B. La décentralisation, une épineuse
réforme.
Comme tous les grands pays d'Afrique, Madagascar depuis son
accession à l'indépendance, avait une administration très
centralisée. Presque toutes les décisions venaient du pouvoir
central. Pour l'Afrique, cette politique s'explique par le fait que les
frontières héritées de l'époque coloniale ne
coïncidaient pas à la frontière du Pays réel, celui
dans lequel évolue une population ou un groupe ethnique bien
déterminé. Ainsi, en Afrique de l'Ouest, le peuple Yoruba se
trouve éclaté dans près de trois Pays. En Afrique
centrale, le cas du Rwanda et du Burundi parle d'eux-mêmes : le
génocide qui s'est perpétré montre combien
l'équilibre régional est fragile. A cause de tout cela, le
Pouvoir a dû se renforcer pour asseoir son autorité. Ce pouvoir,
au fil des ans, a pourtant glissé vers une sorte de dictature qui
opprime la majorité de la population.
Madagascar n'est pourtant pas l'Afrique. C'est une île
dans laquelle, évolue une population qui se décline de
différentes manières suivant son adaptation dans le milieu dans
lequel elle vit. La deuxième république a tenté de mettre
en pratique le VIP mais n'y est arrivée que dans
86 la forme. L'année 90 va demander la mise en place
d'une « décentralisation effective » dans laquelle, le pouvoir
passera réellement entre les mains des pouvoirs
décentralisés.
1) La
décentralisation, une
tentative vaine de la
troisième
république40.
S'inspirant de la structure administrative en vigueur en
France, les constitutionnalistes malgaches ont opté pour une
décentralisation calquée sur le modèle français.
Les Régions et les Départements sont pressentis prendre le relais
des Fivondronampokontany et des Firaisampokontany. Le vrai problème est
que la mise en place de ces nouvelles structures se heurtaient à des
considérations dépassant le seul cadre du
développement.
ETAT CENTRAL
Régions (Le nombre de régions aurait dû
être 28)
Departements (158)
Commune Urbaine
Commune Rurale
Fokontany
Organigramme 6 : Représentation schématique de la
nouvelle forme de décentralisation de la troisième
république.
La décentralisation devait être un remède
à l'injustice spatiale et non le contraire. L'aspiration réelle
est que le développement parte désormais de la base et qu'elle
soit uniforme. L'Etat devient alors le garant de ce développement en
veillant à ce que chaque entité décentralisée ne
soit pas distancée dans sa mise en valeur. Dans ce contexte, l'Etat
reprend son rôle initial de garant et de soutien. Il ne fait plus de
« dirigisme ».
Les entités géographiques concernées
travailleront en premier pour son essor en essayant de faire valoir ses
potentialités et en relevant ses faiblesses. C'est de cette
manière que les Plans Communaux de Développement (PCD) ont vue le
jour. Ce sont des documents de travail sur lequel vont s'appuyer les futures
négociations que les Responsables administratifs vont être
amenés à faire.
Au retour de RATSIRAKA au pouvoir, cette disposition
administrative va être reniée une nouvelle fois pour une
réforme beaucoup plus en profondeur de la gestion du territoire
malgache. La Province Autonome va voir le jour.
2) Entre
fédéralisme et
régionalisation,
le cas des Provinces
autonomes.
A la fin prématurée de son mandat, au tout
début des années 90, une partie des partisans de M. RATSIRAKA
privilégiaient l'instauration du fédéralisme à
Madagascar. Un Etat fédéral est issu pourtant, comme on le sait,
de la fusion de plusieurs Etat indépendant qui délèguent
certains de leurs pouvoirs à une entité fédérale.
C'est le cas des USA, de la république Fédérale
d'Allemagne ou encore de la Confédération Helvétique.
Madagascar n'est pas dans cette situation. C'est un Etat que
l'on voulait faire imploser. Chacun sait que très peu de gens y
adhèrent. Pour trancher, on a alors imaginé un «
régime hybride » qui va satisfaire tout autant les
fédéralistes que les régionalistes : la province autonome.
Elle aurait en théorie une plus grande marge de manoeuvre que les
entités décentralisées.
Dans sa nouvelle forme, l'Etat malgache va être
doté d'une nouvelle structure administrative, la Province autonome, qui
aura des pouvoirs étendus en matières de législation et
d'exécution. Cette nouvelle structure va encadrer celles
déjà définies par la troisième république
(Régions, Communes)41
Communes Urbaines
Régions (22 selon la proposition actuelle)
PROVINCES AUTONOMES (6)
ETAT CENTRAL
Fokontany
Quartiers
Communes Rurales
88
Organigramme 7 : Disposition de la structure administrative
après le referendum du 5 mars 1997.
Un referendum a été décrété
pour remanier la constitution. Il a été mis à profit par
le président RATSIRAKA pour asseoir un peu plus son pouvoir. Si durant
l'éphémère ère ZAFY, il y avait eu une tentative de
« UNDDisation42 » de la vie politique nationale qui avait
échoué, au retour de RATSIRAKA, l'AREMA revient en force et
monopolise tout. Lors de la nouvelle législative de 1998, son parti
ainsi que ses alliés « raflent » 106 sièges sur les 150
à pourvoir...
Ce revirement de situation reflète-t-il vraiment
l'emprise de l'Amiral sur la cour des affaires nationales ? Rien n'est moins
sûr. Il semble que cette attitude de l'électorat ait
été influencée par le laisser-aller de l'après 90
où les gens attendaient beaucoup de choses sans gagner quoi que ce soit
en définitifs. Le seul point positif durant cette période a
été entr'aperçu par les Malgaches sous le Gouvernement
RATSIRAHONANA qui n'a « régné » que pendant une
période de transition. Il a tracé une nouvelle ligne de conduite
s'ordonnant autour du DCPE ou Document Cadre de Politique Economique.
|