C. Une vision locale des actions effectuées.
Dans son ensemble, c'est la province d'Antananarivo qui
bénéficie le plus de travaux au ras du sol. Antsiranana en avait
le moins. Cette analyse sommaire est pourtant relative si on combine ces
données avec d'autres facteurs comme le nombre d'habitants par province
(cf. fig.8 et 9).
Il faut cependant noter que 28.7% des travaux sont
localisés dans la Province d'Antananarivo. A l'inverse, Antsiranana n'en
bénéficie qu'à hauteur de 4.47% ; Mahajanga est à
7.8%. La moyenne pour les trois provinces restantes (Fianarantsoa, Toamasina et
Toliara) est de 19.74%. Ces données montrent combien la
répartition des travaux est inégale sur le territoire.
Par ailleurs, selon le type de travaux effectués,
l'entretien routier arrive en première position avec 31.6% des
subventions accordées. Il est suivi de près par l'agriculture et
l'élevage à 30.35%. Ces chiffres tendent à conforter les
actions menées dans les autres domaines du plan
qui consacrent le développement de l'agriculture et de son
moyen d'évacuation pour dynamiser le tissu économique de
Madagascar.
Figure 7 : Répartition des travaux au-ras du sol par
secteur d'activité. Source : Archive nationale.
Figure 8 : Répartition des subventions accordées
aux Travaux au ras du sol par province. Source : Archive nationale.
Figure 9 : Répartition de la subvention accordée
par habitant.
1) Une
organisation s'appuyant sur
l'entr'aide.
Les projets qui vont être mis en oeuvre doivent être
formulés par la population concernée. Ils doivent avoir
l'adhésion massive et la pleine collaboration des gens21. Ces
desiderata vont
être transmis à l'autorité
compétente, en l'occurrence la préfecture qui va aviser toute la
hiérarchie. C'est le gouvernement qui en dernier ressort décide
des actions à prendre. Des fonds vont être débloqués
au bénéfice de la commune sous forme de subventions ou de
prêts22.
Par ailleurs, on peut trouver d'après la fig.8 que la
notion d'investissement est relative. La plupart du temps, Antananarivo est
considéré comme une province « favorisée » par
les dirigeants. Certes, elle bénéficie d'une enveloppe
budgétaire plus conséquente par rapport aux autres provinces,
mais en absolue, ce « supposé » avantage fond. Ainsi, pour les
travaux au ras du sol, Antananarivo n'arrive qu'en quatrième position en
terme de subvention par habitant, avec 186.39Fmg/hab. Elle est loin
derrière Mahajanga qui totalise 247.24 Fmg/hab.
Il faut aussi retenir un fait : l'utilisation des fonds
alloués est strictement surveillée. Des écarts ou des
réalisations en retard peuvent être source de retrait des
subventions au profit d'autres projets dans d'autres circonscriptions. Cette
disposition a été prise pour qu'aucun investissement ne dorme
mais tourne à plein régime. L'Etat malgache est pressé
d'apporter des réponses aux actes qu'ils ont entrepris.
2) Les limites de la
politique au ras du sol.
Le Président avait certainement imaginé une
politique qui allait résoudre bien des problèmes lors de la mise
en place de l'approche au ras du sol. Il ne s'était certainement pas
attendu à ce que cette pratique devienne la fosse de son régime.
Faire participer les gens tel est le but de cette politique. Seulement, la
participation n'était pas « volontaire », elle était
faite de manière « coercitive » avec la persistance entre
autre du « karatra isan-jato », une sorte d'impôt de
capitation mise en place pour mieux contrôler les hommes valides... Les
procédés mis en oeuvre au tout début du plan a fait place
à des courses effrénées pour s'adjuger de la subvention
promise par l'Etat en cas d'acceptation du plan proposé.
des biens communautaires. Ces dina vont être des sources de
conflits quand les décisions des travaux à faire «
étaient passé entre les mains des responsables locaux. »
22 Les subventions concernent les travaux
effectués de concert avec la population locale, tandis que les
prêts sont des fonds avancés pour aider des circonscriptions
à se doter de matériels adéquats à ses besoins.
Les actions édictées n'étaient plus
définies par les gens concernées : c'étaient les
responsables locaux du plan qui dégageaient les principaux travaux
à effectuer. Cette maladresse allier à des conjonctures
défavorables sur le plan mondial avait précipité la fin du
Régime. Néanmoins, de grands travaux ont été
menés à terme grâce à cette pratique. On peut citer
en exemple le bassin de déversement de Behoririka (à
Antananarivo). De nombreuses écoles ainsi que des Centres de
Santé de base ont aussi été construits grâce
à cette méthode.
Malgré tout, le principe était contesté.
De plus, certaines actions n'étaient que du « saupoudrage ».
On se contentait de donner des coups de neuf pour des infrastructures
déjà existantes : pour le cas des routes, dans certaines
localités, les routes gravillonnées du temps de la colonisation
ont été « latérisées ». Cela a
accéléré leur dégradation sous l'action
conjuguée de l'eau de pluie et des charrettes (les barrières de
pluie n'étant pas respectées...). La politique que l'on a
escompté donner des impulsions nouvelles s'est
révélée vide de sens. De plus, la politique
d'autofinancement n'était jamais arrivée à terme, les
différentes localités vivent toujours sous subvention grevant un
peu plus les dépenses de l'Etat...
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