Paragraphe 2 : Modèle de croissance
La méthode de Engel et Granger indique qu'une relation
de long terme existe bel et bien entre le PIB réel, les crédits
à l'économie, l'inflation et l'investissement total réel.
Le modèle ECM est valable et globalement satisfaisant, puisque le
coefficient de correction d'erreur est négatif (-0,97) et significatif
à 5%. Toutes les variables explicatives sont significatives au seuil de
5% à l'exception des
crédits à l'économie significatif au
seuil de 10% à long terme. Le coefficient de détermination
R2 ajusté montre que l'équation du modèle
à correction d'erreur expliquent 97% de la croissance du PIB.
Les crédits à l'économie sont
positivement corrélés à la croissance économique au
Bénin, aussi bien à court que dans le long terme. Les
élasticités ressortent respectivement à 0,28 et 0,34.
Partant, la sensibilité de la croissance économique à la
variation des crédits à l'économie est quasiment identique
pour le court que pour le long terme. Cette situation pourrait s'expliquer par
le faite que les crédits mis en place, finançant essentiellement
les opérations commerciales sans valeur ajoutée significative,
n'affectent pas la production. Ils encouragent plutôt la consommation et
les importations, notamment le commerce de réexportation,
essentiellement au profit de l'économie nigériane. Ce
résultat suscite deux interrogations fondamentales : la question de la
surveillance de l'économie et celle de l'architecture financière
compatible au besoin de l'économie dans son ensemble.
Sur le premier aspect, la surveillance à faire par les
autorités monétaires devrait aller au-delà d'un simple
contrôle des créations bancaires de monnaie, fiduciaire ou
scripturale. Il est nécessaire aussi de contrôler l'usage que des
diverses unités économiques font de leurs disponibilités
liquides. La politique monétaire suppose de ce fait, un contrôle
de l'économie dans son ensemble.
S'agissant du second, elle trouve sa source dans la structure
du système bancaire. En effet, le système bancaire
béninois, dans sa forme actuelle, est essentiellement constitué
de banques commerciales, dont la politique principalement est axée sur
le financement du "bas du bilan" des entreprises sous forme des avances en
comptes pour leur permettre de couvrir leur besoin de trésorerie. Ces
banques commerciales sont ainsi peu outillées pour soutenir une
croissance économique plus forte et qui implique forcément le
renouvellement ou le renforcement de l'appareil productif. Le marché
financier n'aurait
d'impact sensible que s'il s'appuyait sur des
intermédiaires financiers acceptant de détenir dans leur
portefeuille des actifs longs.
La corrélation positive entre l'investissement total
réel et la croissance, aussi bien à court terme qu'à long
terme, vient une fois encore corroborer la nécessité d'un
financement bancaire plus accru. Cette préoccupation mène
à une réflexion approfondie sur deux questions cruciales et
d'actualité que sont :
- la surliquidité des banques et la
problématique du financement adéquat de l'économie
béninoise. Cette situation pose à coup stir des
problèmes à l'efficacité des mesures de politique
monétaire. Pour notre part, nous pensons que la réflexion devrait
aller dans le sens de "rentrer les banques en banque". Il s'agira de ce fait de
trouver un moyen pour éponger les ressources oisives du système
bancaire.
- la structure même de l'économie
béninoise. En effet, à y voir de près, la
structure du financement bancaire correspond à peu de chose près
à celle du tissu industriel formel. Le paradoxe vient du fait que le
secteur primaire qui occupe 70% de la population active et contribuant à
près de 35% à la formation du PIB fait figure de parent pauvre en
matière de financement bancaire. Cette attitude des banques de la place
est totalement rationnelle, puisque ces dernières ne financent que les
entreprises du formel, présentant le moins de risque possible.
D'où la nécessité réfléchir à la
"formalisation" du secteur primaire, notamment l'agriculture,
en vue d'assurer son financement par le système bancaire. Dans ce cadre,
nous suggérons que les actions de politiques économiques aillent
dans le sens de la création de véritables entreprises dans ce
secteur, combien primordial pour l'économie béninoise.
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