II-Présentation du
système bancaire au Sénégal
Traditionnellement, les systèmes bancaires
étaient organisés selon un système comprenant un Institut
d'émission (la banque centrale) faisant figure d'autorité
suprême, et un ensemble d'établissements constitués par les
banques dites de second rang.
Les banques centrales ont pour rôle l'émission de
monnaie et jouissent d'une autonomie particulière vis-à-vis des
pouvoirs publics. Elles participent aussi à la stabilisation des
relations monétaires entre un pays et ses partenaires commerciaux
étrangers en assurant la gestion des réserves de change.
Elles interviennent à cet effet sur le marché
des changes a travers l'achat de devises étrangères lorsque la
monnaie nationale s'apprécie ; et a travers la vente de devises
lorsque lorsque la monnaie se déprécie. Aussi est il que la
banque centrale participe à la définition de la politique
monétaire, et par la même occasion à la politique
économique générale d'un pays car elle a une action non
négligeable sur la croissance de la masse monétaire et sur le
niveau des prix.
Par ailleurs, il est important de noter que les banques
centrales imposent des règles de fonctionnement plus ou moins
restrictives visant à couvrir des risques d'insolvabilité avec la
politique des réserves obligatoires, et des règles d'encadrement
du crédit visant à contrôler le volume des concours
financiers.
Les banques de second rang regroupaient les banques de
dépôt et les banques d'affaires. Le rôle des
premières consistait à collecter des fonds auprès du
public et accorder des prêts aux entreprises et aux ménages afin
de financer leurs activités (acquisitions de biens ou opérations
d'investissement). Les secondes se caractérisaient de banques
spécialisées dont l'activité principale était,
outre l'octroi de crédit, la prise et la gestion de participations des
affaires existantes ou en formation.
Au Sénégal et presque partout ailleurs
aujourd'hui, cette vision du système bancaire n'est plus tout à
fait valable du fait de la concurrence accrue entre les banques qui dans leurs
quête de rentabilité, tendent vers une plus grande
diversification.
Ainsi le système bancaire sénégalais est
constitué par un ensemble de banques et autres établissements
financiers en interaction avec la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (BCEAO), qui entretiennent des relations de créance et
d'engagement les un vis-à-vis d'autres agents non financiers.
1-Les banques
Les banques sont définies par l'article 3 de la loi
90-06 portant sur la réglementation bancaire qui stipule que «
sont considérées comme banques les entreprises qui font
profession habituelle de recevoir des fonds dont il peut être
disposé par chèques ou virements, et qu'elles emploient pour leur
propre compte ou pour le compte d'autrui, en opérations de crédit
ou de placement ». Ceci pour dire que les banques servent
d'intermédiaires financiers en mobilisant les dépôts et
l'épargne des agents non financiers pour les redistribuer aux agents
déficitaires. Elles ont la spécificité de pouvoir
développer leurs passifs en développant leurs actifs car leur
objectif est la liquidité et la rentabilité. Les banques
sénégalaises peuvent accorder des crédits à court,
moyen et long terme en consentant des découverts, des avances de fonds,
des prêts et pratiquant des escomptes d'effets de commerce.
Le système bancaire sénégalais a
présentement à son actif 17 banques classées par
catégories suivant la couverture et le secteur d'activité. On
distingue donc :
· Les banques généralistes à
réseau national
Elles représentaient en 1998 plus de 60% de la masse
bilancielle. On y compte la CBAO, la SGBS, la BICIS et la BST.
· Les banques à réseau ouest
africain
Ce sont essentiellement la BOA, ECOBANK et l'Attijariwafa
Bank. Ces dernières ont pour objectif de devenir des banques de
référence en Afrique de l'ouest à travers des politiques
favorisant les clients des autres pays d'Afrique qui veulent effectuer des
transactions économiques e financières au
Sénégal.
· Les banques d'affaires
Les banques d'affaires sont des banques de capitaux au long
terme, spécialisées dans le financement d'entreprises. Elles
prennent et gèrent des participations dans des entreprises existantes ou
qui se créent et accordent des crédits à long terme sur la
base de leurs fonds propres ou d'autres ressources à long terme.
Elles sont soumises à la même
règlementation que les banques de détail ou banque de
dépôt (court terme). Par abus de langage, banque d'affaires prend
la même signification que banque d'investissement, étant
donné que les banques commerciales classiques sont aussi capables de
proposer des services de banque d'affaires. Ces banques s'adressent aux grandes
entreprises et aux particuliers. La CITIBANK, la BIS et le CLS sont les plus
importants.
· Les banques spécialisées
Dites à vocation spécifique : ce sont des
établissement spécialisés dans un domaine bien
précis. On peut citer entre autres la CNCAS, la BHS, la BSIC et la
BIMAO.
Après les banques, les établissements financiers
occupent une place important dans le système bancaire d'où la
nécessité d'en faire une étude détaillée.
2-Les
établissements financiers
Ils sont définis comme l'ensemble de personnes
physiques ou morales, autres que les banques, qui font profession habituelle
d'effectuer des opérations de crédit, de vente à
crédit ou de change, pour leur propre compte, ou qui reçoivent
habituellement des fonds qu'elles emploient en opérations de placement.
Ils peuvent servir d'intermédiaires en tant que commissionnaires ou
courtiers dans les relations entre agent financiers et agents non
financiers.
Les chiffres des établissements financiers
représentent 5% du total du bilan global du système bancaire
sénégalais, avec une part relativement faible au poste des
crédits consentis estimés à 2%. Néanmoins ils
participent a l'intermédiation financière en distribuant des
crédits à toutes les échéances. Notons que les
crédits accordés sont essentiellement à court terme ;
de même que les dépôts collectés. Les
établissements financiers s'activent spécialement dans le domaine
du crédit-bail et du crédit à la consommation. Leur
clientèle est composée en majorité des acteurs du secteur
informel. Ils sont incontournables pour de nombreux opérateurs
économiques du secteur informel auxquels certaines banques refusent le
financement à travers la présentation d'exigences totalement
restrictives.
On peut donc distinguer les principaux établissements
qui ont eu à s'implanter au Sénégal.
· La compagnie Ouest africaine de Crédit-bail
(Locafrique)
C'est une société qui a été
créée en 1977. Son capital est détenu par CFAO (80%), AGS
(19,9%) et autres investisseurs (0,9%). Il a été noté
entre 2002 une baise de 6% au niveau de la masse bilancielle.
· La Société de Crédit et
d'Equipement du Sénégal (SOCRES)
Créée en 1961, elle s'oriente principalement
dans le domaine du crédit à l'équipement plus
précisément l'équipement maison à savoir le
mobilier, l'électroménager....son capital est estimé
à 300 millions de francs CFA.
· Sénégal Factoring (Sen Fac)
Nouvellement installée au Sénégal, elle a
été agréée comme une institution financière
d'affacturage et de cautionnement en Avril 2005. Elle est donc
spécialisée dans l'affacturage, la gestion externalisée
des comptes clients et le renseignement social. Son capital estimé
à 487 millions de francs CFA est en grande partie détenu par la
SGBS.
Remarque :
Il existe d'autres institutions financières qui se
distinguent aussi bien des banques que des établissements
financières précédemment cités mais qu'il
paraît fort intéressant d'étudier du fait de l'importance
de leurs activités dans le secteur financier
sénégalais.
Il s'agit en l'occurrence des institutions de micro finance
pour qui l'épargne mobilisée entre 1998 et 2004 est passée
de 200 millions à 33 milliards de francs CFA ; de même que
les crédits octroyés qui eux sont passés de 350 millions
à 46 milliards de francs CFA.
En procédant par une petite analyse, notons que la
micro finance est un ensemble de dispositifs permettant d'offrir de très
petits (micro crédits) à des familles pauvres pour les aider
à conduire des activités productives ou
génératrices de revenu, à travers la création de
très petites entreprises.
Elle accorde en effet, une grande importance au ciblage de
groupes de clients qui n'interviennent le plus souvent qu'au niveau du secteur
informel et assure ainsi l'auto promotion économique et social de la
population a faible revenu. Elle procède aussi par la fixation de taux
d'intérêt devant couvrir le coût de la prestation du
crédit.
Au Sénégal, on compte à peu près
300 institutions de micro finance qui ont pour objectif d'apporter un soutien
aux secteurs de l'agriculture, du commerce et de l'artisanat. On distingue
ainsi trois grandes institutions qui à l'heure actuelle, dominent le
secteur.
· Le Crédit Mutuel du Sénégal
(CMS)
Initié en juillet 1998, il a pour objectif de mobiliser
l'épargne des sénégalais à des fins
d'investissement. Sa mission est de participer à l'amélioration
du niveau de vie et à la promotion du bien être des populations
toutes catégories confondues, en offrant une large gamme de services
financiers de proximité.
Sa priorité est donc de permettre l'accès des
populations aux services financiers, tout en protégeant de l'endettement
usurier.
Il apporte ainsi un soutien considérable aux
agriculteurs, pêcheurs et aux groupements d'intérêt
économiques. Son réseau est composé de 76 agences
réparties sur tout le territoire.
Graphique 1.1 : Représentation des Agences
du Crédit Mutuel du Sénégal sur le territoire
nationale
Source : rapport annuel 2007 du Crédit
Mutuel du Sénégal
La situation financière du groupe se caractérise
par une hausse de 35% du total bilan.
Celui-ci est de 64,915 milliards de francs CFA en
décembre 2006. Il est composé en gros de 41 milliards de francs
CFA de dépôts des sociétaires, de 12, 869 milliards de
francs CFA de fonds propres et assimilés et de 10,292 milliards de
francs CFA d'emprunts bancaires soit respectivement 63%, 20% et 16% du total
bilan.
Le Crédit Mutuel du Sénégal étant
une structure mutualiste, son objet est de collecter l'épargne des
membres et de leur distribuer des crédits. Ceci justifie que l'essentiel
de ses ressources provienne des membres.
Le passif exigible à court terme garde une part
prépondérante (57%) des ressources du Crédit Mutuel du
Sénégal. Cependant, les ressources stables montent à
presque 28 milliards soit 43% du Total bilan consolidé en fin 2006.
Elles gagnent plus de 10 points dans le Total bilan consolidé en un an
grâce à la nouvelle politique de stabilisation des ressources.
Cette politique se décline sur un axe commercial et financier.
Au niveau commercial, il s'agissait d'accentuer la vente de
produits d'épargne à plus d'un an aux sociétaires par une
rémunération attrayante de ceux-ci. Les taux sont revus à
la hausse et une campagne publicitaire agressive a été
menée en faveur des dépôts à plus d'un an durant le
deuxième semestre de l'exercice. Ainsi l'encours de l'épargne
à moyen terme des sociétaires est passé du simple au
double entre fin 2005 et fin 2006 et se chiffre à plus de 4 milliards de
francs CFA soit 7% du total bilan et 17% des ressources stables.
Tableau 1. 1: Bilan au 31 décembre 2006 du
Crédit Mutuel de Sénégal
Source : rapport annuel 2006 du Crédit
Mutuel du Sénégal
· L'alliance de Crédit et d'Epargne pour la
Production (ACEP)
L'ACEP - Alliance de crédit et d'épargne
pour la production - a vu le jour en 1985. Début 1990,
l'organe de crédit devient une entité indépendante,
baptisée ACEP. Son principal objectif : accorder des prêts
pour des investissements et des prêts de fonds de roulement à de
petites et moyennes entreprises du secteur informel ne pouvant accéder
au crédit institutionnalisé. En 1993, lorsque le projet USAID
prend fin, l'ACEP est en mesure, grâce à une gestion plus prudente
et à certains changements institutionnels lui permettant d'appliquer des
taux d'intérêt pouvant s'élever jusqu'à 16 %,
de prêter en puisant dans ses propres ressources.
Graphique 1.2 : Nombre de prêts en cours
ajustés et encours brut de prêts
Source : Rapport de performance
personnalisé, Microfinance information eXchange (MIX)
En 1996, à l'occasion d'une assemblée
générale, les objectifs de l'ACEP sont redéfinis comme
suit:
Offrir des services de crédit et d'épargne
à des entrepreneurs sénégalais afin de favoriser la
croissance de leur entreprise ainsi que le développement
économique et social du Sénégal ; mettre en place un
réseau de services financiers et gérer ses activités
selon le principe de la coopération. C'est une mutuelle d'épargne
et de crédit qui finance des projets commerciaux à hauteur de
57%, des services 22%, des projets agricoles pour 12%, et des projets
manufacturiers à hauteur de 9%. Notons que le financement de l'ACEP
s'adresse plus particulièrement aux entreprises existantes qui
désirent se développer et se moderniser.
· L'Union des Mutuelles de Partenariat pour la
Mobilisation de l'Epargne et de Crédit au Sénégal
(UM-PAMECAS)
Initié en 1998, l'Union des Mutuelles du Partenariat
pour la Mobilisation de l'Epargne et le Crédit au Sénégal
a pour objectifs de faciliter l'accès à l'Epargne et au
Crédit, quels que soient les moyens des souscripteurs et leur secteur
d'activité,de participer à l'amélioration de leur
bien-être économique,social et celui de leur communauté,de
promouvoir l'esprit de solidarité, de responsabilité et de
gestion démocratique auprès de nos membres et soutenir ces
membres dans tous leurs secteurs d'activités .Sa stratégie se
fonde sur le Développement des mutuelles d'épargne et de
crédit rentables et pérennes, mobiliser le potentiel financier de
chacun : épargne locale et ressources extérieures, concevoir et
mettre en oeuvre des politiques performantes : administratives, comptables et
financières,promouvoir et gérer les meilleurs services
financiers, accessibles et adaptés, garantir en permanence la
qualité de nos équipes par la formation du personnel et de nos
dirigeants et de coopérer au niveau local, sous régional et
international. Elle regroupe 30 caisses d'épargne et de crédit
à travers 44 agences.
Graphique 1. 3 : Emplacement des mutuelles au niveau
de Dakar et Pikine
Source : site web PAMECAS
Son total actif était estimé à 15
milliards de francs CFA au 31 décembre 2004 et a atteint les 19 milliard
CFA en Avril 2006 ; ce qui constitue une progression
considérable.
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