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Quelles approches de financement de la santé pour atteindre les pauvres des pays en développement? La nouvelle formule d'allocation des ressources et d'achat de services (ou RAP) et l'équité.

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par Solange CYICARANO
Université d'Auvergne -Centre d'Etudes et de Recherches sur le Développement International - Master Economie de la Santé 2006
  

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B. Les différents aspects de l'iniquité en santé.

Les pauvres sont particulièrement vulnérables et contribuent énormément à l'alourdissement du fardeau de la maladie : d'une part du fait qu'ils vivent dans les zones les plus retirées et mal desservies par les services de santé, d'autre part parce qu'ils renoncent aux soins par manque de ressources financières. Les dépenses en soins de santé peuvent absorber une grande partie de leur revenu, ce qui les incite à réduire leur demande, à ne pas achever les traitements ou à aggraver leur endettement

En ASS, la plus grande charge des maladies repose sur les pauvres qui ne reçoivent que la plus petite part des dépenses de santé. En d'autre termes, les ressources de santé sont distribués inversement selon les besoins. C'est la « loi des soins inversés »,( J.Tudor, 1971. Les pauvres et les populations marginalisées y ont un accès limité aux infrastructures de santé et semblent exclus des mécanismes de protection financière. La prédominance du paiement direct en cas de maladie contribue à aggraver leur misère. En effet, étant donné le faible niveau des dépenses de santé ainsi que la prédominance d'économie informel, les mécanismes assurantiels y sont limitées.

Selon une enquête EDS réalisés sur 56 pays des pays en développement, les barrières d'utilisation des services sont étroitement liées à la situation économique. (Gwatkin et al., 2004). Les plus pauvres fréquentent moins les hôpitaux que les plus riches. Bon nombre de ménages renoncent aux soins par manque de ressources financières.

Une étude récente sur un district rural en Tanzanie révèle que 73% des ménages pauvres affirment ne pas recourir aux soins en cas de maladie chronique par manque de ressources financières, tandis qu' aucun ménage riche  n' affirme y renoncer (Save the Children, 2005). Au Burundi, 34% affirment également ne pas recourir aux services sanitaires par manque de ressources (Bate et Witter 2003).

L'emprunt pour couvrir les dépenses de santé est largement répandu en Afrique. En cas de manque de fonds certains recourent à leurs famille ou amis pour un emprunt avec ou sans intérêts au point de se ruiner. Une enquête en Tanzanie révèle que 40% des répondants ont recouru à un emprunt pour payer des services de santé (Abel-Smith et al.1992). Au Burundi, le niveau d'emprunt pour couvrir le coût des soins est d'ordre de 35% pour le quintile le plus pauvre (Bate et Witter, 2003). Dans un district rural en Tanzanie, il est de 63% dans le quintile le plus pauvres contre 43% dans le quintile le plus riche (Save the Children, 2005).

L'iniquité des dépenses publiques de santé.

Les études d'Analyse de l'Incidence du Bénéfice qui combinent les informations sur l'utilisation des services de santé par les différents groupes socio-économiques avec les subventions publiques permettent de déterminer qui profite des dépenses publiques de santé. Une de ces études AIB sur quelques pays d'ASS a montré que les dépenses publiques de santé bénéficiaient plus des riches que des plus pauvres. En Guinée par exemple , 48 % des dépenses de l'Etat en santé profitaient au quintile le plus riche contre seulement 4 % au quintile le plus pauvre (Castro-Real et al.,2000). (Se reporter à l'annexe 1 ). Cette iniquité des dépenses publiques est plus marquée pour les soins hospitaliers. En effet le ratio des bénéfices pauvre-riche pour les soins hospitaliers est de 11 pour 34 alors qu'il n'est que de 15 pour 23 pour les soins primaires (ibid).

L'iniquité dans l'utilisation des services de santé.

Les maladies touchant les pauvres sont principalement l'infection à VIH , le paludisme , le tuberculose, la rougeole , la poliomyélite. Dans la plupart des pays d'ASS, les taux de couverture des interventions efficaces visant la lutte contre ces maladies touchant les pauvres y sont remarquablement faibles. Il a été signalé que ces interventions sont mieux utilisées par les riches que par le pauvres. Dans le contexte du fléau mondial du VIH/Sida, les campagnes de prévention rencontrent des difficultés à atteindre les pauvres qui habitent en général les régions les plus isolées. Le statut socio-économique a été reconnu comme principal déterminant de l'exposition à l'infection au VIH/Sida. (Farmer 2001).

Une autre étude révèle l'iniquité dans la prévention du paludisme au Soudan (Obinna Onwujekwe et al, 2005) où seulement 9 personnes du quintile le plus pauvre affirment utiliser les moustiquaires imprégnés contre 36 personnes du quintile le plus riche.

Les services de santé de base comme les services de protection maternelle et infantile sont également plus utilisés par les riches que par les pauvres. Des enquêtes démographiques et de santé menées à dans 56 pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine révèlent que les résultats des quintiles les plus pauvres sont nettement moins favorables que ceux des quintiles les plus riches pour toute une série de résultats de santé, comme le montre la figure ci -dessous :

Source : (Gwatkin et al., 2005)

D'après ce figure, l'indicateur de santé présentant une forte iniquité due à une raison économique est celui de l'accouchement assisté par un professionnel de santé. Pour ce qui est de la vaccination, la figure montre que les enfants des quintiles les plus riches sont deux fois plus susceptibles d'avoir été complètement vaccinés que les enfants des quintiles les plus pauvres. En ASS, le taux de vaccination des enfants contre la rougeole et la poliomyélite diffère largement selon le revenu : 33% pour le quintile le plus pauvre, contre 66% pour le quintile le plus riche soit deux fois plus.[Gwatkin, Poverty Data sheets].

D'autres études ont également montré une forte inégalité pour le taux de mortalité de moins de cinq ans selon la situation économique. La figure suivante montre que l'écart entre riches et pauvre est plus marqué pour les 29 pays d'ASS qui connaissent le taux de mortalité des moins de cinq ans le plus élevé. (Gwatkin et al.,2005)

Figure 2 : Tableau représentant le taux de mortalité des enfants moins de cinq ans dans les quintiles pauvre et riches de 56 pays en développement. Source : (Gwatkin et al.,2005)

L'iniquité dans l'allocation des ressources de santé

Dans la plupart des gouvernements africains, les fonds sont souvent dirigés, disproportionnellement, vers des structures et services qui profitent surtout aux populations les plus aisées (Gwatkin, 2000).

L'iniquité dans l'allocation des ressources se traduit par une répartition du budget non équitable d'une part entre les niveaux de soins de santé de la pyramide sanitaire, d'autre part entre les districts sanitaires

Répartition non équitable entre les niveaux de soins de santé.

Dans les pays d'ASS, le budget est réparti d'une manière non équitable entre les niveaux primaire et tertiaire. Alors que le total des dépenses publiques consacrées à la santé est de l'ordre de 5% du PIB, l'hôpital cumule à lui seul environ 35% (Balique, 2004). Cependant, les hôpitaux ne contribuent pas encore à l'amélioration de l'équité dans la distribution des bénéfices des dépenses publiques, en raison des faibles niveaux d'utilisation par les populations les plus pauvres.

Répartition non équitable entre les districts sanitaires

Il s'agit des disparités régionales engendrées par une répartition non équitable du budget de la santé entre les districts sanitaires. Il s'agit souvent de l'iniquité rural- urbain. En effet, les installations sanitaires publiques sont plus concentrées les zones urbaines où habitent les riches. Ces installations médicales sont rares dans les zones rurales les plus reculées où habitent les pauvres. Dans les zones où elles sont présentes, elles connaissent de fortes pénuries de personnel. En conséquence , les personnes les plus exposées à de fortes risques de maladies sont précisément celles qui doivent faire face à des services de santé non fonctionnels.

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