Chapitre 4 :
PROPOSITIONS ET MOYENS D'ACTION : AGIR SUR
LES STRUCTURES URBAINES de N'Djaména
Quelle stratégie pour les transports urbains à
N'Djaména ?
Quelle politique de transport est la mieux adaptée
à la ville de N'Djaména ?il ne peut y avoir de réponse
unique à cette question. Quelques points de repère peuvent
être cependant dégagés quant aux priorités à
tirer. On peut également proposer une stratégie s'appuyant sur
l'action dans deux domaines complémentaires :
> aménager les structures urbaines ( action sur le
milieu)
> adapter les transports urbains ( action sur les
systèmes)
L'objectif à poursuivre pour l'organisation des
transports et la planification urbaine est d'assurer, le maximum
d'accessibilité aux zones d'emplois et d'équipements pour toute
la population urbaine. Ainsi peut-on, pour améliorer les conditions
actuelles et gérer l'avenir, entrevoir deux lignes d'action
complémentaires :
> modifier les structures urbaines, c'est limiter
l'étalement de la ville de N'Djaména pour réduire les
distances de déplacements.
> adapter les transports urbains.
Dans la vile de N'Djaména, la surface urbaine croit
très vite et l'utilisation des sols se modifient rapidement. Il est donc
possible de faire évoluer les structures urbaines en liant
étroitement le développement des transports et les plans
d'occupation des sols. Mais on ne doit cependant pas mésestimer le poids
des tendances ni faire abstraction de l'organisation intérieur de la
ville de N'Djaména qui s'est forgée au cours des années.
L'action sur les structures urbaines doit permettre de poser dans l'avenir en
des termes moins graves les problèmes des transports. La
réflexion sur les transports urbains doit ainsi influencer les options
d'aménagement spatial qui détermineront l'avenir de la ville de
N'Djaména. La modification des structures urbaines de N'Djaména
passe par la densification des quartiers existants en récupérant
ça et là les lots insuffisamment mis en valeur pour y bâtir
des logements, soit en refaçonnant les quartiers devenus insalubres afin
de les équiper et de leur donner une valeur plus attractive. L'exemple
du quartier Gardolé à N'Djaména illustre bien cela.
L'adaptation des transports à la ville de
N'Djaména est une stratégie plus immédiate qui consiste
à privilégier les modes de transport ayant la plus grande
efficacité en réponse à la demande du plus grand
nombre.
Du constat qui précède, il ressort que les
problèmes urbains sont innombrables à N'djaména. Aussi si
l'on veut se donner les moyens de les résoudre, il est indispensable que
soient entreprises à tous les niveaux et le plus rapidement possible des
actions énergiques et concertées qui passent par :
> une réforme institutionnelle: elle semble
être l'action la plus urgente à mener pour permettre à la
commune de N'Djaména de se doter des moyens nécessaires pour une
véritable prise en main du développement urbain. En effet les
textes à partir desquels fonctionnent actuellement les services
chargés de la gestion urbaine sont anachroniques et insuffisants. Ils ne
correspondent pas aux réalités car ils ont été pris
à un moment où les problèmes urbains ne se posaient pas
avec la même acuité qu'aujourd'hui. Aussi faudrait-il les
réactualiser pour tenir compte de la formidable croissance actuelle, du
nouvel environnement urbain, et du contexte socio-économique
spécifique à N'Djaména. Pensons par exemple qu'il faudrait
élaborer un cadre de l'urbanisme, un code de l'aménagement, un
code foncier qui seront les véritables documents de
référence de l'aménagement urbain.
L'importance du rôle des transports, et la
nécessité qu'il y aura à organiser et à
gérer l'ensemble des possibilités pour faire face à la
demande, amène à proposer la création d'une institution
capable de gérer la situation et de suivre son évolution. C'est
donc par la mise en place d'institutions et de structures au niveau de
l'agglomération que nous semble devoir être prises les initiatives
de planification urbaine et de planification des transports plus
particulièrement. Une intervention trop lourde de l'administration
s'exerce le plus souvent au détriment des transports privés et en
particulier des transports semi-collectifs qui pourtant, resteront
indispensables notamment pour la desserte des quartiers spontanés.
Plus qu'une administration couvrant un champ très
vaste, une équipe légère mais très
qualifiée, chargée d'analyser et de contrôler la situation,
d'un point de vue à la fois technique, économique (tarifs) et
urbanistique (itinéraires) est une nécessité placée
en situation de conseiller direct de l'autorité qui arrête les
décisions, elle pourra intervenir aussi auprès des services
publics très divers en prenant des décisions concernant
l'évolution de la ville ( urbanisme, logement, implantation
d'activités) sera souvent la meilleure solution. Le rôle des
autorités nationales devient alors plus global.
> une maîtrise de l'usage du sol: il serait
souhaitable que désormais, la croissance urbaine soit minutieusement
planifiée et que les occupations de l'espace soient faites
conformément aux règles de l'art urbanistique et selon les
besoins réels de la population. Dans cette optique, les documents
d'urbanisme tels que les Schémas Directeur d'Aménagement et
d'Urbanisme (SDAU) et le plan d'aménagement urbain (PAU) ou tout autre
document planifiant l'occupation de l'espace à court, moyen et long
terme, soient les cahiers de bord de toutes les interventions au niveau de
l'aménagement urbain.
La réglementation en matière d'occupation du sol
et de construction ne saurait être
négligée comme moyen d'agir sur la demande et
l'offre de transport. Les plans d'utilisation
des sols et leur application réglementaire doivent
permettre d'agir sur la localisation des
zones d'habitat, d'activité et d'équipement pour
maîtriser et rationaliser la demande de
transport. L'établissement des plans d'urbanisme et leur
application, la fixation des normes
d'occupation des terrains ( taille des parcelles, partie
constructibles et toutes mesures qui
permettent d'orienter la densité de population et la
nature de l'usage du sol sont importantes à
étudier dans la politique des transports.
> un équipement des nouveaux quartiers existants: si
l'on veut que N'Djaména devienne une ville au vrai sens du terme, il
faudrait équiper toutes les zones d'occupations récentes et les
anciens quartiers d'extension en construisant des voiries de desserte. Pour y
arriver, les futurs lotissements devraient être concomitamment
accompagnés d'un minimum d'équipement de proximité
(infrastructures routière, commerciale) conformément au seuil de
population attendu. De même les zones d'occupation non autorisées
devraient faire l'objet de restructuration en concertation avec les populations
intéressées.
> La promotion des parcelles assainies: les pratiques de
simples découpages parcellaires ne sont plus adaptées à la
configuration topographique des terrains sur lesquels se font actuellement les
lotissements. Il faudrait donc revoir la méthode et ne plus
procéder que par des parcelles assainies. Celle-ci suppose la desserte
des zones retenues en voie d'accès, le remplissage des secteurs trop bas
avant tout lotissement et établissement humain. Cette approche pourrait
également être un moyen pour lutter contre la spéculation
foncière.
10. Le plan de référence
Le principe retenu consiste à désenclaver les
quartiers périphériques du nord-est et du sud-est et les relier
au centre de la ville. Il s'agit des quartiers Dembe et Chagoua. Le principe
consiste aussi à assurer la desserte de l'extension de
la voirie dans les zones d'habitat récentes, c'est à dire celles
situées au delà des quartiers Dembe et Chagoua où la
circulation est difficile en toutes saisons et presque impossible en saison de
pluies.
En effet, l'occupation de l'espace dans les quartiers
périphériques, d'une manière générale et en
particulier dans les quartiers Chagoua et Dembé s'est faite de
manière rapide et sans contrôle à tel point que
l'accès dans les diverses habitations est difficile. Dans les quartiers
Chagoua et Dembé, la cours de certaines concessions sert à un
moment donné de passage obligé pour des ménages dont les
habitats sont fortement enclavés. Le désenclavement de ces
quartiers s'avère nécessaire pour l'harmonisation des
déplacements des ménages.
10.1. Principes d'aménagement
L'étude réalisée se cantonne comme le
prévoient les termes de référence, aux transports urbains.
C'est un cadre limité et donc réducteur. Il serait souhaitable de
pouvoir replacer les transports collectifs dans une vision plus large des
déplacements en milieu urbain afin de saisir l'ensemble des besoins et
de promouvoir les réponses qui leur soient adaptées. Le
développement et la réorganisation des transports urbains
s'avèrent un passage obligé pour faciliter l'accessibilité
intra-urbaine et les rapports socio-culturels inter-quartiers. Il faudrait pour
cela créer une société publique des transports en commun
ou à capitaux mixtes et fonctionnant sur la base d'une étude
d'accessibilité intra-urbaine la plus économique possible pour la
population. Ce réaménagement du système de transports
urbains est l'une des conditions de l'intégration urbaine et un indice
de développement socio-économique sans lesquelles une ville ne
mérite ce qualificatif. Le développement des transports urbains
passe par la construction et la réhabilitation de la voirie dans son
ensemble pour permettre aux exploitants d'utiliser de façon rentable
leur matériel. C'est en intervenant sur la voirie que l'on apportera,
à court et à moyen terme les améliorations les plus
sensibles au système de transport. La création des couloirs des
minibus et la multiplication des lignes et stations pourront atténuer
les difficultés de déplacement dans les quartiers Chagoua et
Dembe.
10.1.1. Au niveau du Ministère des Travaux
Publics, Transport Habitat et Urbanisme : organiser les extensions
urbaines
La croissance spatiale de la ville de N'Djaména est un
fait devenu réel et inéluctable, même lorsque des
politiques dynamiques d'organisation des espaces existent, ( et
nous avons dit qu'elles se heurtent aux manque de moyens), le
planificateur a à faire face à une demande de terrain urbain
nouveau sans cesse plus grande.
Le développement rapide de la population urbaine de
N'Djaména, les difficultés de déplacements, font que la
croissance des zones d'habitat marquera l'organisation de nouveaux quartiers,
zones qui sont souvent apparues de manière plus ou moins
spontanée, sans réseaux d'accompagnement ni équipements.
Le développement de l'habitat est en avance sur le développement
des transports.
La seule interdiction de bâtir à la
périphérie ne suffit généralement pas pour bloquer
l'installation en périphérie. Il faut offrir une alternative
d'installation aux populations nouvelles. Cela suppose la mise à
disposition, voire l'équipement, de terrains à bâtir.
Du point de vue des transports urbains, la localisation des
quartiers périphériques n'est en général pas
indifférente pour assurer une accessibilité convenable et pour
permettre dans l'avenir une organisation urbaine gérable.
Les quartiers nouveaux d'habitat devraient chaque fois que
cela est possible, être localisés à distance
modérée du centre ou sur des axes de transport. Il faudrait
également prévoir des zones d'activités à
proximité de ces quartiers d'habitat. Ces quartiers devraient dans le
détail être conçu en cherchant à minimiser les
infrastructures nécessaires, de voirie notamment. On devra chercher les
tracés réduisant les voies à revêtir mais permettant
d'assurer la desserte optimale par transports collectifs et de garantir une
bonne desserte à pied et en deux-roues.
Face à ces multiples problèmes, il serait hautement
souhaitable que le MTP THU prenne en compte un certain nombre de mesures,
notamment:
> la création d'un organisme chargé
précisément d'effectuer des études sur les transports
urbains afin d'analyser et de coordonner la politique des transports urbains
à N'Djamena. Il existe un département au sein de ce
Ministère à savoir la direction des études et de la
planification dont la présence n'a pas toutefois solutionné le
problème.
> de disposer des moyens de recherches et de formation
> de disposer des moyens de réglementation et de
législation.
Le manque de liaisons dans la gestion de la ville de
N'Djaména entre la direction des études et de la planification,
la commune urbaine de N'Djaména et la Coop-Taxis est à l'origine
de la désorganisation du transport en commun. Les problèmes de
déplacements sont nés de l'occupation incontrôlée et
anarchique de l'espace. le recours à un outil réglementaire
pour
gérer l'occupation des sols dans les quartiers
périphériques de N'Djaména est désormais plus que
nécessaire. Il s'agira des documents d'urbanisme tels que : les
schémas directeurs et les schémas des secteurs, les plans
d'occupation des sols (POS), les plans d'aménagement concertés
(ZAC).
> des réglementations spécifiques. Ces
dernières comprennent :
les périmètres de risques qui doivent
s'appliquer en présence ou en absence d'un POS et précise que
« le permis de construire peut être refusé ou n'être
accordé que sous réserve de l'observation des prescriptions
spéciales si les constructions par leurs situations ou leurs dimensions
sont de nature à porter atteinte à la salubrité ou
à la sécurité publique ».
Toutes ces différentes règles doivent se
conjuguer pour provoquer une réelle prise de conscience des responsables
et amorcer une véritable réflexion, afin de prendre en compte
toutes les dimensions d'un problème largement occulté.
Il est alors devenu nécessaire de mieux maîtriser
l'occupation des sols, de pratiquer une véritable planification
urbaine
10.1.2. Au niveau de la commune
L'intervention plus vigoureuse de la commune se situera
à plusieurs niveaux: il s'agira de la modernisation des parcs de minibus
afin qu'ils fournissent de belles prestations de service. La commune doit aussi
veiller à la création de nouvelles stations de minibus à
la périphérie afin de réduire la congestion au centre.
Enfin la commune devrait collaborer étroitement avec
les sociétés des transports urbains en édictant des
règles et faire respecter par celles-ci. Une réglementation n'a
de sens qu'à partir du moment où elle est comprise de tous et
acceptée. Et la commune urbaine de N'Djaména est le seul organe
capable de cette mise en application. La commune doit prévoir des
mesures de sanction (interdiction de circuler pendant au moins un mois) en ce
qui concerne le non respect de ces règles. Une fois les études
faites et les règles établies par le Ministère des Travaux
Publics, Transport, Urbanisme et Habitat, la commune doit veiller à leur
strict respect. Car, c'est en partant de la souplesse dans l'exécution
de ces règles que la Coop-Taxis et quelques exploitants individuels
violent ces lois.
La commune urbaine de N'Djaména mettra à la
connaissance de ceux-ci un plan de circulation pour les transports en commun
qui prendra aussi en compte la desserte des quartiers
périphériques.
10.1.3 Au niveau de la Coop-Taxis
La mauvaise organisation, l'insuffisance des moyens
financiers, le marché libre (gestion autonome) placent nos
sociétés de transports urbains en mauvaise posture. Mais au fait,
comment organiser la Coop-Taxis pour mieux tirer profit des avantages? Comment
améliorer la situation de la Coop-Taxis en s'attaquant de front aux
problèmes de gestion, aux imperfections du contexte institutionnel et
réglementaire? La réponse à ces questions ne peut venir
qu'après,
> La réorganisation totale de la Coop-Taxis pour les
années à venir,
> la modernisation de la nouvelle entreprise,
> la garantie de la rentabilité (fonds de roulement,
capitaux propres suffisants, disponibilité appréciable)
> la création d'un garage pour la
coopérative,
> la création d'un magasin des pièces
détachées,
l'utilisation pour la nouvelle société d'un
personnel qualifié, motivé et dynamique.
La mauvaise desserte constatée dans les zones
périphériques ne relève pas directement de la
responsabilité de la Coop-Taxis. La création de celle-ci a avant
tout un but lucratif. La demande en matière de transport en commun est
certes élevée dans les quartiers périphériques.
Cependant compte tenu du manque des aménagements dans ces zones, la
Coop-Taxis préfère desservir les zones mieux
aménagées, même si la demande y est faible.
10.2 Quelques suggestions pour l'aménagement des
conditions de déplacement dans les quartiers Chagoua et
Dembe.
L'analyse du tableau ci-dessus nous donne une idée sur
la mauvaise desserte des quartiers Chagoua et Dembe en ce qui concerne le
transport en commun. La demande dans ces quartiers est mal satisfaite à
cause de la mauvaise organisation des exploitants des minibus. C'est ainsi que,
lors des enquêtes menées auprès des ménages de ces
quartiers, 97 ménages sur 224 soit 43% souhaitent la création des
entreprises de transport en commun pour l'amélioration des conditions de
déplacements de leurs quartiers.
Au Tchad, d'une manière générale et en
particulier à N'Djamena, la politique du transport urbain a
été longtemps un sous produit du transport interurbain. Depuis
des années, après les conflits armés, les responsables
politiques, les opérateurs économiques ignorent
complètement l'importance des transports urbains .
La réussite de l'amélioration des conditions de
déplacements dans les quartiers Chagoua et Dembé repose sur la
maîtrise de l'urbanisation galopante et sur les capacités de la
ville de N'Djaména à trouver les moyens financiers pour son
développement. Aussi, des initiatives doivent être prises par les
habitants des quartiers Chagoua et Dembé afin de faire face à ce
problème d'autant plus que les pouvoirs publics ont toujours tendance
à agir tardivement. C'est pourquoi les habitants des quartiers Chagoua
et Dembé doivent prendre conscience de l'ampleur et de la gravité
du problème des déplacements au niveau de leurs quartiers, voir
de quelle manière ils peuvent agir en fonction de leur
capacité.
Tableau 4.1: Présentation du nombre des
chefs de ménage ayant répondu aux choix des aménagements
à faire.
Les aménagements à faire
|
Chagoua
|
Dembe
|
Total
|
%
|
Agence de transport en commun
|
45
|
52
|
97
|
43%
|
Amélioration du réseau de voirie
|
32
|
25
|
57
|
25%
|
Couloirs de minibus
|
15
|
13
|
28
|
12%
|
Moto-taxis
|
4
|
6
|
10
|
4%
|
Stations des minibus
|
17
|
15
|
32
|
14%
|
Total
|
113
|
111
|
224
|
100
|
Source : enquête personnelle avril 2002
120
100
40
20
80
60
0
Agence de transport en commun
Fig 4.1 :Répartition des aménagements selon
leur priorité
Amélioration du réseau des voiries
Aménagement
Couloir des minibus
Motos-Taxis Station des
minibus
Cependant, nous suggérons devant cette situation que
soit entreprise une action de groupe. Car le même problème que
connaît aujourd'hui la ville de N'Djaména, la ville de Dakar l'a
connu bien avant. A Dakar, la création d'une entreprise des cars rapides
a permis d'atténuer un peu le problème.
L'exemple des cars rapides de Dakar développé
ci-dessous par Durand. (F), Mémoire de fin d'étude, IEDES, 2000,
montre bien le fonctionnement de cette activité et les relations avec
les pouvoirs publics. Les cars rapides sont des petits autobus qui assurent
dans la ville de Dakar une large part des transports urbains surtout pour la
desserte des quartiers périphériques.
Les véhicules les plus utilisés sont les 1000 kg
Renault et plus récemment des 3,5 tonnes Saviem. Le car rapide est d'une
capacité de 20 à 30 personnes. L'estimation faite dans le rapport
Durand donne un chiffre de 108 400 personnes utilisant quotidiennement les cars
rapides ce qui représentait un volume de 50 millions de FCFA pour une
capacité maximum de 54 millions de FCFA. Ce volume serait plus important
s'il n'y avait des limites de plus en plus draconiennes imposées aux
cars rapides (interdiction d'accès au centre, nécessité
d'avoir une licence pour circuler).
Emplois : on constate que la structure de l'emploi repose sur les
caractéristiques essentielles.
¾ un sur travail très important des personnes
employées ;
¾ une division très nette du travail due à une
répartition précise des taches.
Parmi les différentes catégories, on trouve : le
chauffeur assurant la conduite, il est en en général au volant et
seul de 6 heures à 23 heures. Il est parfois aidé par un autre
chauffeur ;
les apprentis en général deux par car rapide
chargés de surveiller la marche du véhicule. Chaque apprenti
travaille 24 heures de suite, couchant dans les bus durant les pauses Le
propriétaire du véhicule règle l'ensemble des
problèmes relatifs à son fonctionnement. Il conduit parfois
lui-même le car rapide . Le coxeur responsable de faire monter les
personnes aux arrêts du véhicule, complète
l'équipe.
La plupart des employés sont recrutés dans la
structure familiale. En général, le premier emploi occupé
est celui d'apprenti, d'abord en temps partiel, puis en temps plein. Il
économise pour pouvoir se payer son permis et ainsi remplacer le
chauffeur.
Si l'on cherche à estimer le nombre de personnes vivant
directement du car rapide à Dakar, (sans le secteur entretien) on peut
à partir du comptage statistique faire une première
approximation, donnant la répartition suivante :
La moitié des propriétaires non chauffeur soit
267
2 chauffeurs par car rapide soit 1046
4 apprentis par car rapide soit . 2092
20 coxeurs soit 20
3425
En utilisant le coefficient des personnes à charge par
famille de 6,5 on arrive au chiffre de 22 230 personnes qui vivent directement
des cars rapides.
A ces personnes qui en dépendent directement, il faut
ajouter les emplois des artisans qui sont chargés de l'entretien et de
la réparation des véhicules ainsi que les magasins de
pièces détachées, concessionnaires et revendeurs. Ces
activités représentent un nombre important d'artisans travaillant
dans des ateliers de taille diverses.
Parc de véhicules :
Il y avait en circulation, à la fin de 2000, 529 cars
rapides. Il a évolué depuis une vingtaine d'années de la
façon suivante :
1985
|
363
|
1990
|
457
|
1995
|
.489
|
2000
|
718
|
soit une augmentation en vingt ans de près de 370 du
nombre de véhicules autorisés en circulation à Dakar.
Structure de la profession :
Trois grands groupes se partagent la propriété des
cars rapides :
> la communauté Lébou,
> la communauté des Mourides au capital social de 1 180
000 FCFA,
> la communauté Peul.
Recettes :
Le chauffeur peut être propriétaire du car rapide
et dans ce cas il verse 1/1 0e de la recette aux apprentis ; ceux-ci
sont en général deux par véhicule et ils sont
chargés de ramasser l'argent, placer les gens, prendre l'essence et
aider dans les manoeuvres.
Si le chauffeur n'est pas propriétaire, il verse à
celui-ci une somme variable 25 000 à 30 000FCFA par mois.
Le coxeur chargé de diriger les clients dans les
arrêts, perçoit une somme de 30 FCFA par voiture remplie.
De ce qui précède, le système car rapide
rend un service complémentaire à celui de la SOTRAC (
Société des Transports en Commun) du fait de la tarification
d'une part, puisque les prix sont moins élevés dans les cars
rapides que dans les bus, et du fait de leur fréquence d'autre part. Les
cars rapides circulent très tôt le matin avant que les bus de la
SOTRAC ne fonctionnent réellement.
L'exemple des cars rapides n'est- il pas transposable à
N'Djaména ?
En effet, pour qu'une telle initiative ou entreprise se mette en
place, les autorités nationales doivent garantir un certain nombre de
conditions à savoir :
> la création d'un environnement
réglementaire et économique permettant le développement
des transports urbains : Il s'agit des mesures touchant les conditions
d'importation des véhicules (minibus), le prix des carburants, la
réglementation de l'usage des véhicules. Il convient aux services
ministériels compétents, d'ajuster ces mesures aux objectifs
poursuivis dans un plan de transport ( favoriser les transports en commun par
exemple).
> la garantie des investissements : Les projets
d'infrastructure de transport ne sont pas toujours à la mesure de la
capacité financière des collectivités locales. Par
ailleurs le dialogue avec les institutions financières internationales
doit être mené au niveau du gouvernement lui-même. Le
rôle du pouvoir central dans le domaine financier, apparaît donc
important pour les investissements lourds, soit pour subventionner, soit pour
donner accès à des financements internationaux.
> la définition des méthodologies de
planification : Les techniques de planification évoluent et doivent
être adaptées au contexte économique et administratif d'un
pays. Il revient aux services de planification de définir le cadre des
études et d'en définir les démarches. Ils
doivent également assurer une assistance technique aux
collectivités locales pour leur permettre de contrôler les
procédures d'études
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