CHAPITRE 1. L'ERE TS IRANANA OU LE TEMPS DU
NEOCOLON IALISME.
L
e 14 octobre 1958, l'Etat malgache fut érigé en
république. La Loi d'annexion du 6 août 1896 a été
déclarée caduque. Cette réforme passa après que les
Malgaches eurent
voté OUI au référendum du 28 septembre
1958. Ce n'était pas encore l'indépendance, néanmoins,
cela avait été le premier pas vers le recouvrement de la
souveraineté malgache. Le gouvernement qui a été mis en
place a exercé un pouvoir très personnel. Le PSD était
sans conteste le seul parti qui dominait la scène politique. Son action
est d'autant plus amplifiée qu'elle s'appuyait sur une organisation
administrative déconcentrée.
I. Un pouvoir sans partage du PSD.
A. Une république néocoloniale.
La république de Madagascar d'avant
l'indépendance n'était qu'une façade. Des trois conditions
qui font d'un Etat, un Etat, la Grande-île n'en remplissait qu'une : la
population. En effet, la France continuait à administrer les affaires
nationales et, une grande majorité du territoire malgache sont hors de
sa juridiction. On peut parler ici du cas des îles dépendances de
Madagascar, comme Bassa Di India - Tromelin - Europa - Les Glorieuses et Juan
de Nova... (cf. fig.1) La souveraineté de Madagascar sur ces îles
n'a guère dépassé les déclarations d'intention.
Jusqu'à maintenant, ces îles sont sous administration
française.
1) L'accord de coopération
franco-malgache du 2 avril
1960.
Cet accord a été établi avant
l'indépendance de Madagascar. Il lie le futur Etat indépendant
à l'ancien « maître » du Pays. Ce dispositif
restreignait le pouvoir souverain de Madagascar. Il a été
contesté par les deux Partis dans l'opposition d'alors : l'AKFM et le
MONIMA 3. Dans le fait, le Président TSIRANANA pensait
s'appuyer sur cette donnée pour émanciper Madagascar. Il voulait
un transfert en douceur : comme le Pasteur RAVELOJAONA, il voulait que la
souveraineté effective de Madagascar se fasse, après qu'une
élite malgache eut été constituée.
L'accord établi avec la France préfigurait une
main-mise de l'ancienne puissance coloniale sur les secteurs clés de
l'économie de la Grande-île. D'un commun accord, une entente
mutuelle de coopération volontaire avait été
trouvée sur le plan de la Politique étrangère - la
Défense - les Prestations monétaires - l'Economie et les finances
- l'enseignement - les Transports et Communication.
Là où les Malgaches ont été
intransigeants, c'était sur la question de l'intégrité
territoriale : les Français ont voulu que l'île Sainte
Marie4 ainsi que la base navale de Diego Suarez leur soient
cédées mais ils se sont heurtés à une fin de non
recevoir de la part des Malgaches...
2) Un régime de type «
présidentialiste modéré
».
La constitution du 29 avril 1959 s'inspire largement de la
constitution de la V è république française.
Ainsi, dans un premier temps, comme ce qui est inscrit dans la constitution
française de la V è république, le
Président de la république malgache avait été
élu par un collège de Grands électeurs composés par
les Membres de l'Assemblée Nationale. Ce n'est que le 6 avril 1962
qu'une modification avait été apportée faisant du
Président de la république une Personne élue au suffrage
universel direct. Cet amendement a été pris sur l'exemple de
la
3 Partis politiques héritiers des grands mouvements
nationalistes à Madagascar, notamment le MDRM et la
société secrète Jina.
4 L'Île Sainte Marie avait un statut particulier
bien avant la colonisation de Madagascar. Par des traités, le Royaume de
cette île avait fait allégeance à la France qui
considérait de facto son appartenance au territoire français.
constitution française qui en a fait de même. La
constitution de la première république reprenait en grande partie
les principes d'une démocratie de type occidental.
L'exécutif est de type monocéphale5,
il est élu au suffrage universel direct pour 7 ans. Le pouvoir du
Président de la république est grand car il s'appuie à la
fois sur ses prérogatives et sur une assemblée législative
complètement acquise à sa cause6. L'emprise de
l'exécutif est par conséquente prépondérante sur le
cours des affaires nationales.
Le Parlement est bicaméral avec une Chambre Haute et une
Chambre Basse :
· Le mode de scrutin pour les Sénateurs est un
suffrage au second degré pour les deux tiers des membres et une
désignation par le gouvernement pour le tiers restant.
· Quant aux Députés, ils sont élus au
suffrage universel direct.
Le Conseil Supérieur des Institutions (CSI)
complète l'institution de la première république. C'est
à peu près l'équivalent à la Haute Cours
Constitutionnelle (HCC) actuelle. Il contrôle la
constitutionnalité des lois promulguées et sert de Juge
électoral.
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