L'intégration sous-régionale en CEMAC à l'épreuve de la liberté de circulation des biens et des personnes( Télécharger le fichier original )par Achille SOMMO PENDE Université Catholique d'Afrique Centrale - Master Gouvernance et Politiques Publiques 2010 |
Paragraphe 1. La réhabilitation de l'esprit communautaireLa peur de l'envahissement a été clairement exprimée par les autorités des Etats membres de la communauté sous-régionale. Ce syndrome de l'envahissement n'est pas propre aux pays de la CEMAC. Son appréciation correcte doit se faire en rapport avec la nécessité d'élaborer au préalable des politiques idoines en matière d'immigration, conformément à ce qui est prévu par le Traité de la CEMAC. Au-delà de cette mesure, une compréhension des bienfaits de l'intégration est aujourd'hui nécessaire au niveau de chaque Etat membre de la CEMAC pour pouvoir lever les blocages. De façon primordiale, il convient de définir une identité communautaire qui fasse émerger un esprit de fraternité, de solidarité et le sentiment d'appartenance au groupe social, économique, culturel et/ou politique qu'est la CEMAC. Ainsi les axes suivants permettraient de favoriser le développement de l'esprit Communautaire. Il s'agit notamment de : · Définir et développer une identité communautaire : au-delà de la monnaie commune, les symboles, le drapeau ou un hymne, il s'agit également d'identifier les valeurs morales, culturelles et républicaines qui sont amenées à prévaloir dans la sous-région ; · consolider la légitimité de la communauté : il s'agit de s'assurer que le but et les valeurs de la CEMAC et la manière de mettre en oeuvre sont partagés par les individus membres de la CEMAC (élections démocratiques du parlement communautaire, consultations populaires par référendums, implication des acteurs de la société civile...) ; · Avoir une répartition équilibrée des postes de responsabilités des institutions de la CEMAC ; · Promouvoir la CEMAC à ses membres (diffusion publique de rapports d'activités, des textes, de brochures, organisation de débats, de conférences, chaine radiotélévisée sous-régionale, cours de droit communautaire, ...) ; · Renforcer les liens culturels entre pays membres de la CEMAC (tournois sportifs, tours cyclistes, foires communautaires, concerts...) ; · Renforcer la cohabitation des peuples par la multiplication des grandes écoles de formation, des marchés transfrontaliers, et des entreprises à capitaux sous-régionaux ; · Réfuter sans cesse les préjugés et les idées préconçus qui entrainent les réticences à la cohabitation des peuples ; · Assurer un dialogue permanent afin de travailler de manière solidaire (chaque Etat membre assure son financement de l'effort communautaire, chaque individu membre de la Communauté est prêt à faire des concessions à la faveur de l'intérêt communautaire). Il est ressorti de notre enquête de terrain que le principal obstacle à la libre circulation est un blocage mental. « Cette mentalité de fermeture doit progressivement laisser place à une mentalité d'ouverture et de solidarité pour que les freins à l'intégration soient levés. Bâtir cet esprit communautaire prend du temps, et s'avère souvent plus accessible à une jeunesse désireuse d'ouverture qu'à ceux dont les perceptions (notamment vis-à-vis des voisins) ont déjà été façonnées. Ces jeunes de la CEMAC seront également les premiers bénéficiaires de ce processus d'intégration et sa non matérialisation ne fait que les pénaliser et compromettre les opportunités que peut leur offrir un monde de plus en plus ouvert et intégré »93(*). Cette réhabilitation de l'esprit communautaire, pour être efficiente, doit être opérée dans un contexte où les peuples sont placés au coeur de la dynamique d'intégration sous-régionale. * 93 Performances Management Consulting - ECDPM, op.cit. P.45. |
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