A-4. Mécanismes de propagation de la crise
La crise déclenchée dans les
sociétés financières aux Etats-Unis, s'est transmise aux
autres pans de l'économie. Il est donc intéressant de mettre en
exergue le mécanisme de propagation de la crise au sein d'un même
pays avant d'aborder les mécanismes de transmission à
l'international. Pour ce faire, nous allons nous appuyer sur le tableau A.1
suivant :
Tableau A.1 : Taux de défaut sur les «
subprimes » et ses conséquences (en % annuel)
Source : QUIGNON (Mai 2008)
Quand la crise a éclatée, le taux de
défaut sur les crédits « subprimes » (colonne 2 du
tableau A.1) dépassait les 15%. Les titres adossés à
ces crédits ne s'échangeaient plus. De plus, la majorité
des nouveaux crédits hypothécaires accordés par les
institutions financières n'était plus achetée par les SPV,
déjà en situation de liquidités difficiles. Par le double
mécanisme de la diminution de la demande et de l'augmentation de l'offre
immobilière
exposé plus haut (point A-2, P.5), les prix
immobiliers ont chuté (colonne 6 du tableau A.1). Tel que nous
l'avons montré au point A.2, les institutions financières
initiatrices de ces crédits ont essuyées des pertes
financières. La diminution des effectifs des employés a suivi
dans le secteur financier, amplifiée par les faillites de certaines de
ces institutions. Le durcissement des conditions d'emprunt aurait ralenti les
activités dans les secteurs qui avaient besoin de financement, ce qui
aurait abouti aux licenciements et donc, contribué à
l'augmentation du taux de chômage (colonne 4 du tableau A.1). La
dépréciation des actifs immobiliers, la dévalorisation des
actions et le chômage auraient eu pour conséquence
l'appauvrissement des ménages, ce qui les aurait contraints à
dépenser moins et à épargner plus. L'activité
économique globale aurait été affectée, ce qui
pourrait expliquer la chute de la croissance (colonne 5 du tableau
A.1).
En bref, les canaux de transmission de la crise au sein d'une
même économie ont été : la
dépréciation des actifs immobiliers, la dévalorisation des
actions et le durcissement des conditions d'emprunt, ce qui s'est traduit par
la diminution du patrimoine des agents. Cette situation aurait
occasionné la chute des investissements, de la consommation et une
relative hausse de l'épargne, les agents ayant une forte aversion pour
le risque.
La crise s'est propagée à la plupart des
économies d'Europe et à une série d'économies
émergentes. Quels ont donc été les canaux de transmission
de la crise à ces économies ? SANDRETTO (2007) et AYACHI (2008)
dénombrent plusieurs mécanismes de transmission de la crise d'un
ou plusieurs pays vers un ou plusieurs autres pays. Cependant, nous nous
intéresserons uniquement aux canaux susceptibles de transmettre la crise
aux économies émergentes. Il s'agit de passer en revue les
mécanismes suivants :
· L'engrenage de la « propagation commerciale
» qui est un canal de transmission lié à la demande
d'exportation ;
· L'« effet mousson » qui est un
canal de transmission dû au fait que les marchés sont
particulièrement intégrés pendant les crises (rendu
possible par la globalisation). Ainsi, un changement dans un pays industriel
peut provoquer des perturbations majeures dans les pays émergents ;
· L'effet « contagion pure » qui est un
canal non expliqué par les fondamentaux. Il s'agit par exemple des
crises auto-corrélées.
L'analyse des canaux de transmission liés à ces
trois mécanismes constituera la base de la suite de notre travail. Ils
seront regroupés en typologies et étudiés principalement
dans le cas de la transmission de la crise aux pays africains. Le champ
d'étude étant très large, et partant de l'hypothèse
que les mécanismes de transmission de la crise différeront d'un
pays à un autre, nous illustrerons notre analyse par l'étude du
cas du Cameroun.
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