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Syndrome de la guerre : lorsque le psychisme ne cesse de rappeler

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par Shqipe BUJUPI
Institut libre Marie Haps - Assistante en psychologie 2005
  

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Chapitre VI : Le syndrome psycho-traumatique

Pour pouvoir déterminer qu'un sujet présente un ESPT ou un syndrome psychotraumatique, les professionnels doivent se baser sur l'apparition de certains symptômes, particulièrement de réviviscences, qui sont repris dans le tableau clinique du DSM IV ou dans le tableau clinique de la psychiatrie française.

Différentes symptômes inscrits sous le tableau clinique « syndrome psychotraumatique » nous permettrons de comprendre un peu mieux ce que subissent les victimes et les désordres psychiques qui en découlent.

Nous nous appuyons sur le tableau clinique français car il nous paraît plus complet. Il inclut les états pathologiques (n'incluant donc pas le stress adapté ou dépassé qui se sont résolus sans séquelles) de la phase immédiate, de la post-immédiate et de la phase différée et chronicisée141(*).

Ce tableau inclut aussi les troubles psychosomatiques, les troubles non spécifiques et une explication plus large sur les troubles de la personnalité qui ne sont pas repris par le DSM IV

Le syndrome psycho-traumatique peut être transitoire, c'est-à-dire quand la victime présente des désordres psychiques qui se traduisent par des réactions immédiates de stress dépassé ou peut perdurer ensuite, voire se chroniciser (ce qui est comparable aux névroses de guerre), accablant tout le restant de l'existence du sujet traumatisé.

La névrose traumatique y compris la névrose de guerre s'installe après un temps de latence143(*) de durée variable (de quelques jours à quelques années) qui se traduit par 

- le syndrome de répétition, pathognomonique,

- les symptômes non spécifiques 

- la réorganisation de la personnalité pathognomonique.

1) le syndrome de répétition

Les reviviscences traumatiques sont présentes chez la plupart des patients ayant des troubles post-traumatiques. Le sujet a l'impression de revivre la/les scène/s traumatisant/es ce qui cause une angoisse et une détresse144(*) très intense. Cet état de détresse est causé par le vécu traumatique qui ne peut être comparé à l'état dépressif.

« Etre dépressif n'est pas le trait d'une personnalité dépressive, mais bien la conséquence d'une altération profonde de l'état affectif provoquée par la blessure ». La détresse psychologique s'accompagne également d'un sentiment d'angoisse, c'est-à-dire d'une réaction émotionnelle caractérisée par la peur et l'insécurité. Après ce qu'elles ont subi, les personnes blessées ont tendance à percevoir le monde qui les entoure comme dangereux et menaçant. Ce sentiment peut être source de nouvelles angoisses145(*).

· Les modalités de manifestation du syndrome de répétition

Le sujet traumatisé est souvent submergé par des souvenirs forcés, car ils s'imposent involontairement. (Dénommés par le DSM des souvenirs intrusifs). Ces souvenirs se présentent par des rappels des détails visuels de l'expérience, des noms, etc. déjà `enterrés' par le sujet. Ils surviennent dans sa conscience dont il sera incapable de se souvenir volontairement. Le sujet voit la scène et le revit l'événement traumatique avec la même détresse qu'au moment de vécu, que ce soit dans la journée sous forme de flash-back ou la nuit dans des cauchemars traumatiques.

Certains mettent alors en place des stratégies d'évitement pour tenter d'échapper à ces réviviscences comme : ne pas se coucher, ne plus aller travailler pour ne plus sortir de chez soi, consommer de l'alcool et des psychotropes, etc.

Des reviviscences hallucinatoires peuvent s'imposer au sujet. Le plus souvent visuelle, c'est une forme répétitive avec des images détaillées de la scène traumatique. Il s'agit d'une scène dynamique où le sujet se sent impliqué émotionnellement d'une manière intense ce qui donne des réponses par des cris, d'agitation, etc. Parfois, on voit apparaître aussi des hallucinations auditives, olfactives ou sensitives. Selon F. Sirroni146(*), il arrive que pendant la journée, par exemple dans la rue, la victime entende des voix qui l'appellent. Elle se retourne systématiquement malgré qu'elle sache que son bourreau n'est plus là. Ces vécus comme si l'événement allait se reproduire sont des réviviscences qui submergent le sujet spontanément et soudainement suite à un stimulus déclenchant (par exemple, la sirène de l'ambulance peut lui rappeler un moment d'alarme pendant la guerre) mais il se peut que le sujet se sente envahi par un sentiment d'insécurité, des éprouvés bizarres, de déréalisation ou de dépersonnalisation sans un stimulus provoquant. Suite à ces situations le sujet produit souvent des phénomènes moteurs élémentaires. Ce sont des réactions motrices comme des tics, sursaut ou recroquevillement.

Parfois, le sujet a des perceptions erronées à partir d'un fait réel. Crocq147(*) nous donne un exemple d'un sous-officier recruté dans l'armé pendant la guerre en Algérie pour illustrer ces illusions de reviviscences. Ce sujet, un an après son retour en France, croise un jour sur le trottoir un groupe de communiantes vêtues en blanc qu'il perçut comme des femmes musulmanes revêtues de leurs voiles blancs. D'emblée le sujet se `retrouve' en Algérie frappé par la tension et l'insécurité présente lorsqu'il était dans ce pays. Le sujet revient à lui quand le groupe disparaît devant ses yeux. Tendu, perplexe, le coeur battant fort, il se demanda s'il n'était pas en train de devenir fou.

Le sujet ne souffre pas seulement de ces réviviscences mais il rumine mentalement aussi. Ce sont de longues interrogations portant sur le trauma, de sa signification ou de ses conséquences. Les `pourquoi' sont des éléments constitutifs des ces ruminations mentales : pourquoi moi ? Pourquoi la mort de tel camarade, de mon enfant, etc. ? Pourquoi n'ai-je pas fait autrement, ... C'est-à-dire, on est dans des composants de déception, de culpabilité, de dévalorisation qui menacent intérieurement le sujet victime d'un traumatisme.

Les réviviscences peuvent se produire aussi à travers des conduites de répétition et jeux répétitifs. Ce sont des conduites motrices plus organisées, des actions complexes inconscientes qui sont en lien avec l'expérience traumatique comme des fugues, récits répétitifs, jeux répétitifs chez l'enfant, des comportements agressifs, actes délicieux, etc.

Ces symptômes peuvent se manifester ou se combiner de manière très différentes et ne sont pas nécessairement tous présents chez le sujet.

· L'expression du syndrome de répétition

Les reviviscences s'accompagnent par l'expression d'une détresse psychique, par des symptômes neurovégétatifs comme : transpiration abondante, sensation de faiblesse, impression de flou visuel et vertiges, des palpitations cardiaques, sensation de striction laryngée et oppression thoracique, etc. Pendant cet état, le corps du sujet se raidit. Certains se figent sur place, d'autres raidissent simplement leurs muscles. Les tics, les sursauts et les recroquevillements surviennent sur un corps simultanément raidi. Quand les reviviscences disparaissent, ces symptômes s'estompent aussi.

* 141Les psychiatres francophones142 distinguent trois phases dans la pathologie psychotraumatique : la phase immédiate, la phase post-immédiate et la phase différée, le plus souvent chronicisée.

La phase immédiate : dure quelques heures à une journée. C'est la seule phase qui peut être dénommée stress. Néanmoins, ce stress peut s'avérer adaptatif (avec comme symptômes pâleur, sueur, tachycardie, spasmes viscéraux, tension anxieuse, etc.) ou dépassé, avec ou sans séquelles par la suite.

(Selon la nosographie anglo-saxonne, cette phase recouvre l'état de stress aigu et la durée se situe au-delà de la première journée jusqu'à quatre semaines)

La phase post-immédiate : recouvre le lendemain, les 1ers jours ou les 1ères semaines. Le sujet peut très bien dépasser le stress causé par la 1ère phase ou bien il peut dériver vers une névrose traumatique durable. Pour rappel, la pathologie post-immédiate englobe les décharges de stress différé, les réactions névropathiques différées, la queue de stress et l'entrée dans la névrose traumatique.

Selon DSM IV, cette phase est dénommée « état de stress aigu » et la durée est comprise entre deux jours et un mois, et l'apparition dans le premier mois après le vécu traumatisante. Tandis que CIM-10 (classification internationale des maladies mentales) le dénomme  « réaction aiguë à un facteur de stress » et les critères de la durée sont de quelques heures à trois jours avec manifestations immédiates ou quelques minutes après le vécu. Crocq met en évidence la possibilité de confondre les deux pathologies : immédiate et post-immédiate.

La phase différée : Le plus souvent chronicisée, cette phase recouvre les pathologies psycho-traumatiques transitoires (les symptômes ne durent que quelques mois), les syndromes durables (ceux qui répondent aux critères pour le diagnostic de PTSD chronique du DSM IV, les authentiques névroses traumatiques (avec l'altération typique de la personnalité), et les cas proches de la psychose. Cette phase ne peut être appelée stress car le tableau clinique diffère de celui du trauma. Elle est se nomme « syndrome psycho-traumatique différé ».

* 143 Le temps de latence  est une période `silencieuse' d'une durée variable qui va du vécu traumatique à l'apparition des symptômes. C'est un phénomène constant dans toute névrose traumatique.

* 144 C'est un état psychique causé par la survenue des reviviscences. Ceci implique la perception d'une menace et l'impression d'absence de secours. Le sujet revit ce qu'il a éprouvé lors de l'événement traumatique : l'impuissance face à l'événement, sans pouvoir agir ou effectuer les gestes qu'il aurait fallu faire, ou qu'il n'a pas reçu l'aide ni les secours qu'il souhaitait recevoir ou s'est senti abandonné.

* 145 Ficher, G-N. (2003). Les blessures psychiques. Paris : Odile Jacob. Page 68

* 146 Sironi, F. (1999). Bourreaux et victimes. Paris : Odile Jacob.

* 147 Crocq, L. (1999). Les traumatismes psychiques de guerre. Paris : Odile Jacob.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe