A.3 - Le réaménagement des règles de
gestion monétaire en 1989
La nouvelle politique de gestion de la monnaie mise en place
à compter du 2 octobre 1989 et renforcée depuis le 1er
octobre 1993, s'attache à promouvoir le recours aux mécanismes de
marché, de nature plus flexibles, et leur substitution progressive aux
méthodes administratives de régulation monétaire.
Le changement d'orientation dans la politique
monétaire, qui passe ainsi d'un cadre réglementaire de
contrôle quantitatif vers la mise en oeuvre d'instruments indirects de
politique monétaire, a été soutenu par la montée en
puissance des innovations financières, la dérégulation de
plus en plus grande dans le monde, conduisant à de profondes mutations
dans les méthodes de gestion de la politique monétaire. Dans ce
nouveau contexte, un rôle accru a été accordé au
taux d'intérêt qui devient l'instrument central de la politique
monétaire, en particulier depuis l'abandon de l'encadrement du
crédit intervenu à compter du 1er janvier 1994.
B - Objectif de la politique monétaire de
la BCEAO B.1 - Les objectifs du carré
magique
La politique monétaire poursuit quatre objectifs finaux
qui sont : la croissance économique, le plein-emploi, la
stabilité des prix et l'équilibre de la balance des paiements. La
politique monétaire conjoncturelle a longtemps été
utilisée pour opérer un arbitrage entre inflation et emploi : en
période de crise, une politique monétaire expansive permettait
une reprise de l'activité au risque de voir augmenter l'inflation,
tandis qu'en période de surchauffe, une politique monétaire
restrictive permettait de réduire les tensions inflationnistes au risque
d'inhiber quelque peu la croissance.
Au niveau de la BCEAO, la politique monétaire a pour
principal objectif de faire en sorte que l'économie dispose des
liquidités nécessaires à son bon fonctionnement et
à sa croissance équilibrée (stabilité du pouvoir
d'achat de la monnaie et croissance économique). De manière plus
précise, elle vise prioritairement la stabilité interne de la
monnaie donc la lutte contre l'inflation. La recherche de cet objectif
répond donc au souci de créer les conditions d'une croissance
économique durable, permettant de concilier les autres
préoccupations de la politique monétaire, à savoir le
plein emploi et l'équilibre extérieur.
Pour atteindre ces objectifs finaux, les autorités
cherchent à atteindre des objectifs intermédiaires.
B.2 - Les objectifs
intermédiaires
Il faut retenir quelques uns de ces objectifs
intermédiaires en matière de politique monétaire :
- la maîtrise de la croissance de la masse
monétaire constitue l'un des objectifs privilégiés des
monétaristes. Il faut que la croissance de la masse monétaire
soit égale au taux de croissance de l'économie réelle pour
éviter toute tension inflationniste.
- le niveau des taux d'intérêt nominaux est
l'instrument privilégié des keynésiens : l'idée est
qu'une baisse des taux d'intérêt doit conduire à une
reprise de l'activité économique. Même si les banques
centrales ne poursuivent pas prioritairement cet objectif de croissance
économique, elles prennent néanmoins en considération le
niveau des taux d'intérêt qui a une incidence sur le niveau des
investissements des entreprises et sur le volume des mouvements de capitaux
à court terme.
Des divergences existent cependant quant au choix des
indicateurs de politique monétaire devant servir d'objectifs
intermédiaires ; ceux-ci doivent avoir deux caractéristiques
à savoir : être reliés de manière stable à
l'objectif final et être contrôlables par les autorités
monétaires. Les variables choisies à cette fin sont
généralement des agrégats de monnaie et de
crédit.
Au regard de l'objectif ultime de sauvegarde de la valeur
interne et externe de la monnaie, la politique monétaire de l'UMOA vise
essentiellement à assurer un meilleur contrôle de la
liquidité globale de l'économie et à promouvoir la
mobilisation de l'épargne ainsi que son allocation optimale à
l'intérieur de l'Union. Ce faisant, il en résulte un financement
sain et adéquat des économies, sans pression excessive sur la
monnaie centrale qui doit conserver son caractère de ressource
d'appoint.
Paragraphe 2 : Instruments et canaux de
transmission de la politique monétaire de la BCEAO
Le dispositif de gestion de la monnaie et du crédit
dans l'Union Monétaire Ouest Africaine est basé sur des
mécanismes indirects de régulation de la liquidité
privilégiant les procédures et instruments de marché. Ces
instruments ont pour objectif de permettre aux banques centrales d'agir sur la
liquidité des banques commerciales. L'idée est d'encourager ou de
décourager la création monétaire et donc la progression de
la masse monétaire selon les orientations plus ou moins expansionnistes
de la politique monétaire.
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