A. Une politique préconisant l'ouverture.
Le plan quinquennal de 1964 a été
élaboré pour améliorer la vie quotidienne des Malgaches et
répondre aux critiques de plus en plus acerbes envers le pouvoir.
Prévu pour durer pendant cinq ans, ce plan a été
prorogé jusqu'en 1972. Le Président TSIRANANA définissait
ce plan comme un outil visant à « transformer directement et
rapidement les données socio- économiques de l'île, sans
révolution, sans léser aucun intérêt, et en
profitant de tous les moyens (...) aussi bien la dynamique du secteur
privé libéral et capitaliste, que des cadres plus stricts des
entreprises d'Etat.9 »
Le Président se disait d'obédience socialiste.
Il n'en est pas moins que malgré cette tendance, il était ouvert
à toutes les propositions possibles qui pourraient améliorer le
quotidien des Malgaches. Il disait lui-même qu'il privilégiait
« la politique du ventre »... De ce fait, les
investissements aussi publics que privés étaient les bienvenus.
Lors d'une entrevue, il disait : « D'où qu'ils viennent, (...),
les investisseurs seront les bienvenus (...) sans craintes chez nous.
» La synergie se devait d'exister entre le Public et le Privé. Le
gouvernement de ce fait se propose d'investir là où les capitaux
privés font défauts.
Pour parfaire sa politique, les tenants du pouvoir de cette
période a commencé par édifier l'inventaire des actions
qui devraient être entreprises. Le « Livre Blanc », relatant la
situation de la grande-île de 1950 à 1960, a été
commandité. La formulation du plan va partir de ce constat. M. RABENORO
Césaire, Commissaire Général au Plan à cette
époque, disait que « le plan se devait d'être souple car
les données statistiques de l'île en ces temps étaient peu
crédibles » bien qu'il semble que rien n'a changé
jusqu'à maintenant...
Par ailleurs, pour mener à bien les actions futures,
il y avait eu l'adoption d'un Code des Investissements (JORM 1962/Ordonnance
N° 62-024 du 9 septembre 1962), de la mise en place de
sociétés destinées à compléter les actions
comme la SNI ou Société nationale d'Investissement (Ordonnance
N° 62-026 du 19 septembre 1962).
B. La prévision du plan « Tsiranana »
Le plan proposait d'investir 165 milliards de MGF
répartis à hauteur de 23% pour le secteur agricole - 17% pour
l'industrie et 51% pour le transport. Le souci évoqué
était qu'il faut accroître la production agricole malgache et
l'exporter.
Cette pratique ne doit pourtant pas se faire sans
l'assentiment de la majorité. Contrairement à ce qui était
inscrit dans le plan de 1950-60, le plan quinquennal de 1964 était plus
social. Il voulait « gommer » les disparités qui existaient
entre les couches sociales.
|
Total
|
Budget public
et subventions extérieures
|
Organismes publics et semi-publics
|
Capital privé
|
Investissements humains
|
Infrastructures et transports
|
83.42
|
33.64
|
16.85
|
26.68
|
6.25
|
Agriculture
|
38.66
|
20.60
|
2.24
|
8.68
|
7.14
|
Industrie
|
27.95
|
2.25
|
3.08
|
22.62
|
|
Equipements sociaux
|
12.46
|
10.48
|
1.03
|
0.35
|
0.60
|
Divers (commerce, information, coopération
etc.)
|
2.59
|
2.03
|
|
0.56
|
|
Total général
|
165.08
|
69
|
23.20
|
58.89
|
13.99
|
|
Tableau 1 : Répartition des investissements du plan (en
milliard de MGF). Source : Madagascar Afrique n°9, 1967
Le plan quinquennal de Madagascar se proposait d'atteindre
trois objectifs : subvenir à l'alimentation des malgaches -
accroître l'exportation pour contrebalancer l'importation et transformer
certains produits sur place pour freiner la fuite de « devises » lors
des importations pour que l'économie de la Grande-île puisse se
stabiliser. De grands efforts ont été faits pour améliorer
les voies de communication à Madagascar10. Une grande partie
des fonds du plan y est allouée.
C. Une organisation
s'appuyant sur l'appareil
administratif (cf.
organigramme 2).
Le Président de la république est le Premier
Responsable dans les décisions à prendre. Sous son
autorité, on retrouve deux organes s'occupant du plan : un Commissariat
Général au Plan à côté duquel siégeait
un Groupe de ministères. Ces ministères ne sont que des organes
consultatifs dans la conception. Ils doivent orienter les actions du
Commissariat Général au Plan.
Le souci des Dirigeants malgaches, dès le
début, était de traduire en acte l'aspiration réelle du
peuple : un développement concret. La concrétisation du
développement en partant de la base était une condition
indispensable dans la démarche de leur pensée : faire participer
les gens aux actions à venir. Le CTRPD ou Conseil Technique
Régional du Plan et du Développement a été
érigé en ce qui concerne les préfectures pour piloter et
suivre les actions du plan. Une autre cellule a aussi été
créée pour la Commune, le CRD ou Conseil Rural de
Développement, un organe consultatif.
Mais cette organisation avait été une source de
conflits. Les Ministères se battaient pour faire valoir leurs
préséances, quant aux CTRPD, ils n'étaient pas en mesure
de mener à bien leur tâche car l'emprise territoriale de la
préfecture est floue. C'est une limite administrative et non
géographique qui handicape gravement la mise en action des
décisions prises.
10 Depuis l'Indépendance jusqu'à
maintenant, le problème de la voie de communication est récurrent
dans les discours politiques des Dirigeants malgaches. C'est un cheval de
bataille sur lequel beaucoup de Politiciens ont tenté de surfer sans
grand succès. Le kilomètre de route praticable toute
l'année ne cesse de décroître.
Président de la République
Commissariat Général au Plan
Comité Interministériel du Plan et du
Développement
Conseil Technique Régional du Plan et du
Développement
Conseil Rural de Développement
Organigramme 2 : Représentation schématique de
l'organisation de la prise de décision du plan.
CHAPITRE 3. UN
PLAN POUR LA MODERNISATION DU MONDE RURAL ET
L'AMENAGEMENT DE L'ESPACE
URBAIN.
C'
e principal moteur du plan est l'agriculture. Avec
près de 5 millions de ruraux contre quelque 650.000 citadins et
villageois, il fallait prioriser cette frange de la population. Il est
impératif que les paysans accèdent à un statut
d'économie monétaire pour qu'un marché national puisse
s'épanouir.
Le PSD a cherché a initier une dynamique de
transformation de l'espace national à travers les opérations
agricoles et industrielles - les syndicats des communes - les travaux au ras du
sol. Ces opérations concernaient surtout le monde rural. La ville n'a
pourtant pas été délaissée avec les programmes de
créations de logements dans quelques localités de l'île.
I. Les opérations agricoles et industrielles
: Une priorité pour le PSD.
Figure 3 : Représentation graphique de la
répartition des grandes opérations effectuées par la
première république suivant les Provinces. Fond de carte :
Min Inter.
A. Des opérations pour
résoudre les problèmes économiques de
Madagascar.
Comme on l'a toujours souligné, l'économie de
Madagascar doit partir de la base. La majorité des Malgaches
étant des ruraux, il fallait apporter un soin particulier à ce
contexte. L'agriculture est ainsi devenue le défi majeur que se sont
lancés les Dirigeants de l'époque et ceux qui les ont
succédés plus tard.
1) Les zones
d'intervention des grandes opérations
(cf.
fig.3).
De premier abord, on peut être tenté de dire que la
répartition de ces actions sur le territoire malgache est inégale
:
· Une grande majorité des opérations qui
vont être menées est localisée dans les provinces
d'Antananarivo et Mahajanga. Il faut cependant distinguer que même dans
la province d'Antananarivo, on peut noter des nuances dans ces interventions.
Le Moyen- Ouest est beaucoup plus sollicité que le versant oriental.
Cette politique répond à une stratégie : le
redéploiement de la population vers cette partie de la province à
forte potentialité mais qui a été pendant longtemps
marginalisé. La densité de la population dans cette partie
d'Antananarivo est encore faible. Pour ce qui est de Mahajanga ; on est en
présence de la Province qui a la plus forte potentialité en terme
de développement : un bassin sédimentaire propice à
l'agriculture avec de larges plaines alluviales ; une côte à
l'abri des vents où la potentialité aquacole est palpable ; un
réseau hydrographique dense et un climat chaud toute l'année etc.
Malheureusement, son essor n'a guère été convaincant. Les
Sakalava, premiers occupants de cette partie de l'île, s'adonnaient
à un élevage de type extensif...
· Pour ce qui est de la côte Est et de la partie
septentrionale de l'île, on est en présence de zone sous
l'influence de l'alizé. Elles bénéficient de
l'implantation des cultures d'exportation héritées de
l'époque coloniale. Les futures actions proposées par le plan
vont s'appuyer sur la dynamisation de ces activités. De nouvelles
activités ont quand même été mises à l'ordre
du jour.
· En fin de compte, dans cette nouvelle politique
lancée par les Dirigeants, ce sont les Provinces de Toliara
(Tuléar) et de Fianarantsoa qui sont les moins « concernées.
» Très peu d'opérations vont y être menées.
Cela est sans doute dû au fait que les potentialités de ces deux
provinces sont quelques peu suffisantes : Tuléar, avec son climat semi-
aride, est difficile à aménager si l'on fait abstraction des
zones près des fleuves11 ; Fianarantsoa quant à elle
est déjà sous l'injonction d'une pression démographique
intense. Néanmoins, on verra que dans d'autres domaines, elles seront
gagnantes.
2) Les
différents types
d'intervention.
Les grandes opérations lancées par la
république malgache prenaient en compte les données
géographiques et l'existence d'embryon d'activités dans les
régions où les interventions vont être menées. A
partir de ces réalités, des projets ont été soumis.
Madagascar a été ainsi divisé en plusieurs zones
d'intervention.
a. Les opérations agricoles.
Les zones agricoles font suite aux études de la
potentialité des régions de Madagascar. Ces études vont
mettre en évidence une nouvelle vision de l'espace malgache qui va
générer des opérations agricoles d'envergure. Des
opérations qui ont fait la renommée du parti PSD quand il
était au pouvoir.
Mais avant de voir ces grandes zones agricoles, il est
nécessaire de signaler une forme particulière de l'intervention
de l'Etat. Il s'agit des fermes d'Etat qui sont une forme avancée de
l'intervention des gouvernants dans le monde rural. Des fermes étaient
érigées pour pallier l'absence du secteur privé dans des
zones à forte capacité de production. Elles servent de faire
valoir de la potentialité de certaines régions. Leur champ
d'action varie énormément allant de l'élevage porcin pour
la ferme de Bellevue à la culture de pommier pour Soanindrariny en
passant par l'élevage bovin à Ibaoka etc.
Ces fermes, implantées un peu partout dans la
Grande-île, servent de catalyseur dans les régions où elles
étaient. Elles insufflent en cela une nouvelle vision de l'espace
économique. Les gens, au contact de ces « nouveaux
phénomènes », ne peuvent que se bonifier. Mais l'essentiel,
bien évidemment sont les autres opérations entreprises dans les
zones agricoles :
· L'arrière-pays de l'Ouest malgache sera
voué à l'élevage12 tandis que les plaines
côtières seront le domaine de grandes cultures sur baiboho (coton,
riz etc.). Ainsi, il est prévu d'investir successivement près de
1.819 millions de Fmg et 2.560 millions de Fmg à Mahajanga et à
Antananarivo pour la construction d'une chaîne de production de viande
[allant de l'élevage jusqu'à l'abattage et l'exportation] suivant
la norme internationale. Les études faites ont en effet
révélé que ces zones ont une forte potentialité en
ce domaine.
· L'Est sera voué à la culture riche
d'exportation avec l'amélioration entre autres des plants de café
dont la culture est ancrée dans cette zone. La carte de la
répartition des surfaces des grandes opérations ci-dessus ne rend
pas compte de la disposition de ces cultures riches. Elles sont trop
éparpillées et cultivées par de petits exploitants
agricoles pour être quantifiées. Néanmoins, il faut
remarquer que tout l'Est malgache est concerné (de la façade
orientale de la Province de Diego-Suarez à l'extrême sud de la
Province de Fianarantsoa). Par ailleurs, d'autres opérations plus
zonales ont aussi été à l'ordre du jour comme la
plantation de palmiers à huile et de bananiers dans la région de
Toamasina et celle des cocotiers autour de Sambava.
· Dans le Sud, les aménagements ont
été concentrés autour des bras des grands fleuves de la
région. Leur mise en valeur a été
déléguée à des sociétés
d'aménagement tel le SEDEFITA ou le SAMANGOKY.
12 Le projet élevage dans la région
du Moyen-Ouest proposait de créer 5 ranches d'embouche semi-extensive de
4.000ha chacune et un abattoir d'une capacité de 30.600t/an. Ce projet
se fera en complète symbiose avec l'ODEMO `Opération de
développement du Moyen-Ouest)
Figure 4 : Représentation en surface (ha) des
différents projets d'aménagement. Fond de carte : Min
Inter.
on peut citer : l'ODEMO/SOMASAK dans le Moyen-ouest, la
SAMANGOKY dans la région de Morombe, la SEDEFITA à Toliara, la
SOMALAK dans l'Alaotra , le GOPR sur les Hautes Terres Centrales et la
COMEMA13 à Marovoay. Ces opération agricoles ont
été appuyées par une politique d'industrialisation
certaine.
b. Les opérations industrielles.
La balance commerciale de Madagascar est déficitaire.
La raison est que la Grande-île importe beaucoup, surtout des produits
finis qui, pourtant, peuvent être fabriqués sur place. Fort de ce
constat, l'Etat s'est lancé dans le développement de son tissu
industriel avec l'aide du secteur privé et, en s'efforçant de
doter les principales villes du pays. Trois organismes ont été
créés pour veiller à la coordination de cette politique.
Il y avait eu notamment le SNI ou Société nationale
d'Investissement. En outre, un nouveau code des investissements a
été élaboré pour favoriser la création
d'industries à Madagascar. Cet environnement serein avait permis
d'attirer de nombreux investisseurs privés. Les résultats ne se
sont pas faits attendre car dès 1966, 700 emplois furent
créés avec un investissement total de 1.220 millions de Fmg dans
le secteur industriel.
Parmi ces industries, on peut noter l'industrie de
transformation du papier, la Papeterie de Madagascar (PAPMAD) à
Ambohimanambola, Antananarivo, dont les fonds d'investissement
s'élevaient à 540 millions de Fmg. Elle a été
érigée en 1965 pour produire 7.000 à 8.000t/an de papiers
de diverse qualité. Autres industries, on peut citer : la raffinerie de
pétrole de Toamasina14, la SOTEMA15 ou
Société Textile de Mahajanga, la DCAN16 à
Antsiranana.
13 La COMEMA sera pris en exemple de ces grandes
sociétés d'aménagement.
14 La SMR ou Société Malgache de Raffinage a
été construite de 1964 à 1965. Elle a été
nationalisée en 1976 et intégrée dans le consortium SOLIMA
avant d'être cédée après la privatisation à
la société GALANA. Lors de sa mise en service, la SMR traitait
540.000t/an de produit pétrolier brut. Une capacité qui a
été amenée à 720.000t/an en 1972. La raffinerie
dispose d'une capacité de stockage de 255.000 m3 dont 143.000
m3 pour le pétrole brut, et 112.000 m3 pour les
produits intermédiaires finis. L'effectif des agents qui y travaillent
est de 346.
15 La SOTEMA a employé plus de 2 800 personnes, a
fermé ses portes en 1997 pour des difficultés financières
importantes (une dette de 140 milliards de Fmg). Cette unité
industrielle était une société d'état mixte
fondée en 1968. En 1996, son capital s'élevait à 3 510 675
000 Fmg. En 1998, elle a été cédée au groupe
SOCOTA.
16 La DCAN ou Direction de la construction et
d'armement navale a certes été créée bien avant la
première république (1945), mais elle a
bénéficié d'un appui certain de la part du gouvernement
PSD. Cette industrie a permis la création de nombreux emplois dans le
secteur industriel du le Nord de l'île.
Ainsi, à travers ces opérations agricoles et
industrielles encouragées par le gouvernement PSD, on sent le souci
réel mais sans doute limité de prendre en compte l'ensemble du
territoire national à travers les chefs lieu de province. Ce souci est
conforme à l'aspiration de toutes les forces politiques du moment qui
proclamaient un développement s'appuyant sur l'unité et
l'intégrité du territoire. Pour donner une idée
concrète des actions menées, la COMEMA a été prise
en exemple pour illustrer les travaux entrepris.
B. Exemple d'une
société d'aménagement :
La COMEMA (Comité
d'expansion de la Plaine de
Marovoay)
Figure 5 : Occupation du sol dans la région de la plaine
de Marovoay. Source : BD 500.
Aujourd'hui, Marovoay est plus connu pour être un haut
lieu de la riziculture malgache. Après la cuvette de l'Alaotra, la
plaine de Marovoay est considérée comme le deuxième
grenier à riz de Madagascar avec des productions de près de
45.000t/an. Marovoay est une plaine alluviale de 40.000ha dont près de
25.000 allouée à la riziculture. Elle est située au
confluent du Fleuve Betsiboka et de la baie de Bombetoka. La mise en valeur de
cette portion de territoire a commencé durant la colonisation.
1) Une plaine
prédisposée à la
pratique de la
riziculture
(cf.
fig.5).
Marovoay est l'ancienne Capitale politique du Royaume du
Boina. Comme les Sakalava sont plus éleveurs que cultivateurs, cette
plaine a été peu utilisée avant le début du
XXè siècle. C'est la colonisation qui a
commencé l'aménagement du terrain.
De grandes transformations du paysage ont dû être
mises en oeuvre pour que la plaine de Marovoay devienne viable (à cause
entre autres de la proximité de la mer qui a des incidences sur la
« salinité » du sol) : la plaine de Marovoay a une pente
faible qui empêche l'écoulement des eaux si bien qu'en saison de
pluie, elle est régulièrement inondée. Cette situation
n'est pas pour désavantager la zone car l'inondation renouvelle la
plaine en nutriment grâce au dépôt des alluvions
charriées depuis les HTC par les différents affluents du
Betsiboka. La maîtrise de l'irrigation est donc une condition
indispensable de la réussite de cet aménagement.
Un autre facteur à ne pas négliger est la
température qui dans le cas de Marovoay permet tout au long de
l'année de pratiquer la riziculture. Un riz a besoin d'une
température oscillant entre 18 à 25°C pour arriver à
maturité. A Marovoay, la température moyenne annuelle avoisine
les 25°C. C'est donc une situation favorable à l'expansion de cette
culture.
2) L'aménagement
d'avant la
COMEMA.
L'aménagement de Marovoay commençait au tout
début du siècle dernier. En 1908, la première station
agricole était opérationnelle. C'est un véritable
laboratoire pour l'amélioration des variétés de riz
à Madagascar, la création de nouvel outillage etc. dans cette
gestion, l'hydraulique relève de l'autorité
coloniale qui gère un réseau de canal atteignant une longueur de
plus de 100km au début des années 60.
Des colons français et malgaches s'y sont
installés. Mais les deux grandes firmes qui y ont travaillé
étaient la CAIM (Compagnie Agricole et Industrielle de Madagascar) et la
CFME (Compagnie Franco-malgache d'Exploitation).
La plaine de Marovoay produisait un riz de luxe connu sous le
nom de son découvreur : Ali Kombo, un Comorien qui y travaillait. Cette
variété a été destinée à
l'exportation17. Avec cette variété, on en arrive
à 4t/ha. Cette production était destinée à
l'exportation. Marovoay se prêtait à ce genre de culture car il
est situé tout prêt de la côte. Ce qui facilite grandement
les transports.
L'exploitation de cette zone se faisait sous le régime
du métayage qui a été contesté par un grand nombre
de gens au lendemain de l'indépendance. Par ailleurs, la gestion des
canaux hydraulique qui était du ressort du génie rural jusque
là a aussi été remise en cause. Certains des exploitants
ont décidé de prendre en main cette gestion pour avoir à
contrôler leur besoin en eau. Pour atténuer ses conflits, l'Etat a
créé la COMEMA.
3) Une société d'Etat
pour la redistribution du
terrain rizicole.
Le régime TSIRANANA avait créé la COMEMA
pour contrôler les contestations dans la plaine de Marovoay. La COMEMA
avait pour rôle de régler les différends résultant
du mouvement de décolonisation. En outre, elle devait veiller à
l'expansion de l'exploitation de la zone rizicole.
a. La mission : Une assistance concrète pour la
transformation de la plaine.
La COMEMA est mandaté par l'Etat pour racheter les
parts de la CAIM dans la plaine et ensuite de les revendre aux métayers
qui par cette procédure jouiront de leur récolte. La condition
fixée pour l'accès à la propriété des
parcelles était simple, il suffit de reverser à la COMEMA, 1/4
des récoltes sur une période de 10ans. Dans cette perspective, la
plupart des gens au tout début de la campagne étaient assez
motivée dans la mesure où elles vont devenir des
propriétaires. Elles prenaient part à la gestion des parcelles et
notamment dans la gestion des canaux d'irrigation et de drainage.
b. Des actions vite dépassées par la
réalité.
Très vite pourtant, l'entretien des canaux était
négligé. Certaines parcelles ont même été
privées d'eau. Une situation qui tendait à se dégrader. La
COMEMA, à ce moment contrôlait près de 13.000ha de terrain
rizicole qui ont besoin d'un sérieux « coup de lifting.
» L'événement de 72 marquait un point d'arrêt dans les
activités de la COMEMA. Sous prétexte du changement de
régime, les métayers refusent de s'acquitter de leur contrat (1/4
des récoltes) auprès de la société d'Etat et
demande qu'on leur donne des titres sur leur parcelle. Ils disent que ces
contrats n'avaient plus lieu d'être puisqu'ils avaient été
contractés auprès du défunt régime qui n'existait
plus. Cette situation avait emmené la nouvelle autorité a
créé le FIFABE pour gérer la zone en 1973.
4) Quid de
l'avenir de la
plaine de Marovoay ?
Le FIFABE colmatait les brèches avec les moyens de
bord. Mais sa tâche était difficile. Le FIFABE avait à
redistribuer des terres qui légalement appartenaient encore aux grandes
compagnies d'avant l'indépendance. Il a alors décidé
d'aménager de nouveaux terrains à redistribuer. Ces efforts,
forts louables, ont pourtant été arrêtés nets par
les conjonctures que le pays traversait vers la fin des années 70.
nouveau entretenues ; et la méthode de travail
réaménagée. L'avenir de la riziculture de Marovoay
dépend de la capacité de cette zone à s'assumer
d'elle-même. L'assistanat dont elle a fait l'objet jusqu là n'a
fait que l'entretenir pendant un temps. Son avenir, c'est aux acteurs qui y
oeuvrent de le définir.
Cette analyse quelque peu abrégée de la
situation de la plaine de Marovoay montre à quel point les
problèmes concernant le développement de Madagascar dépend
de beaucoup du facteur politique et de sa stabilité. C'est un miroir qui
renvoie la situation prévalant dans la grande-île. A chaque
gouvernement, on a un style pour appréhender la situation. C'est comme
si à chaque nouveau régime on prenait un nouveau départ
sans vraiment faire une lecture franche de la situation. Le pays y perd dans ce
jeu qui consiste à renier les pas déjà accomplis pour
faire valoir les nouveaux points de vue.
II. Le Syndicat des Communes : Une institution «
éphémère. »
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