A-3. Les crises financières du XXe siècle et
leurs caractéristiques
L'économie mondiale a été soumise
à de nombreuses crises durant les deux dernières
décennies. On peut citer notamment la crise de la dette des
années 1980 survenue dans les pays émergents (Afrique
sub-saharienne, Amérique Latine, etc.). Elle a été
déclenchée sous l'effet conjugué du boom des
investissements (surtout gouvernementaux) financés par des emprunts
extérieurs, de la hausse des taux d'intérêts aux Etats-Unis
et de la baisse des cours des matières premières exportés
par ces pays. Ces derniers se sont retrouvés dans l'incapacité de
rembourser leurs dettes (le risque de défaut pays s'est
matérialisé).
Une autre vague de crises a encore éclaté dans
les pays émergents pendant les années 19905. Ces
crises ont été déclenchées par des mouvements de
sortie de capitaux et des attaques spéculatives contre les monnaies. Ces
crises étaient précédées par des périodes
d'entrées massives d'Investissements Directs Etrangers (ou IDE), de la
surévaluation des monnaies et de la détérioration des
balances commerciales des pays concernés. La correction fût
brutale et quand la crise a éclaté, les capitaux se sont
redirigés vers les centres financiers des pays développés
considérés comme plus sûrs. Les premières victimes
de cette série de crises furent les pouvoirs publics.
Contrairement aux crises passées,
déclenchées dans les pays émergents, la crise que nous
vivons actuellement a eu pour foyer la principale économie mondiale (les
Etats-Unis) et les premières victimes sont les privés
(ménages, banques, etc.). Toutefois, la bulle immobilière revient
pour la plupart des cas comme point commun de déclenchement de toutes
ces crises. Par exemple, l'entrée massive des capitaux qui a
précédé la Crise Asiatique (1997) a contribué
à former une bulle dans le secteur de la construction en Asie. Lorsque
la bulle a éclaté, la valeur de certaines constructions
était inférieure à celle des emprunts contractés
pour les réaliser, ce qui a contribué au déclenchement de
la crise. Cette composante immobilière est également à
l'origine de la Crise Japonaise (1990). La majorité de ces crises ont
été imprévisibles, hautement contagieuses et
particulièrement dévastatrices (voir figure A.3).
5 Parmi ces crises on peut noter, la Crise
Mexicaine (1994), la Crise Asiatique (1997) ayant touché la
Thaïlande, la Malaisie, les Philippines, l'Indonésie, la
Corée du Sud et Hong Kong. On se souvient aussi de la Crise Russe
(1998), de la Crise Brésilienne (1999) ou de la Crise Argentine
(2002).
Figure A. 3 : Comparaison de quelques crises
récentes et celle des « supbrimes »
Source : FMI (Avril (2008 a))
Ce graphique montre bien que la crise des «
subprimes » est pour l'instant la plus dévastatrice des
crises qu'a vécues le monde au courant des deux dernières
décennies. En moins d'un an, cette crise aurait causé une perte
évaluée à près de 5% du PIB américain, soit
945 milliards de dollars US. Une perte encourue (945 milliards de dollars US)
supérieure à celle occasionnée par la Crise Japonaise en 9
ans (750 milliards de dollars US) ou par la Crise Asiatique en un an (400
milliards de dollars US).
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