SECTION 1 : Politique monétaire de la BCEAO
Cette section présente la politique monétaire selon
son évolution, ses objectifs et instruments ainsi que son
mécanisme de transmission.
Paragraphe1 : Evolution et objectif de la politique
monétaire de la BCEAO
A- Evolution de la politique monétaire
L'évolution de la politique monétaire de la BCEAO
peut être découpée en trois étapes :
- la conduite de la politique monétaire entre 1962 et 1975
;
- la réforme de la politique de la monnaie et du
crédit intervenue en 1975 et - le réaménagement des
règles de gestion monétaire en 1989.
A.1 - Politique monétaire de la BCEAO entre 1962 et
1975
Depuis l'entrée en vigueur du traité de l'UMOA en
1962 jusqu'à la réforme de 1975, la politique monétaire de
la Banque Centrale était caractérisée par une
approche microéconomique, fondée sur un
régime de détermination d'un plafond de réescompte par
banque, ainsi que des limites individuelles de refinancement à court
terme et des autorisations de réescompte à moyen terme pour
chaque entreprise. Cette approche s'appuyait sur une politique des taux
d'intérêts bas et immuables. Toutefois, au plan international, le
développement des activités économiques dans un
environnement de plus en plus inflationniste a fait, progressivement, perdre
à la politique du réescompte et des taux d'intérêt
bas toute sa portée.
Par ailleurs, la volonté des Autorités de l'UMOA
d'insuffler à l'action de l'Institut d'Emission une participation plus
accrue au financement du développement, a conduit à la
réforme de la politique monétaire, ainsi que de ses instruments
en 1975.
A.2 - Réforme des instruments de gestion
monétaire de 1975
A l'approche microéconomique, s'est substituée
avec la réforme de 1975 une démarche macro-économique.
Ainsi la réforme des règles d'intervention de la Banque Centrale
a visé à assurer le contrôle de l'expansion de la
liquidité globale et une orientation sectorielle des crédits, en
s'appuyant essentiellement sur deux instruments :
- la fixation d'un montant global des refinancements que
l'Institut d'émission peut consentir à chaque Etat ;
- la mise en oeuvre d'une politique de taux
d'intérêt hardie avec des objectifs diversifiés.
Ces instruments ont été complétés
en 1980 par une action directe sur l'offre de crédit des banques. En
effet, pour assurer la maîtrise de l'expansion de la liquidité
intérieure, il a été institué un système de
plafonnement de l'ensemble des refinancements que la Banque Centrale pouvait
consentir à chaque Etat,
appelé « concours global >>. Le
niveau des refinancements est déterminé en tenant compte de
l'évolution de la production, des prix, de la situation de la balance
des paiements et des finances publiques ainsi que de l'objectif d'avoirs
extérieurs par Etat et pour l'Union prise dans son ensemble.
Ainsi, le plafonnement des concours de la Banque Centrale
devait contribuer à freiner la distribution du crédit par les
banques et à réaliser l'objectif d'avoirs extérieurs
arrêté par Etat et pour l'ensemble de l'Union.
La dépendance ainsi affirmée des banques
primaires vis-à-vis de la Banque Centrale pour constituer leurs
réserves apparaît comme l'une des conditions nécessaires au
succès de l'instrument «concours global>>. Le fondement de la
politique monétaire de la BCEAO repose ainsi sur le concept du
multiplicateur de la monnaie et du crédit par la base monétaire
pour assurer la régulation monétaire.
Parallèlement au contrôle de la liquidité
globale, les Autorités monétaires ont, dans un contexte de
liberté des transferts au sein de la zone franc, érigé au
rang de priorité le maintien et l'utilisation des ressources des Etats
membres à l'intérieur de l'Union. Dans ces conditions, il
était apparu indispensable, dans la mise en oeuvre de la politique
monétaire, que les taux au sein de l'Union ne s'écartent pas
fondamentalement de ceux en vigueur sur les autres places, en particulier en
France.
A ce titre, à la politique des taux
d'intérêts bas et immuables, s'est substituée en 1975 une
politique de taux d'intérêt plus réalistes, avec des
objectifs diversifiés. Pour ce faire, le dispositif des taux
s'articulait autour de deux taux :
- un taux d'escompte préférentiel, applicable
notamment aux crédits à l'Etat, aux PME et aux crédits de
campagne ;
- un taux d'escompte normal, supérieur au premier et
applicable aux autres interventions.
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