PARTIE II : QUELLES APPROCHES DE FINANCEMENT DE LA SANTE
POUR ATTEINDRE LES PAUVRES ?
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE DE L'ALLOCATION DES
RESSOURCES DE SANTE ET L'EQUITE DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT
Dans le contexte des PED, l'exclusion des pauvres des
services de santé peut s'expliquer par plusieurs facteurs tels que les
facteurs socio culturels, l'ignorance, le manque d'attention des prestataires
de santé, ainsi que l'iniquité du financement de la santé
qui est à l'origine du coût prohibitif de certains services de
santé pour les plus pauvres.
Dans ce chapitre, il sera question d'analyser les facteurs
relatifs au financement contribuant à l'exclusion des pauvres.
A. LA FAIBLESSE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE
La plupart des pays Africains n'ont pas de ressources
adéquates pour mettre en place des systèmes de santé
fonctionnels. En effet, les dépenses totales de santé en tant que
% du PIB sont faibles et estimées en moyenne à 4,9 (Tonia Marek
et al. , 2006). (Se reporter à l'annexe 2 ).
Les données récentes collectées et
analysées par l'Union africaine sur les dépenses publiques de
santé
révèlent que la majorité des pays d'ASS
sont loin de se rapprocher de l'objectif issu de la Déclaration d'Abuja
de 2001 selon laquelle tous les pays africains devraient allouer 15% des
dépenses publiques à la santé. En effet, selon ces
données, près deux tiers des pays ont alloué moins de 10%
(Union Africaine,2006).
Pour financer des interventions affectant principalement les
pauvres, la Banque Mondiale recommande un paquet de service de base
coûtant environ 12$ par tête (Banque Mondiale, 1993).
Cependant, ce montant ne suffit plus étant donné
le coût de la pandémie du VIH/Sida. Actuellement le PNUD estime
les interventions en faveur de la réduction de la pauvreté dans
un pays à faible revenu entre 30 et 40 dollars par habitant. (Rapport
PNUD IDH 2005).
En ASS, l'origine de la faiblesse des dépenses
publiques de santé s'explique par la faiblesse des dépenses
publiques est en général. Ceci s'explique par le faible niveau
des recettes fiscales. En outre, le budget de la santé est en
compétition avec d'autres secteurs. L'analyse de la structure des
dépenses allouées à la santé en ASS montre que le
secteur public finance moins de la moitié des dépenses totales
consacrées à la santé. Le reste est financé
principalement par les paiements directs des ménages qui sont
consacrées essentiellement à l'achat de services dans le secteur
privé. En effet, les dépenses privés de santé y
sont supérieures à celles du secteur public. Elles sont d'ordre
50% des dépenses en santé privées (Tonia Marek et
al.,2006). Les paiements directs des ménages sont d'ordre de 80% dans
les dépenses privés et 50% des dépenses totales ( Pablo
Gottret et al. 2006).
Puisque la majeure partie des dépenses des
ménages pour la santé, est consacrée à l'achat de
services du secteur privé, on peut dire que le secteur privé joue
un rôle plus significatif que les gouvernements.
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