Chapitre 03 :
Conduite culturale.
3-1. Place dans la rotation:
Le colza est une bonne tête de rotation pour quatre raisons
:
v' Une récolte précoce : le colza libère
le sol suffisamment tôt pour favoriser les travaux d'implantation des
céréales. Dans la plupart des régions il permet de mieux
étaler les temps de travaux sur l'exploitation.
v' De fortes restitutions minérales : ils restituent au
sol après récolte (par quintal de graines), 9Kg de potasse/Ha,
1.1Kg d'acide phosphorique/Ha et 3.5Kg d'Azote/Ha, une partie de l'azote
servira à l'alimentation de la culture suivante.
v' Apport important de matière organique : avec 8
à 10 tonnes de matières sèches restituées au sol
après récolte, correspondant à 1600 à 1800 Kg
d'Humus/Ha, il tend à rééquilibrer le bilan humique du
sol.
v' Coupure dans le cycle des pailles : dans une rotation
exclusivement céréalière, le Colza améliore la
structure du sol, interrompe le cycle de maladie (fusariose...), et facilite la
lutte contre les mauvaises herbes. Dans les autres types de situation, il
permet d'allonger la durée de la rotation (exemple : Betterave,
Blé, Colza, Blé, Orge ou Mais, Blé, Colza, Blé)
(Boyeldieu., 1994).
3-2. Préparation du sol: 3-2-1. Travail
conventionnel:
Une préparation du sol réussie favorise la
qualité de la levée (rapidité et régularité)
et donc indirectement le peuplement, la qualité de l'enracinement
(profondeur et répartition des racines) et donc l'alimentation en eau et
en éléments minéraux.
Il n'existe pas de préparation type. Il faut rechercher
les matériels les mieux adaptés aux conditions de sol et de
climat pour obtenir le profil cultural souhaité
(figure.05).
Le déchaumage favorise la levée des mauvaises
herbes.
Pour être utile et réalisable, il doit se faire le
plus tôt possible après la récolte de la
céréale une fois les pailles enlevées ou
broyées.
Un travail profond précoce peut remplacer dans
certaines situations le déchaumage lorsque le délai disponible
est réduit entre la récolte de la céréale et le
semis du colza et qu'il est impossible d'assurer la levée des
repousses.
Source : Technique agricole.
Figure 05 : Profile du sol recherché
pour la culture du colza.
Lorsque les conditions sèches de l'été
avec un sol nu (pas de couverture végétale) et le type du sol
(argile lourde) ne permettent pas ensuite de faire une préparation
suffisamment émiettée. Dans ce cas, la reprise du travail profond
doit être immédiate.
Dans tous les cas, le sol sera refermé rapidement par
un roulage ou une reprise avec un appareil à dents ou à disques
pour éviter qu'il ne se dessèche et favoriser la levée des
adventices.
Le travail profond peut être réalisé avec la
charrue ou le chisel à dents rigides.
La charrue permet de bien incorporer les débris
végétaux et les repousses (bien régler les rasettes) et
limite par la suite le salissemens des terres. Elle est particulièrement
bien adaptée aux terres peu argileuses.
En conditions sèches, la charrue doit être
immédiatement suivie d'un ou deux passages de croskill.
Réserver le chisel pour les conditions sèches
3-2-2. Travail réduit et semis direct:
Dans les systèmes de travail réduit et de semis
direct, le colza peut donner de bons résultats à condition que le
semoir puisse placer les graines sous les résidus et bien en contact
avec le sol. Les roues plombeuses ont pour fonction de placer fermement la
graine au fond de la raie, ce qui permet une meilleure maîtrise de la
profondeur de semis et du contact entre la graine et le sol. Le succès
d'une mise en terre par semis direct ou avec travail réduit du sol
dépend en grande partie de la gestion des résidus de la
récolte de l'année précédente. Si les
résidus de culture (paille et balle) ne sont pas étalés
uniformément, le semoir ne peut pas bien placer les semences, et les
plantules lèvent difficilement à travers la couche de
résidus. Les résidus mal
étalés constituent aussi un habitat idéal
pour les limaces. Il n'est pas recommandé de semer le colza par semis
direct dans des résidus de céréales à cause des
risques de destruction du peuplement par les limaces. (Anonyme 2009).
3-3. Le semis: 3-3-1. Période
:
L'objectif est d'obtenir des jeunes plantes suffisamment
développées à l'entrée de l'hiver. Pour cela, la
rosette doit atteindre:
1' 8 feuilles vraies.
1' un pivot (racine principale) long de 15 centimètres, au
moins. 1' un diamètre au collet de 8 mm.
Pour que le colza soit assez fort, il faut semer d'autant plus
tôt que l'hiver arrive plus précocement.
3-3-2. Dose:
Le peuplement du colza peut varier dans des proportions
importantes (de 20 à 80 pieds/m2) sans trop de
conséquences sur le rendement, à condition que chaque plante ait
atteint son stade optimal de développement a l'entrée de
l'hiver.
Mieux vaut avoir un peuplement trop faible que trop fort. Si la
densité du colza est très forte :
1' Avant l'hiver le développement de chaque plante sera
moins important et moins rapide, et la compétition entre plante
provoquera une élongation prématurée de la tige qui rendra
le colza plus sensible au gel.
1' La compétition entre les plantes sera plus
importante, l'enracinement plus faible, et donc les possibilités
d'exploitation des éléments minéraux et de l'eau du sol au
printemps seront diminués.
La dose de semence dépend de la faculté
germinative (85 % au minimum), des pertes à la levée et du poids
de 1000 graines qui se situ le plus souvent entre 3,8 à 4,5 g et aussi
au nature du sol et les conditions de culture.
3-3-3. Exécution du semis:
L'écartement des lignes de semis peut être de 17
à 35 centimètres et parfois plus. Ce dernier permet parfois de
réaliser un binage de la culture.
La profondeur de semis doit toujours être faible,
étant donnée la faible dimension de la graine.
Sans tenir compte des mottes superficielles, la profondeur du
semis doit être de 2 cm, quelles que soient les conditions climatiques en
sol battant Sur les autres types de sol il peut être utile de semer plus
profond (3 à 4 cm au maximum) en conditions sèches.
3-4. Fertilisation:
Raisonnez la fumure de colza en fonction :
v' Des besoins de la culture tout au long du cycle.
v' Le type de sol et sa richesse en éléments
minéraux.
Aussi réalisez régulièrement des analyses du
sol. Elles permettent des économies de fertilisation de fond importants
(Anonyme, 1992).
3-4-1. Fertilisation azoté :
Les besoins du colza sont très importants de la reprise
de végétation au début de la floraison. La forme d'azote
la plut utilisée est la forme solide ammoniacale (l'urée) ou
nitrique (nitrate de chaux). Les formulations liquides sont aussi
utilisées (s'équiper de jets filets), mais faire attention aux
risques de brûlures sur végétation humide et par
températures froides, un apport est obligatoire au stade C1
L'azote doit être apporté juste avant la reprise de
végétation (stade C1), entre fin janvier et début mars
selon les régions. (Anonyme 1994).
3-4-1-1. Effet de la fertilisation azotée sur le
rendement et teneur en huile du colza :
La teneur en huile pour le colza est dépendante de la
variété mais aussi et de la manière plus importante de la
fertilisation azotée, les systèmes de production avec des niveau
d'azote faible permette d'atteindre des teneurs en huile de l'ordre de 45% le
Tableau 03 donne un exemple de ce que l'on peut observer dans
un essai de conduite de culture du colza, cette augmentation de la teneur en
huile s'accompagne avec une diminution des teneurs en protéines des
tourteaux, il est souhaitable de n'es pas descendre en dessous de 37% de
protéines dans le tourteau sec.
Tableau 03 : Effet de la dose d'azote sur teneur
en huile du colza.
Dose d'azote (U/ha)
|
Teneur en huile (%)
|
Rendement Qx/ha
|
240(+ 60 au semis)
|
43
|
47
|
200
|
44
|
44
|
120
|
46
|
38
|
Source: D'après CETIOM ; Indre 1992 Moyenne de 5
variétés
3-4-2. Fertilisation phospho-potassique
:
v' L'acide phosphorique : Cet
élément est peu mobile dans le sol. le niveau de réserve
en P2O5 doit être important pour que la plante soit alimentée
correctement.
v' La potasse: La dose de potasse à
épandre dépend de la richesse du sol en cet
élément. Les besoins instantanés du colza en pleine
période de croissance au printemps sont très élevés
(10 à 15 kg/ha/jour), le stock de potasse disponible doit donc
être important.
Le tableau 04 présente des valeurs
approximatives en ce qui concerne les doses des engrais phospho-potassiques en
nombre d'unité pour un objectif du rendement de 35 Qx/ha :
Tableau 04 : Les doses de phosphore et potasse
de Colza d'hiver pour un rendement de 35 Q/ha.
Phosphore : dose de P2O5
|
Teneur de sol
|
Si apport d'engrais au cours
de dernières années
|
Si apport d'engrais plus ancien
|
Observation
|
Riche
|
60 U/ha
|
80U/Ha
|
Sur les sols riches en calcaire (PH=7.5) apporter
le phosphore sous forme de super phosphore
|
Peu pourvu
|
80U/Ha
|
130U/Ha
|
Apporter le phosphore de préférence avant
le semis.
|
Potasse : dose K2O à apporter
|
Riche
|
50U/Ha
|
55U/Ha
|
Si les pailles de la céréale sont enfouies,
prendre la dose la plus faible.
|
Peu pourvu
|
65U/Ha
|
80U/Ha
|
Source : CETIOM, (2002.)
4-3-3. Fertilisation soufrée :
Le colza est une culture exigeante en soufre.
Tableau 05 : Besoins du colza en soufre pour un
objectif du rendement de 30Q/ha
Les besoins en soufre pour un objectif du rendement
estimé de 30 Q/ha
|
Phase de végétation
|
kg absorbé par ha en SO3
|
Pourcentage de la totale
|
Levée-rosette
|
12
|
10
|
Reprise-fin floraison
|
138
|
70
|
Fin floraison-maturité
|
37
|
20
|
Totale
|
187
|
100
|
Source: CETIOM
Le risque de voir apparaître des carences en soufre
dépend des sols et des conditions climatiques.
Situations ou les carences en soufre sont toujours à
craindre :
v' sols mal pourvus en soufre (sables, sols acides, asphyxiants,
superficiels. Filtrants)
v' assolements où on n'apporte jamais de soufre.
v' Enracinements faibles.
Dans ces cas, l'apport de sulfates doit être
systématique après la reprise de végétation (entre
les stades et D2).
Des conditions climatiques particulières peuvent
entraîner des carences en soufre en fin d'hiver et au printemps, les
réserves en sulfates du sol peuvent être réduites
provisoirement, même dans les terres bien pourvues en soufre, en raison
dé conditions climatiques particulières.
Cas rarement remarqué chez nous vu a nos conditions
climatiques semis aride.
v' Dans un premier temps, l'élévation de la
température a entraîné une
reprise de végétation, créant ainsi des
besoins importants en soufre. v' Dans un second temps, à la chute des
températures provoque un
blocage (réorganisation) et des pluies excessives le
lessivage des
sulfates.
Les besoins du colza étant supérieurs aux
quantités de sulfates assimilables dans le sol, on a alors une carence
en soufre. Elle peut être passagère, mai ses effets sont
définitifs.
Ce phénomène peut se répéter à
plusieurs reprises su cours du printemps.
Les risques de carences en soufre seront d'autant plus
élevés que les pluies hivernales auront été plus
importantes.
4-4. Entretien de culture:
Les travaux d'entretien de la culture du Colza ont pour but de
lutter contre les mauvaises herbes qui causent un sérieux
problème pour la culture ainsi que pour améliorer les conditions
de milieu dans lequel se développe notre culture:
Ces travaux comme la majorité de toutes autres cultures
pouvant être résumés comme suite:
4-4-1. Binage :
Se fait essentiellement pour réduire les adventices
ainsi que pour aériez le sol, pour le colza le binage se réalise
en stade 4 à 6 feuilles pour faire ameublir le sol (en cas des sols
lourds), il se fait a l'aide d'une bineuse.
4-4-2. Désherbage :
Généralement il est conseillé de faire au
moins deux à trois faux semis pour réduire au maximum le stock
des grains des mauvaises herbes au niveau du sol.
Il est strictement indispensable d'éliminer toutes les
adventices (surtout les céréales « cas de
précédent » vu quelles développent plus rapidement
que le colza donc former un obstacle empêchant le passage de la
lumière) le plus tôt possible pour ne pas gêner les jeunes
plants du colza (compétition sur la lumière d'une part et de la
nutrition hydrique et minérale).
Le contrôle des 4 ou 5 principales mauvaises herbes les
plus gênantes est suffisant pour ne pas pénaliser le rendement.
> Remarque :
Actuellement la majorité des variétés du
colza cultivée appartient au group roundop ready dit
colza roundop ce dernier est un OGM amélioré et
sélectionné par sa résistance vis-à-vis un
herbicide total c'est le rendoup fabriqué sur la base de gluphosate ce
qui simplifier le désherbage de
manière considérable seulement que l'utilisation
fréquente de cet herbicide présente des risques sur
l'environnement et sur la santé humaine.
4-4-3. Irrigation:
L'irrigation a pour but de compléter par l'apport les
besoins du colza en cas d'absence des pluies dans certains moments sensibles
:
v' A l'automne : une sécurité
pour la réussite de semis, en conditions sèches, un apport d'eau
de 20mm juste avant ou juste après le semis assure une levée
rapide et homogène par la suite d'un apport et rarement
nécessaire, sauf en cas d'automne sec, provoquant un arrêt de
croissance des plantules. Un apport de 30mm alors être
envisagé.
v' Au printemps : déceler le
déficit en eau le plus précocement possible. Tout déficit
hydrique pendant la période sensible de F1 à G4 (de la floraison
jusqu'aux premières siliques bosselées) peut entraîner des
pertes de rendement (jusqu'à 20%) et affecter la teneur en huiles.
Dans ces conditions, la réponse à l'eau est en
moyenne de 3.7 Qx/ha pour 60mm apportés (Essais CETIOM 1987/1991).
Le Tableau 06 indiquant les besoins du colza en
eau dans les différents stades :
Tableau 06 : La consommation en eau du Colza aux
différents stades de son développement (mm)
Stades de développement
|
Consommation d'eau minimum (mm)
|
Consommation d'eau maximum (mm)
|
Du semis de la reprise
|
95
|
130
|
De la reprise au début de floraison
|
55
|
75
|
Pendant la floraison
|
80
|
100
|
Dans la fin de la floraison à la maturité
|
170
|
290
|
Source : anonyme (1992)
4-4-4. Régulateurs de croissance :
> Applications en automne : l'objectif est
de ralentir la croissance automnale et de prévenir ainsi une
élongation trop importante du colza avant l'hiver, notamment dans les
situations à risques telles que :
v' peuplements trop forts,
1' reliquats d'azote excessifs,
1' semis précoces,
1' conditions climatiques favorables à une forte
croissance des plantes.
> Applications au printemps : un
régulateur de croissance permet de prévenir les risques de verse
précoce. L'application du régulateur est à raisonner en
fonction du risque de verse. (CETIOM 2009)
Exemple : Horizon EW (2) dont la matière
active est tébuconazole. 4-5. Récolte :
La maturité physiologique du colza a lieu lorsque la
graine est à 35 % d'humidité environ. Les normes de
commercialisation sont à 9%. Dans la pratique, on récolte
entre 9 et 15%. Au-dessus de 20 %, il se produit des pertes au
raffinage. Afin d'éviter l'égrenage, on andaine le colza en
région venteuse ou exposée aux orages. On a ainsi une meilleure
homogénéité de la maturation. En toute région, pour
éviter les pertes, la moissonneuse-batteuse doit être
équipée d'une barre de coupe verticale sur le diviseur
intérieur. (Anonyme 2009)
4-6. Conservation:
Les conditions de stockage du colza sont différentes de
celles des céréales même si les installations sont
identiques.
L'humidité des graines doit se situer autour de 8 % ce
qui correspond à une humidité relative de l'air de 70 %, qui
limite le développement de microorganismes. Trop sèches, en
dessous de 6-7 %, les graines peuvent se casser lors des manutentions
au-delà de 9 %, il y a des risques d'échauffement et
d'altération de l'hue des granes. CETIOM (2002)
|