CONCLUSION GENERALE
Le débat actuel concernant les répercussions,
sur la microfinance, de la crise financière et économique qui
sévit depuis la fin de l'année 2008 dans le monde entier, ne
fait que commencer, et il n'est pas prêt d'aboutir à une
conclusion unanime.
Certains pensent que la crise ne va pas affecter le secteur
microfinancier ; cette idée à été
défendue par Muhammad Yunus, le père du microcrédit, qui a
déclaré, lors d'une conférence de presse accordée
à l'occasion d'un symposium sur la microfinance, organisé au
siège du Bureau international du travail (BIT) à Genève en
Octobre 2008, que le système de la microfinance n'est pas affecté
par la crise ; « Il y a une bonne nouvelle au milieu
des mauvaises nouvelles: la microfinance continue à fonctionner d'une
manière aussi bonne qu'elle fonctionnait au passé, elle n'a pas
été touchée par le processus de
désintégration ».
Cependant, beaucoup d'autres économistes, chercheurs
et même des responsables d'IMFs pensent que l'impact de la crise
financière a commencé à se faire sentir dans la
sphère de la microfinance ; ils avancent particulièrement
deux arguments pour étayer leur thèse :
D'une part, pensent ils, la crise économique va
accroître la demande en matière de microcrédit,
étant donné qu'elle a entraîné la destruction
massive de millions d'emplois, la recrudescence du chômage, et par
conséquent, l'augmentation de la pauvreté et du nombre des exclus
du système bancaire.
D'autre part, et en raison du manque de liquidités
bancaires et du climat de méfiance qui caractérisent le monde de
la finance depuis le début de la crise, le coût de refinancement
des IMF auprès des banques et des bailleurs de fonds va augmenter-
même si l'on assiste à la baisse des principaux taux directeurs -
ce qui ne manquera pas de se traduire par une augmentation des taux
d'intérêts que les demandeurs des microcrédits ne seront
pas capables de supporter.
Les institutions de microfinance qui pourront mieux
maîtriser leurs coûts, et bien gérer les risques de
crédits ainsi que celles qui bénéficient
déjà d'une autonomie financière, surtout si elles
collectent les dépôts, ont plus de chances de consolider leurs
positions et de sortir de la crise plus aguerries et plus fortes.
Dans ce contexte, Enda Inter-Arabe, pour continuer à
progresser et améliorer davantage ses performances remarquables, et de
là consolider la place de choix qu'elle occupe dans le dispositif de
lutte contre la pauvreté en Tunisie, est appelée à
entreprendre sa transformation en institution financière et veiller
à bien préparer les instruments, les mécanismes et les
procédures adéquats pour bien réussir cette mutation.
C'est un vaste programme. Mais c'est un nouveau challenge
aussi mobilisateur que passionnant...
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