A. Un système qui s'appuie sur la gestion
communautaire.
La société malgache fonctionne sous l'impulsion
du fokonolona. C'est une organisation de base qui s'appuie sur la notion de
parenté et de l'aide intercommunautaire. L'Etat n'a vraiment rien
inventé en la remettant au goût du jour : il s'est contenté
de donner à la population plus de possibilités avec de nouveaux
moyens de production qui vont être gérés en
communauté.
Un syndicat des communes est un ensemble de communes qui s'est
regroupé en vue de mettre en oeuvre leur moyen pour les grands
investissements. C'est une sorte de fédération de commune qui
travaille ensemble car une commune seule n'est pas en mesure de s'acquitter de
grandes dépenses qui vont grever leur trésorerie. On peut
distinguer deux types de syndicat des communes : les Syndicats
préfectoraux des communes et les simples syndicats des communes. Le
premier type concerne un ensemble de commune appartenant à une
même
préfecture et dont l'érection est de la
volonté de l'Etat tandis que le second se forme indépendamment
des limites administratives.
Figure 6 : Répartition des syndicats des communes
suivant leur nombre par province en 1967. Source : Archive nationale.
B. Des syndicats trop
ambitieux dans le choix des travaux
accomplis...
Le premier Syndicat des Communes était né dans
la région de Morondava. L'Etat apporte son aide pour le lancement du
projet. Ce dernier doit arriver à un stade d'autofinancement pour
être viable car il ne s'agit en aucun cas d'une assistance mais d'une
aide conjoncturelle qu'il faut stimuler, pérenniser. Les Syndicats des
communes fonctionnent comme des sociétés de type capitaliste. La
rentabilité doit être au rendez-vous sinon cela aura des
répercussions sur sa gestion.
1) De la répartition de
ces syndicats (cf.
fig.6).
On peut voir que c'est la Province de Mahajanga qui a le plus
grand nombre de syndicat avec 14 syndicats de commune (chiffre donné par
l'Etat malgache en 1967). A l'inverse, Antsiranana n'en possédait que 2.
Les autres provinces en comptent respectivement : 5 pour Fianarantsoa, 9 pour
Toliara, 12 pour Antananarivo et Toamasina. Malgré les écarts
entre le nombre des syndicats des communes d'une circonscription à
l'autre, on ne peut que signaler la présence de ceux-ci dans toutes les
Provinces du Pays.
Malheureusement, ces syndicats dans leur majorité
n'étaient pas rentables. Ils ont presque tous adoptés comme
terrain d'intervention l'entretien des routes avec l'achat d'engins y
afférents. Dans ce contexte, on a relevé que pour amortir
l'utilisation de ces engins, il fallait 1.000h/an de travail alors que dans la
majorité des cas, on ne les utilisait que pour 400 à 600 h. de
plus, quand ces machines tombaient en panne, il n'y avait pas de crédits
alloués à leur réparation... Cela entraîne
l'endettement des syndicats qui s'écartent de plus en plus de leur
mission initiale. Cette situation a emmené le Ministre tutelle a
demandé la fermeture de quelques-uns des syndicats qui sont
déficitaires dans certaines provinces. Mais ce n'était pas le cas
du Sud.
2) Les syndicats dans le Sud
: Un exemple de
réussite.
Contrairement à ce qui s'est passé dans le reste
de l'île, le Sud semble s'être adapté au rythme des
syndicats. Peut-être parce que c'est là-bas que
l'expérience a été tentée en premier. Toujours
est-il que suivant l'exemple de Morondava18 (qui a fait comme force
de développement les axiomes : « Production - commercialisation -
industrialisation. »), les autres syndicats dans cette région de
l'île se sont concentrés sur la résolution de leur
problème quotidien :
· A Morondava, il y avait eu la coordination des moyens
d'action des communes syndiquées dans la commercialisation des produits
agricoles.
· A Toliara tout comme à Fort-Dauphin, outre la
coordination des moyens d'action et de commercialisation, il y avait eu
l'industrialisation de la préfecture dans le cadre du plan de
développement.
· Dans le Manja, il y avait eu la coordination des moyens
existants pour effectuer les travaux inscrits dans les budgets.
· A Bekily, le syndicat gérait le fonctionnement
d'un auto-car/ambulance pour l'évacuation des malades vers un centre
médical.
Ces quelques exemples illustrent bien, que le syndicat des
communes peut être un véritable outil de développement s'il
travaille dans le sens des besoins vitaux de la région. Ici, on peut
voir que même si Toliara n'avait pas bénéficié de
grandes opérations comme les autres Provinces, avec les syndicats, elle
a pu s'épanouir.
18 Le Syndicat des communes de Morondava s'est
attelé à accroître les surfaces cultivables par
mécanisation. Ensuite, il a doublé, voire tripler leur rendement
pour arriver à 3246t d'arachide et de pois du cap. Un
bénéfice brut de 80 millions a ainsi pu être
dégagé auprès des comptoirs commerciaux.
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