D-1.3. Position extérieure nette du secteur
bancaire camerounais
La position extérieure des banques camerounaises est
restée créditrice et consistante après le
déclenchement de la crise comme on peut le voir sur la figure D.3. Cette
situation pourrait s'expliquer par des échéances plus ou moins
longues de ces créances extérieures. Comme nous l'avons
montré dans la première partie, ce solde créditeur
pourrait être la source de pertes. C'est par exemple le cas de la BEAC
qui, en fin décembre 2008, a perdu 25 millions d'Euros dans un placement
total de 500 millions d'euros géré par la Société
Générale de France, du fait de l'effondrement
généralisé des valeurs boursières24.
Figure D. 3 : Evolution de la position
extérieure nette des banques camerounaises (en milliards de Franc CFA)
entre 1999 et 2008
350
300
250
200
150
100
-
50
Source : BEAC, situation bancaire consolidée
(2008) et nos calculs
Il ressort de cette figure que, les avoirs extérieurs
nets des banques camerounaises ont changé de tendance en mars 2008
même s'ils continuent à évoluer avec le même rythme,
ce qui pourrait traduire un léger repli des placements
extérieurs. Cependant, sa consistance reste inquiétante au regard
de la conjoncture mondiale et des pertes potentielles qui pourraient en
23 Cette situation de surliquidité
s'explique par la structure des dépôts. En effet, la majeure
partie des dépôts se font dans les comptes à vue, ce qui
rend difficile leur réemploi comme crédits, les clients pouvant
les réclamer à tout moment. C'est ce qui explique d'ailleurs
pourquoi la plupart des crédits octroyés par les banques
camerounaises sont de court terme et/ou moyen terme. Il est aussi à
noter que les dépôts de la clientèle ne sont pas
garantis.
24 Voir :
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2509p057-059.xml0/-Banque-crise-financiere-BEACPhilibert-Andzembe-Les-dessous-de-l-affaire-BEAC.html
résulter. En bref, les pertes potentielles sur les
avoirs extérieurs sont une source de contagion de la crise car les
banques camerounaises jadis en surliquidités pourraient passer d'une
situation de surliquidités à une situation de besoin de
liquidités.
D-1.4. Indicateurs de la solidité du secteur
bancaire camerounais
Nous avons choisi cinq principaux indicateurs de la
solidité financière pour caractériser le système
bancaire camerounais. Il s'agit des indicateurs de la qualité des
portefeuilles de prêts (créances douteuses en pourcentage des
actifs ; créances douteuses en pourcentage des prêts), de la
profitabilité (Return On Equity (ou ROE)), de
solvabilité (capital en pourcentage des actifs) et de la couverture des
créances douteuses (provisions en pourcentage des créances
douteuses). Les données de 2008 et 2009 ne sont pas encore accessibles
pour le Cameroun et la CEMAC. Etant donné que le système bancaire
camerounais n'est pas en crise, les données de 2007 pourraient nous
donner des indications sur sa solidité financière d'aujourd'hui.
Les données de 2005 ont été choisies pour la France et
l'Afrique du Sud du fait que leurs systèmes financiers n'étaient
pas encore affectés par la crise à cette date. Ces
dernières données servent uniquement d'éléments de
comparaison. Le tableau D-2 suivant donne l'évolution des indicateurs de
la solidité financière pour le Cameroun et la CEMAC (2005-2007),
la France et l'Afrique du Sud (2005).
Tableau D. 2 : Indicateurs de la solidité
financière des systèmes bancaires du Cameroun, de la CEMAC
(2005-2007), de l'Afrique du Sud et de la France (2005).
|
|
Cameroun*
|
|
|
CEMAC*
|
|
Afrique du Sud**
|
France**
|
|
déc.06
|
déc.07
|
déc.05
|
déc.06
|
déc.07
|
déc.05
|
déc.05
|
Créances douteuses (en % des actifs)
|
7,0
|
6,4
|
6,1
|
6,7
|
5,8
|
4,6
|
1,3
|
1,3
|
Créances douteuses (en % des prêts)
|
12,5
|
12,2
|
12,5
|
13,6
|
12,3
|
11,1
|
1,5
|
3,5
|
Provisions (en % des créances dout.)
|
85,4
|
89,5
|
92,2
|
81,4
|
85,9
|
87,4
|
59,4
|
63,8
|
Capital (en % des actifs)
|
8,2
|
8,1
|
8,2
|
9,8
|
9,3
|
9,6
|
8,0
|
3,5
|
Return On Equity (ou ROE en %)
|
14,1
|
15,3
|
14,1
|
16,7
|
18,4
|
17,6
|
19,3
|
14,4
|
|
Source : *BEAC (rapport annuels 2006, 2007) et
**FMI (L'Exercice Coordonné Compilation (CCE, 2005))
Il ressort de ce tableau que la solidité
financière du système bancaire camerounais dans son ensemble, n'a
pas été significativement différente de celle de la CEMAC
de 2005 à 2007, et ceci pour tous les indicateurs calculés. Les
indicateurs de la solidité financière du système bancaire
camerounais ont été stabilisés à un niveau
acceptable25 sur la période étudiée. En bref,
la solidité financière du système bancaire camerounais ne
serait pas remise en question pour l'essentiel.
En conclusion à cette section sur le secteur financier
camerounais, nous pouvons dire que malgré les risques (pertes
financières, bank run, crise de liquidités) qui
pèsent sur le secteur bancaire camerounais, sa surliquidité et
l'objectif de son financement par la BEAC ou les plafonds statutaires du
Cameroun (financement public qui vaut 318 milliards de Franc CFA) très
faiblement utilisés peuvent jouer en sa faveur pour sauver le secteur.
La BEAC qui est le prêteur en dernier ressort de ce système
bancaire dispose en outre de réserves de change
25 Malgré la qualité de portefeuille
du système bancaire camerounais moins reluisante comparativement
à celle de la France ou de l'Afrique du Sud, les indicateurs de la
solidité étudiés ici sont satisfaisants au regard des
comparaisons et des objectifs généralement visés par les
entreprises (par exemple, ROE = 15%).
confortables. De plus, les indicateurs de la solidité
financière montrent que le système bancaire camerounais a
été assez solide sur la période étudiée et
le resterait aujourd'hui. Cependant, une surveillance particulière
devrait être accordée à ce secteur pour pouvoir intervenir
en temps opportun (par exemple, éviter la fuite de capitaux hors de la
zone CEMAC qui pourrait ouvrir « la porte » à la crise).
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