INTRODUCTION
La conduite de la politique de la monnaie et du crédit
est à côté de l'émission monétaire, de
l'organisation et du contrôle du secteur financier, de la gestion du
système des paiements, l'une des missions essentielles assignées
aux Banques Centrales. Elle consiste en la régulation du niveau de la
masse monétaire, en vue d'assurer une croissance économique dans
la stabilité des prix et le maintien de l'équilibre de la balance
des paiements. Ce rôle dévolu à cet instrument repose sur
les principes de la théorie quantitative de la monnaie et sur l'approche
monétaire de la balance des paiements. Si dans leur fondement ces
principes sont simples à appréhender, force est de
reconnaître que, dans l'environnement actuel, marqué par
d'importants bouleversements en particulier dans la sphère
économique et financière, la gestion de la monnaie et du
crédit, sur le plan pratique, se révèle un exercice
extrêmement délicat et complexe. Cette gestion veille à
éviter tout dérapage des prix, tout en permettant à
l'économie de disposer des financements dont elle a besoin pour sa
croissance. Il s'agit donc d'un difficile équilibre à trouver
entre croissance et inflation. Cet équilibre est assuré par la
Banque Centrale, à travers la régulation des liquidités,
au moyen de deux types d'instruments1 :
- les instruments indirects qui agissent par le jeu des
mécanismes de marché ;
- les instruments directs, de nature réglementaire, qui
consistent en une fixation unilatérale par la Banque Centrale du prix ou
de la quantité de la monnaie (réserves obligatoires, taux
d'escompte et volume de crédits distribué aux agents
économiques).
1 Henri GUITTON & Gérard BRAMOULLE
(1987)
Dans l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA),
l'objectif de la politique monétaire conduite par la Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) est d'assurer la stabilité des
prix, dans le souci de préserver la valeur interne et externe de la
monnaie. Depuis 1989, la politique monétaire mise en oeuvre par la BCEAO
se fonde sur un recours accru aux mécanismes de marché,
consacrant l'option d'une régulation indirecte de la liquidité
bancaire. Un rôle primordial est ainsi accordé au taux
d'intérêt qui devient l'instrument privilégié de la
politique, depuis l'abandon de l'encadrement du crédit intervenu en
janvier 1994.
En raison de leur situation de surliquidité, les
banques béninoises subissent de moins en moins l'impact des mesures de
politique monétaire. En effet, les dernières révisions
à la baisse des taux directeurs opérés par la Banque
Centrale n'ont pas réussi à relancer l'activité
économique au Bénin dans les délais espérés,
la distribution de crédits n'ayant pas suivi. Ceci a jeté du
coup, quelques doutes sur l'efficacité de la transmission de la
politique monétaire.
Par ailleurs, la relative stabilité de la croissance
économique et la forte progression des crédits à
l'économie amène certains observateurs à s'interroger sur
l'impact réel de ces derniers sur l'activité
économique.
A cet effet, le présent travail de recherche se propose
d'apporter des éléments de réponses aux questions
ci-après :
- de quelles manières les impulsions monétaires,
illustrées par la variation des crédits à
l'économie, influencent-elles les prix et l'activité
économique au Bénin ?
- quelle est l'ampleur de son impact sur l'inflation et la
croissance ?
- quels enseignements peut-on en tirer pour la conduite de la
politique de la monnaie et du crédit au Bénin ?
Le travail s'articulera autour de trois chapitres. Le premier
permettra de définir le cadre méthodologique et théorique.
Le deuxième sera essentiellement consacré à une
brève présentation de la politique de la monnaie et du
crédit de la BCEAO ainsi qu'à l'analyse de l'évolution des
trois variables en question notamment, les crédits à
l'économie, le taux de croissance économique et l'inflation. Le
dernier conduira à l'élaboration de modèles
économétriques en vue de mesurer l'impact de la variation des
crédits à l'économie sur la croissance d'une part et sur
l'inflation d'autre part.
Chapitre 1 : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
Dans ce chapitre, il sera exposé la problématique,
les objectifs et hypothèses ainsi que la démarche
méthodologique adoptée pour conduire le travail.
SECTION 1 : PROBLEMATIQUE - OBJECTIFS - HYPOTHESES
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