A-1. Contexte international
Pendant quatre années consécutives
précédent l'été 2007, l'économie mondiale
était en pleine expansion, tirée par les économies
émergentes. Ces dernières ont en effet enregistré une
croissance moyenne de 7 % tandis que les économies avancées
affichaient une croissance moyenne de 3% sur la même période. La
progression du PIB mondial s'est alors établie à 5 % en moyenne
par an.
Depuis août 2007, une crise du système bancaire
et financier enregistrée d'abord aux Etats-Unis et ensuite en Europe a
plongé l'économie mondiale dans une profonde récession. A
travers un ensemble de mécanismes, cette crise dite des «
subprimes » a affecté non seulement le secteur financier,
mais aussi l'économie réelle. Elle s'est propagée dans la
plupart des pays avancés et dans une série de pays
émergents. Nous y reviendrons dans les prochaines sous-sections (A.2 et
A.4) pour expliquer les mécanismes de déclenchement et de
propagation de la crise.
Un an et demi après le choc, les pertes
financières continuent de s'accumuler. Selon le FMI ((2008 a), P.
50), cette crise aurait déjà occasionné 945 milliards
de dollars de pertes au secteur financier mondial, et il estime le montant
total des pertes financières potentielles à environ 2.200
milliards de dollars1. D'autres manifestations observables de la
crise ont été la dépréciation des actifs
immobiliers, la faillite des institutions financières2, la
perte de milliers
1 Ces estimations sont effectuées sur les secteurs
public et privé et prennent en compte non seulement les créances
affectées par la crise (subprime, Alt A,
crédits à la consommation, prêts aux
sociétés, crédits à effet de levier, etc.) mais
aussi, celles détenues sous forme de titres adossés à des
prêts hypothécaires (par exemple, les « Collateralized
Debt Obligation » ou CDO).
2 Par exemple aux Etats-Unis, on dénombre 25
banques tombées en faillite en 2008 et 20 faillites déjà
enregistrées entre janvier er mars 2009. Le chiffre de 25 faillites en
2008 est supérieur au nombre cumulé des faillites des cinq
dernières années précédent 2008, ce qui pourrait
s'expliquer par l'effet de la crise actuelle sur le secteur bancaire aux
Etats-Unis.
d'emplois, le durcissement des conditions d'emprunt, etc. C'est
ainsi que les risques pesant sur la stabilité financière
internationale se sont intensifiés (FMI, (2009 b)).
En plus des pertes financières directement liées
aux « subprimes », on assiste à un ralentissement de
l'économie mondiale. En effet, l'économie mondiale a
enregistré une croissance de 3,4% en 2008, contre 5,2 % en 2007, et
devrait tomber à 0,5 % en 2009 (FMI, 2009 a). Dans les
économies émergentes, la croissance devrait tomber à 3,3 %
en 2009, contre 6,3 % en 2008, comme le montre la figure A.1.
Figure A. 1 : Croissance du PIB mondial et des
PIB par groupes de pays (en % annuel)
Source : FMI (Janvier (2009 a))
Dans les pays d'Afrique sub-saharienne, la croissance devrait
aussi fléchir considérablement et tomber à 3,5 % en 2009
contre 5,4 % en 2008 et 6,9 % en 2007 (FMI, (2009 a)). Cette chute de
croissance ralentira ces économies qui connaissaient depuis 2000, des
gains de croissance économique relativement élevés
(GUILLAUMONT (2007) et COLLIER (2008)).
La conséquence sur le commerce mondial a
été immédiate. Les volumes échangés sont en
diminution depuis le début de la crise. En effet, leur croissance
annuelle est passée de 7,2 % en 2007 à 4,1 % en 2008. Cette
baisse devrait s'intensifier et atteindre -2,8 % en 2009 (FMI, (2009
a)). La chute brutale de la croissance et l'une de ses conséquences
directes, le ralentissement des échanges mondiaux, ont aggravé la
crise.
En bref, la crise des « subprimes » a fait
chuter considérablement la croissance mondiale. Elle continue de secouer
la plupart des économies avancées et se transmet progressivement
aux économies émergentes. Une solution efficace, capable
d'atténuer significativement ces effets à moyen terme est encore
à trouver. Les perspectives de l'économie mondiale sont donc
entourées d'une incertitude exceptionnellement élevée dans
son ensemble.
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