Approches de solutions durables de prise en charge des réfugiés en situation d'asile: le cas du Bénin( Télécharger le fichier original )par Dodzi Tagbédji Romaric ADAHA Université d'Abomey-Calavi - Maà®trise en Développement Communautaire 2009 |
4- PRESENTATION DES RESULTATSLes résultats des investigations seront présentés en deux points mais de la façon suivante : - les résultats de l'enquête par questionnaire adressée aux acteurs victimes (les réfugiés). Ils seront catégorisés et repartis dans des tableaux ; - les résultats issus des guides d'entretien individuel adressé aux acteurs gestionnaires directs (CNAR et HCR) et de l'acteur gestionnaire indirect (CPPS). Ils seront transcrits et annexés au document. Nous en servirons dans la partie analyse. 4.1- Les résultats de l'enquête par questionnaire adressée aux acteurs victimes Tableau 1 : récapitulatif des identifications sur les sujets enquêtés
Ce tableau récapitulatif présente le nombre de femmes, d'hommes, la tranche d'age, la durée d'asile, les nationalités d'origine des acteurs victimes (réfugiés) enquêtés. Il regroupe sept (7) nationalités différentes. Parmi celles-ci, on constate que la nationalité togolaise domine très largement (soit 59, 67 % du nombre total des enquêtés). Cet écart explique le fort taux que représente cette nationalité parmi les réfugiés en asile au Bénin. Quant à la tranche d'âge, elle se situe entre 15 à 42 ans. La durée d'asile, quant à elle, va de 15 à 2 ans. Les Libériens et les Togolais sont les plus « vieux » réfugiés en République du Bénin et les plus « jeunes » sont les Congolais de la RDC (2ans) et les Ivoiriens (5ans). 4.1.1-Résultats relatifs aux causes d'asile Tableau 2 : répartition des acteurs victimes selon les causes d'asile
Ce tableau montre que trois grands événements constituent les causes qui contraignent le départ des réfugiés de leurs pays pour le Bénin, dont les plus fréquentes sont les conflits post-électoraux et inter-ethniques. 4.1.2- Résultats relatifs aux raisons ayant motivé le choix du Bénin Tableau 3 : récapitulatif des raisons motivant le choix du Bénin en tant que pays d'asile
Le tableau 3 présente les éléments qui motivent les réfugiés à venir se réfugier au Bénin. On comprend que les raisons sont diverses et varient. La plupart (soit 48, 38%) des personnes enquêtées ont avancé comme raison que le Bénin est un pays démocratique et de paix. Il y a également les raisons géographiques, de facilité d'accès au statut du réfugié et aussi de facilité d'accès à la réinstallation. 4.1.3-Résultats relatifs à l'appréciation des conditions d'asile au Bénin Tableau 4 : les conditions d'asile au Bénin
A partir de ce tableau, on voit les différentes tendances relatives à l'appréciation des conditions d'asile au Bénin. Les raisons évoquées par chaque tendance peuvent être catégorisées en deux points essentiels : le premier est ceux qui trouvent les conditions d'asile décevantes avec pour raisons la quasi inexistence de l'assistance et la difficulté d'accès à un emploi, la misère qu'ils côtoient. Le second montre que les conditions d'asile au Bénin sont acceptables, évoquant comme raisons l'existence de la paix, de la démocratie et de la sécurité dont ils bénéficient. 4.1.4-Résultats relatifs à la jouissance de la Protection internationale Tableau 5 : appréciation sur la protection des réfugiés au Bénin
Le tableau 5 présente deux réponses différentes sur la question de la protection des réfugiés. 77, 42% des enquêtés disent être en sécurité au Bénin. 22, 58% pensent le contraire. 14, 51% de ces derniers disent être menacés par les autorités politiques de leurs pays. 4.1.5-Résultats relatifs au retour au pays d'origine Tableau 6 : positions des réfugiés sur le retour au pays d'origine
Les résultats que présente ce tableau sont de double facette. La première (38,70%) expose les conditions qu'il faut pour le retour au pays d'origine (le rapatriement). La seconde facette (61, 30%) montre que le retour au pays d'origine est impossible basée sur diverses raisons précises. Le débat d'un retour au pays d'origine n'est pas encore opportun selon les résultats que présente le tableau. 4.1.6-Résultats relatifs à la réinstallation Tableau 7 : positions des réfugiés sur la réinstallation
Le tableau 7 présente trois tendances de conception des réfugiés sur la réinstallation. Elle se présente pour 58,06 comme un droit de vie meilleure du réfugié, pour 32, 26% comme la fin des difficultés du réfugié et pour 9, 68% comme un canal par lequel on peut joindre un pays du Nord. Le tableau expose la réinstallation comme un point de mire pour les réfugiés. 4.1.7- Résultats relatifs à l'accès aux formations professionnelles Tableau 8 : récapitulatif des opinions sur la formation professionnelle
Les résultats que présente ce tableau montre que sur les 62 sujets enquêtés, 36 soit 58, 06% sont en formation professionnelle. Autrement dit, les 36 sujets enquêtés sur la question, trois types de versions en découlent. La formation professionnelle se révèle pour certains (61, 11%) comme un parchemin facilitant la réinstallation dans un pays tiers. Pour d'autres (22, 22%), la formation professionnelle permet au réfugié de s'autosuffire. La troisième version (11, 11%) dit que la formation professionnelle permet au réfugié de s'intégrer au Bénin. 4.1.8- Résultats relatifs à l'accès aux études universitaires Tableau 9 : récapitulatif des opinions sur les études universitaires
Le tableau 9 présente les résultats des sujets à l'Université. Sur les 23 sujets, 14 soit 60, 87% pensent que les études universitaires constituent un élément facilitateur de réinstallation dans un pays tiers. La deuxième tendance (9 sujets soit 39,13%) présente les études universitaires comme un moyen sûr pour gagner l'avenir. Tableau 10 : opinions des sujets qui ne sont ni en formation professionnelle ni à l'université.
Le tableau ci-dessus présente les 3 sujets qui ne sont ni en formation professionnelle ni à l'université. Ils sont chômeurs à la recherche de l'emploi. Aucun d'eux ne s'est prononcé sur la question. 4.1.9-Résultats relatifs à la préférence de vie entre le Bénin et le pays d'origine Tableau 11 : différentes tendances sur la préférence entre le pays d'accueil et le pays d'origine
Le tableau présente la préférence des réfugiés entre le Bénin et leur pays d'origine. Les résultats qui en ont découlé peuvent être classés en trois catégories : la première représente 66, 13% des sujets ayant choisi le Bénin au nom de la paix et de la sécurité. La seconde tendance représentant un taux de 27, 42% ont préféré leur pays d'origine car « on vit mieux chez soi » et on est toujours à l'aise sur la terre des aïeux. Enfin, le troisième camp (6, 45%) a donné une réponse mitigée. Ni le pays d'origine ni le Bénin n'a été choisi comme une préférence. 4.1.10- Résultats relatifs aux suggestions pour améliorer de façon durable la problématique du réfugié au Bénin dans la Sous-région Tableau 12 : résultats récapitulant les suggestions pour une solution durable
Le tableau 12présente de suggestions pour une solution durable aux problèmes des réfugiés. 69, 35% représentant le taux des sujets qui ont exprimé leurs positions. 30, 65 % représente le taux des sujets qui n'ont pas fait des suggestions. Au regard de ces résultats, quelle analyse revêtent-ils ? 4.2- Analyse des résultats Partant du constat documentaire et empirique selon lequel les réfugiés en asile dans les pays de l'Afrique de l'Ouest sont généralement réticents à adhérer au programme du rapatriement opportun conçu à leur endroit, solution durable qui amoindrirait leurs difficultés, nous nous sommes interrogé sur la question pour la comprendre et en connaître les causes en étudiant le cas du Bénin. Pour atteindre ces objectifs, nous avons entrepris une recherche basée sur une démarche méthodologique caractérisée par une méthode quantitative (enquête par questionnaire) et une méthode qualitative (enquête par entretien). Les deux méthodes ont ciblé une population constituée d'acteurs gestionnaires directs, indirects et d'acteurs victimes. Les résultats quantitatifs issus de ces investigations sont catégorisés et repartis dans les tableaux. Quant aux résultats issus des entretiens, ils sont annexés au document et serviront de point d'ancrage avec ceux quantitatifs dans notre analyse. 4.2.1- Des causes ayant provoqué les réfugiés à venir au Bénin et les raisons de réticence d'un retour Les résultats issus des enquêtes présentent trois types de causes liées à la production des réfugiés qui viennent chercher asile au Bénin (Tableau 2). En effet, 46, 77% du taux représentant les sujets enquêtés nous révèlent qu'ils sont devenus réfugiés à la suite des conflits post-électoraux. Ce taux qui constitue le plus élevé au sein des trois, traduit bien fort la situation dangereuse dans laquelle la Sous-région s'engouffre. Les élections qui devraient permettre aux différents Etats de progresser vers l'avant, vers le développement, constituent plutôt les périodes d'intolérance, de haine et de persécution des paisibles citoyens. Si les élections sont devenues des "carrefours" des grands conflits en sorte qu'ils peuvent en produire des réfugiés, cela pose alors un problème de non-respect des règles démocratiques. Dans ce jeu, malheureusement, ce ne sont pas les acteurs mêmes qui sont les premières victimes. Les sujets enquêtés victimes des conflits post-électoraux sont des populations généralement pauvres ayant à peine, avant d'arriver au Bénin un emploi suffisamment décents. En effet, les résultats rapportés par le guide d'entretien adressé au Directeur du Centre Panafricain de Prospective Sociale (CPPS) le confirment à travers ces propos : « d'autres qui exerçaient un métier dans leur pays d'origine ou qui sentent le besoin de se perfectionner, suivent un recyclage de six mois ». Puisque le mécanisme de gestion des réfugiés mis en place au Bénin, permet aux réfugiés désoeuvrés d'apprendre un métier pour se prendre en charge. Le directeur du CPPS s'explique : « des réfugiés sans qualification apprennent pendant un ou deux ans un métier de leur choix dans une structure de leur choix et obtiennent un diplôme : couture, coiffure et tresses, menuiserie, restauration, hôtellerie, mécanique, soudure, imprimerie... ». Mieux, il suffit de questionner les résultats relatifs à l'accès à la formation professionnelle (Tableau 8) pour s'en convaincre : 36 sujets soit 58,06% du taux des enquêtés sont en formation professionnelle dont 60,87% du taux des sujets en formation professionnelle pensent que celle-ci permet de faciliter la réinstallation dans un pays tiers. La deuxième cause concerne, selon les résultats, les conflits interethniques. En effet, 45,16% des sujets en ont témoigné. Elle (la cause) se traduit par les effets secondaires évoqués ci-dessus tels que la haine, l'intolérance, le sectarisme et l'égoïsme. La troisième cause identifiée est les troubles socio-politiques. En effet, 8,06% (Tableau 2) des sujets disent devenir réfugié à la suite des troubles socio-politiques survenues dans leurs pays. Les trois causes étant surtout politiques, on comprend dès lors à travers ces résultats que les causes qui contraignent les réfugiés à quitter leur pays pour le Bénin sont liées au non-respect des règles démocratiques et des droits humains. Dans ce cas, les hommes politiques et les dirigeants d'Etat sont les premières personnes responsables de ces manoeuvres humaines. Or, le gros problème se situe dans le fait que les personnes qui viennent chercher asile au Bénin ne sont pas ces hommes politiques encore moins ces dirigeants d'Etat, même si on en compte quelques uns dans les cas rares. L'afflux massif des réfugiés au Bénin se caractérise par des personnes démunies et généralement non-instruites hormis quelques uns qui avaient un emploi et les étudiants. On voit par là que les réfugiés qui viennent au Bénin, n'avaient pas dans leur majorité une situation de vie décente dans le pays d'origine. Le lien qu'on peut y faire est que ces dernières sont victimes d'un système soit politique soit sociale soit économique dont ils ne sont pas forcement les premières cibles en persécution surtout dans les conflits post-électoraux. Le pays d'accueil devient à cet effet, un lieu où on pense améliorer sa situation ou encore par lequel on peut passer pour joindre un pays du Nord, la prise en charge aidant. Car, rappelons-le : même si la majorité (48,38%) des enquêtés pensent que les raisons qui ont motivé leur choix pour chercher asile au Bénin réside dans le fait que celui-ci est un « pays de paix et de démocratie » (Tableau 3), il y en a qui pensent (14,51%) que le Bénin est un « pays de transit pour accéder dans un pays du Nord » (Tableau 3). Cette pensée vient justifier les propos de Jonas DJREKPO, responsable du Secrétariat du Comité d'Eligibilité et du Comité de Recours au Statut du Réfugié (SCE/CRSR) de la CNAR: « le demandeur d'asile n'a pas d'autres objectifs que d'être protégé. Mais à l'expérience, on s'est rendu compte que beaucoup de demandeurs d'asile sont demandeurs d'asile non au Bénin mais pour d'autres destinations. C'est-à-dire qu'ils viennent déjà avec l'idée qu'ils ne vont pas rester au Bénin» (Entretien du lundi 28 juillet 2008). Cependant si tant est que le réfugié par définition, est une personne en danger et en persécution à qui il faut assurer une protection, on comprend alors les raisons qui ont motivé le choix des 48,38% du taux des enquêtés pour venir chercher refuge au Bénin : la paix et la démocratie béninoises. Du coup, on peut dire que la majorité des réfugiés au Bénin y sont parce que leur vie est en danger et qu'ils sont à la recherche de protection au Bénin. Alors seulement, on peut se frotter les mains pour dire que la majorité des réfugiés au Bénin, y sont essentiellement pour se chercher de protection. Une telle analyse, de loin, est évidente. Car « il y en a qui ont des traumatismes qu'ils ont subi dans leur pays d'origine [...]. Mais c'est l'infime minorité par rapport à la grande majorité qui espère trouver à travers la procédure de détermination de statut du réfugié, la procédure de réinstallation que bénéficie un réfugié », propos du responsable du Secrétariat du Comité de détermination du statut du réfugié et du Comité du recours (Entretien du lundi 28 juillet 2008). Dès lors, on se rend compte que les réfugiés sont, dans leur majorité, de passage au Bénin pour aller dans les pays du Nord, où se trouve la fin de leurs problèmes. Les causes qui ont provoqué leur départ dans les pays d'origine sont très évidentes certes, mais ne sont pas forcement tributaires de leur arrivée au Bénin, ou c'est le cas, et une fois arrivée ils changent d'objectifs. Mieux, il y en a qui viennent dramatiser l'événement qui a provoqué leur départ, dans l'ultime souci d'obtenir le statut du réfugié pour le servir à d'autres fins. En un mot, s'il y a les réfugiés au Bénin qui sont vraiment en difficulté et méritent toute attention de protection et d'assistance, il n'en demeure pas moins que la grande majorité veut profiter d'une situation donnée pour améliorer sa condition de vie. Dans ces conditions, peut-on dire que la recherche de protection est vraiment motivée ? 4.2.2- De la recherche de la protection au Bénin à la recherche de la réinstallation dans un pays du Nord « Le demandeur d'asile n'a pas d'autres objectifs que d'être protégé », déclarait Jonas DJREKPO, le responsable SCE /CRSR de la CNAR, suite à l'entretien tenu avec lui le 28 juillet 2008. Ces propos montrent que l'objectif premier du Bénin en donnant l'asile au réfugié, est de le protéger contre la persécution dont il fait l'objet depuis son pays d'origine. S'il est donc vrai que les réfugiés dans leur majorité (77,42%) du taux des sujets enquêtés (Tableau 5) bénéficient de la protection internationale au Bénin contre un taux de 22,58% qui estiment le contraire, on peut se frotter les mains et se dire que la majorité des réfugiés venus au Bénin ont vu leur objectif atteint et ont été comblés de l'accueil qui leur est réservé. En revanche, le Bénin ne va pas dormir sur son laurier, il doit plutôt se ceindre davantage les reins en améliorant ses prestations en sorte que la quasi-totalité des réfugiés puissent se sentir en protection au Bénin. En le faisant, le Bénin rehausse son image sur le plan international. Cependant, il est difficile de s'accrocher à cette réalité des résultats. En effet, le Tableau4 comportant les résultats sur l'appréciation des conditions d'asile au Bénin rapportent que 46,77% du taux des sujets enquêtés trouvent les conditions d'asile « très mauvaises » et « mauvaises » pour 22, 58% contre seulement 3,22 % qui apprécient les conditions d'asile de « très bien ». Les premiers, c'est-à-dire ceux qui estiment que les conditions d'asile sont très mauvaises avancent assez d'arguments dont l'inexistence d'assurance, les tracasseries administratives, le manque d'emplois, d'abris et même la tendance à se voir rejeter par les populations du pays d'accueil. Mais la minorité vraiment infime qui qualifie l'asile au Bénin de « très bien » évoque les raisons telles que l'existence de la paix, de la démocratie et de la sécurité. Cet écart d'appréciation des conditions d'asile au Bénin confirme que les réfugiés ont un autre objectif à part celui de la protection. Puisque la majorité d'entre eux avait reconnu être en protection au Bénin (Tableau 5). Il y a donc un problème sérieux lié au matériel, au pécuniaire qu'à la protection dont ils ont réellement besoin. La preuve est qu'ils ont apprécié et noté le pays d'asile sur une base matérielle plutôt que sur une base juridique et politique. La recherche de protection sert donc d'alibi pour octroyer le statut du réfugié et partant, bénéficier de la réinstallation. « Donc leur objectif dès leur arriver, c'est obtenir la protection et au-delà de la protection de l'Etat béninois, se faire réinstaller dans les pays développés », déclarait le responsable du SCE /CRSR de la CNAR (Entretien du 28 juillet 2008). Du coup, il y a incompatibilité entre les mesures de gestion pour les solutions durables et les réfugiés. Puisque les mesures de gestion tirent leur pertinence des causes, or les causes que présentent les réfugiés ont une apparence politique alors qu'elles sont plutôt économiques. Ainsi, à l'amenuisement des fonds alloués pour la gestion des réfugiés, s'ajoute le problème de l'incompatibilité des mesures curatives aux maux à guérir. Dans ces conditions, on peut imaginer déjà ce qui pourrait expliquer la réticence des réfugiés face à un programme de retour paisible dans le pays d'origine. 4.2.3 - De la réticence au rapatriement à l'engouement pour la réinstallation En questionnant les résultats à cet effet, on comprend aisément qu'il y a un problème qui se pose. En effet, le directeur du CPPS déclarait que « les difficultés viennent des réfugiés eux-mêmes dont le rêve est la réinstallation. Ils croient que c'est le pays hôte ou les partenaires qui les empêches de partir » (propos recueillis à la suite des réponses apportées au guide d'entretien). On comprend mal que ceux qui se disent être en danger de vie puissent prendre position en croyant que leurs malheurs proviennent plutôt des humanitaires qui s'occupent d'eux et qui tentent de leur apporter le nécessaire. C'est donc dire que le réfugié change de cible une fois qu'il est dans le pays d'accueil. L'octroi du statut du réfugié n'est pas une fin en soi. Il est temporaire et éphémère. Le réfugié devrait retourner dans son pays d'origine une fois que les conditions sont améliorées et que son retour est assuré dans la dignité et la sécurité : c'est le rapatriement. C'est sur cette base que le pays d'asile offre l'hospitalité au réfugié pour jouir de la protection internationale. En revanche, il ne peut pas retourner dans son pays si les événements qui l'ont contraint à le quitter ne sont pas passés. Mais dans le cas des réfugiés en asile au Bénin, on dénote qu'il y a l'amélioration de la situation dans certains pays d'origine. Les résultats issus des sujets enquêtés dans ce cadre ne présagent aucun signe d'une volonté de retour. En effet, 38,70% représentant le taux des sujets disent « oui, mais à conditions » au retour dans le pays d'origine (Tableau 6). Mais les conditions énumérées qu'il faut pour un éventuel retour sont, certes, objectives mais au fond, moins sincères : le changement du régime avec des hommes neufs, le retour de la paix prouvé par les compatriotes, la volonté des dirigeants à réinstaurer vraiment la paix, etc (Tableau 6) sont autant d'éléments évoqués. Cependant, 61,30% du taux des sujets enquêtés pensent eux autres que le retour n'est même à l'ordre du jour, c'est-à-dire qu'ils ne rêvent pas retourner chez eux parce qu'ils ont tout perdu, ils n'ont plus personne au pays, les mauvais souvenirs sont encore dans les esprits, etc (Tableau 6). Dans chacun des deux cas, les éléments évoqués pour rendre le rapatriement inopportun sont pertinents. Mais il suffit de voir loin pour comprendre qu'en réalité la question de rapatriement n'est pas forcement liée dans les tous cas aux problèmes éventuels qui peuvent surgir lors de sa mise en oeuvre dans le pays d'origine. La preuve est que les sujets, en rendant le rapatriement inopportun voire même impossible, n'optent pas pour une intégration au Bénin mais rêvent partir dans les pays du Nord (Tableau 7). Le rapatriement se présente alors sous les yeux des réfugiés comme un retour à la misère et non au pays. Cela traduit la précarité de vie dans laquelle ils se trouvaient avant l'avènement des conflits qui les ont vu partir. De peur donc d'aller tomber à nouveau dans les misères d'entre temps, ils préfèrent y rester pour bénéficier de la formation professionnelle ou des études universitaires en attendant que le programme de la réinstallation aboutisse. Par ailleurs, la réticence au retour peut s'expliquer aussi par le fait que le pays d'asile en occurrence le Bénin, présente au-delà de tout, des opportunités majeures aux réfugiés en sorte qu'ils ne peuvent pas s'en débarrasser aussitôt. Il y en a, en effet, qui ont laissé les études depuis quatre, cinq voire même six ans dans leur pays pour des raisons d'ordre financier. Mais une fois en asile au Bénin, avec le statut du réfugié, l'opportunité leur est donnée de s'inscrire à l'Université nationale du Bénin dans les facultés au même titre que les nationaux. Alors que dans leur pays d'origine, les frais d'étude sont très hausses, ce qui ne leur permet pas d'y accéder facilement. Parmi ceux-là, on en compte qui attendent finir leurs études avant de retourner au pays. D'autres du même groupe désirent finir, rester au Bénin et y travailler. D'autres encore et c'est la majorité, rêvent partir à l'étranger après les études, c'est-à-dire se faire réinstaller. Dans tous les cas, on constate que le réfugié exploite à merveille des opportunités qui sont offertes à lui. Mais la finalité que poursuit le Bénin en offrant ces opportunités aux réfugiés sur son territoire est de les rendre autonomes, indépendants à se prendre en charge : « quel que soit le cas, l'éducation donnée par la formation professionnelle et les études universitaires est un atout », reconnaît le Directeur du CPPS. Par ailleurs, selon le Directeur du CPPS, «le retour volontaire est la meilleure des solutions durables ». Mais les réfugiés n'entendent point cela de leur oreille. Les résultats (Tableau7) révèlent que la réinstallation est perçue aux yeux de 58,06% du taux des sujets enquêtés « comme un droit de vie meilleure », et 32,26 % la conçoivent « comme la fin des difficultés du réfugié ». Au total, 90,32% des sujets enquêtés pensent que leur espoir est à l'étranger dans les pays du Nord. Convaincus de ce fait, ils se mobilisent à leur manière non pour réclamer le renforcement du droit de protection au Bénin, mais plutôt pour exiger la réinstallation, parfois avec violence, aux autorités qui s'occupent d'eux en l'occurrence le HCR. Car selon eux : « c'est le pays hôte ou les partenaires qui les empêchent de partir ». Cette troisième solution durable (la réinstallation) qui est exceptionnelle et constitue un outil stratégique, et qui n'est applicable que dans des conditions vraiment déterminées et avérées, se présente aux yeux des réfugiés comme l'unique porte de sortie et la condition sine qua non de la résolution de leurs problèmes. Le phénomène se présente comme celui de la migration où l'on croit que le salut est de l'autre côté de la mer. Dans un tel cas, l'idée première qui motive le départ est loin d'être la recherche de la protection ; elle est plutôt la recherche du bien-être, de vie meilleure. Ainsi, au lieu de retourner au pays pour participer à sa reconstruction, les réfugiés préfèrent opter pour la réinstallation. On brave la vie et on s'embarque avec tous les risques. On préfère aller à l'étranger et y mourir s'il le faut, mais presque jamais dans le pays d'origine. Au vu de tout cela, la réticence des réfugiés au rapatriement s'explique. Jonas DJREKPO, le responsable du SCE /CRSR de la CNAR confirme : « la réticence au retour s'explique par le...le...le fait que l'optique dans laquelle le demandeur d'asile était pour venir au Bénin, n'est pas tellement de rester au Bénin mais de pouvoir, à travers la protection que le Bénin va lui offrir et les documents mis à sa disposition, pouvoir demander d'être sous d'autres cieux que son pays de départ » (entretien du 28juillet 2008). Au vu de tout ce qui précède, on voit clairement que la réticence au retour n'est pas forcement liée aux raisons évoquées par les réfugiés (Tableau 6). Les mesures de sécurité pour un retour apaisé ont été prévues conformément aux différentes réalités qui s'imposent, et pourtant les réfugiés n'ont pas changé de position : l'engouement à la réinstallation est plus que jamais l'unique rêve qu'ils nourrissent. Plus rien ne peut leur faire changer d'avis. On n'est pas réticent pour se faire intégrer dans le pays d'asile mais plutôt pour s'envoler loin, dans l'autre bout du monde. Tout simplement parce que le pays d'origine tout comme le pays d'asile n'ont pas une économie forte caractérisée par la recherche d'une main d'oeuvre. Généralement en Afrique de l'Ouest, ce sont des petits pauvres confrontés aux multiples problèmes de développement. Les réfugiés se voient alors obligés de chercher mieux ailleurs, d'où leur engouement pour la réinstallation. Ainsi, les réfugiés en asile au Bénin sont pour la plupart des réfugiés économiques et non politiques. Puisque si cela ne tient seulement qu'à la protection, il devraient y rester. Le Bénin a fait preuve en matière de la protection des réfugiés comme l'un des pays sur de la Sous-région. Sa réputation dans ce sens a dépassé les bornes de l'Afrique. L'asile octroyé tout dernièrement à l'ex-Président des Iles de Java de Comores colonel Bakar, en est une preuve patente. Alors que les réfugiés arrivent même des pays du Nord pour chercher asile au Bénin, ceux qui y ont trouvé asile y quittent pour ces mêmes pays dans le souci d'avoir une vie meilleure. Finalement, on voit que l'intérêt n'est pas le même. Chez certains, il est vraiment politique et chez d'autres, il est purement économique (Tableau 4).
4.2.4- Des réfugiés politiques et des réfugiés conjoncturels ou économiques en asile au Bénin : la distinction Il est utile de mentionner que les réfugiés que nous appelons réfugiés économiques sont en transit au Bénin. Leurs points de chute sont les pays du Nord tels que le Canada, les Etats-Unis, l'Australie et la Finlande. Il y a en donc parmi les réfugiés qui ne méritent pas d'être appelés ou considérés comme tel. En effet, sur les 62 sujets enquêtés composés de 7 nationalités différentes, 37 sont de nationalités togolaises soit un pourcentage de 59,61% (Tableau 1). Ce qui traduit que les réfugiés de nationalité togolaise sont les plus nombreux au Bénin. Mais là n'est encore pas le problème. Le Tableau 4 révèle que 43 sujets au total soit un pourcentage de 69,35% trouvent l'asile du Bénin de loin à combler leurs attentes. En s'appuyant sur ces données évoquées, on voit que les réfugiés togolais sont les premiers indexés en ce qui concerne les appréhensions mauvaises de l'asile au Bénin. Or, aujourd'hui le Togo est un pays qui est entrain de retrouver sa vitalité politique en sorte que les dispositifs et les mesures de retour sont mis en place pour que puissent rentrer les réfugiés ayant quitté le pays lors des événements survenus aux dernières élections présidentielles d'avril 2005. Ces dispositifs mis en place sont élargis aux membres de l'opposition togolaise, pour que le retour puisse être viable et puisse se faire dans la dignité et dans la sécurité. Il y en a en effet qui sont rentrés après avoir reçu leurs droits d'appui de reconstruction auprès du HCR (pré-enquête, mars 2007). D'autres en ont reçu et parti puis sont revenus par la suite, évoquant comme raisons que le pays est économiquement à terre et il est difficile d'y vivre (pré-enquête, mars 2007). En outre, selon le HCR, la nationalité dont la demande de réinstallation est la forte est celle du Togo. Au même moment, l'un des pays dont les réfugiés peuvent rentrer aujourd'hui sans problème est toujours le Togo, puisque le gouvernement togolais d'union nationale installé, s'est impliqué pour que le retour au pays respecte les normes et se passe bien. Et pourtant, les réfugiés togolais en asile au Bénin non seulement n'entendent pas y retourner mais aussi ne veulent pas (pour la grande majorité) s'y intégrer. Ils veulent plutôt tous la réinstallation. Dès lors, on comprend qu'ils sont en transit au Bénin. En d'autres termes, parmi les trois solutions durables à savoir le rapatriement, l'intégration et la réinstallation, seule la dernière, celle qui permet de s'éloigner davantage de son pays, intéresse les réfugiés togolais alors que leur sécurité n'est pas en danger au Bénin. L'intérêt qui guide une telle intention est économique plutôt que politique : la recherche du mieux-être...Hormis les togolais qui sont les réfugiés économiques en transit au Bénin, il faut reconnaître que les efforts considérables sont faits en matière de paix en Côte d'Ivoire où les réfugiés ivoiriens en asile au Bénin pourraient y retourner. Ils pourraient y retourner dans la dignité et la sécurité, puisque les acteurs en conflits se sont réconciliés : la nomination de Guillaume Soro, Secrétaire géneral d'alors des Forces Nouvelles comme premier ministre par le Président Gbagbo, le désarmement effectif des Forces Nouvelles, l'annonce de la date des élections présidentielles prochaines, sont autant d'éléments qui justifient un opportun retour paisible des réfugiés ivoiriens. Parmi les enquêtés, on en a décompté 3 sujets soit un pourcentage de 4,83% provenant de la Côte d'Ivoire dont les résultats témoignent qu'ils ne sont pas prêts à rentrer et, tels les Togolais, ils nourrissent l'envie de partir de l'autre côté de la mer, refusant ainsi la réintégration et le retour au pays. Ils sont aussi, si on peut le dire, en transit au Bénin. Quant aux Nigérians, les résultats ne nous ont pas permis de savoir de façon précise leur situation, puisqu'ils ne se sont pas représentés par nationalité dans l'échantillonnage. La mobilité et la fluctuation qui caractérisent la vie des réfugiés en asile au Bénin expliquent la non disponibilité des chiffres précis du nombre total qu'ils constituent au Bénin : « [...] il est difficile d'avoir un chiffre fiable sur la population réfugiée » (entretien du 28 juillet 2008 avec le responsable de SCE/CRSR de la CNAR. Toutefois, il faut noter que les pré-enquêtes du mars 2007 au HCR et au CPPS nous ont révélé la recherche d'asile des Ogoni20(*)du Nigéria au Bénin, dans l'ultime souci d'y transiter pour les Etats-Unis. C'est pourquoi, nous expliquait le Directeur du CPPS, « ils ne pardonnent pas du tout à celui d'entre eux qui accepte d'apprendre un métier au Bénin, car cela risque de réduire leur chance pour la réinstallation » (propos recueilli lors de la pré-enquête à Ouidah, mars 2007). Les réfugiés nigérians n'ont donc pas un statut différent de deux autres cités précédemment. Ce sont également des réfugiés économiques en transit au Bénin dont la destination est les Etats-Unis d'Amérique. Partant de cette analyse, on peut dire que nous tendons vers une nouvelle forme de migration économique qui risque de déstabiliser le pays d'asile et l'institution qui s'occupe de la gestion des réfugiés, nous voulons nommer le HCR. Puisque la réinstallation n'est pas un outil de migration ou d'immigration pour le pays de son choix. Elle n'est pas non plus un outil pour améliorer la situation économique ou sociale d'une personne. En passant par le couloir humanitaire, les hommes et femmes vaillants qui devraient participer au développement de leur Nation, profitent d'un événement fâcheux survenu dans leur pays pour se rendre à l'étranger à la quête du bien-être. Ainsi, naît la nouvelle forme du réfugié, loin de toute attente. La paupérisation, la misère sont autant de facteurs qui encouragent le phénomène dans les pays d'asile de l'Afrique de l'Ouest en l'occurrence au Bénin. Le risque du phénomène est qu'il pourrait affaiblir et détourner les institutions (le HCR en particulier) en charge de la gestion des réfugiés de ses nobles objectifs qui ne sont qu'humanitaires. Cela pourrait créer par voie de conséquences, d'autres problèmes tels que la déshumanisation et l'instrumentalisation de l'institution pour les fins inavouées qui seraient ainsi préjudiciables aux pays d'asile et aux vrais réfugiés qui ont besoin vraiment de protection. En revanche il faut reconnaître en dépit de tout qu'il y a des réfugiés au Bénin qui méritent d'être vraiment considérés comme tel. C'est-à-dire qui sont des réfugiés politiques au sens définitoire du terme. En effet, le rebondissement des conflits dans certaines contrées de l'Afrique continue de prolonger la durée d'asile des réfugiés provenant de ces contrées au Bénin. La République Démocratique du Congo (RDC), le Tchad, etc. n'ont jusque-là pas encore trouvé leur vitalité politique. Cependant les réfugiés provenant de ces pays sont en nombre minoritaire et jouissent d'une protection effective au Bénin (Tableaux : 1 et 4). Par ailleurs, la réticence au rapatriement peut être expliquée par ce facteur de l'instabilité politique qui y prévaut. Par contre, le Rwanda et le Libéria sont en reconstruction politique et économique. Mais l'horizon politique ne présage rien de rassurant dans ces pays où la guerre a dicté sa loi pendant des années. Du coup, la réticence au rapatriement des réfugiés provenant de ces pays pourrait être expliquée aussi par la longue durée de l'asile et l'existence des mauvais souvenirs dans les esprits (Tableau 6), contrairement à la même réticence des réfugiés économiques qui ne sont qu'en transit au Bénin pour les pays du Nord (Tableau 6). Au regard de tout ce qui précède, que faire ? 4.3- Suggestions La gestion des réfugiés, nous l'avons dit au début dans nos mots introductifs, est une mission délicate et complexe. Encore que nous sommes en Sciences sociales, il est difficile de trouver le remède juste au mal surtout lorsqu'on sait que ce dernier change de tactique et de champ de bataille là où la garde a baissé. Les recherches ayant conduit à ces résultats nous ont amené à nous en rendre à l'évidence. En effet, beaucoup d'efforts sont fournis de la part des acteurs gestionnaires pour une meilleure gestion des réfugiés en asile au Bénin. Cependant, au niveau des réfugiés, le problème de réticence au rapatriement persiste toujours et l'engouement pour les pays du Nord augmente sans cesse en leur sein malgré tout ce qui est fait. Il est peut-être temps d'aller « au fond des choses », selon le mot du professeur Albert TEVOEDJRE21(*). Il n'y a donc pas une clef magique. Néanmoins, certaines idées fortes découlées des résultats peuvent être retenues comme fondamentales dans le cadre de la recherche des solutions. Certes, elles ne sont pas exhaustives mais sont pleines d'actions.
4.3.1- De la nécessité de restructuration et de dynamisation du comité d'éligibilité de la CNAR Le comité d'éligibilité joue déjà un grand rôle dans la détermination du statut du réfugié au Bénin. Il est l'avant-garde d'un système formel qui ne peut réussir sa mission que grâce à son sérieux, puisque c'est lui qui met à la disposition du HCR les personnes reconnues comme des réfugiés. C'est pourquoi, il doit savoir la grande responsabilité qui lui incombe. En effet, il pourrait se doter d'autres éléments plus subséquents qui prouveraient la bonne ou la mauvaise foi du demandeur d'asile. C'est-à-dire qu'en plus du dossier du requérant et son audition, il faudrait un dispositif pouvant permettre de vérifier de façon approfondie toutes les allégations écrites et orales dudit requérant. Ce serait un mécanisme de détection des vrais réfugiés des faux, des réfugiés politiques des réfugiés conjoncturels ou économiques. Cependant une telle action nécessite des moyens humain, matériel et financier et ne serait pas facile surtout lorsqu'on serait en face de la reconnaissance prima facie. C'est pourquoi nous avons parlé de restructuration et de dynamisation. En outre, la création d'une cellule de sensibilisation aux droits et devoirs des réfugiés en asile au Bénin permettrait de résoudre nombre de problèmes relatifs au droit d'asile au Bénin. Au total, il faudrait nécessairement un renforcement des dispositifs mis en place pour l'identification des réfugiés parmi les personnes demandeurs d'asile et de réduire sa lenteur. Cela faciliterait la mission au HCR-Bénin. 4.3.2- De la responsabilité du Haut Commissariat des Réfugiés du Bénin (HCR-Bénin) Le HCR-Bénin, consciente de la délicatesse et de la complexité de la mission qui lui est dévolue, joue autant que se peut sa mission. Cependant, dans le cas du programme du rapatriement, il n'a pas encore réussi à convaincre les réfugiés concernés à s'y adhérer pleinement en défaveur de la réinstallation. Mais tels que les résultats l'ont présenté, ces difficultés de non-adhésion s'expliquent par certains facteurs majeurs liés à l'environnement conjoncturel qui caractérise les pays d'origine qu'il faut prendre en compte. En effet, le HCR ne s'occupe pas des réfugiés économiques ou des migrants. Son devoir est d'assurer la protection aux personnes en danger ayant fui leur pays par peur d'être persécutées, victimes de l'intolérance politique, sociale, religieuse ou ethnique. Dans ce cas, le HCR-Bénin devrait revoir son mode de gestion. Savoir qu'il n'a pas à faire uniquement aux personnes telles que définies plus haut mais aussi aux personnes qui « ...abusent du système international d'asile », selon le mot du Haut Commissaire des Nations-Unies pour les Réfugiés Antònio Guterres (magasine Réfugiés, n°142, vol.1, 2006). Il faudrait cependant au HCR-Bénin, la création d'une cellule de communication qui aurait pour rôle d'informer aux réfugiés, le rôle du HCR, sa mission et la limite de ses prérogatives d'une part et d'autre part expliquer ce à quoi consiste chacun des trois types de solutions durables et les conditions qui caractérisent la mise en oeuvre de chacun d'eux. Cela permettrait d'éviter l'inadéquation des solutions durables à leurs problèmes dont la plupart, dans la situation actuelle, ne sont qu'économiques. Il faudrait aussi préciser aux réfugiés déjà aux premiers jours, compte tenu de l'amenuisement des fonds, les services précis d'assistance auxquels le HCR pourraient subvenir pendant l'asile au Bénin. Cela permettrait d'être un peu à l'abri des pressions des réfugiés vis-à-vis de leurs besoins. En outre, il faudrait instaurer et promouvoir une gestion participative avec les réfugiés. Ils se sentiraient considérés et cela renforcerait leur confiance vis-à-vis de l'institution et partant, du personnel. Enfin, il faudrait réduire les tracasseries qu'ils endurent pendant l'établissement des différents dossiers pouvant leur permettre de jouir de leur statut du réfugié. Il faut noter que ces propositions sont tout même valables pour les Organisations Non Gouvernementales qui opèrent auprès du HCR. 4.3.3- Appel aux réfugiés pour une prise de conscience Les réfugiés dont la paix est revenue dans leur pays devraient savoir qu'on peut être pauvre tout en gardant sa dignité. C'est le moment pour eux de prendre conscience et de savoir que leur salut n'est pas forcément dans les pays du Nord. C'est également le moment de se remettre en cause et de raviser leurs positions en quittant les rangs pour aller participer à la construction de leur pays respectif. Cela va dans leur propre intérêt et dans l'intérêt de l'Afrique. C'est pourquoi le Directeur du CPPS professeur Albert EKUE pense que: «l'Afrique a besoin de tous ses fils »22(*) et au responsable SCE/CRSR de la CNAR Jonas DJREKPO d'ajouter : « ce n'est pas une sensibilisation au retour. C'est un appel au sens civique, au devoir... »23(*) . Tous ces éléments de propositions réunies dans une exécution pourraient permettre de résoudre plus ou moins la question de réticence au rapatriement, de l'engouement à la réinstallation et des éventuelles crises de gestions afférentes. En définitive, que conclure ? * 20 Population établie dans l'Est du delta du fleuve Niger. La dictature militaire qui régnait au Nigéria depuis 1993 se livra en 1995 à un massacre des Ogoni qui émut l'opinion internationale. * 21 Homme politique béninois, ancien Secrétaire général adjoint de l'ONU, ancien ministre de plan, ancien député à l'Assemblée nationale du Bénin, auteur de plusieurs documents dont vaincre l'humiliation. * 22 Propos tirés de l'enquête par entretien, CPPS * 23 Propos tirés de l'enquête par entretien, CNAR |
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