2.3) Choisir un outil de gouvernance
Les conflits autour des questions de biodiversité sont
souvent provoqués par des difficultés de compréhensions
mutuelles accentuées par la multiplicité des acteurs aux
intérêts divergents à mobiliser. Mais les projets ne
peuvent s'inscrire dans la durée que s'ils sont construits
collectivement et compris de tous. Avant tout, la MIFEN devra rassurer ses
interlocuteurs et indiquer qu'en mettant la question de la biodiversité
sous les projecteurs, son intention n'est pas de soustraire des morceaux de
nature à toute influence humaine mais au contraire d'étudier
toutes les possibilités permettant de concilier conservation de la
nature et activités humaines.
La réussite de ce projet repose sur la création
d'une instance consultative sur la biodiversité, indépendante de
l'instance décisionnaire, favorisant la transmission de l'information,
l'émergence d'idées et la concertation. Ce mode de gouvernance se
prête particulièrement à l'étude des questions
environnementales, où les intérêts souvent divergents des
parties prenantes génèrent des situations conflictuelles.
Rappelons qu'une instance de concertation se situe en amont des processus de
décisions. Elle répond avant tout à un objectif de partage
de l'information, d'éclairage de la décision. Elle n'a pas le
pouvoir de prendre et de valider des décisions. En revanche, la prise en
compte des débats issus de la concertation renforce la
légitimité des décideurs siégeant au sein des
instances compétentes. En principe, la concertation est engagée
autour d'un projet bien identifié, par exemple autour d'un projet
d'aménagement. Et il est très rare que la concertation aboutisse
à la remise en cause du projet (même malheureusement si son impact
environnemental est négatif). Dans notre cas, la concertation ne
porterait pas sur un projet concret mais sur une multitude de propositions
favorables au maintien ou au développement de la biodiversité.
Pour que la légitimité de cette instance soit
reconnue, elle devra réunir en son sein des représentants de la
société civile, des techniciens et des scientifiques. Les
débats devront êtres présidés par un élu. La
concertation devra être menée par un animateur ayant acquis une
certaine légitimité reconnue par l'ensemble des participants.
2.4) Concrètement, que peut-on attendre d'une telle
instance ?
Au-delà du fait que cette instance pourrait être
consultée en amont des projets d'aménagement, des
révisions de PLU... son originalité pourrait résider dans
sa capacité à être force de proposition et à faire
émerger des projets innovants. Elle pourrait enfin jouer un rôle
local d'observatoire de la biodiversité et contribuer ainsi à
arrêter le déclin de la biodiversité en Europe d'ici 2010,
comme cela a été prévu dans l'accord « Une
Europe durable pour un monde meilleur » lors du sommet
européen de Götebord en 2001. Nous ne développerons pas ici
toutes les propositions que la MIFEN pourrait faire. En voici quatre
exemples :
MESURE
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BENEFCIAIRES DIRECTS
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BENEFICIAIRES INDIRECTS
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.Création de mare
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.Batraciens, odonates...
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.Bergers (point d'eau pour le bétail en zone
pastorale)
.Chasseurs (idem)
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.Conservation des vieux arbres
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Oiseaux cavernicoles, coléoptères...
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.Bergers (zone d'ombrage)
.Promeneurs (champignons)
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Création d'échelles à poisson
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Poissons migrateurs
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. Collectivité (développement du tourisme
halieutique)
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.Conservation des arbres morts et à cavité sur
les rivières.
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Chiroptères, oiseaux cavernicoles
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.Collectivité (économie engendrée par
l'annulation du coût d'abatage)
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