WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les comportements des élèves du lycée technique de Ouagadougou face au dépistage VIH volontaire

( Télécharger le fichier original )
par Pascal Louis Germain COMPAORE
Université de Ouagadougou - Maà®trise de sociologie 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Conclusion

Le dépistage volontaire se présente comme un axe stratégique dans la lutte contre le VIH / SIDA, ce qui a suscité l'intérêt de l'étude.

Le choix d'adhésion au test sérologique ou de son refus par les élèves du Lycée Technique de Ouagadougou ne paraît pas forcément commandé par la possession d'une information précise sur les enjeux de la connaissance de son statut sérologique. Parlant d'avantages liés au dépistage, nos interviewés ont une connaissance du bénéfice de l'ajustement comportemental sexuel en cas de sérologie négative ou positive et la mise en oeuvre du protocole thérapeutique est connue mais sans réelles précisions.

Mais en ce qui concerne la prise en charge, la seule connaissance à la fois sûre et incertaine qui apparaît pour nos 33 enquêtés c'est qu' «il y a une prise en charge ». Sûre, parce que la multitude50 des institutions des services de conseil dépistage volontaire et de prise en charge en font le leitmotiv de leurs discours pour une adhésion au dépistage ; incertaine, parce que cette information demeure abstraite puisqu'elle ne livre pas les modalités et les mécanismes de la prise en charge dont il est tant question. Une certaine faiblesse de l'information est aussi due à la fréquentation aléatoire sinon à l'indifférence (du fait de l'altérité négative) des élèves vis-à-vis des structures associatives ; aux niveaux de la sphère relationnelle et familiale, l'information apparaît également limitée.

Or, le dépistage volontaire en tant que moyen de prévention commande un modèle de prévention fondée sur la mise en oeuvre d'information à nature pédagogique entre les émetteurs (institutions, pairs, parents) et les récepteurs (élèves) afin que ces derniers puissent connaître les avantages liés au test positif ou négatif et particulièrement connaître les modalités et les mécanismes de la prise en charge pour adhérer de façon éclairée à la proposition de dépistage.

Par défaut, les avantages de l'après dépistage sont moins perceptibles que les conséquences négatives pouvant se lier à une sérologie positive. Ces perceptibles conséquences négatives sont multiformes et multidimensionnelles. La perception de cette mosaïque de souffrances, qui se combinent en une seule réalité complexe de conflits entre l'individu et lui-même et l'individu et son environnement social, a apeuré aussi bien les élèves adhérents que les élèves réticents au test VIH. C'est pour ainsi dire que l'enjeu qui a sous-tendu les choix

50 Selon le Répertoire National des service de conseil et dépistage volontaire et de prise en charge des PVVIH/SIDA, CNLS-IST, juin 2003, le Burkina en compte 59 dont 18 à Ouagadougou. Mais seules 7 structures assurent effectivement une prise en charge médicale

de comportements se justifie ailleurs que dans le bénéfice des possibilités d'une prise en charge d'autant plus qu'elle n'est pas perceptible51.

Ainsi, la non-vulnérabilité conduit à la fois à l'acceptation et au refus du test. Ce paradoxe est soutenu par deux formes d'altérité négatives (altérité négative d'adhésion et altérité négative de refus) dont le trait commun est le développement d'une «légitime assurance» contre le VIH en l'absence de risque. Cependant, elles diffèrent par leur mise en oeuvre contradictoire avec toutefois une même finalité qui est la mise en accusation de la biographie sexuelle de « l'autre » comme son motif de refus ou son motif d'acceptation. Sur l'ensemble des cas de biographie sexuelle non vulnérable, la majorité des élèves ont accepté le dépistage. Autrement dit, l'absence de vulnérabilité sexuelle penche plus pour un comportement d'adhésion, même si le contraire s'est produit chez d'autres (la minorité) dû au développement de l'altérité négative de refus.

La vulnérabilité conduit également soit au refus du test soit à son acceptation. Dans le premier cas, la vulnérabilité due aux rapports sexuels non protégés ôte à l'élève la «légitime assurance» contre le VIH du fait de la «sexualisation » de l'infection, elle-même s'expliquant par la prééminence de la transmission sexuelle sur les autres modes de contamination. Le risque prend alors ici sa valeur maximale. La majorité des réticents vulnérables avaient tous eu des rapports sexuels non protégés. Dans le second cas, le dépistage fonctionne comme une re-assurance, les rapports sexuels protégés altérant la «légitime assurance » sans que le risque soit élevé. Les adhérents vulnérables avaient tous eu des rapports sexuels protégés. En clair, la plus grande vulnérabilité sur le plan sexuel penche plus pour un comportement de refus.

Concernant les interactions, le croisement de biographie de certains élèves avec celle d'un malade du SIDA a laissé les traces de souffrances chroniques et d'impuissance de la médecine. Mais ce contact des vécus peut aussi enclencher chez d'autres le désir de la connaissance du statut sérologique. Quant à l'interaction favorable dans le cercle familial, elle se présente sous une conformité positive et imposée qui enrobe l'évaluation personnelle du dépistage et ôte ainsi la possibilité du refus. L'interaction favorable dans le cadre relationnel des pairs, elle met en jeu également une conformité positive prévalant au sein du groupe de pairs et conduisant à l'adhésion au dépistage. Mais cette interaction influente n'apparaît pas dans le sous-groupe féminin.

51 « Au Burkina, nous avons besoin de mettre sous traitement pas moins de 45.500 personnes, seules 2.700 ont actuellement accès aux ARV. » RAME, `Le médicament' n° 005 juillet-septembre 2005, p16

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand