SECTION ²² : ESTIMATION DU MODELE
Du fait que, d'une part, la variable à expliquer est
discrète, et d'autre part l'hypothèse de normalité des
variables n'est pas vérifiée, on ne peut pas, pour produire le
modèle, mener une analyse discriminante qui suppose l'existence de
relations linéaires entre les variables explicatives et la variable
à expliquer, le recours à une analyse en terme probabiliste
serait donc l'issue ; il s'agit de la régression logistique qui est
une extension de la régression multiple.
A. REGRESSION LOGISTIQUE
La régression logistique est une technique statistique
qui consiste à produire un modèle permettant de prédire
les valeurs prises par une variable catégorielle, le plus souvent
binaire, à partir d'une série de variables explicatives continues
ou binaires.
1. principe de la régression
logistique
Par rapport aux autres techniques de régression, en
particulier la régression linéaire, la régression
logistique se distingue essentiellement par le fait que la variable à
expliquer est discrète (catégorielle).
nous supposons que Pi = P( Yi = 1) représente la
probabilité que l'individu i réalise un retard de remboursement,
On définit une fonction score
Y*= ß0 + ßnX+ åi
si Yi*=< 0 alors Yi =0
si Yi*> 0 alors Yi =1
Avec :
Y représente le vecteur dummy retard
ß0 représente le vecteur de la constante
X représente le vecteur des variables explicatives
ß représente le vecteur des coefficients à
estimer
å représente le terme d'erreur qui suit une loi
double exponentielle
ce qui se traduit par ; Pi = P(Yi = 1) = P (Yi*
> 0) et P ( Yi = 0) = P (Yi*=< 0)
Pi est compris entre 0 et 1, d'où, elle peut être
assimilé à une fonction de répartition F, elle
s'écrit alors :
Pi = F (ß0 +ß
X)
P ( Yi* =< 0) = P (ß0 + ßnXi + åi
=< 0)
= P (åi =< - (ß0 +
ßnXi))
= F(- (ß0 + ßnXi))
Etant donné qu'il s'agit d'une loi symétrique, F(x)
+ F (-x) = 1, alors
P(Yi = 1) = F (ß0 + ßnXi) = 1 - F(- (ß0 +
ßnXi))
Puisque le terme d'erreur suit une loi double exponentielle,
f(åi) = exp (- exp (åi)) d'où
P(Yi = 1) = F (ß0 + ß1Xi+...... +ßnXi)
Pi=
|
et P( Yi = 0) = 1- P(Yi = 1) =
logodds = log = ß0 + ß1Xi+...... +ßnXi
La méthode d'estimation par une régression
logistique est une méthode d'estimation non linéaire qui est la
méthode de maximum de vraisemblance ;elle suppose que la
probabilité d'appartenance d'un individu à un groupe, que nous pouvons également voir comme une
contribution à la vraisemblance, peut être décrit de la
manière suivante :
La vraisemblance d'un échantillon s'écrit alors :
Dans notre cas de retard de remboursement , la formule de
vraisemblance s'écrit donc comme suit :
L = Ï P( Yi =1) * Ï P (Yi
=0)
|
Les paramètres ßn qui maximisent
ce produit sont les estimateurs du maximum de vraisemblance de la
régression logistique.
2. la régression logistique en
pratique
Pour construire notre modèle et estimer les variables
explicatives, nous avons recouru au logiciel SPSS, la régression
logistique binaire réalisée par ce type de logiciel repose sur un
principe d'itérations ; à la première étape
(step 1) , il choisit la variable la plus significative, ensuite lors de la
deuxième itération, il choisit la seconde variable la plus
significative pour prévoir le retard, et ainsi de suite jusqu'à
ce que les tests statistiques qu'il effectue ne soient plus significatifs pour
les autres variables.
B. LES RESULTATS DE L'ESTIMATION
La facilité d'utilisation de la régression
logistique repose sur le fait qu'elle ne se base pas sur des hypothèses
restrictives, on peut passer directement à la régression sans
effectuer des tests de colinéarité et
d'homosédasticité.
1. Les variables du modèle
En fait, la détermination des variables significatives
du modèle s'est faite en deux étapes et par le recours à
deux modèles ; un modèle comportant 11 variables, mais dont
la qualité d'ajustement s'est dégradé avec l'introduction
de la 11ème variable, ce qui nous a permis de passer à
la production d'un deuxième modèle qui tient compte de 10
variables à savoir :
v Le prêt individuel (dummy fardi)
v Le nombre de mensualités (number of payments)
v Le passage en montant (passage montant)
v La situation matrimoniale du client (dummy marié)
v L'expérience de l'agent du crédit (experience
AC)
v L'âge du client (age)
v Le genre du client (dummy homme)
v Le montant du prêt (amount)
v Le nombre des prêts reçus (cycle)
v Le prêt solfa (dummy solfa)
v Le montant précédent (previous amount)
a) Les variables retenues par la première
régression
Le logiciel s'est arrêté à la 11éme
itération et n'a retenu que 11 variables sur les 26 variables
introduites qui sont significatives et qui permettent de prédire la
probabilité de réaliser un retard de remboursement ; les
variables retenues et introduites dans l'équation du modèle
à la 11éme étape en plus de la constante sont :
Variables dans l'équation
|
|
B
|
E.S.
|
Wald
|
ddl
|
Signif.
|
Exp(B)
|
Etape 11(k)
|
AMOUNT
|
1,25E+12
|
322,625
|
1,51E+19
|
1
|
,000
|
,000
|
NUMBEROF
|
,131
|
,011
|
131,752
|
1
|
,000
|
1,140
|
AGE
|
-,010
|
,002
|
21,831
|
1
|
,000
|
,990
|
CYCLE
|
,042
|
,011
|
13,411
|
1
|
,000
|
1,043
|
PREVAMOU
|
-1,25E+12
|
322,625
|
1,51E+19
|
1
|
,000
|
,000
|
PASSAGEM
|
-1,25E+12
|
322,625
|
1,51E+19
|
1
|
,000
|
,000
|
DUMMY_FA
|
,671
|
,046
|
212,722
|
1
|
,000
|
1,956
|
DUMMY_SO
|
,299
|
,130
|
5,280
|
1
|
,022
|
1,348
|
DUMMY_HO
|
,265
|
,052
|
26,260
|
1
|
,000
|
1,304
|
DUMMY_MA
|
-,233
|
,049
|
22,990
|
1
|
,000
|
,792
|
EXPERIEN
|
,005
|
,001
|
40,447
|
1
|
,000
|
1,005
|
Constante
|
-2,377
|
,110
|
464,541
|
1
|
,000
|
,093
|
k Variable(s) entrées à l'étape 11:
PREVAMOU.
|
Les variables qui ne sont pas significatives et qui n'exercent
pas d'impact sur le comportement de remboursement sont donc les variables que
le logiciel nomme « variables hors de
l'équation »
Variables hors de l'équation
|
Score
|
ddl
|
Signif.
|
Etape 11
|
Variables
|
NOOFDEPE
|
30,767
|
1
|
,000
|
|
DUMMY_GS
|
12,337
|
1
|
,000
|
|
DUMMY_FO
|
,854
|
1
|
,356
|
|
DUMMY_TA
|
,494
|
1
|
,482
|
|
DUMMY_EL
|
,009
|
1
|
,923
|
|
DUMMY_VE
|
1,756
|
1
|
,185
|
|
DUMMY_DI
|
,009
|
1
|
,925
|
DUMMY_LI
|
,338
|
1
|
,561
|
|
DUMMY_PR
|
24,087
|
1
|
,000
|
DUMMY_SE
|
5,101
|
1
|
,024
|
DUMMY_SU
|
3,015
|
1
|
,083
|
DUMMY_CO
|
13,302
|
1
|
,000
|
V28_A
|
2,049
|
1
|
,152
|
V29_A
|
1,888
|
1
|
,169
|
DUMMY_AC
|
2,410
|
1
|
,121
|
Statistiques globales
|
1173,406
|
15
|
,000
|
a Les khi-deux résiduels ne sont pas calculés du
fait de la présence de redondances.
|
Le khi deux (khi square) du modèle obtenu augmente
d'une étape à l'autre avec l'introduction de chaque variable
significative suivante, jusqu'à ce qu'il atteint son maximum à la
10ème étape, pour une valeur de 637,621. La valeur du
khi deux de la 11ème étape qui consiste en
l'introduction de la variable « montant
précédent » est égale à - 36, 195 et la
valeur du khi square du modèle tombe à 601, 426.
Etape 11(a)
|
Etape
|
-36,195
|
1
|
,000
|
Bloc
|
601,426
|
11
|
,000
|
Modèle
|
601,426
|
11
|
,000
|
a Une valeur khi-deux négative indique que la valeur du
khi-deux a diminué depuis l'étape précédente
|
De même, nous remarquons que
l'indicateur « -2 log vraisemblance » diminue d'une
étape à l'autre pour atteindre sa valeur minimum 14630,533
à la dixième étape, tandis qu'il augmente à la
11ème étape par l'introduction de la variable
« previous amount » pour atteindre 1466,728, sachant que le
modèle parfait est celui dont le « -2 log
vraisemblance » se rapproche le plus de 0.
Le même phénomène se produit avec les
indicateurs « R-deux de Cox&Snell » et
« R-deux de Nagelkerke » qui augmentent au fur et à
mesure que le logiciel procède à l'introduction de variable
significative suivante pour les 10 premières étapes, et diminuent
à l'introduction de la 11ème variable.
Ces différentes observations nous permettent de
conclure que le modèle adéquat est plutôt celui qui tient
compte des 10 premières variables. L'influence qu'exerce l'introduction
de la variable « montant précédent » sur la
diminution de la qualité du modèle provient en fait des fortes
corrélations entre cette variable et les deux
variables « passage en montant » et
« montant du prêt », la matrice de corrélation
indique une corrélation positive parfaite entre passage en montant et
montant précédent =1, et une corrélation négative
parfaite = -1 entre montant du prêt et montant précédent
(voir annexe).
b) Le modèle prédit par la
deuxième régression
La variable previous amount peut donc ne pas être
introduite dans le modèle. A cet effet, on procède à une
autre régression en ne tenant compte que des dix premières
variables significatives pour estimer leurs coefficients respectifs.
L'estimation nous fournit les résultats suivants à
la dixième étape :
Variables in the Equation
|
|
|
B
|
S.E.
|
Wald
|
df
|
Sig.
|
Exp(B)
|
Step 10j
|
Amount
|
-0,00058950
|
0,0001
|
32,058
|
1
|
,000
|
,999
|
NumberOfpayments
|
0,13209881
|
0,0118
|
125,750
|
1
|
,000
|
1,141
|
Age
|
-0,01007606
|
0,0021
|
22,352
|
1
|
,000
|
,990
|
Cycle
|
0,03672781
|
0,0117
|
9,801
|
1
|
,002
|
1,037
|
PassageMontant
|
-0,00027807
|
0,0001
|
7,412
|
1
|
,006
|
1,000
|
dummy_fardi
|
0,65894468
|
0,0468
|
198,097
|
1
|
,000
|
1,933
|
dummy_solfa
|
0,29147199
|
0,1323
|
4,853
|
1
|
,028
|
1,338
|
dummy_homme
|
0,27335096
|
0,0525
|
27,151
|
1
|
,000
|
1,314
|
dummy_marie
|
-0,22959808
|
0,0493
|
21,684
|
1
|
,000
|
,795
|
experience_AC
|
0,00530517
|
0,0008
|
39,519
|
1
|
,000
|
1,005
|
Constant
|
-2,35967705
|
0,1123
|
441,124
|
1
|
,000
|
,094
|
Notre fonction score s'écrit alors ;
Y* = -2,35967705 - 0,00058950* Amount + 0,13209881 *
NumberOfpayments - 0,01007606 * Age + 0,03672781* Cycle - 0,00027807 *
PassageMontant +0,65894468 * dummy_fardi + 0,29147199* dummy_solfa +
0,27335096*dummy_homme - 0,22959808 * dummy_marie +0,00530517*
experience_AC
Et la probabilité de réaliser un retard
s'écrit
Pi =
EXEMPLE : Pour un homme célibataire
âgé de 26 ans, qui contracte son troisième prêt en
mode individuel, d'une valeur de 1200 TND, remboursable sur 12
mensualités, ce crédit qui dépasse le montant
précédent d'une valeur de 400 DT a été
attribué par un agent de crédit d'expérience 15 mois, la
fonction score vaut - 0,733 et la probabilité de
réalisation du retard est de l'ordre de 0,324.
2. Significativité du modèle et pouvoir
prédictif
Pour notre modèle à dix variables explicatives,
le khi deux augmente d'une étape à une autre et atteint sa valeur
maximale à la dernière étape soit 640,830 qui
dépasse la valeur maximale du khi deux du premier modèle.
etape
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10
|
Khi deux du modèle
|
333,368
|
398,590
|
481,067
|
527,486
|
559,658
|
584,450
|
605,784
|
625,189
|
636,054
|
640,830
|
« -2 log vraisemblance » diminue avec
l'introduction de chaque variable et atteint son minimum à la
dernière étape, de même les « R-deux de Cox &
Snell » et de « Nagelkerke » augmentent d'une
étape à l'autre.
Model Summary
|
Step
|
-2 Log likelihood
|
Cox & Snell R Square
|
Nagelkerke R Square
|
1
|
14960,255a
|
,021
|
,033
|
2
|
14895,033b
|
,025
|
,040
|
3
|
14812,557b
|
,030
|
,048
|
4
|
14766,137b
|
,032
|
,053
|
5
|
14733,965b
|
,034
|
,056
|
6
|
14709,173b
|
,036
|
,058
|
7
|
14687,839b
|
,037
|
,060
|
8
|
14668,434b
|
,038
|
,062
|
9
|
14657,570b
|
,039
|
,063
|
10
|
14652,793b
|
,039
|
,064
|
a. Estimation terminated at iteration number 4 because parameter
estimates changed by less than ,001.
|
b. Estimation terminated at iteration number 5 because parameter
estimates changed by less than ,001.
|
On peut donc affirmer que notre modèle mis en place
est globalement pertinent, les variables explicatives retenues sont
significatives individuellement au seuil de 5%, elles sont celles qui
s'avèrent utiles et importantes dans l'explication et la
prédiction de la probabilité de défaut, et il est plus
approprié que le premier modèle à onze variable, du fait
que l'élimination de la 11ème variable améliore
la qualité d'ajustement du modèle.
Le modèle dispose d'un bon pouvoir prédictif,
il prédit correctement 81,6% des retards de remboursement à un
seuil de césure de 0,5. En essayant de déplacer le seuil pour
retenir celui qui maximise le pouvoir prédictif, on a trouvé que
ce seuil de 0,5 est le meilleur puisqu'il procure 13075 prédictions
justes, car le nombre de bonnes prédictions diminue dès qu'on
l'augmente ou qu'on le diminue ; le nombre de bonnes prédictions
descend à 13072 si on diminue le taux de césure de 0,01 et on le
fixe à 0,49 et il s'élève à 13073 si on augmente ce
seuil de 0,01.
3. Interprétation des coefficients
estimés
Les variables dont le coefficient estimé est positif
influent positivement sur la probabilité de retard, alors que les
coefficients négatifs indiquent que les variables auxquelles ils se
rapportent affectent négativement la probabilité de
réaliser un retard.
la chance =
|
Etant donnée
Les coefficients peuvent être interprétés
comme les coefficients des régression simples où ils
présentent l'impact d'une unité supplémentaire sur le
« log des chances (logodds) » . Par exemple : Une
unité monétaire supplémentaire du montant du crédit
entraîne la diminution du logodds de -0,00058950.
D'une manière plus concrète,
l'interprétation des coefficients s'effectue suivant la formule
suivante ;
Ä probabilité = ßi * P
*(1-P)
|
Avec P = la moyenne de la variable binaire à
expliquer
ßi = le coefficient de la variable i
Ainsi on peut procéder à l'interprétation
des variables comme suit :
v Le montant du prêt
Ä probabilité = -0,00058950 * 0,18 * 0,82 =
-0,0000870
Un accroissement d'une unité monétaire
supplémentaire du montant du crédit demandé, toute chose
étant égales par ailleurs, entraîne la diminution de la
probabilité de réaliser un retard de 0, 0000870,
la probabilité du retard diminue donc avec le montant du prêt.
En effet, d'une part, un montant octroyé plus
élevé engendre des opérations d'encadrement et de suivi
plus rigoureuses pour garantir le bon remboursement, et d'autre part,
généralement plus le montant est important plus il est
affecté au financement de projet plus rentable, cette rentabilité
permet de rembourser sans failles.
v Le nombre de mensualités
Ä probabilité = 0,13209881* 0,18 * 0,82 =
0,0194977
L'augmentation du nombre de mensualités d'une
échéance, sans modifier les autres variables, se traduit par
l'augmentation de la probabilité de retard de 0,
0194977, le risque de retard augmente avec le nombre des
mensualités. Cette constatation rejoint l'idée que le court terme
est l'un des facteurs de réussite du microcrédit, du fait que le
temps est en lui-même un facteur de risque.
v L'âge du client
Ä probabilité = -0,01007606* 0,18 * 0,82 = -
0,0014872
L'âge influe négativement sur le risque de
réalisation du retard ; un emprunteur plus âgé qu'un
autre et disposant des mêmes autres caractéristiques a une
probabilité de retard inférieure de 0,0014872 de
la probabilité de retard de l'autre client.
v Le nombre de prêts
Ä probabilité = 0,03672781* 0,18 * 0,82 =
0,005421
A chaque fois que l'emprunteur procède à un
autre crédit, en gardant les mêmes caractéristiques que le
prêt précédent, la probabilité de réaliser un
retard augmente de 0,005421
v Le passage en montant
Ä probabilité = -0,00027807* 0,18 * 0,82 = -
0,000041
Si la différence entre le montant du prêt actuel
et le montant du prêt précédent augmente d'une unité
monétaire (un dinar tunisien), la probabilité de
représenter un retard de remboursement diminue de
0,000041.
v L'expérience de l'agent de crédit
Ä probabilité = 0,00530517 * 0,18 * 0,82 =
0,0007830
Un prêt octroyé par un agent de crédit
plus expérimenté est plus risqué, il présente une
probabilité de réalisation de retard plus élevée de
0,0007830, même si ce résultat s'oppose à
la logique d'expérience qui suppose normalement l'amélioration
de la qualité du portefeuille, il peut trouver une explication plausible
dans la surestime des AC de leurs compétences au point de
négliger certains aspects qualitatifs et de ne pas effectuer des
études rigoureuses.
v Le mode d'octroi individuel
Le mode d'octroi individuel accroît la
probabilité de réaliser un retard de remboursement, logodds
augmente de 0,65894468 si l'emprunteur demande un
crédit individuel. Ce lien négatif est attendu, et il explique la
préférence des IMF pour le type de crédit collectif pour
minimiser conjointement le risque de non remboursement et le risque de
retard.
v Le crédit solfa
Alors que les autres types de prêts n'ont pas de
significativités, ils n'influencent pas le comportement de
remboursement, le crédit « solfa » affecte le
remboursement, le recours à ce type de crédit augmente log de la
chance de réalisation du retard de 0,29147199. Ce type
de crédit est plus risqué parce que son octroi n'exige pas de
conditions sélectives ; il n'exige pas la possession de la patente,
ni la viabilité du projet d'au moins un an comme l'est le cas du
crédit entreprise.
v Le genre du client
L'octroi d'un crédit à un homme est plus
risqué que l'octroi à une femme, toutes choses étant
égales par ailleurs, le logodds entre les deux sexes diffère
d'une valeur de 0,27335096. Les femmes respectent leurs
obligations plus que les hommes, ce qui fait qu'elles soient les cibles
privilégiées des programmes de microcrédit.
v La situation matrimoniale du client
La probabilité de retard diminue avec le mariage de
l'emprunteur, un client marié est moins risqué qu'un
célibataire, la différence du logodds entre les deux
catégorie est de l'ordre de 0,22959808. En fait, c'est
la stabilité familiale du marié qui est à l'origine de sa
performance de remboursement.
Les résultats auraient pu être plus pertinents
et plus précis si nous avions disposé d'une base de donnée
plus rigoureuse ; En fait le nombre d'observations est important, mais
d'autres améliorations sur les informations collectées sont
envisageables :
§ la variable niveau d'instruction
décomposée en 4 variables (dummy sait-lire, dummy primaire, dummy
secondaire, dummy supérieur) distinctes aurait dû être
regroupée en une seule. En se référant à notre base
de données, on trouve que le niveau d'instruction indique le dernier
niveau de l'emprunteur, donc pour un individu de niveau supérieur, on
attribue des zéros pour les autres niveaux (primaire et secondaire et
sait lire), alors qu'en réalité on aurait dû attribuer des
1 partout, ce qui fait que cette décomposition ne permet pas
d'étudier convenablement l'impact la variable niveau d'éducation.
Même si, l'on installe un programme qui attribue 1
directement pour les niveaux les moins élevés à chaque
niveau d'instruction, il y aurait, d'une part, une corrélation parfaite
entre les variables du modèle, et d'autre part le modèle traitera
par exemple un bachelier exactement comme un élève qui n'a pas
réussi sa première année secondaire puisqu'ils ont tous
les deux le niveau secondaire ; or dans la réalité, ces deux
individus disposent de compétences distinctes qui peuvent influencer sur
leurs comportement de remboursement.
A mon humble avis, ce biais peut être résolu par
le remplacement de ces quatre variables par une seule qui serait le nombre
d'années d'étude.
§ L'absence de données sur les avoirs de
l'emprunteur, qui peuvent être d'une grande utilité pour
la prédiction de sa capacité du bon remboursement, pourrait
être corrigée par l'intégration de données qui
peuvent donner une idée sur la situation du patrimoine du demandeur. Par
exemple, on s'attend intuitivement à ce qu'un locataire ait plus de
difficultés de remboursement qu'un propriétaire de son logement
du fait de la dépense supplémentaire de location, une variable
dummy propriété du logement semble intéressante. Ces
données pourraient même servir pour des études
ultérieures relatives aux effets des microcrédits sur
l'évolution du patrimoine des bénéficiaires.
§ L'expérience de l'emprunteur n'est pas
exploitée, pourtant elle peut être très
déterminante dans la réussite du projet pour lequel le
crédit est affecté, et peut donc influencer le comportement de
remboursement.
CONCLUSION
A partir d'un échantillon des clients d'Enda, on a
construit un modèle statistique permettant de prédire le
comportement de remboursement à l'échéance par le biais
de la régression logistique.
Les statistiques ont montré que le retard de
remboursement peut résulter de:
§ certaines caractéristiques relatives à
l'emprunteur, et particulièrement son âge, son genre et sa
situation matrimoniale,
§ d'autres caractéristiques du prêt
demandé, à savoir le montant sollicité, le nombre de
remboursements, le nombre de prêts, la différence du montant avec
le prêt précédent, le mode d'octroi individuel, et le type
de crédit « solfa »
§ et de l'expérience de l'agent de
crédit.
Toutefois, ce modèle devrait être testé
par l'institution sur un autre échantillon historique de clients ;
Une fois son pouvoir prédictif prouvé, Enda pourrait l'utiliser
progressivement pour effectuer la sélection des demandeurs de
crédit.
Pour ce faire, il faudrait par ailleurs, fixer les seuils de
risque en fonction des objectifs et de la politique de l'organisation. Par
exemple , s'ils fixent les seuils à :
· 5% pour la classe de risque excellent,
· à 12% pour la classe de risque normal,
· à 25% pour le risque limite,
· à 35% pour la classe de risque très
problématique ;
Alors :
Ø Une demande dont la formule prédit une
probabilité de retard de 0,01 serait approuvée
d'emblée et l'organisation peut fidéliser l'emprunteur trop
faiblement risqué par une diminution du taux d'intérêt
applicable.
Ø Une demande à probabilité de retard de
11%, serait acceptée normalement
Ø Les demandes à risque 20%, doivent faire
l'objet d'un approfondissement d'étude de solvabilité pour
décider de l'octroi
Ø Une demande dont la probabilité de retard se
situe au niveau de 30%, doit faire l'objet d'un réexamen qui peut
entraîner soit le rejet, soit l'acceptation avec une révision du
montant demandé vers la baisse, une augmentation du taux
d'intérêt applicable et une exigence si possible de garanties
matérielles.
Ø Toute demande dont le risque de retard dépasse
0,35 serait rejetée dés le départ, sans y passer
beaucoup de temps pour son étude et son examen.
Par la mise en place d'un système de gestion de risque
de crédits se basant sur la méthode de crédit scoring qui
devrait être affiné, discuté et amélioré par
les avis des agents de crédits et des instances dirigeantes de
l'institution, Enda ne peut qu'améliorer ses performances en
matière de remboursement à l'échéance et
d'efficacité et qui constituent des atouts appréciables pour
entamer la nouvelle phase de restructuration à laquelle elle
s'apprête.
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