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Avantages et effets pervers de l'économie numérique depuis 1992

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par Simon NGONO
Université de Douala - Licence en sciences de la communication option communication sociale et médiatique 2009
  

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B-REVOLUTION DE L'ECONOMIE NUMERIQUE

L'économie numérique a entraîné une révolution inouïe dans le monde. D'après certaines études des économistes américains, les technologies de l'information sont d'un apport considérable dans l'industrie et les services des gains les gains de productivité. Exemple : une copie papier de l'Encyclopedia Universalis coûte à son éditeur plus de 2.000 francs par numéro, le CD-Rom lui revient à 10 francs alors que son téléchargement à partir d'un serveur est quasi gratuit. Par ailleurs, une communication longue distance facturée il y a dix ans à 50 francs la minute coûte de nos jours quelques dizaines de centimes. (22) C'est ce boom des technologies de l'information qui a donné lieu à des opportunités d'affaires sans précédent ; en attirant de nouveaux entrepreneurs financés par les marchés boursiers. A l'exemple de Michael Dell (Dell), Jeff Bezos (Amazon), Joseph Nascio (Qwest), Walter Scott (MFS, Level 3). Internet peut donc être considéré comme le plus vaste et important marché du monde. Car il ne tient pas compte de l'étendue des frontières, des contraintes de temps ...

Autre révolution c'est que l'offre des services s'est développée et diversifiée. Aujourd'hui, la musique, les films, les émissions de télévision, de radio (avec le système de podcaster) sont désormais disponibles sur la toile mondiale. Une toile qui peut aussi servir de vitrine à une entreprise une fois qu'elle a acheté un espace (bannière publicitaire) sur un quelconque site internet.

La révolution de l'économie numérique réside dans le fait qu'elle offre davantage des services aux clients ; elle créée de nouveaux produits ; réduit les coûts de certains d'entre-eux (surtout à la veille de leur date de péremption) ; elle semble aussi être plus réactives face aux rapides changements de leur environnement commercial, technique. Selon Alan Greenspan, chairman de la réserve fédérale (FED), il ne fait aucun doute que « les innovations les plus neuves, que nous appelons les technologies de l'information, commencent à changer notre manière de faire des affaires et créer la valeur, souvent de façon non concevable il y a cinq ans. » (23)

C-CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION DE L'ECONOMIE NUMERIQUE SUR CELLES DES MEDIAS TRADITIONNELS

La révolution de l'économie numérique a fortement bouleversé la façon de faire des médias traditionnels (journaux, radio, télévision ...). Ces médias traditionnels, pour désormais vivre ou survivre étaient obligés de s'arrimer à la nouvelle donne c'est-à-dire s'allier au phénomène de convergence numérique. Cette convergence est consubstantielle à l'outil internet. C'est à cet effet que Charles de Laubier affirme : « internet est la première concrétisation de cette convergence sur laquelle la commission européenne a commencé à se pencher en publiant en Décembre 1997, un livre vert qui lui est consacré. Ce phénomène économique et social va toucher de plein fouet le plus traditionnel des supports d'information qui est le journal imprimé » (24). Cette même commission européenne définit la convergence « comme la capacité de différentes plates-formes de transporter des services essentiellement similaires, soit, le regroupement des équipements grand public comme le téléphone, la télévision et les ordinateurs personnels. » (25)

La révolution numérique a créée de nouvelles motivations dans le domaine des médias traditionnels. Ces motivations se situent à trois niveaux :

1-Etendre leur territoire de marque et leur rayonnement sur un média en pleine phase de progression d'audience de publicité. Ceci au moment où les médias traditionnels sont en panne de croissance et où internet constitue un axe de développement incontournable. Au Cameroun comme en occident, l'on peut voir les directeurs de publication pérorer sur la chute des recettes publicitaire de leur organe de presse au profit de la télévision.

2-Accéder à de nouvelles sources de revenus. L'e-publicité jouit d'excellentes perspectives à moyen terme, en dépit du fait qu'internet s'impose comme un média de complément de la télévision et de la presse ;

3-Etablir de nouvelles relations avec les consommateurs et les accompagner sur les nouveaux supports de diffusion de contenus d'information et de divertissement. Certains analystes font observer que c'est cinq ans après l'éclatement de la bulle que les grands groupes de médias ont fait leur entrée dans le paysage de l'internet.

Dès les années 1990 (juste après le discours de Albert Gore sur les « autoroutes de l'information », c'est la presse américaine qui est la première à se hisser sur la toile. Le bal est ouvert par le San José Mercury News, un quotidien de la Californie du Nord (Usa). C'est le premier journal dans le monde à paraître sur internet. Effet de mode ou impératif de la modernité, les journaux africains n'ont attendu que pendant quatre années pour migrer vers le « réseau des réseaux.» Il faut préciser qu'il existe deux types de journaux sur internet : les webzines c'est-à-dire ceux qui ne paraissent que le net ; et les journaux en ligne qui ont une version imprimé et une version électronique. Au Cameroun, l'on retrouve plus les webzines : Cameroon-tribune, Le Messager, Mutations, Le Jour, La Nouvelle Expression ...

Dans les années 1997-2010, c'est la radio qui va rejoindre la toile. Avec le service de « podcaster » qui permet d'écouter en live ou de réécouter une émission ou un programme à partir du web. Les inconditionnels auditeurs de Magic Fm (Yaoundé) ou de Hit Fm et d'Equinoxe radio à Douala peuvent expérimenter cela. La télévision n'est pas en retard. Elle qui a déjà aussi rejoint internet (on parle aujourd'hui de la webtélé ou de la télévision numérique. Soulignons que ce terme reste encore querellé). Cependant, le phénomène débute par la montée sur satellite. Et c'est la CRTV (Cameroon Radio and Television) qui ouvre la voie, en montant sur satellite lors du sommet France-Afrique tenu à Yaoundé en 2001. Canal 2, devenu international, va migrer tour à tour vers le satellite W3A (en septembre 2004), puis cette chaîne va changer de bouquet pour rejoindre le NSS7 (en novembre 2005) avant de se retrouver sur le bouquet de canal satellite en février 2006 (bouquet dans lequel elle est logée jusqu'aujourd'hui). Le phénomène s'est généralisé au fil des années.

Toutefois, cette migration vers le numérique n'est pas sans conséquences pour les médias traditionnels. Puisque certains ont connu une baisse drastique de leur lectorat, de leurs chiffres d'affaire et de leurs diffusions. Ceci à cause l'augmentation du coût de fabrication et du papier, la concurrence des journaux gratuits et surtout de l'arrivée d'internet ... Bon nombre de chercheurs et d'hommes de médias n'hésitent pas à prédire la « fin des journaux » traditionnels. C'est le cas de Vin de Vin Crosbie, analyste des médias américains qui indiquait en 2008, que « plus de la moitié des 1439 quotidiens aux Etats-Unis n'existeront plus d'ici la fin de la prochaine décennie, que ce soit sur le papier ou sur le web » (26). Il étaie ses dires avec ces chiffres accablants : en 2008, la diffusion des journaux a atteint son niveau le plus bas depuis 1946, soit 53 millions d'acheteurs, contre 62 millions en 1970. Steve Ballmer, PDG de Microsoft, est plus pessimiste lorsqu'il affirme qu' « un cours des dix prochaines années le monde des médias, de la communication et de la publicité sera mis sens dessus dessous. Plus aucun média ne sera consommé autrement que sur Internet. » Les faits parlent d'eux-mêmes. En France par exemple, la diffusion payée a connu une baisse considérable. Sur les 3,8 millions vendus par jour en 1974, ils n'étaient que 1,9 millions à être vendus en 2007. Le quotidien français France-Soir qui vendait plus d'un million d'exemplaires par jour dans les années soixante ; agonise avec ses 23.000 exemplaires en 2008 (27).

La même baisse est observée dans le secteur de la publicité. Les annonceurs voulant avoir de données significatives sur leurs cibles sont obligés de se tourner vers la publicité en ligne. Avec les risques de pertes que cela représente pour les médias traditionnels. A l'instar du quotidien français Le Figaro, qui entre 2003 et 2007, a vu son chiffre d'affaires publicitaire tomber de 120 millions d'euros à 80 millions et les revenus engendrés par les petites annonces passer de 97 millions d'euros à 25 millions. (28) Pendant ce temps, internet continue de réaliser son « grand Chelem » à tous les niveaux. En 1995, la société anglaise Netcraft dénombrait 23.500 sites internet à travers le monde ; en juillet 2007, ils atteignaient déjà les 125 millions. (29) Le constat est donc qu'internet en tant qu'unimédia est venu ou mettra un terme à la diffusion des flux informationnels issus des médias traditionnels.

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