3- DEMARCHE METHODOLOGIQUE
3.1- Type
d'enquête
Cette étude se propose de
comprendre les motifs et causes qui sous tendent la réticence et le
désintéressement des réfugiés à
adhérer au programme du rapatriement en République du
Bénin. Pour y parvenir, les travaux de recherche entrepris se
distinguent et se basent sur une étude de type qualitatif et
quantitatif. Etude de type qualitatif et quantitatif parce que l'une sans
l'autre ne sera pas suffisante à elle seule pour cerner les contours de
nos questionnements.
3.2- Population d'enquête
C'est l'ensemble des individus ou des éléments
concernés par notre étude. Elle concerne les
réfugiés en tant qu'acteurs victimes, les
différents acteurs gestionnaires directs (le HCR et la CNAR) et
les différents acteurs gestionnaires indirects (le CPPS, la
CARITAS, l'Amnesty International, etc.)
- les acteurs gestionnaires directs : il
s'agit des Institutions internationales (HCR) et nationale (CNAR). Ce sont
elles qui, conformément à la mission qui leur est dévolue,
définissent les politiques, les stratégies, conçoivent les
plans d'action et mobilisent les moyens nécessaires pour la gestion des
réfugiés. Il s'agit :
- du service de la détermination du statut du
réfugié de la CNAR : cette institution est
gouvernementale et est chargée de déterminer le statut du
réfugié au sein des demandeurs d'asile. A ce titre, nous avons
estimé qu'elle est bien placée pour nous parler au nom du
gouvernement du Bénin, des mesures de solutions durables qui y sont
prises dans le cadre de la gestion des réfugiés d'une part, et
les difficultés y afférents d'autre part ;
- du service de la protection du HCR :
ce service assure plusieurs activités au sein du
HCR-Bénin dans le cadre de la gestion des réfugiés. Pour
ce faire, il est habileté à nous fournir des informations
nécessaires relatives aux questions de solutions durables, plus
spécifiquement sur la réinstallation et le rapatriement des
réfugiés au Bénin.
- Les acteurs gestionnaires indirects :
il s'agit des Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui sont en partenariat
avec le HCR. Elles ont pour mission de mettre en exécution les
programmes, les plans d'action et les stratégies définies par le
HCR. On y trouve dans cette catégorie, les ONG telles que : le
CPPS, la CARITAS et Amnesty International. Dans le cadre de nos investigations,
le CPPS a été ciblé compte tenu de sa large intervention.
En effet, le Centre Panafricain de Prospective Sociale (CPPS) est une ONG
partenaire opérationnelle du HCR. Elle s'occupe de l'éducation,
de la formation professionnelle et de l'insertion socio-professionnelle des
réfugiés au Bénin. Ce qui le met en contact permanent avec
les réfugiés de toutes les catégories
socio-professionnelles (étudiants, coiffeurs, ménagères,
apprentis (es), électriciens, frigoristes, maçons, etc.)
Enfin, il y a les réfugiés encore appelés
dans le cas d'espèce les acteurs victimes. Il s'agit
notamment des réfugiés ayant trouvé asile en
République du Bénin.
3.3-
Echantillonnage
C'est la portion retenue de l'effectif total (population
d'enquête). Il est composé des différents acteurs (victimes
et gestionnaires) concernés par l'étude. Dans ce cadre,
l'échantillonnage de notre étude se compose de deux types de
méthode : la méthode dite à choix raisonné et
la méthode de l'échantillonnage sur place.
3.3.1- Echantillonnage
à choix raisonné
L'échantillonnage à choix raisonné
nous a permis de choisir les agglomérations où résident
fortement les réfugiés qui constituent notre population
d'enquête. Il s'agit de :
- l'agglomération de Cotonou pour les
réfugiés en formation professionnelle ;
- l'agglomération d'Abomey-Calavi pour les
réfugiés étudiants.
Autrement dit, les acteurs victimes choisis et qui ont
été enquêtés dans le cadre de notre étude
sont des agglomérations d'Abomey-Calavi et de Cotonou.
3.3.2- Echantillonnage sur
place
C'est une méthode qui consiste à enquêter
les sujets en les regroupant à un lieu ou à aller vers eux sur
leurs lieux de travail ou de regroupement.
Les réfugiés du Bénin, hormis ceux qui
sont logés sur les sites de Kpomassè et d'Agamè une fois
venus au Bénin, se concentrent dans les centres urbains tels que
Abomey-Calavi, Cotonou et Porto-Novo, pour diverses raisons : s'approcher
des institutions qui se chargent de leur gestion, chercher de l'emploi,
poursuivre les études supérieures, etc.
(pré-enquête, mars 2007). Cependant, ils ne vivent pas ensemble
comme ce peut être sur les sites ; ce qui explique la
difficulté de les rencontrer et d'échanger avec eux si ce n'est
pas seulement les mardis où les audiences du CPPS sont ouvertes à
eux au siège de la CNAR pour exprimer leurs préoccupations
diverses relatives à l'éducation, à la formation
professionnelle et à l'insertion socio-professionnelle.
En outre, les jeudis, les réfugiés à la
recherche de l'assistance et des services liés à leur statut,
fréquentent le siège de la CARITAS. C'est aussi l'occasion au
cours de laquelle on rencontre la majorité des réfugiés du
Bénin venus de partout du territoire exposés leurs
préoccupations (pré-enquête, mars2007).
L'échantillonnage sur place s'est donc
révélé pour nous comme l'ultime choix fiable et
approprié pouvant nous permettre de recueillir des informations
auprès des réfugiés. Il s'est organisé de
façon la plus simple possible : dans un premier temps, à la
CNAR (un mardi) et dans un second temps à la CARITAS (le jeudi suivant).
Il s'est consisté à amener les réfugiés à
remplir la fiche de questionnaire.
3.3.3- Taille de
l'échantillon
La taille de l'échantillon porte sur l'effectif total
des acteurs sélectionnés au niveau des trois (03) groupes cibles
que sont : deux acteurs directs (un responsable du service de la
protection et un responsable du service de la détermination du statut du
réfugié à la CNAR), un acteur gestionnaire indirect (le
Directeur du CPPS) et 62 acteurs victimes. En d'autres termes, la taille de
l'échantillon est le point du nombre des acteurs
sélectionnés avec lesquels le sujet de recherche sera
abordé.
Pour conduire cette étude, 65 sujets
ont été retenus pour nous fournir des informations.
Ces 65 sujets se composent comme suit :
?3 sujets (acteurs gestionnaires) qui
sont :
- un responsable du service de la protection du HCR ;
- un responsable du service de la détermination du
statut du réfugié de la CNAR ;
- le directeur de l'ONG CPPS.
?62 sujets (acteurs victimes)
Les acteurs victimes se composent des
réfugiés de tous les statuts : étudiants, coiffeuses,
hôtelières, maintenanciers, informaticiens, chômeurs,
ménagères, revendeuses.
Au total, nous avons comme taille de l'échantillon,
65 sujets à enquêter.*
3.4- Techniques et outils de collecte des
données
3.4.1- Les techniques
Pour collecter les informations auprès de
l'échantillon et conduire notre recherche au bout, nous avons
utilisé quatre techniques :
3.4.1.1- La
pré-enquête
Elle s'est déroulée en mars 2007. Il s'est agi
pour nous de descendre sur le terrain en particulier auprès des acteurs
gestionnaires directs (CNAR et HCR), des acteurs gestionnaires indirects (CPPS
et Amnesty International) pour nous enquérir des informations relatives
à la gestion des réfugiés de façon
générale et ceux liés à la mise en oeuvre des
solutions durables au Bénin en particulier. Ce qui nous a permis
d'affiner notre questionnaire et notre grille d'entretien.
3.4.1.2- L'étude
documentaire
Elle nous a permis d'avoir des informations très riches
et diversifiées sur la problématique du réfugié.
C'est une étude qui nous a fait part, de façon approfondie, des
problèmes liés aux solutions durables de la question des
réfugiés. En outre, elle nous a permis de connaître la
situation mondiale, continentale, régionale et nationale sur la
question. Bref, l'étude documentaire nous a fourni des informations
nécessaires pour comprendre mieux la question du réfugié
en situation d'asile.
3.4.1.3-
L'enquête par questionnaire
Elle a été adressée aux acteurs victimes
(les réfugiés). Elle nous a permis de recueillir les
données qui expliquent leur réticence et leur
désintéressement au programme de rapatriement.
3.4.1.4- L'entretien
individuel
Il s'est tenu avec les acteurs gestionnaires directs et
indirects (un responsable de chacun des services de Réinstallation et de
Rapatriement, et du Directeur du CPPS). Il nous a permis de mieux
apprécier les informations liées à nos questionnements de
recherche. C'est aussi la phase au cours de laquelle, on nous a fait part des
difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre du programme du
rapatriement en tant que solution durable privilégiée.
3.4.2- Les méthodes de collecte des
données et d'analyse
3.4.2.1- La méthode de collecte des
données
Pour collecter les données de l'enquête par
questionnaire, nous avons assisté les sujets au remplissage des
questionnaires séance tenante. Ceux non instruits ont été
aidés dans la transcription fidèle de leurs opinions, nous
permettant ainsi d'éviter les mauvais remplissages et les pertes de
fiches de questionnaire. Il faut souligner que l'enquête portée
sur les acteurs victimes, c'est-à-dire, l'enquête du type
quantitatif s'est déroulée à Cotonou en deux lieux :
à la Coordination Nationale de l'Assistance pour les
Réfugiés (CNAR) et à la CARITAS. Quant à
l'entretien, il s'est déroulé à Cotonou au HCR et à
la CNAR puis à Porto-Novo au CPPS. Le contenu des discours a
été enregistré sur support magnétique et
retranscrit.
3.4.2.2- Le traitement des
données
Les informations recueillies à partir
des questionnaires ont été traitées manuellement :
dépouillement, numérotation et codage. Les questions étant
numérotées au départ, le travail s'est
révélé facile lors du dépouillement et de
l'exploitation. Pour les entretiens, le traitement des données a
consisté à l'analyse des informations recueillies qui
représentent des points de vue des différentes personnes
interviewées après leur transcription.
3.5- Les difficultés rencontrées
L'investigation sur le terrain s'est
révélée très difficile contrairement à ce
que nous avions pensé au départ. En effet, au niveau des
réfugiés (acteurs victimes), il faut souligner que ce sont des
gens qui sont très méfiants et très prudents. Au
départ, ils ont refusé catégoriquement de répondre
aux questionnaires. Ils disent être victimes des manipulations et qu'il
s'agit d'une enquête conçue pour les identifier et les amener
à rentrer par force dans leur pays d'origine où ils sont sur la
« liste noire ». Il a fallu assez de patience et beaucoup
d'explications avec à l'appui notre carte d'étudiant pour qu'ils
puissent (certains) accepter de se confier à nous à travers les
questionnaires. D'autres ont exigé que nous leur rassurions à
partir d'un écrit signé avec nos coordonnées que les
informations sont juste destinées pour les fins exclusives d'un
mémoire. Ce qui fut fait. Telles sont les difficultés
rencontrées sur le terrain lors de nos investigations.
Par ailleurs, la conciliation des études de
l'année académique et les recherches n'a pas été
chose aisée. Ce qui a expliqué nombre de difficultés
à répondre aux rendez-vous fixés par les acteurs
gestionnaires. La question d'appui financier pour conduire les recherches
à terme est un fait qui nous a fait défaut.
En outre, ce travail a failli nous coûter la vie avec
l'inoubliable accident de circulation que nous avons fait à la veille de
la rencontre prévue avec les réfugiés, lors des
préparatifs. Nous en avons traîné les séquelles
pendant plus d'un mois. Aussi, avons-nous été confronté au
problème financier pour conduire les travaux au terme.
Cependant, toutes ces difficultés ne nous ont pas
empêché d'aller jusqu'au bout. Bien au contraire, notre engagement
s'est renforcé, la détermination et la soif des résultats
qui nous animaient, se sont accrues. Ce qui explique la présence des
résultats obtenus.
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