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La maison d'initiation à  la faune et aux espaces naturels un acteur du développement local et du développement durable au Pays Basque

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par Emmanuel DE JOANTHO
Université de Valenciennes et du Hainaut Cambresis - Master2 Développement local et économie solidaire 2008
  

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Première partie

ANALYSE DU FONCTIONNEMENT

SOCIO-ECONOMIQUE DE LA MIFEN

I. CONSTRUCTION ET PRESENTATION DE LA STRUCTURE

1. Données historiques

Née en novembre 1987, la Maison d'Initiation à la Faune et aux espaces naturels a d'abord été créée dans le but de développer l'enseignement pratique des sciences de la nature et de la protection de l'environnement. Ce souhait n'a pu se concrétiser que grâce à l'engagement militant d'un groupe de personnes issues du corps enseignant, de l'environnement et de l'action sociale.

Nous n'évoquerons ni la longue période de maturation qui a précédé l'Assemblée Générale constitutive ni les motivations personnelles du promoteur de l'action. Tout au plus pouvons-nous décrire l'une des premières expériences qui l'aura sans aucun doute encouragé à concrétiser son projet. Un observatoire à oiseaux construit au fond d'un bois abrite de nombreux passereaux. Quelques enfants issus d'un foyer socio-éducatif sont invités à observer et écouter les oiseaux forestiers habitués à venir aux abords de la cabane. La rencontre est animée, rythmée par des moments de calme et d'excitation. Demander à de jeunes adolescents de patienter en silence jusqu'à la venue d'une sittelle torchepot est un exercice qui requiert une certaine foi envers la nature, qu'elle soit humaine ou animale. L'expérience est concluante. Certains jeunes conserveront même des liens avec la structure durant de nombreuses années.

À l'heure actuelle, la MIFEN propose plusieurs services. Tous ont en commun la protection de l'environnement. Avant d'aborder le présent et de procéder à l'analyse socio-économique de la structure, un retour vers ses débuts doit permettre d'apprécier le contexte et les événements qui sont à l'origine de la diversification de ses activités.

Un projet : Contribuer à la protection de l'environnement par sa connaissance

Comme nous venons de l'évoquer, tout débute par un souhait : transmettre un goût pour l'observation de la nature et du vivant en général. Le lancement des premières activités est précédé d'une enquête rapide menée auprès des différents représentants du corps enseignant. L'éducation Nationale ne s'oppose pas au projet « sous réserve que la MIFEN ne marche pas sur ses plates-bandes ». En d'autres termes, elle ne le soutient pas et il faudra attendre une dizaine d'années pour que l'Inspection Académique valide officiellement les programmes pédagogiques de la structure. Pourtant, une quarantaine de directeurs d'établissements scolaires adressent individuellement des lettres de soutien à la MIFEN. Elles constitueront les pièces maîtresses d'un dossier de demande de prêt bancaire.

Les foyers socio-éducatifs, du Pays Basque et du sud des Landes, expriment quant à eux clairement leur intérêt pour le projet.

La municipalité d'Urcuit26(*), commune où doit être implantée le projet et le conseil général considèrent que le projet d'ouverture d'une maison de la nature est intéressant et qu'il mérite pour cela un soutien financier. Ce projet qui n'est porté par aucune collectivité devient du jour au lendemain l'un des sujets des élections cantonales puis communales.

Forte de ces encouragements, la MIFEN contracte un emprunt de 315 000 francs auprès de deux banques. Elle obtient par ailleurs du Conseil Général une subvention d'investissement de 40 000 francs (6000 euros).

En octobre 1988, soit près d'un an après le dépôt de ses statuts (cf. annexe N°1), la MIFEN accueille ses premiers élèves sur une propriété privée d'une douzaine d'hectares, prêtée gracieusement à l'association. Des aménagements sommaires dédiés à l'observation de la nature sont réalisés. Les thématiques abordées sont essentiellement axées sur les écosystèmes forestiers et les zones humides. En outre, en accord avec les programmes scolaires des classes de seconde, la MIFEN organise des journées visant à comparer les agro systèmes et les écosystèmes forestiers. Cette initiative rencontre un franc succès. Elle permet à la MIFEN d'acquérir une crédibilité certaine auprès des professeurs de lycées.

En avril 1989, la MIFEN ouvre ses portes aux familles, avec deux programmes de visites commentées. La première intitulée « histoires de plantes » à lieu en forêt. Elle s'inspire fortement d'un ouvrage de Jean-Marie Pelt27(*). La seconde aborde la vie animale.

Les visites guidées seront reconduites chaque année durant 6 mois jusqu'en 1999.

Diversifier les services ou bien renoncer

Deux ans après sa création, s'il est indéniable que la MIFEN est en passe de réussir son pari  de contribuer à l'enseignement des sciences par une approche pratique de l'éducation à l'environnement, elle commence à subir les conséquences de son analyse économique trop superficielle et de sa détermination à ne pas se laisser guider par la recherche d'un quelconque profit. Pour diversifier ses ressources, quelques séjours de « pistages d'animaux sauvages » sont organisés dans les Pyrénées avec notamment des adolescents de la Sauvegarde de l'Enfance du Pays Basque. Paul Sansenacq, alors directeur des foyers d'Urt et d'Urcuit jouera un rôle essentiel dans l'orientation de la MIFEN vers des activités socio-éducatives et, un peu plus tard, d'insertion socioprofessionnelle. Outre le fait qu'il intégrera très rapidement le Bureau de la MIFEN, il mettra ses compétences et ses relations au service de la structure et de ses animateurs. L'encadrement des stages est assuré conjointement par des éducateurs spécialisés et un naturaliste de la MIFEN. Cette activité sera interrompue par la DDASS en 1990 au motif que les refuges de montagne utilisés ne sont pas aux normes. Dans sa quête d'activités, la MIFEN est à l'affût de tous les projets en rapport avec ses compétences. Elle répondra même à une demande de « stage de survie » du premier Régiment de Parachutistes d'Infanterie de Marine de Bayonne sur la connaissance des plantes sauvages comestibles. Sur le point de confirmer sa commande, le RPIMA abandonnera son projet pour cause de guerre du Golfe. Cet épisode, bien qu'anecdotique, montre jusqu'où la MIFEN aurait été prête à aller au moment où sa situation financière était des plus critiques.

Avec sa double préoccupation environnementale et sociale, La MIFEN semble être prédisposée à porter un chantier d'insertion. C'est du moins ce que pense le conseil général qui l'encourage à s'engager dans cette voie. Encore faut-il disposer de chantiers qui puissent servir de support à l'activité d'insertion. La MIFEN en identifie rapidement deux. L'obturation de plusieurs milliers de poteaux téléphoniques creux, responsables de la disparition des oiseaux cavernicoles, permettra de recruter douze bénéficiaires du RMI en mai 1992. Le deuxième chantier en perspective est plus ambitieux car il nécessite de nombreuses compétences que la structure ne possède pas encore. Il s'agit de promouvoir de nouvelles méthodes d'entretien des rivières dans un département où les interventions mécaniques lourdes de curage sont la règle. Mais la MIFEN n'est pas prête et les financeurs encore moins. Trois événements vont alors contribuer à accélérer le cours des choses.

. L'association Nature Berri, qui a l'originalité de regrouper en son sein des pêcheurs, des chasseurs et des naturalistes, soit trois catégories d'usagers de la nature qui d'ordinaire ont plutôt des prédispositions à ne pas s'entendre, organise des campagnes bénévoles d'entretien des cours d'eau à travers le pays basque. Les liens entre la MIFEN et Nature Berri sont forts. Ils permettront rapidement à la MIFEN de professionnaliser les chantiers d'entretien de cours d'eau.

.La crue du 22 septembre 1992 à Vaison-La-Romaine est fortement médiatisée compte tenu de son bilan humain dramatique. Une vidéo amateur spectaculaire sera diffusée en boucle durant des jours. Elle relancera le débat sur l'entretien des berges qui incombe aux riverains.

.À la même période, les pêcheurs du Laharranne, petite rivière à truite du Pays Basque, se réunissent en Assemblée Générale pour dénoncer le manque d'entretien des berges. Ils s'en prennent aux riverains et à l'administration.

La MIFEN intervient alors à un moment où le contexte lui est très favorable. Elle propose de réaliser un diagnostic du Laharanne, puis sollicite des aides au département, à l'Agence de l'Eau et à la DIREN. La commune d'Oregue se porte maître d'ouvrage. Elle signe une convention de prestation pour l'insertion des bénéficiaires du RMI et l'entretien de 10 kilomètres de rivière. Le chantier débute le 2 mai 1993. Il bénéficiera d'une importante couverture médiatique.

Vers une consolidation de ses services

Les années qui suivent sont riches en événements. La MIFEN poursuit sa mission pédagogique, réalise des diagnostics environnementaux, mène quelques actions novatrices. Elle lance en 1996 « peuples et forêts du monde », un programme basé sur une communication internationale entre des écoles de la Réserve de Biosphère du Gunung Leuser, à Sumatra, province de ACEH, et une dizaine d'écoles bascophones. Cette expérience, qui sera reconduite annuellement jusqu'en 2002, a pour objectif l'ouverture au monde et à la culture ainsi que la comparaison des écosystèmes forestiers tempérés et tropicaux. Elle nécessite la mise en oeuvre d'une logistique adaptée à la situation chaotique de la région de Aceh, confrontée à d'importantes difficultés socio-économiques et à la rébellion d'une partie de sa population contre le régime de Jakarta. Le concours logistique du Leuser Management Unit, ONG basée à Medan et essentiellement financée par la Communauté Européenne donne à la structure l'occasion de se rapprocher de certaines organisations comme l'UNESCO. En France, l'appui de traducteurs bascophones et de l'Institut Culturel Basque permet d'ouvrir le programme aux écoles basques. Au total 24 établissements français et les écoles de deux villages indonésiens implantés aux abords de la forêt tropicale bénéficient de ce programme. Il sera interrompu en 2002 au moment où la province de Aceh sera en partie interdite aux étrangers.

L'activité d'insertion prend de l'essor à partir de 2000 grâce à de nouvelles commandes de chantiers. La MIFEN atteint son rythme de croisière en 2001 avec un effectif de 38 postes en parcours d'insertion.

En 2003, la MIFEN propose de développer ses activités pédagogiques sur les chantiers d'insertion dont les techniques qui y sont mises en oeuvre, ou les particularités écologiques des milieux dans lesquels ils sont réalisés leurs confèrent un intérêt pédagogique jusqu'alors sous-exploité. Elle lie ainsi en partie son offre pédagogique à son offre d'insertion.

* 26 Commune basque de 2000 habitants située à 10 km à l'est de Bayonne

* .27 PELT J.M (1986) « Mes plus belles histoires de plantes », éd. Le Seuil

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams