Pauvreté, recherche d'un mieux être et migration au sein des communautés de marins artisans pêcheurs du sud ouest du Bénin( Télécharger le fichier original )par Judicaël Alladatin, Roch Mongbo, et Anne Floquet UAC - Ingénieur Agronome 2007 |
IntroductionProblématique La FAO estime à environ 138 millions le nombre total des personnes directement ou indirectement employées dans la pêche artisanale en 2002 (FAO 2004). Parmi ces derniers, les pauvres se comptent par millions, surtout en Asie et en Afrique, et vivent dans des zones rurales reculées où il existe peu de sources alternatives de revenus et d'emploi pour contribuer aux stratégies de subsistance (FAO op.cit). Du fait de la dégradation continue de leur environnement, le revenu des pêcheurs s'amenuise d'année en année, accentuant leur état de pauvreté (Atahouet 2004). Les zones humides béninoises sont menacées, ceci se traduit par une dégradation d'ordre physique (érosion des berges des plans d'eau et leurs comblements, érosion côtière), et biologique (perte de la biodiversité, baisse de la productivité des plans d'eau et de la fertilité des sols) (Haskoning 2000 cité par Hodigue 2003). La côte béninoise compte 80 campements inégalement répartis entre trois départements du Sud-Bénin (FIDA 2004). Les communautés de pêcheurs marins de Grand-Popo (71% Xwla, Xwéda et Mina), sont reconnues comme maîtresses des eaux du fait de leurs expériences historique et culturelle de la pratique de pêche (Atti-mama 2006). A l'instar de la plupart des milieux marginaux littoraux, Grand-Popo dispose d'importantes ressources naturelles constituant ainsi un important pôle d'attraction des populations qui, dès leur installation, se sont investies dans l'exploitation des ressources (Chodaton 2003), (ABE 2001). Face à la pauvreté, des stratégies de mobilité sont utilisées par ces populations dans un souci d'amélioration du bien-être. Bien qu'abondante, la littérature sur le phénomène migratoire renseigne très peu sur ses déterminants socio-économiques, ses réalités et ses relations avec l'accumulation ou la pauvreté au sein des communautés de marins artisans du Bénin. La présente recherche traite de ces problématiques et contribue de ce fait à la compréhension du phénomène de la pauvreté et à sa réduction en zone de pêche au Bénin. Trois hypothèses ont servi de fil directeur à la recherche : - Le milieu des pêcheurs est homogène en termes de bien-être, - Les caractéristiques du ménage ainsi que de son milieu déterminent le choix de la migration comme stratégie de recherche d'un mieux-être. - La migration améliore le bien-être des ménages de migrants à court et à long terme. La zone d'étudeLa Commune de Grand-Popo est située au Sud-Ouest du département du Mono. Elle est limitée au Nord par les Communes d'Athiémé, de Comé et de Houéyogbé, au Sud par l'Océan Atlantique, au Sud-Ouest par les Communes de Ouidah et de Kpomassè et à l'Ouest par la République du Togo. Cette Commune s'étend sur une superficie de 289 km², soit 7,2% de l'ensemble du département du Mono1(*) pour une densité moyenne de population d'environ 140 habitants / km². Avec sept (07) arrondissements et 44 villages2(*), la population de Grand-Popo a été estimée en 2002 à 40 335 personnes dont 19254 hommes et 21081 femmes. Selon le RGPH2, les ethnies Adja et apparentées représentent 70% du peuplement de Grand-Popo, suivis des Fons (21,6%), des Yoruba (1,7%), des Peuhls (0,2%), des Bariba (0,1%), des Dendi (0,1%), des Yom Lokpa (0,1%) et d'autres ethnies Béninoises et non Béninoises dans une proportion de 6,2%. Le relief de la commune de Grand-Popo se compose de trois (03) ensembles à savoir la côte à laquelle s'intéresse notre étude, les zones marécageuses ou zones de bas-fonds et les zones inondables puis le plateau continental terminal. Les éléments qui composent le réseau hydrographique sont : la lagune de Grand-Popo, une partie de l'océan Atlantique, le fleuve Mono et une série d'affluents, La carte n° 1, montre le réseau hydrographique de Grand-Popo. Carte n°1 : Réseau hydrographique de Grand-Popo. Source : Enquête, Grand-Popo 2007 Les principales activités économiques pratiquées sont : la production végétale (oignon, tomate, carotte, manioc, canne à sucre), la pêche (maritime et continentale), l'élevage, la fabrication du sel, la collecte et la commercialisation des huîtres, la transformation et la commercialisation du poisson et le commerce de divers ou d'aliments. La pêche est de loin la principale activité des populations de la zone côtière de Grand-Popo. La figure1 résume les différentes interactions entre le système physique et le système humain dans la zone côtière.
Figure n° 1 : Interactions système physique, système humain dans la zone côtière. Source : Enquête Grand-Popo, 2007 * 1 Revue permanente du secteur urbain deuxième édition - SERHAU-SA - Juin 2000 2 Atlas monographique des communes du Bénin - DED - Juin 2001 |
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