Introduction
Au courant de ces 30 dernières années, les
crises financières sont devenues de plus en plus fréquentes et
d'une plus grande ampleur. Entre 1973 et 1997, EICHENGREEN (2003) a
recensé 139 crises financières dont 95 ont éclaté
dans les pays émergents et 44 dans les pays développés.
Cet auteur fait remarquer que ces crises surviennent dans un contexte de
libéralisation et de mondialisation où la mobilité des
capitaux est de plus en plus accrue. Il montre en outre que cette
mobilité des capitaux a des effets non seulement positifs, mais aussi
négatifs. Elle peut en effet affecter positivement l'efficience de
l'allocation des ressources et le taux de croissance. Cependant, elle peut
également être une source de crise, spécialement quand les
institutions domestiques sont vulnérables et les reformes
inadéquates dans le processus de mondialisation. Son analyse à la
fois historique, théorique et empirique laisse voir à partir des
statistiques sur la répartition des crises entre les pays
développés et les pays émergents que ces derniers pour la
plupart, se sont exposés par le processus de l'intégration du
marché financier international au moment où leurs institutions
étaient encore vulnérables et les reformes peu
adaptées.
La crise des « subprimes » survient aux
Etats-Unis en août 2007 dans ce contexte de mobilité accrue des
capitaux et particulièrement des produits financiers qui sont
échangés avec une vitesse largement supérieure à
celle des marchandises. Des systèmes financiers de certains pays
émergents comme la plupart des pays d'Afrique étant peu
développés, d'aucuns ont cru qu'ils étaient moins
vulnérables à cette crise. On a même pensé que
certains pays émergents joueraient un rôle stabilisateur, capable
de freiner les désordres financiers, du fait de leur croissance soutenue
(AGLIETTA, 2008, P. 48). Pourtant, la crise qualifiée au
début des « subprimes » est devenue une crise globale
: « La propagation de la crise a donc infirmé l'espoir de
découplage des pays émergents » (AGLIETTA, 2008, P.
47).
Comment aurait-elle atteint l'Afrique, marginalisée
dans les flux financiers internationaux ? Afin d'apporter une tentative de
réponse à cette problématique, il nous paraît
judicieux de répondre aux deux principales questions suivantes : Quels
sont des canaux de transmission susceptibles de propager la crise aux
économies africaines ? Quelles sont les manifestations de ces canaux de
transmission dans ces économies ?
Pour aborder ces questions, nous avons organisé notre
travail en deux grandes parties. La première partie présente
d'abord un bref historique de la genèse de la crise des «
subprimes » avant d'examiner en détail les canaux de
transmission de la crise aux économies africaines en
général et de l'Afrique sub-saharienne en particulier. La
deuxième partie analyse le cas du Cameroun avec pour cadre d'analyse de
base, les canaux de transmission étudiés dans la première
partie.
Partie I : Un aperçu général de la
crise des « subprimes » et canaux de transmission dans les
pays émergents d'Afrique
Cette première partie présente le contexte dans
lequel la crise a éclaté, ses causes et ses mécanismes de
transmission aux économies émergentes d'Afrique. Elle est
divisée en deux sections. La section A présente le contexte et la
genèse de la crise financière internationale et la section B
analyse les canaux de transmission de la crise aux pays émergents
d'Afrique.
A. Contexte et genèse de la crise financière
internationale des « subprimes »
Cette première section a pour objectif de
présenter les contextes ex-ante et ex-post de la
crise. Elle est subdivisée en quatre sous-sections. Le titre A-1
présente l'évolution de la croissance mondiale avant et
après la crise. Il fait ressortir l'impact de la crise sur le secteur
financier mondial et le commerce international. Le titre A-2 explique
succinctement les causes et le déclenchement de la crise. Le titre A-3
quant à lui compare la crise des « subprimes » aux
grandes crises vécues au courant des deux dernières
décennies, ce qui permet de mesurer son ampleur relative. Enfin, le
point A-4 met en exergue les mécanismes de transmission de la crise aux
économies émergentes. Il introduit la section sur la typologie
des canaux de transmission de la crise dans les pays africains.
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