PREMIERE PARTIE : UNE REVUE
CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Selon le modèle de Ricardo et Ohlin, les pays se
spécialisent sur la production de biens pour lesquelles ils
détiennent un avantage comparatif. Ils importent les produits pour
lesquels ils détiennent un désavantage comparatif et
arrêtent de les produire, et en même temps exportent ceux pour
lesquels ils détiennent un avantage comparatif. Cette situation est
préférable à une situation d'autarcie, parce-qu'elle
permet de générer des gains de productivité qui
résulte de l'économie ainsi réalisée en facteurs de
production.
A partir des années 80, on assiste à une
réorganisation de la production sur une base mondiale, permettant une
croissance rapide du commerce en biens intermédiaires. On remarque une
fragmentation internationale des processus productifs. Les firmes
multinationales sont les principaux acteurs de ce mouvement, elles se
localisent dans différents pays, prenant part à la production de
denrées locales, mais chacune à différentes étapes
de la chaîne de valeur. L'objectif étant de mieux utiliser les
avantages comparatifs offerts par différents pays. Un pays peut
détenir un avantage comparatif seulement sur une étape du
processus de production et détenir un désavantage dans d'autres
phases. On parle de spécialisation verticale, contrairement à la
spécialisation horizontale où un pays à la maîtrise
totale en amont et en aval du processus de production.
La fragmentation internationale des processus productifs est
surtout motivée, par une logique de minimisation des coûts.
L'objectif est de produire chaque fragment là où les coûts
de production seront plus faibles. On parle de décomposition
internationale des processus productifs (DIPP) (Lassudrie-Duchêne, 1985).
Il existe aussi l'idée des rendements d'échelle croissants,
rendus possibles par une plus grande expansion du marché.
La mondialisation des échanges qui va de pair avec
l'internationalisation des processus productifs est souvent associée
à la baisse des coûts de transactions permise par les
progrès des transports et la montée en puissance des technologies
de l'information et de la communication (TIC). Ce qui donne la
possibilité aux firmes d'exploiter tous les atouts et avantages que
peuvent offrir les territoires et les pays. Cependant malgré cette
planétarisation des échanges et des processus productifs,
certains auteurs insistent plutôt sur une polarisation des
activités productives spécifiques aux pays de la Triade. Cette
polarisation serait d'autant plus marquée pour des activités
productives intensives en connaissance (R&D, innovation, hautes
technologies) (Mouhoud, 2003).
1.1. UNE POLARISATION DES ACTIVITES INTENSIVES EN CONNAISSANCE
AU SEIN DE LA TRIADE
« En fait la globalisation signifie pour nous,
l'aggravation de la polarisation des échanges de marchandises et de
capitaux dans les pays développés de la Triade »
(Mouhoud, 1995).
1.1.1. ECONOMIE DE LA CONNAISSANCE ET DIVISION COGNITIVE DU
TRAVAIL
On peut citer plusieurs grandes mutations majeures qui
caractérisent le passage d'un capitalisme industriel vers un
capitalisme cognitif :
- le capital intangible (savoir, immatériel, stock de
connaissance...) est devenu la première source de valeur
- un régime d'innovation permanent remplace un
régime d'innovation incrémental et périodique propre au
capitalisme industriel
- Le lien de plus en plus étroit entre recherche
fondamentale et recherche appliquée notamment dans les activités
hautement « intensives en connaissance »
- Le facteur travail prend de plus en plus de poids par
rapport au facteur capital, ce qui conduit à des changements dans la
décomposition des processus productifs, et dans les modes d'organisation
de la production et d'internationalisation des firmes (Lebert et Vercellone
2004).
Cette transition vers une économie basée sur la
connaissance peut effectivement jouer un rôle essentiel dans
l'économie globalisée, plus particulièrement dans le
domaine de la R&D et l'innovation. C'est-à-dire qu'elle pourrait
être à l'origine d'une polarisation plutôt qu'une dispersion
des activités de R&D dans l'espace. Ceci peut être
illustré entre autres sur deux points : la décomposition
internationale des processus productifs et les déterminants de la
localisation des activités intensives en connaissance.
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