4.2. Revue de littérature empirique
4.2.1. Etat des techniques d'estimation de la
production
vivrière dans quelques pays de la sous
région
Nous présentons dans cette partie les
différentes méthodes d'estimation et de prévision
agricoles dans certains pays africains. Il faut noter que la littérature
n'est pas assez fournie à ce sujet. Les seules bribes de
développement existantes à ce sujet, que nous avons pu consulter
et que nous présentons ici, portent sur les modèles du
Bénin, du Togo et du Burkina Faso. Il s'agit presque de méthodes
descriptives.
4.2.1.1. Les techniques d'estimation de la production
vivrière au Togo
Le modèle PRECOMAT (Prévision des Comptes
Macroéconomiques du Togo) est un modèle quasi-comptable, mis en
place depuis quelques années à la Direction
Générale de l'Economie du Togo et permet d'estimer la plupart des
agrégats macroéconomiques du pays. Dans sa version 1.0, le
modèle PRECOMA-T a mis en place des méthodes permettant d'avoir
une vue globale sur l'économie togolaise. Ici, nous allons exposer
uniquement les techniques d'estimation de la production agricole en
général et la production vivrière en particulier.
Pour estimer la production vivrière, la Direction de
l'Economie dispose de trois approches :
· La première approche consiste à projeter
les quantités produites des huit principales cultures vivrières
(manioc, igname, maïs, mil et sorgho, haricot, arachide, riz paddy) avec
des taux moyens observés sur les quatre dernières années
après correction des minima par la demi somme des valeurs extrêmes
des cinq dernières années. Des informations
complémentaires (effets de projets de développement, taux de
croissance démographique, etc.) sont utilisées pour
réajuster les taux de projection. Pour les autres cultures
vivrières (légumes, fruits, produits maraîchers, soja,
voandzou, etc.), les estimations et les projections des quantités sont
déterminées suivant un taux égal à la moyenne des
taux de croissance des huit principales cultures vivrières.
Les prix aux producteurs sont projetés, soit avec des
taux de croissance des périodes jugées stables, soit avec des
taux moyens sur les quatre dernières années
· Dans la deuxième approche, des taux de
croissance variant entre 3 et 4% sont retenus pour projeter les
quantités des cultures vivrières et des taux de croissance ne
dépassant pas 3% pour projeter les prix au producteur. Ce taux a
été choisi pour la projection des prix afin de pouvoir contenir
la hausse du niveau général des prix dans la limite soutenable de
l'économie nationale.
· La troisième approche qui semble prendre le pas
sur les deux premières est une projection tendancielle. La production de
l'année N+1 est le prolongement de la tendance sur les années
passées jusqu'à N.
Comme on le remarque, ces méthodes permettent
effectivement d'estimer la production agricole mais rien n'assure qu'il s'agit
d'une bonne estimation.
Par exemple dans la première méthode on peut se
poser des questions sur le fait qu'on est obligé de corriger les
minima.
Pourquoi n'a-t-on pas choisi de corriger les maxima ? Pour la
deuxième méthode, elle repose essentiellement sur le choix de
taux de croissance exogène, ce qui peut être source de
polémique.
En plus, cette méthode suppose que la production
vivrière augmente d'année en année ; ce qui n'est toujours
pas le cas.
Pour la troisième méthode, il en résulte
mécaniquement qu'en cas de récoltes très
supérieures (inférieures) à la moyenne pour la
première année de projection, le taux de croissance de la
production vivrière l'année suivante sera négatif
(positif), puisqu'il se retrouve à un niveau «moyen».
De plus, ces méthodes ne tiennent pas compte d'autres
facteurs qui peuvent avoir des effets sur la production agricole.
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