B - Mécanisme de transmission de la politique
monétaire
Au plan théorique, les mécanismes de
transmission de la politique monétaire peuvent être
regroupés en trois catégories : le canal des taux
d'intérêt, le canal du crédit et le canal des prix des
autres actifs.
B1. Le canal des taux
dintérêts
Le canal des taux d'intérêt est
présenté comme le principal mécanisme de transmission de
la politique monétaire. Il décrit l'ensemble des moyens par
lesquels la variation des taux directeurs est susceptible d'affecter la
sphère réelle, à travers les décisions
d'investissement et de consommation des entreprises et des ménages.
La baisse des taux directeurs engendre une baisse des taux
d'intérêts réels, favorable à la relance de
l'activité économique, toutes choses égales par ailleurs.
Le fléchissement des taux d'intérêts réels
entraîne à son tour une hausse des investissements des entreprises
et des dépenses de biens de consommation durables des ménages, ce
qui provoque une augmentation de la production via la relance de la demande.
Le canal des taux d'intérêt traduit l'impact
direct des taux sur les agents non financiers à travers l'effet de
substitution, l'effet de revenu et l'effet de richesse (F MISHKIN,
1996)6. Une hausse des taux d'intérêt directeurs
renchérit le coût du crédit et favorise la
rémunération de l'épargne à travers les taux
créditeurs. Elle exerce de ce fait un effet de substitution qui affecte
négativement la demande globale, notamment la consommation et
l'investissement. Par ailleurs, la hausse des taux d'intérêt
pousse les agents économiques à effectuer des
6 Cité par Kako K. NUBUKPO (2001) dans son
étude sur « l'impact de la variation des taux
d'intérêt directeurs de la BCEAO sur l'inflation et la croissance
dans l'UMOA »
placements de moins en moins liquides, plus
rémunérateurs, mais aussi plus difficilement mobilisables.
Enfin, la consommation des ménages est affectée
à travers l'effet de richesse mis en évidence par Franco
Modigliani (1971). La hausse des taux d'intérêt diminue le cours
de certains actifs non monétaires, les actions par exemple, ce qui
réduit la valeur du patrimoine des ménages. Il en résulte
une baisse du revenu permanent des ménages et, partant, de leur demande
de biens de consommation.
B2. Le canal du crédit
Au cours de la seconde moitié des années 1980,
une littérature économique s'est développée autour
du rôle du crédit dans la transmission monétaire. Les
travaux de Bernanke et Blinder (1987 puis 1992) ont permis d'affiner l'analyse
des mécanismes de transmission monétaire à travers le
canal du crédit. Ils ont mis l'accent sur le rôle de
l'asymétrie de l'information sur le marché du crédit, dans
l'analyse du comportement des banques en matière d'octroi des
crédits. Cette théorie a montré qu'une hausse des taux
d'intérêt, parce qu'elle réduit la proportion d'agents
présentant une aversion pour le risque, accroît la
probabilité de non-remboursement des crédits. En effet, seuls les
mauvais payeurs sont disposés à accepter des taux
d'intérêt au-delà d'un certain niveau. Ainsi, afin
d'éviter ces phénomènes, dits de sélection adverse,
les banques deviennent plus exigeantes et opèrent un rationnement du
crédit dont la conséquence première est une baisse de
l'investissement. Il en résulte, in fine, une baisse de la production
nationale.
La principale critique adressée à la
thèse du canal des taux d'intérêt et du canal du
crédit, réside dans le fait que les résultats empiriques
sont souvent contradictoires car, la forte corrélation qui existe entre
les séries de masse monétaire et de crédit, rend difficile
la mesure de leurs impacts spécifiques sur l'activité
économique. Par ailleurs, même au plan théorique, certains
auteurs ont
reproché à ces analyses le fait qu'elles ne
prennent en compte que le prix d'un seul actif, le taux d'intérêt,
alors que les effets de la politique monétaire dépendent aussi
des prix relatifs des autres actifs composant le portefeuille des agents
économiques.
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