1.2.2. LA QUESTION DU TRANSFERT DE TEHNOLOGIE
Comme mentionnée en début de cette section, de
nombreux auteurs ont étudié les relations entre transfert de
technologie et avancée technologique.
Grossman et Helpman, (1991) étudient le lien qu'il y a
entre commerce, croissance et externalités de connaissances. Ils
considèrent un pays dans lequel les flux de connaissances scientifiques
et techniques venant de l'extérieur sont liés à l'ampleur
et à l'étendue du commerce international. Les auteurs montrent
que dans ces conditions, la majeure partie des externalités sont
générées par le commerce extérieur. Et de plus
toute politique de nature protectionniste aurait pour conséquence la
baisse du niveau et du rythme de l'innovation.
Plus tard, Coe et Helpman, (1995) présentent un
modèle dans lequel ils considèrent une économie soumise
à la fois à des dépenses de R&D locales, et à
des dépenses de R&D issues de l'étranger. Dans ce
modèle les efforts d'innovation sont considérés comme l'un
des principaux moteurs de l'avancée technologique. Les auteurs estiment
un modèle économétrique dans lequel les dépenses de
R&D issues des firmes étrangères ont un effet positif sur la
productivité, et cet effet peut être encore plus
élevé si on est en économie ouverte. De plus les
retombées technologiques sont très élevées à
la fois en ce qui concerne les dépenses de R&D locales et les
« spillovers » de R&D internationaux.
Dans le même ordre d'idée Coe, Helpman, et
Hoffmaister, (1995) approfondissent cette analyse. Cette fois-ci ils
considèrent un modèle comprenant deux pays : le premier est
un pays en développement dont l'intensité technologique est
beaucoup plus le fait de son commerce en biens intermédiaires avec le
pays développé que sa capacité interne d'innovation. Le
second est un pays développé qui détient un stock
important de connaissances (capital cognitif) accumulées grâce
à l'intensité des activités de recherche et
développement. Le pays en développement quant à lui
acquiert des technologies grâce au commerce en biens
intermédiaires incorporant des hauts paquets technologiques.
Le modèle économétrique est
estimé sous données de panels sous une période de 20 ans
et un échantillon de 77 pays. Les estimations montrent que les
retombées technologiques du pays développé vers le pays en
développement sont importantes.
La même analyse a été opérée
par Keller (2002), il étudie le lien entre productivité et
recherche et développement. Il analyse les effets de la R&D sur la
productivité de l'industrie locale, aussi bien la R&D issue de
l'intérieur comme celle issue de l'extérieur par le biais du
commerce en biens intermédiaires différenciés. L'auteur
estime un modèle économétrique basé sur les
dépenses de R&D mondiales sous la période 1970-1991. Les
coefficients estimés sont de l'ordre de 50% pour l'impact des
dépenses de R&D sur la productivité, dont 30% pour les
dépenses de R&D locales (quand l'effort de recherche est soutenu) et
20% pour les dépenses de R&D issues des industries
étrangères.
Plus récemment encore Keller (2007) fait le lien entre
transfert de technologie et importations de composants à haute valeur
ajoutée technologique. Pour cet auteur les importations sont souvent le
canal principal du transfert de technologie.
Au regard de ces différentes analysent qui nous
permettent de relativiser la thèse d'une polarisation des
activités de R&D au sein de la Triade, on pourrait penser que
l'événement le plus important qui caractérise la nouvelle
division du travail, est peut-être celui de la tendance à une
réelle internationalisation de la R&D.
|