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Impact des crédits a l'économie sur l'inflation et la croissance au Bénin

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par Brice Houeton & Thierry Ahouanvoedo
Ecole nationale d'économie appliquée et de management - Ingénieur statisticien économiste 2004
  

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Paragraphe 2 : Modèle de croissance

La méthode de Engel et Granger indique qu'une relation de long terme existe bel et bien entre le PIB réel, les crédits à l'économie, l'inflation et l'investissement total réel. Le modèle ECM est valable et globalement satisfaisant, puisque le coefficient de correction d'erreur est négatif (-0,97) et significatif à 5%. Toutes les variables explicatives sont significatives au seuil de 5% à l'exception des

crédits à l'économie significatif au seuil de 10% à long terme. Le coefficient de détermination R2 ajusté montre que l'équation du modèle à correction d'erreur expliquent 97% de la croissance du PIB.

Les crédits à l'économie sont positivement corrélés à la croissance économique au Bénin, aussi bien à court que dans le long terme. Les élasticités ressortent respectivement à 0,28 et 0,34. Partant, la sensibilité de la croissance économique à la variation des crédits à l'économie est quasiment identique pour le court que pour le long terme. Cette situation pourrait s'expliquer par le faite que les crédits mis en place, finançant essentiellement les opérations commerciales sans valeur ajoutée significative, n'affectent pas la production. Ils encouragent plutôt la consommation et les importations, notamment le commerce de réexportation, essentiellement au profit de l'économie nigériane. Ce résultat suscite deux interrogations fondamentales : la question de la surveillance de l'économie et celle de l'architecture financière compatible au besoin de l'économie dans son ensemble.

Sur le premier aspect, la surveillance à faire par les autorités monétaires devrait aller au-delà d'un simple contrôle des créations bancaires de monnaie, fiduciaire ou scripturale. Il est nécessaire aussi de contrôler l'usage que des diverses unités économiques font de leurs disponibilités liquides. La politique monétaire suppose de ce fait, un contrôle de l'économie dans son ensemble.

S'agissant du second, elle trouve sa source dans la structure du système bancaire. En effet, le système bancaire béninois, dans sa forme actuelle, est essentiellement constitué de banques commerciales, dont la politique principalement est axée sur le financement du "bas du bilan" des entreprises sous forme des avances en comptes pour leur permettre de couvrir leur besoin de trésorerie. Ces banques commerciales sont ainsi peu outillées pour soutenir une croissance économique plus forte et qui implique forcément le renouvellement ou le renforcement de l'appareil productif. Le marché financier n'aurait

d'impact sensible que s'il s'appuyait sur des intermédiaires financiers acceptant de détenir dans leur portefeuille des actifs longs.

La corrélation positive entre l'investissement total réel et la croissance, aussi bien à court terme qu'à long terme, vient une fois encore corroborer la nécessité d'un financement bancaire plus accru. Cette préoccupation mène à une réflexion approfondie sur deux questions cruciales et d'actualité que sont :

- la surliquidité des banques et la problématique du financement adéquat de l'économie béninoise. Cette situation pose à coup stir des problèmes à l'efficacité des mesures de politique monétaire. Pour notre part, nous pensons que la réflexion devrait aller dans le sens de "rentrer les banques en banque". Il s'agira de ce fait de trouver un moyen pour éponger les ressources oisives du système bancaire.

- la structure même de l'économie béninoise. En effet, à y voir de près, la structure du financement bancaire correspond à peu de chose près à celle du tissu industriel formel. Le paradoxe vient du fait que le secteur primaire qui occupe 70% de la population active et contribuant à près de 35% à la formation du PIB fait figure de parent pauvre en matière de financement bancaire. Cette attitude des banques de la place est totalement rationnelle, puisque ces dernières ne financent que les entreprises du formel, présentant le moins de risque possible. D'où la nécessité réfléchir à la "formalisation" du secteur primaire, notamment l'agriculture, en vue d'assurer son financement par le système bancaire. Dans ce cadre, nous suggérons que les actions de politiques économiques aillent dans le sens de la création de véritables entreprises dans ce secteur, combien primordial pour l'économie béninoise.

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