B-REVOLUTION DE L'ECONOMIE NUMERIQUE
L'économie numérique a entraîné une
révolution inouïe dans le monde. D'après certaines
études des économistes américains, les technologies de
l'information sont d'un apport considérable dans l'industrie et les
services des gains les gains de productivité. Exemple : une copie
papier de l'Encyclopedia Universalis coûte à son éditeur
plus de 2.000 francs par numéro, le CD-Rom lui revient à 10
francs alors que son téléchargement à partir d'un serveur
est quasi gratuit. Par ailleurs, une communication longue distance
facturée il y a dix ans à 50 francs la minute coûte de nos
jours quelques dizaines de centimes. (22) C'est ce
boom des technologies de l'information qui a donné lieu à des
opportunités d'affaires sans précédent ; en attirant
de nouveaux entrepreneurs financés par les marchés boursiers. A
l'exemple de Michael Dell (Dell), Jeff Bezos (Amazon), Joseph Nascio (Qwest),
Walter Scott (MFS, Level 3). Internet peut donc être
considéré comme le plus vaste et important marché du
monde. Car il ne tient pas compte de l'étendue des frontières,
des contraintes de temps ...
Autre révolution c'est que l'offre des services s'est
développée et diversifiée. Aujourd'hui, la musique, les
films, les émissions de télévision, de radio (avec le
système de podcaster) sont désormais disponibles sur la toile
mondiale. Une toile qui peut aussi servir de vitrine à une entreprise
une fois qu'elle a acheté un espace (bannière publicitaire) sur
un quelconque site internet.
La révolution de l'économie numérique
réside dans le fait qu'elle offre davantage des services aux
clients ; elle créée de nouveaux produits ;
réduit les coûts de certains d'entre-eux (surtout à la
veille de leur date de péremption) ; elle semble aussi être
plus réactives face aux rapides changements de leur environnement
commercial, technique. Selon Alan Greenspan, chairman de la réserve
fédérale (FED), il ne fait aucun doute que « les
innovations les plus neuves, que nous appelons les technologies de
l'information, commencent à changer notre manière de faire des
affaires et créer la valeur, souvent de façon non concevable il y
a cinq ans. » (23)
C-CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION DE L'ECONOMIE
NUMERIQUE SUR CELLES DES MEDIAS TRADITIONNELS
La révolution de l'économie numérique a
fortement bouleversé la façon de faire des médias
traditionnels (journaux, radio, télévision ...). Ces
médias traditionnels, pour désormais vivre ou survivre
étaient obligés de s'arrimer à la nouvelle donne
c'est-à-dire s'allier au phénomène de convergence
numérique. Cette convergence est consubstantielle à l'outil
internet. C'est à cet effet que Charles de Laubier affirme :
« internet est la première concrétisation de
cette convergence sur laquelle la commission européenne a
commencé à se pencher en publiant en Décembre 1997, un
livre vert qui lui est consacré. Ce phénomène
économique et social va toucher de plein fouet le plus traditionnel des
supports d'information qui est le journal imprimé »
(24). Cette même commission européenne
définit la convergence « comme la capacité de
différentes plates-formes de transporter des services essentiellement
similaires, soit, le regroupement des équipements grand public comme le
téléphone, la télévision et les ordinateurs
personnels. » (25)
La révolution numérique a créée de
nouvelles motivations dans le domaine des médias traditionnels. Ces
motivations se situent à trois niveaux :
1-Etendre leur territoire de marque et leur rayonnement sur un
média en pleine phase de progression d'audience de publicité.
Ceci au moment où les médias traditionnels sont en panne de
croissance et où internet constitue un axe de développement
incontournable. Au Cameroun comme en occident, l'on peut voir les directeurs de
publication pérorer sur la chute des recettes publicitaire de leur
organe de presse au profit de la télévision.
2-Accéder à de nouvelles sources de revenus.
L'e-publicité jouit d'excellentes perspectives à moyen terme, en
dépit du fait qu'internet s'impose comme un média de
complément de la télévision et de la presse ;
3-Etablir de nouvelles relations avec les consommateurs et les
accompagner sur les nouveaux supports de diffusion de contenus d'information et
de divertissement. Certains analystes font observer que c'est cinq ans
après l'éclatement de la bulle que les grands groupes de
médias ont fait leur entrée dans le paysage de l'internet.
Dès les années 1990 (juste après le
discours de Albert Gore sur les « autoroutes de
l'information », c'est la presse américaine qui est la
première à se hisser sur la toile. Le bal est ouvert par le San
José Mercury News, un quotidien de la Californie du Nord (Usa). C'est le
premier journal dans le monde à paraître sur internet. Effet de
mode ou impératif de la modernité, les journaux africains n'ont
attendu que pendant quatre années pour migrer vers le
« réseau des réseaux.» Il faut préciser
qu'il existe deux types de journaux sur internet : les webzines
c'est-à-dire ceux qui ne paraissent que le net ; et les journaux en
ligne qui ont une version imprimé et une version électronique. Au
Cameroun, l'on retrouve plus les webzines : Cameroon-tribune, Le Messager,
Mutations, Le Jour, La Nouvelle Expression ...
Dans les années 1997-2010, c'est la radio qui va
rejoindre la toile. Avec le service de « podcaster » qui
permet d'écouter en live ou de réécouter une
émission ou un programme à partir du web. Les inconditionnels
auditeurs de Magic Fm (Yaoundé) ou de Hit Fm et d'Equinoxe radio
à Douala peuvent expérimenter cela. La télévision
n'est pas en retard. Elle qui a déjà aussi rejoint internet (on
parle aujourd'hui de la webtélé ou de la télévision
numérique. Soulignons que ce terme reste encore querellé).
Cependant, le phénomène débute par la montée sur
satellite. Et c'est la CRTV (Cameroon Radio and Television) qui ouvre la voie,
en montant sur satellite lors du sommet France-Afrique tenu à
Yaoundé en 2001. Canal 2, devenu international, va migrer tour à
tour vers le satellite W3A (en septembre 2004), puis cette chaîne va
changer de bouquet pour rejoindre le NSS7 (en novembre 2005) avant de se
retrouver sur le bouquet de canal satellite en février 2006 (bouquet
dans lequel elle est logée jusqu'aujourd'hui). Le
phénomène s'est généralisé au fil des
années.
Toutefois, cette migration vers le numérique n'est pas
sans conséquences pour les médias traditionnels. Puisque certains
ont connu une baisse drastique de leur lectorat, de leurs chiffres d'affaire et
de leurs diffusions. Ceci à cause l'augmentation du coût de
fabrication et du papier, la concurrence des journaux gratuits et surtout de
l'arrivée d'internet ... Bon nombre de chercheurs et d'hommes de
médias n'hésitent pas à prédire la « fin
des journaux » traditionnels. C'est le cas de Vin de Vin Crosbie,
analyste des médias américains qui indiquait en 2008, que
« plus de la moitié des 1439 quotidiens aux Etats-Unis
n'existeront plus d'ici la fin de la prochaine décennie, que ce soit sur
le papier ou sur le web » (26). Il
étaie ses dires avec ces chiffres accablants : en 2008, la diffusion des
journaux a atteint son niveau le plus bas depuis 1946, soit 53 millions
d'acheteurs, contre 62 millions en 1970. Steve Ballmer, PDG de Microsoft, est
plus pessimiste lorsqu'il affirme qu' « un cours des dix
prochaines années le monde des médias, de la communication et de
la publicité sera mis sens dessus dessous. Plus aucun média ne
sera consommé autrement que sur Internet. » Les faits parlent
d'eux-mêmes. En France par exemple, la diffusion payée a connu une
baisse considérable. Sur les 3,8 millions vendus par jour en 1974, ils
n'étaient que 1,9 millions à être vendus en 2007. Le
quotidien français France-Soir qui vendait plus d'un million
d'exemplaires par jour dans les années soixante ; agonise avec ses
23.000 exemplaires en 2008 (27).
La même baisse est observée dans le secteur de la
publicité. Les annonceurs voulant avoir de données significatives
sur leurs cibles sont obligés de se tourner vers la publicité en
ligne. Avec les risques de pertes que cela représente pour les
médias traditionnels. A l'instar du quotidien français Le Figaro,
qui entre 2003 et 2007, a vu son chiffre d'affaires publicitaire tomber de 120
millions d'euros à 80 millions et les revenus engendrés par les
petites annonces passer de 97 millions d'euros à 25 millions.
(28) Pendant ce temps, internet continue de
réaliser son « grand Chelem » à tous les
niveaux. En 1995, la société anglaise Netcraft dénombrait
23.500 sites internet à travers le monde ; en juillet 2007, ils
atteignaient déjà les 125 millions.
(29) Le constat est donc qu'internet en tant
qu'unimédia est venu ou mettra un terme à la diffusion des flux
informationnels issus des médias traditionnels.
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