III.2 PRINCIPES DE L'APPROPRIATION HABITANTE DU
LOCAL:
A.Bourdin [2000] distingue deux modes d'analyse de
l'appropriation habitante via lesquels le local se construit. Une approche du
<<local cognitif » et une approche interactionniste ».
III.2.1 LE LOCAL COGNITIF :
Historiquement, le mérite de cette méthode est
attribué à K.Lynch qui a initié les bases d'une approche
cognitive de l'espace construit. Cette approche met en exergue la relation
entre l'image mentale (la représentation) territoriale et
l'identité individuelle et collective. P.Pellegrino et ses
collaborateurs ont démontré que la << spatialité
» est culturellement construite, et par laquelle un sujet
appréhende les objets tout en se positionnant lui-même [A.Bourdin
: 2000 : 24]. Cette conclusion distingue l'espace créé
territorialement (construction fonctionnelle) de << l'espace
d'appartenance » qui résulte de l'inscription d'un acteur social
dans un groupe d'appartenance en un lieu. On peut alors affirmer que le local
est cognitif vu qu'il stimule ce processus d'identification, qui, lui, est
alimenté par les valeurs sociales du groupe d'appartenance.
III.2.2 L'APPROCHE INTERACTIONNISTE :
Cette approche repose sur l'affirmation que l'identité
est construite à partir d'un groupe d'appartenance. En s'appuyant sur
une méthode inspirée de la phénoménologie d'Alfred
Schutz, B.Poche déploie sa démarche sur quatre points. (i) Le
lien social, comme processus de construction du sens. Car vivre ensemble
stipule le partage d'une représentation commune du monde. (ii) Le
partage de la vie quotidienne qui selon Schutz, guide l'orientation
spatio-temporelle. (iii) La coprésence, interactionniste par essence, ne
peut en aucun cas être remplacée par une communication
artificielle. (iv) Le lieu (pratiques de la vie quotidienne) comme mode
organisateur de l'expérience sociale. Cette démarche montre
l'importance du legs du passé (<< local hérité
» selon A.Bourdin) approprié par un groupe sous forme d'un ensemble
de représentations et de codes (mémoire collective) transmet
ou
légué aux générations successives
par les << pratiques >> (action collective): <<
L'héritage du passé est fondateur, porteur de structures
immuables qui constituent la référence » [A.Bourdin :
2000 :37].
Si on s'ouvre sur la notion de territoire entendu dans son
sens éthologique, Goffman [cité par Bourdin 2000] nous
éclaire que << le territoire du moi >> se déplace
avec l'individu et caractérise sa manière d'organiser les
relations avec les autres. Cela met en exergue l'importance de
l'expérience d'individu lié à sa << trajectoire de
vie >>.
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