Les impacts des incitations monétaires sur l'effort des salariés: positifs ou négatifs?( Télécharger le fichier original )par Pheakdey VIN Université Lumière Lyon 2 - Master 2 Recherche 2007 |
Section 2 : La nouvelle perspective de l'interaction entre les récompenses monétaires et la motivation intrinsèqueLa théorie de l'autodétermination a fortement évolué au cours des 30 dernières années de recherche psychologique faite par Deci, Ryan et leurs collaborateurs de partout dans le monde. La théorie de l'autodétermination est une approche de la motivation humaine et de la personnalité qui utilise des méthodes empiriques traditionnelles en se basant sur une métathéorie organismique qui accentue l'importance des ressources intérieures évoluées des humains pour le développement de la personnalité et l'autorégulation comportementale [Ryan et Deci, 2000a]. Si le besoin d'autodétermination est vraiment une base importante de la motivation intrinsèque, on s'attendrait à ce que des individus soient plus intrinsèquement motivés envers les activités dans lesquelles ils ont une plus grande autodétermination. Cette supposition est largement acceptée [Zuckerman et al., 1978]. Les concepts liés à l'autodétermination ont été vigoureusement recherchés et discutés dans la littérature d'organisation depuis longtemps. En psychologie de l'organisation, par exemple, les secteurs du management participatif et de l'enrichissement au travail se sont fondés solidement sur l'hypothèse qu'une plus grande autodétermination conduit à des niveaux de motivation plus élevés et à une meilleure performance103(*). La théorie de l'autodétermination distingue l'amotivation (i.e., le manque de motivation) de la motivation. L'amotivation implique un manque d'intention d'agir tandis que la motivation implique une intention d'agir. Lorsque les individus sont amotivés, ils n'agissent pas ou sans intention - ils passent juste par les mouvements. L'amotivation résulte de la non évaluation d'une activité, du sentiment d'incompétence ou de ne pas s'attendre à ce qu'il rapporte des résultats désirés [Ryan et Deci, 2000a]. Selon cette théorie, les individus deviennent vraisemblablement des êtres amotivés quand ils manquent d'un sens d'efficacité ou d'un sens de contrôle, en ce qui concerne le résultat désiré - c'est-à-dire, quand ils ne peuvent pas adopter le comportement adéquat. Dans la figure 10, l'amotivation est indiquée au bout du continuum. Toutes les formes de la régulation extrinsèque, même la plus contrôlée, impliquent l'intention et la motivation. Mais, l'amotivation se tient à l'opposé de la motivation intrinsèque et extrinsèque, parce qu'elle représente le manque des deux types de motivation ainsi qu'un manque complet d'autodétermination concernant le comportement de cible. Dans la motivation, élément central à la théorie de l'autodétermination est la distinction entre la motivation autonome et la motivation contrôlée [Gagné et Deci, 2005] (Voir Figure 10). Figure 10: Le continuum de l'autodétermination Extrinsic Motivation Intrinsic Motivation Integrated Regulation External Regulation Introjected Regulation Identified Regulation Amotivation Contingencies of reward and punishment Moderately Controlled Motivation Moderately Autonomous Motivation Autonomous Motivation Inherently Autonomous Motivation Interest, enjoyment and inherent satisfaction of the task Importance of goals, values, and regulations Coherence among goals, values, and regulations Self-worth contingent on performance; ego-involvement Controlled Motivation Absence of intentional regulation Lack of Motivation Non-Regulation Intrinsic Regulation Nonself-Determined Self-Determined
(Gagné et Deci [2005], p. 336 et Ryan et Deci [2000a], p. 72) L'autonomie implique le fait d'agir avec un sens de la volonté et une sensation de choix. La motivation intrinsèque est un exemple de la motivation autonome. Quand les individus s'engagent dans une activité parce qu'ils la trouvent intéressante, ils l'exécutent de manière complètement volitive. Au contraire, le fait d'être contrôlé implique le fait d'agir avec un sentiment de pression, un sentiment de devoir s'engager dans les actions. L'utilisation des récompenses extrinsèques dans les premières expériences a eu pour conséquence l'introduction de la motivation contrôlée [Deci, 1971]. La théorie de l'autodétermination démontre que les motivations autonomes et contrôlées diffèrent en termes de leurs processus régulateurs fondamentaux et de leurs expériences d'accompagnement, et elle suggère que les comportements peuvent être caractérisés en termes de degré (autonomes versus contrôlés). Selon Deci et Ryan [2000], la théorie de l'autodétermination, avec sa métathéorie dialectique organismique, propose que, comme pour la motivation intrinsèque, l'internalisation est un processus actif et naturel dans lequel les individus essayent de transformer les moeurs ou les demandes socialement sanctionnés en valeurs et autorégulations personnellement approuvées. C'est un moyen par lequel les individus assimilent et reconstituent autrefois des régulations externes, les individus peuvent être donc autodéterminés en les décrétant. Lorsque le processus d'internalisation fonctionne de façon optimale, les individus identifieront avec importance des régulations sociales, les assimileront et donc les accepteront entièrement comme propres à eux mêmes. A la droite du continuum dans le schéma 10, la motivation est fortement autonome et représente un exemple prototypique de l'autodétermination. Les comportements extrinsèquement motivés, en revanche, couvrent le continuum entre l'amotivation et la motivation intrinsèque, en changeant dans le point dans lequel leur régulation est autonome. Alors, nous considérons chacun des types de régulation ci-dessous. 1- L'internalisation de la motivation extrinsèque* 103 Deci, E. L. et al. [1989], « Self-Determination in a Work Organization », Journal of Applied Psychology, vol. 74, n° 4, p. 580. |
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