Paragraphe 1 : Problématique et
intérêt de l'étude
La politique monétaire se définit comme
l'ensemble des instruments dont disposent les pouvoirs publics pour
régler la création monétaire et l'usage de la monnaie par
les agents économiques en fonction de l'intérêt
général, lui-même représenté par les
objectifs de la politique économique d'ensemble2. Ainsi, la
politique monétaire a pour objectif à court terme,
l'équilibre macroéconomique, notamment, la croissance
économique, la stabilité des prix, le plein emploi et
l'équilibre de la balance des paiements. Pour atteindre cet objectif,
les autorités monétaires tentent de contrôler les
évolutions de la masse monétaire, du crédit et des taux
d'intérêt qui sont des objectifs intermédiaires.
Les crédits à l'économie, composante
importante de la contre partie de la masse monétaire3, jouent
un rôle primordial dans ce processus. Il est alors impérieux pour
les autorités monétaires de parvenir à concilier leur
évolution avec celle de la croissance et de l'inflation, notamment en
déterminant un objectif de croissance qui tient compte du rythme
d'accroissement de la richesse nationale et de la politique économique
dans son ensemble. Lorsqu'ils sont insuffisants, ils
2 PISSERT, 1995
3 en moyenne 80% entre 1972-2003
agissent négativement sur la croissance alors que, le
cas échéant, les crédits à l'économie
peuvent être source d'inflation.
Selon Emile James (1970), la monnaie est un
moyen d'action. Elle n'est pas un simple "voile", ni seulement un
"intermédiaire des échanges" et un "étalon de valeurs",
mais un levier permettant de promouvoir la croissance de l'économie, de
modifier la distribution des revenus et une source privilégiée de
puissance". Le taux de croissance adopté doit être compatible avec
l'équilibre monétaire, au moins dans le long terme.
Au-delà de certains niveaux, le développement des
opérations de crédits n'entraîne pas plus que la hausse des
prix, et non pas l'essor de l'activité. La théorie
monétaire pure n'apporte guère de lumière sur le niveau de
ce taux. Mieux, le choix à faire, si éclairé qu'il puisse
être par la comptabilité nationale, reste encore aléatoire.
L'analyse de l'évolution de cet agrégat au Bénin,
révèle une forte progression. En effet, entre 1990 et 2003, les
crédits à l'économie ont quasiment triplé, passant
de 102,0 à 293,8 milliards alors que la croissance est restée
stable au tour de 5% pendant la même période. Cette situation
amène certaines personnes averties à penser que les
crédits n'ont pas servi à l'accroissement de la richesse
nationale pendant que pour d'autres, son niveau reste insuffisant pour impulser
l'économie4.
Par ailleurs, de nombreux universitaires et responsables de la
politique économique s'accordent à dire qu'une inflation
élevée fausse les décisions des agents privés en
matière d'épargne, d'investissement, de production et conduit
à terme à un ralentissement de la croissance. Aussi, depuis une
quinzaine d'années, un nombre croissant de pays ont-ils donné
à leur Banque Centrale
4 HOUNSA Laurent (2003), « Problématique
du financement de l'économie béninoise : essai de formulation
d'une fonction d'estimation de crédit à l'économie par la
méthode d'Engle et Granger ». Mémoire de maîtrise
es-Sciences Economiques, FASEG
l'indépendance institutionnelle et le mandat statutaire
pour appliquer une politique monétaire axée sur la
stabilité des prix.
Au regard de ces préoccupations, la présente
étude se propose de faire la lumière sur la question de l'impact
des crédits à l'économie sur la croissance et l'inflation
dans le cas du Bénin. Le travail qui s'inscrit dans le prolongement des
travaux de HOUNSA (2003), se veut un cadre d'analyse a
posteriori, destiné à élucider le type de relation qui
existerait entre ces différents agrégats.
Cet exercice tient son intérêt du fait qu'il
permettra d'analyser et de confirmer ou non la relation théorique qui
devrait exister entre les crédits à l'économie, la
croissance et l'inflation. Trois points essentiels justifient
l'intérêt : son originalité, son opportunité et son
intérêt pratique.
Elle tient son originalité du fait qu'elle aborde la
question en s'appuyant à la fois sur les modèles
théoriques et les données socio-économiques du
Bénin.
Ensuite son opportunité : au regard de toute la
polémique observée autour de l'utilisation des crédits aux
fins de transferts de capitaux à l'extérieur, il est d'un grand
intérêt de faire cette évaluation.
Enfin, sur le plan pratique, cette étude apportera un
éclairage certain aux responsables politico-économiques, eu
égard aux considérations théoriques et aux
spécificités de l'économie béninoise, sur les
relations qui existent entre ces trois agrégats. Elle permettra une
meilleure orientation de leurs décisions dans le sens d'une conduite
optimale de la politique de crédit, au regard de la
caractéristique de ce pays qui a une économie d'endettement, pour
laquelle, le financement indirect est primordial.
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