E-EFFETS PERVERS DE L'ECONOMIE NUMERIQUE :
Le premier effet pervers de l'économie numérique
c'est qu'elle est exclusive. La petite entreprise qui ne possède pas de
gros moyens financiers ne peut pas migrer vers cet outil. D'où la
difficulté à attirer des potentiels prospects. Des risques de
frustration liés à la concurrence déloyale et au monopole
ne sont pas à exclure.
Il y a aussi la difficulté tant pour les
propriétaires des sites internet que pour les consommateurs à
évaluer objectivement la légitimité d'une transaction
économique. Le phénomène de cybercriminalité ayant
infesté le milieu. L'on trouve de plus en plus de personnes qui
utilisent des moyens peu orthodoxes (cartes de crédits ou bancaires
volées, piratage du numéro de compte d'un autre utilisateur,
utilisation de fausses identités, piratage de tickets de cinéma
vendus en salle ...) pour faire des achats en ligne.
En outre, l'on peut relever le manque de contact entre le
vendeur et l'acheteur. Les deux sont souvent isolés. Ce qui ne permet
pas une véritable relation humaine du type « face to
face » pourtant indispensable pour les opérations de vente et
d'achats. Le Guel, Pénard et Suire mettent en évidence
l'importance des effets du voisinage social, sur les usages de l'internet et en
particulier sur l'achat en ligne. Un usage qu'ils jugent complexe et
risqué. (16) Ces trois auteurs, dans leurs
études, montrent que la probabilité d'achat en ligne est d'autant
plus élevée que les internautes connaissent eux-mêmes des
acheteurs en lignes dans leur entourage. Cet effet de voisinage a un pouvoir
explicatif bien plus important que les caractéristiques
socioéconomiques de l'internaute. Gabriel Tarde, allant dans le
même sens, parle de la « loi de l'imitation. » Pour
lui, dans une « démocratie de masse », la
communication rend possible un lien social tout en favorisant les
conditionnements et les comportements mimétiques. Dominique Wolton,
chercheur au C.N.R.S privilégie également cette dimension humaine
au détriment de celle technique. Il déclare d'ailleurs
qu' « on peut passer des heures avec des machines, sans
être capable d'entretenir des relations humaines et sociables
satisfaisantes. » Il ajoute que « le progrès technique
ne suffit pas pour créer un progrès de la communication et
sociale. » (17)
Le développement de l'économie numérique
est à l'origine de la destruction des emplois dans certains secteurs
(cas de l'arrivée du robot et de l'informatique) ; la formation des
comportements addictifs et les risques de désocialisation.
En somme, nous venons de retracer le contexte de naissance de
l'économie numérique dans le monde. Ses diverses
spécificités nous ont poussé à s'intéresser
aux avantages d'une telle économie et ses effets pervers. Mais au regard
de ce qui précède, quel peut être l'apport de cette
économie numérique dans le Pib de certains pays ?
Qu'a-t-elle apporté de révolutionnaire ? Quelles sont les
conséquences d'une telle révolution sur l'économie des
médias traditionnels ?
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