B. Le parti Social Démocrate : un parti Etat.
Comme partout dans les Pays sortis du joug de la
colonisation, la hantise des Dirigeants était de perdre pied et de voir
se désintégrer « l'Unité territoriale » issue de
la colonisation. Ils voulaient raffermir leur pouvoir et
l'intégrité du territoire national. Madagascar n'a pas
échappé à ce syndrome. Le PSD, parti du Président
TSIRANANA dominait la scène politique en faisant « main-basse
» sur tous les postes clés de l'administration. Une carte de membre
de ce parti en ce temps ouvrait bien des portes...
L'opposition au régime existait mais son aura
était faible. On peut citer l'AKFM qui, dans la Capitale, a pu tenir en
respect le parti PSD : le poste de Maire de la Capitale a été
occupé par le
5 Cas du gouvernement des USA : le Président
est à la fois le Chef de l'Etat et le Chef du Gouvernement.
6 Dans les couloirs de l'Assemblée Nationale
de l'époque, on ne retrouvait que 3 députés issus de
l'opposition. Les restes sont issus du parti du Président, le PSD.
Pasteur ANDRIAMANJATO Richard pendant les mandats de
TSIRANANA. Ce dernier pour affaiblir le pouvoir croissant du Maire a
nommé un Délégué Général du
gouvernement qui contrôlait les décisions des conseillers
municipaux...
Le territoire national est contrôlé par le PSD.
C'est un constat avéré. Cette « main-mise » est
appuyée par une administration dévouée au renforcement du
pouvoir du parti gouvernant.
II. Un découpage territorial
déconcentré et technocratique.
A chaque république, Madagascar avait connu des
divisions administratives aussi originales les unes que les autres. La
première république se démarque des deux
républiques qui vont lui succéder par la mise en place d'une
administration déconcentrée qui essayaient de planifier de l'Etat
central l'avenir de Madagascar. Cette administration est plus vouée au
« culte » de l'Etat plutôt qu'à celui des
administrés.
A. Une
division
administrative
héritée de l'époque
coloniale
(cf.
fig.2).
L'administration de la première république est
plus déconcentrée que décentralisée. C'est un choix
et aussi un héritage :
· Un choix car au lendemain de l'indépendance,
Madagascar avait très peu de cadres aptes à diriger les diverses
régions de l'île. Il fallait rendre l'Etat fort pour mener
à bien les actions de développement qu'il s'était
fixé d'entreprendre.
· Un héritage car la division administrative
existait déjà sous la période coloniale. Cette structure
n'est pas nouvelle dans la mesure où elle a été
héritée de la période coloniale. L'administration
coloniale privilégiait un pouvoir central fort pour peser de tout son
poids sur la cour des affaires de la colonie.
Figure 2 : Représentation graphique de la division
administrative de la première république. Source : G.
BASTIAN.
Il existait quatre échelons principaux dans le
découpage administratif de la première république (cf.
organigramme 1). Ces échelons sont des formes
déconcentrées de l'Etat : les fonctionnaires qui y oeuvraient
étaient désignés par l'Etat.
Seules, les Communes ont des élus : les Maires. Ces
derniers ont un grand rôle à jouer dans la mise en place et le
fonctionnement du plan notamment dans l'optique du « Travail au ras du
sol. »
B. Le choix des
divisions
administratives.
Le découpage administratif de la première
république est fortement centralisé bien que les
prérogatives de chaque entité administrative est assez large. On
va essayer d'expliquer le choix de ces découpages.
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Provinces
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6
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18
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92
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Communes
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692
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Organigramme 1 : Représentation schématique
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de l'organisation administrative
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durant la première république.
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1) Les
provinces : Des
entités
régionales
homogènes.
Les Provinces sont au nombre de 6. Elles sont la clé de
voûte de l'organisation de la politique de développement de
Madagascar. A leur tête, on retrouve un exécutif7 qui a
rang de
Secrétaire d'Etat rattaché au ministère
de l'Intérieur. Leur découpage a été certainement
influencé par des caractères plus géographiques qu'humains
: on retrouve dans ces zones des traits assez similaires.
Ainsi, la province de Mahajanga s'ordonne autour du bassin
sédimentaire du Boina, une unité régionale qui a ses
caractéristiques propres : un climat sous l'influence de la mousson avec
deux saisons contrastées (un climat tropical chaud à saison
humide qui s'alterne avec une saison sèche), une
végétation dominée par la savane arborée avec des
reliques de forêt xérophile (comme la forêt
d'Ankarafantsika) et quelque lambeau de forêt galerie. Quant à la
population, elle est à dominante Sakalava dans le bassin du Boina.
L'ethnie Tsimihety est localisée vers le Nord (région de
Befandriana). C'est aussi une zone qui est en train de devenir un creuset
ethnique avec l'arrivée massive de gens de divers horizons de
l'île dans la plaine de Marovoay où la riziculture commence
à s'affirmer au détriment de la population sakalava, une
population pasteur...
Tuléar n'échappe pas non plus à cette
coïncidence du découpage avec la réalité
géographique. Le domaine du grand-sud est dominé par un climat
semi-aride qui englobe une majeure partie de la Province. Les ethnies qui y
vivent sont assez nombreuses mais leur caractéristique commune est
qu'elles font presque toutes les mêmes activités : le semi-
nomadisme qui s'articule entre autres autour de l'élevage extensif
(Bara, Antandroy etc.) ou de la pêche (Vezo) voire de la cueillette pour
les Mikea.
Cette analyse a quand même ses limites quand on regarde
par exemple, la Province de Fianarantsoa. Cette dernière est
formée par un ensemble comprenant la partie sud des Hautes Terres
Centrales (HTC) et une partie de la façade orientale de l'île.
Deux zones bien distinctes sur le plan géographique dont la limite
naturelle est la falaise tanàla. Il faut trouver ailleurs l'explication
de l'existence de cette Province. Si l'hinterland est peuplé en majeure
partie de l'ethnie Betsileo au Nord et des Bara au sud, il en va autrement du
peuplement de la façade orientale. Cette dernière connaît
l'existence de plusieurs ethnies qui « cohabitent » plus ou moins
paisiblement sur une portion assez restreinte du territoire (chaque ethnie est
localisée en général, entre deux interfluves). Même,
si cette zone a vocation à être autonome, la sagesse
politique en a décidé autrement pour ne pas
froisser « l'ego » de qui que ce soit. La province de Fianarantsoa
trouve son équilibre dans ce « savant dosage. »
En bref, les Provinces sont des zones avec des
caractéristiques assez identiques qui demandent de ce fait un
aménagement assez homogène. Leur érection durant la
période coloniale voulait faciliter le travail de l'administration dans
la compréhension des actions à entreprendre. C'est tout
naturellement que la toute jeune république de Madagascar s'y est
appuyée pour lancer ses futurs projets.
2) Les préfectures et les
sous-préfectures : Pour une meilleure
efficience de la présence de
l'Etat.
Les Préfectures et les sous-préfectures sont
des relais de l'administration sur le territoire. Elles jouent le rôle de
modérateur dans les actions gouvernementales car l'effectivité
des décisions venant de l'Etat central trouve leur application au sein
de ces territoires. Elles doivent ainsi être à l'écoute de
l'administration et des gens. Par ailleurs, elles sont l'émanation de
l'Etat sur le territoire sur lequel elles sont implantées et s'occupent
de tout ce qui a trait avec l'administration.
Madagascar avait 18 préfectures durant l'ère
TSIRANANA. La première remarque à tirer est que chaque Province
est subdivisée en 3 Préfectures sauf Antananarivo qui en compte 4
et Diego-Suarez qui en a 2. Chaque préfecture est un grand ensemble
régional qui englobe une certaine homogénéité bien
plus marquée que pour les Provinces. Leur désignation
répond à des critères cette fois-ci plus humaine et
économique. Chaque zone est caractérisée par des
activités bien spécifiques.
Par exemple, la Préfecture d'Antsohihy, d'une
superficie de 50.100 km2 englobe dans sa majeure partie le
territoire des Tsimihety. Le Vakinankaratra est habité par les gens du
même nom. Ce sont des ensembles de reliefs et de population assez
homogène qui aspire à la même réalité.
Ailleurs, comme pour la Préfecture d'Antalaha, des considérations
plus économiques ont influencé sa mise en place : c'est la
région de la culture de la vanille. L'approche initiée
démontre ainsi une volonté de mettre en relief
l'homogénéité pour insuffler la dynamique qui aiderait
chaque zone à se développer.
3) Les Communes :
L'embryon d'une nouvelle dynamique
locale.
Les communes, contrairement aux trois entités
territoriales sus-citées, ont des élus à leur tête.
C'est la seule forme de pouvoir décentralisé dans la
première république. C'est aussi l'entité administrative
la plus proche des gens. A cet effet, l'Etat malgache pense que les gens se
doivent de contribuer à l'amélioration et à la gestion de
leur espace de vie. C'est pour cette raison que les communes ont
été érigées. Elles sont « gouvernées
» par leur population qui va définir leur propre priorité.
Les Communes fonctionnent comme un véritable petit Etat. C'est la forme
originelle de la cité comme dans l'antique Grèce. On a un
exécutif, assisté d'un conseil qui oeuvre pour le bien-être
de la population de chaque circonscription. Les décisions prises par la
majorité sont appliquées sur le territoire communal. Les
possibles déviations de cette relative liberté sont
automatiquement signalées à l'entité administrative
supérieure.
Le statut de commune peut être révoqué
quand cette dernière ne remplit plus les conditions nécessaires
qui avaient amené à son érection. Il fallait donc que l'on
se « batte » pour garder ce statut. Celles qui perdent ce statut sont
ré-administrées par l'Etat central via ses démembrements.
Le rôle jouer par la commune est primordial dans la transformation de
l'espace malgache car c'est l'entité de base du développement. Le
plan quinquennal lui a attribué un rôle majeur défini dans
le travail au ras du sol.
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