épaule et le gigot, où les sensations gustatives et tactiles sont totalement différentes, et la texture de la chair aussi. La saveur de ce gibier est exceptionnelle. La chair est tendre, savoureuse et très juteuse, on qualifie les arômes du chevreuil de finement foxé. Ce goût de gibier se dévoile sans brutalité, ni force, et il reste une impression d'extrême finesse.

L'accord mets et vins demeure un exercice compliqué car il faut prendre en compte de nombreux paramètres. Une connaissance des techniques de cuissons reste indispensable, chacune d'entres elles préconisent un type de vin différent. De même que le choix de la garniture qui accompagne le plat rend l'accord toujours plus compliqué suivant l'utilisation de fruits, de légumes, ou de condiments. Il est vrai que le consommateur peut si perdre face à tant de saveur !

Pour commencer, le filet est le morceau de qualité le plus tendre et le plus délicat. Il est préconisé des cuissons douces pour ne pas abîmer la chair et respecter la finesse des arômes. Juste grillé ou rôti semble bien choisie là où on recherche juste à caraméliser les extrémités pour conserver le jus et le moelleux de la chair. Ou alors

cru en carpaccio avec une cuisson légère avec la marinade jus de citron, huile d'olive et assaisonnement sel et poivre 5 baies.

L'épaule nécessite des cuissons lentes, 85 degrés durant 72 heures. Elle peut être également confite comme le canard, la texture de la chair est plus serrée, plus sèche et filandreuse. Cette pièce est souvent utilisée pour les ragoûts et les préparations de cuisine bourgeoise. Le gigot, le plus souvent rôti, permet beaucoup d'originalité dans les accompagnements. La cuisson basse température apporte fondant et onctuosité à la chair. Le principe est de cuire également le morceau à 85 degrés et d'obtenir 48 degrés à coeur. Il est vrai que les notes aromatiques de noisette et caramel sont extraordinaires, et cette sensation de moelleux de la chair est extraordinaire.

Concernant les accords, nous sommes face à un plat fini et une multitude de variétés de vins : pays différents, saveurs différentes, rouges, blancs, sucrés...

Une notion très importante doit être appliquée : mettre en harmonie l'esprit du plat et l'esprit du vin. En d'autres termes, si le plat est de tendance exotique (épices douces, fruits exotiques ou glacé au miel), on conseille des vins originaux, dans la façon de vinifier par exemple, concentrés en fruits et en tanins. Il faut s'orienter vers des régions chaudes comme le Languedoc ou des pays étrangers et choisir des vins forts en épices. Les vins de la vallée du Rhône à base de la syrah ou grenache et carignan plus au sud, procurent ce type de bouquet.

Accordé n'est pas joué. Si le plat est plus classique, comme un ragoût ou une daube, on propose des vins de Bordeaux, de Bourgogne ou du Val de Loire, où le cépage cabernet franc procure puissance et finesse. Pour ce type de cuisson, on préfère des vins plus évolués. C'est donc le moment de sortir de vieux flacons ! Pour le filet, souvent grillé et accompagné de fruits ou d'un simple jus agrémenté d'herbes aromatiques, il faut noter la fraîcheur du plat, des arômes plus subtils, une certaine douceur dans la chair du chevreuil. On opte alors pour de belles bouteilles, de grands crus bordelais et de plus beaux climats Bourguignon. Pour ce type de vin, au moins 10 ans de vieillissement sont nécessaires pour qu'il s'exprime le mieux possible avec un maximum d'arômes tertiaires et jouir pleinement du bouquet. L'accord se joue plus entre la qualité de la viande car la cuisson grillée respecte le plus la qualité aromatique et organoleptique de celle-ci. Néanmoins, tous les vins jeunes sans tanins trop astringents comme les jeunes merlots bordelais Pomerol, Saint-Emilion et jeune pinot noir de Bourgogne Morey-Saint-Denis, Gevrey-Chambertin et encore Sancerre rouge du Val de Loire accompagnent bien les garnitures à base de fruits et légumes.

Pour la mise en application de toutes ces notions, on retiendra qu'un plat classique nécessite un vin classique.

Pour une daube de chevreuil servie avec des pates fraiches ou une polenta par exemple, il faut décortiquer le plat en trois parties pour obtenir la sensation gustative la plus persistante, la saveur dominante, et le rendu tactile que procure le plat sur la langue. L'ensemble du plat en bouche montre que la sensation la plus puissante reste la sauce au vin rouge et condiment, c'est la dernière impression qui marque notre mémoire. On travaillera donc avec un vin rouge plutôt rustique, avec une longueur en bouche longue et une persistante, car la finale du plat est corsée et entêtante. La saveur dominante est l'acidité, et le relief du plat en bouche est l'onctuosité liée par la sauce. On recherche des vins puissants pour rivaliser avec la puissance de la sauce, des tanins et du fût, protéines des tanins et divers saccharides provenant du fût qui neutralise l'acidité du plat, du gras et du tanin enrobé pour l'onctuosité du plat. Pour un plat plus contemporain tel qu'un filet de chevreuil jus à la réglisse, émulsion glacée réglisse et noisettes torréfiées truffes du Tricastin, la sensation gustative du plat la plus persistante est la truffe, la saveur dominante est le sucre, et le rendu tactile du plat est croquant grâce aux truffes et aux noisettes torréfiées. On peut choisir un vin rouge plutôt jeune pour le Languedoc, un grenache et carignan ou un crozeHermitage. Le fruit accompagne à merveille le croquant du plat.

Le plus important est de se rappeler qu'accorder c'est proposer un produit en harmonie avec un autre et de faire comprendre aux dégustateurs l'émotion qui a motivé le choix.

De nos jours, les spécialistes des accords mets et vins reconnaissent que deux principes sont à considérer: le principe de la complémentarité et celui du mariage des contraires. La complémentarité engage à choisir un vin qui se marie au mieux avec le plat. L'opposition cherche au contraire à réunir un vin et en un plat apparemment désaccord gustatif.

Vous utilisez probablement le principe de la complémentarité sans le savoir: vous choisissez un vin léger pour un plat léger, un vin moyen pour un plat plus riche et un vin corsé pour un plat plus capiteux.

L'essentiel de tout cela, est de bien connaître son produit respecter ses origines et ses saveurs savoir le mettre en avant sans masquer les particularités.

Ce qui nous amène à mes projets professionnels en utilisant mes compétences de cuisinier expérimenté et mes nouvelles de sommelier- conseil.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery