1.2. QUELQUES PROBLEMES
POSES PAR LE DEBAT SUR LA NOUVELLE D.I.T BASEE SUR LA CONNAISANCE
En effet, le pilier central sur lequel se situe l'approche de
Mouhoud (2003) est le passage d'une division technique du travail à une
division cognitive du travail. Mais ce constat ne fait pas consensus chez les
économistes. Pour certains la crise du Fordisme marque plutôt la
naissance du modèle Néo-taylorien de la division du travail.
De même, en ce qui concerne le transfert technologique,
beaucoup d'auteurs (Grossman et Helpman, 1991 ; Coe, Helpman, et
Hoffmaister, 1995 ; Keller, 2002 et Keller, 2007...) s'accordent pour dire que
le commerce de biens intermédiaires pourrait être un canal
important de transmission de technologie. Dans le cas des pays
émergents, l'importation de composants pour assemblage peut être
le moyen le plus facile d'acquérir de la haute technologie.
En plus ces analyses ne prennent pas en compte, les
critères de minimisation des coûts d'exploitation et de
production. Quand on sait que les ingénieurs et scientifiques de
certains pays émergents (Inde) présentent à peu
près le même niveau de compétences que ceux des pays
développés et sont employables à des salaires
compétitifs.
1.2.1. LE MODELE NEO-TAYLORIEN
Pour les auteurs issus de cette thèse, la mutation
principale née de la crise du Fordisme est le passage du modèle
Fordien de la production de masse rigide au modèle Néo-Taylorien
de la production de masse flexible. C'est le caractère de plus en plus
instable et versatile de la demande qui expliquerait la transition vers un
modèle de la production de masse flexible. Selon ces auteurs, la crise
de Fordisme serait la conséquence de l'incapacité de la
chaîne de production fordienne à satisfaire une demande de plus en
plus diversifiée.
Les nouvelles technologies jouent un rôle essentiel dans
cette approche parce-que leur introduction dans la division du travail a
permis, grâce à l'automatique et la robotique, de rendre la
production beaucoup plus flexible. C'est-à-dire un modèle capable
d'associer à la fois économies d'échelles et
économie de variétés (Vercelone, 2007). Ici
l'efficacité ne se trouve pas dans la mobilisation des savoirs des
travailleurs, elle se retrouve plutôt dans la capacité des firmes
à respecter les contraintes de qualité et de délais.
Cette logique Néo-taylorienne est basée sur
des localisations fondées sur la minimisation des coûts.
Même si certains pensent que les entreprises concernées par ce
type de division du travail exercent leurs activités dans des secteurs
de production de biens de consommation faiblement intensifs en connaissances
(Mouhoud, 2003a), cela ne représente en rien un frein à
l'extension de la logique taylorienne de minimisation des coûts à
des secteurs intensifs en connaissances. Puisque Mouhoud (2003a) stipule que
l'utilisation intensive des nouvelles technologies est propice à la mise
en place d'une division technique du travail flexibilisée.
En outre l'auteur admet en frôlant la contradiction que
l'une des principales caractéristiques de la polarisation actuelle de
l'économie mondiale est l'implication des nouveaux pays industriels
à capacité technologique dans la dynamique des échanges
entre les trois blocs de la Triade. Pour l`auteur la mondialisation même
si elle n'est pas vraiment un véritable processus d'échanges de
biens et de capitaux et de technologies à l'échelle
planétaire, « Elle se traduit en réalité par un
processus de polarisation de ces flux entre et à l'intérieur des
pays riches de la Triade, selon une logique qui, tout en impliquant certains
pays émergents, aboutit pour la plupart des pays à dotations
naturelles à une déconnexion forcée, les seuls avantages
de ces derniers résidant dans la disponibilité de ressources
naturelles ou de main d' oeuvre à bas prix. »
(Mouhoud, 2003a).
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