1-1-2- La massification et l'évolution de la
clientèle.
· La massification de la
clientèle.
Les ressources collectées par les banques ainsi que les
emplois sous forme de crédits à la clientèle ont plus que
doublé entre1994 et 2000. Il y a un regain d'activité des banques
qui n'est pas nécessairement corrélé avec le niveau de la
croissance économique du pays. Nous en déduisons une bonne
pénétration des banques chez les particuliers et dans les
entreprises. Le marché s'est vraisemblablement étendu. Mais
paradoxalement les grandes banques n'ont pas notablement augmenté le
nombre de leurs agences durant cette période, certaines comme le
Crédit Lyonnais ont même fermé des agences ( quatre ).
Ecobank qui a débuté ses activités en 1999 n'a qu'un
guichet et son total bilan au 31 - 12 - 99 était encore faible
comparativement aux autres établissements.
En milliards évolution des
ressources et des emplois
Années
|
Ressources (dépôts)
|
Emplois (crédits à la clientèle)
|
1994
|
283
|
265
|
2000
|
768
|
640
|
Evolution des guichets permanents des 4 principales
banques commerciales.
Banques/année
|
1994
|
2000
|
CBAO
|
9
|
9
|
BICIS
|
15
|
15
|
SGBS
|
10
|
17
|
Crédit lyonnais
|
5
|
2
|
Evolution des dépôts et des crédits
des quatre principales banques commerciales
En milliards dépôts crédits
|
1994
|
1999
|
1994
|
1999
|
CBAO
|
51
|
98
|
35
|
58
|
BICIS
|
65
|
116
|
59
|
77
|
SGBS
|
81
|
156
|
88
|
143
|
Crédit lyonnais
|
31
|
58
|
21
|
49
|
Nous n'avons pas d'indications sur le nombre de comptes
ouverts mais les évolutions ci - dessus dénotent une importance
grandissante de la clientèle des banques.
Cependant le degré de bancarisation que l'on peut
déterminer sommairement par le nombre d'habitants par agence est
à un niveau encore faible comparativement à quelques pays de
l'UEMOA.
|
degré
|
population
|
Nbre guichets
|
Sénégal
|
123.287
|
9.000.000
|
73
|
Côte d'ivoire
|
93.750
|
15.000.000
|
160
|
Mali
|
98.947
|
15.000.000
|
152
|
Toutefois les particularités de chaque pays influent
fortement sur l'implantation des agences et leur nombre. La géographie
ainsi que la dispersion des zones économiques sont des facteurs
explicatifs, par exemple au Sénégal les banques concentrent leurs
réseaux d'agences dans la région de Dakar et ont quelques agences
en province mais dans des centres où il n'existe pas une autre agence de
banque. Les seules villes au Sénégal où il existe plus
d'une agence sont :
Kaolack
|
Ziguinchor
|
CBAO
|
CBAO
|
SGBS
|
SGBS
|
L'ouverture d'agences dans certains quartiers d'habitation de
Dakar marque l'importance grandissante de la clientèle des
particuliers.
Banques (année 1994)
|
Quartiers
|
CBAO
|
Médina, Pikine Tally Boumack
|
BICIS
|
Liberté, Ngor, Ouakam
|
SGBS
|
Point E, centenaire
|
ClS
|
Pikine
|
Mais c'est la collecte d'une ressource devenue disponible et
bon marché qui guide principalement l'implantation de ces agences comme
nous le verrons plus loin quand nous examinerons la politique de crédit
des banques.
Toutes les banques de réseau ont également
ouvert une agence à la zone industrielle de Dakar où se trouve la
plus grande concentration d'usines et d'entreprises au
Sénégal.
Banques - (1994)
|
Agence à la ZI
|
CBAO
|
1
|
BICIS
|
1
|
SGBS
|
1
|
ClS
|
1
|
BST (2000)
|
1
|
En outre, partir de 1998 la CBAO a commencé à
promouvoir le produit Western Union destiné au transfert rapide
d'argent, et le succès d'un tel produit repose sur un réseau
dense d'agences de proximité. Cette banque a donc réalisé
un effort important d'implantation d'agences dans certains grands quartiers,
à coté des marchés et à Touba afin de s'approcher
de la clientèle et faciliter ainsi les opérations de transfert.
Son réseau est passé à 20 agences au 31 - 12 - 2001 dans
l'objectif de mieux supporter la concurrence de la SGBS qui a un réseau
déjà très dense et commercialise aussi le produit Western
Union. L'activité de transfert d'argent dégage des recettes
appréciables du fait du nombre important de sénégalais
émigrés. Les transferts atteignent des pics, nous dit - on,
pendant les périodes de fêtes de Tabaski, de Korité, fin
d'année etc... Ces transferts ont du succès parce qu'il n'y a pas
de contraintes liées à la monnaie pour les expéditeurs
situés dans une zone monétaire différente. Les banques
prélèvent des commissions sur les envois.
La BICIS est en partenariat avec Mobil, ce qui lui permet
d'ouvrir des guichets et éventuellement autre chose dans les points de
vente de carburant de cette société. Pour l'instant ce sont des
« points argent » qui sont utilisés principalement
pour les retraits d'argent. CBAO a convenu également un partenariat
similaire avec le pétrolier Shell.
Enfin, les dépôts dans les banques
sénégalaises ont augmenté de 124 milliards (+ 7%) en 2000
contre 52 milliards (+ 9%) en 1999 et 37 milliards (+ 7%) en 1998 pour
s'établir à 768 milliards. Et la consolidation des
dépôts est imputable à 55% aux performances des quatre
principales banques.
Cette activité soutenue des banques et la
massification de la clientèle rendent la concurrence accrue mais cette
nouvelle clientèle a également évolué.
· L'évolution de la
clientèle
L'importante croissance des banques peut apparaître
comme le fruit d'une embellie économique suite à la
dévaluation, un regain de confiance de la clientèle suite
à la restructuration bancaire et également une politique de
distribution (de collecte) rondement menée. Cette évolution
traduit aussi une modification du comportement bancaire du public, car les
nouveaux bancarisés sont de moins en moins fortunés mais sont
portés vers la consommation. Beaucoup de ces clients sont des
travailleurs qui sont amenés à domicilier leurs salaires
auprès d'une banque par leurs employeurs. Les comptes à vue
enregistrent des sommes très importantes :
En milliards évolution des
dépots (dépots à vue)
Années
|
1994
|
1999
|
Total dépôt
|
283
|
615
|
dont dépôt à vue
|
116
|
386
|
Ce niveau très élevé et dans la
durée des dépôts à vue dans le total des
dépôts
révèle quelques caractéristiques du
marché sénégalais :
-La banque est un instrument de transit financier
-Il y a une volatilité des dépôts
-Clientèle peu fortunée.
-Massification de la clientèle.
La SGBS a été la première banque à
s'intéresser à la clientèle des particuliers, et à
mener des actions envers elle avec ces commodités :
-Découvert automatique à partir du 10 du mois
pour les salariés qui ont domicilié leurs salaires dans
l'établissement.
-Crédits rapides et limités.
-etc ...
Cette politique de crédit souple et rapide
s'apprécie d'ailleurs par le niveau élevé du rapport
ressources-emplois de cette banque comparativement aux autres
établissements durant ces dernières années :
En milliards évolution des ressources
et emplois (par banque)
|
1997
|
1998
|
19999
|
SGBS
|
150/134
|
155/136
|
156/143
|
BICIS
|
100/78
|
107/74
|
116/77
|
CBAO
|
101/63
|
93/53
|
98/58
|
ClS
|
4646/37
|
4848/46
|
5858/49
|
bBST
|
|
4/2
|
16/10
|
Ce mouvement amorcé par la SGBS depuis quelques
années est maintenant suivi par les autres banques. Ce sont des
crédits à la consommation qui ne mobilisent pas beaucoup
d'argent pour la banque, et les prêts sont accordés en tenant
compte des possibilités de remboursement en respect de la quotité
saisissable de salaires pas très élevés. « De
nombreuses études ont montré que la demande de services
financiers émanant des différentes classes sociales
diffère davantage par l'intensité d'usage selon les
différentes classes qu'au sein des classes elles -
mêmes » Meidan, et zollinguer
(1999) d'ajouter que « les classes les plus modestes ont tendance,
par exemple, à emprunter davantage pour satisfaire des besoins
personnels tandis que les classes les plus aisées empruntent surtout
pour des motifs autres que la consommation... En matière
d'épargne, les classes sociales les plus favorisées
présentent les plus fortes propensions à épargner, et si
celle - ci est constituée par les classes modestes cette épargne
n'est pas orientée vers l'investissement mais conçue comme une
épargne de précaution et prend plus fréquemment une forme
disponible ». La structure des bilans des banques
sénégalaises confirme bien ces assertions et reflète la
situation et les attitudes des populations qui sont en relation avec ces
établissements.
Années
|
1994
|
1999
|
Total dépôts
|
283
|
615
|
Dont dépôts à terme
|
153
|
220
|
Une faiblesse du niveau de l'épargne longue qui
constitue un handicap pour les banques au regard de la norme prudentielle de
couverture des emplois à moyen et long terme par des ressources stables.
Cette norme vise à éviter une transformation excessive des
ressources à court terme en emplois à moyen et long terme,
partant elle contribue à surveiller l'équilibre de la structure
financière des établissements de crédit. Cette
règle exige que les emplois d'une durée résiduelle
supérieure à 2 ans soient couverts à hauteur de 75%, au
moins par des ressources de durée équivalente. Au
Sénégal 2 banques sur 10 étaient en conformité au
31 - 12 - 2001.
Les produits et articles issus des technologies
récentes se sont répandus dans nos pays. Par exemple, les
véhicules et les appareils électroménagers sont devenus
beaucoup plus accessibles aux ménages à travers les offres
multiples des maisons de commerce, aussi est né un engouement
légitime des ménages pour le confort moderne. Les principaux
secteurs bénéficiaires des crédits du système
bancaire de l'UEMAO, selon les déclarations à la centrale des
risques à fin décembre 2000, restent le secteur du commerce, les
industries manufacturières et les services. Le secteur du commerce
consolide sa première place et se situe à 38% du total des
crédits, le taux est à 34% au Sénégal à
cette même date. Le total des crédits accordé à ce
secteur porte sur le court terme, tandis que les crédits importants aux
particuliers s'arrêtent au moyen terme. Au Sénégal les
crédits s'établissent ainsi au 31 - 8 - 2000.
En milliards configuration des
crédits
Secteur
|
Court terme
|
Moyen terme
|
long terme
|
Commerce gros et détails, restaurant, hôtels
|
203
|
34
|
4, 2
|
Prêts aux particuliers
|
13
|
18
|
5, 5
|
La configuration des crédits peut refléter la
typologie de la clientèle des banques sénégalaises, mais
indique aussi l'orientation défavorable de nos économies, car les
activités qui sont financées ne sont pas porteuses de valeurs
ajoutées. C'est l'industrie qui absorbe l'essentiel des concours des
banques dans les pays développés. Avec la création du
fonds de promotion économique (FPE) l'état voulait influer sur la
politique de crédit en donnant la priorité aux activités
qui utilisent des produits locaux ou qui sont destinées à
l'exportation. La concurrence des banques s'effectue donc dans le cadre d'une
économie qui a ses tendances lourdes et n'offre pas de ce fait beaucoup
de créneaux. Les banques ont besoin par conséquent de
développer leurs actions commerciales afin d'atteindre les cibles les
plus intéressantes : les PMI - PME tournées vers le
négoce, la manufacture et les services ainsi que la masse des
particuliers avides de produits de consommation et d'équipements.
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